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Lettres à Mademoiselle de Volland
Je n'ai point vu Mlle Boileau; mais peu s'en est fallu que M. de Villeneuve ne m'ait enlevé en cabriolet pour me conduire ici. M. Grimm, qui l'avait rencontré à Paris, je ne sais où, lui en avait donné la commission, qu'il avait acceptée. Si M. Gillet a été un peu diligent, vous devez avoir votre boîte: je m'acquitterai de mes dettes à votre retour. Combien je vous embrasserai! j'en ai d'avance le cœur serré, et j'en pleure de joie. Il y a peu de jours où je ne me transporte de la pensée à ce moment; il est impossible que je vous peigne ce que je deviens dans cette espèce de délire où je vous vois, où je cherche si vous vous êtes bien portée, si c'est vous, si c'est toujours ma Sophie, si elle est heureuse de retrouver celui qui l'aime si tendrement et qui l'a si longtemps attendue. Je vous dévore des yeux: mes lèvres tremblent; je voudrais vous parler; je ne saurais. Mais que deviens-je lorsque cette illusion disparaît et que je me trouve seul? Je suis fâché que Mlle Clairet soit indisposée; je vous prie de lui dire qu'il est impossible que je l'oublie tant qu'elle aura de l'attachement pour vous. Je n'espérais pas Mme de Solignac sitôt. Est-ce que madame votre mère ne se montrera pas empressée d'aller chercher sa chère fille? Je gage que Mme Le Gendre en a perdu le sentiment. Vous ne donnez pas, vous, dans ces mines-là. Cela échappe à l'évêque. Ils se battaient, les bonnes gens qu'ils étaient. Demain ou plutôt aujourd'hui lundi à Paris: demain, mes paquets se font; après-demain, je suis établi au Grandval pour six semaines. Mme d'Épinay en a le cœur un peu serré et moi aussi; nous étions faits l'un à l'autre; nous comprenions sans mot dire; nous blâmions, nous approuvions du coin de l'œil; cette conversation muette va lui manquer. Vous adresserez toujours vos lettres sur le quai des Miramionnes, d'où elles iront contre-signées à Charenton, et j'enverrai les retirer le plus assidûment qu'il sera possible. Vous savez que les maîtres n'ont plus de domestiques où je suis. Ce M. Damilaville est un galant homme qui aime à faire le bien et qui sait y mettre la grâce. Il y a deux ou trois honnêtes hommes et deux ou trois honnêtes femmes dans ce monde, et la Providence me les adresse. En vérité, si je mérite ce présent, j'en sentirai toute la valeur, et, si j'en sens toute la valeur, je n'aurai plus envie de me plaindre d'elle; si elle prenait la parole, et si elle me disait: «Je t'ai donné Grimm et Uranie pour amis; je t'ai donné Sophie pour amie; je t'ai donné Didier pour père et Angélique pour mère; tu sais ce qu'ils étaient et ce qu'ils ont fait pour toi; que te reste-t-il à me demander?» Je ne sais ce que je lui répondrais. Oui, chère amie, je retrouverai au Grandval ceux que j'y ai laissés, excepté d'Alinville; mais je n'y ferai rien de ce que vous conjecturez; je boirai, je mangerai, je dormirai, je philosopherai le soir, je vous regretterai tous les matins, et mainte fois dans la journée je soupirerai indiscrètement. Mme d'Holbach s'en apercevra, et en rira. Mme d'Aine dira que, si cela dure, il faudra qu'elle me fosse noyer par pitié. Je n'y ferai pas une panse d'a et je m'en reviendrai, à la Saint-Martin, à Paris, où je mourrai de douleur si je ne vous retrouve pas. Je tremble toujours que votre chère sœur ne fasse la folie d'aller à Isle. Nous avons encore ici nos peintres et nos musiciens et Jeannette, et Jeannette aussi, dà. Hélas! la pauvre enfant me fend le cœur, surtout quand elle se livre à la gaieté, et qu'elle rit; elle a perdu sa mère, et elle n'en sait encore rien. Je suis sûr que, si elle regardait les visages qui sont autour d'elle, elle devinerait, à l'impression de tristesse que cause sa joie, qu'il s'est passé quelque chose d'extraordinaire qu'on lui cache. Mais n'est-ce pas un phénomène bien singulier que nous éprouvons tous la même chose, et qu'il n'y ait pas un de nous que sa joie ne contriste? Ah! chère amie! il y a bien des données, et bien des données fines pour celui qui sait les saisir et les appliquer à la connaissance du cœur. C'est une caverne, mais dans les ténèbres de laquelle il luit par intervalles des rayons passagers qui l'éclairent et pour les autres et pour nous.
Après les cygnes? Ne craignez rien, je n'y courrai de ma vie, ni le cher abbé Galiani non plus; il s'est amusé à les agacer, ils l'ont pris en grippe, et d'aussi loin qu'ils l'aperçoivent, ils s'élèvent sur les ailes, ils arrivent au grand vol, le cou tendu, le bec entr'ouvert, et poussant des cris; il n'oserait approcher du bassin. Ils ont presque dévoré Pouf. Pouf est un petit chien de Mme d'Épinay, qui n'a pas son pareil pour l'esprit et la gentillesse; c'est un prodige pour son âge. Aussi nous ne croyons pas qu'il vive. Ces cygnes ont l'air fier, bête et méchant, trois qualités qui vont fort bien ensemble. Je disais des arbres du parc de Versailles qu'ils étaient hauts, droits et minces, et l'abbé Galiani ajoutait: comme les courtisans. L'abbé est inépuisable de mots et de traits plaisants; c'est un trésor dans les jours pluvieux. Je disais à Mme d'Épinay que si l'on en faisait chez les tabletiers, tout le monde en voudrait avoir un à sa campagne. Je voudrais que vous lui eussiez entendu raconter l'histoire du porco sacro. Il y a à Naples des moines à qui il est permis de nourrir aux dépens du public un troupeau de cochons, sans compter la communauté. Ces cochons privilégiés sont appelés, par les saints personnages auxquels ils appartiennent, les cochons sacrés. Ils se promènent respectés dans toutes les rues, ils entrent dans les maisons, on les y reçoit, on leur fait politesse. Si une truie est pressée de mettre bas, on a tout le soin possible d'elle et de ses pourcelets; trop heureux celui qu'elle a honoré de ses couches! Celui qui frapperait un porco sacro ferait un sacrilège. Cependant des soldats peu scrupuleux en tuèrent un; cet assassinat fit grand bruit; la ville et le sénat ordonnèrent les perquisitions les plus sévères. Les malfaiteurs, craignant d'être découverts, achetèrent deux cierges, les placèrent allumés aux deux côtés du porco sacro, sur lequel ils étendirent une grande couverture, mirent un bénitier avec le goupillon à sa tête et un crucifix à ses pieds; et ceux qui faisaient la visite les trouvèrent à genoux et priant autour du mort. Un d'eux présenta le goupillon au commissaire; le commissaire aspersa, se mit à genoux, fit sa prière et demanda qui est-ce qui était mort? On lui répondit: «Un de nos camarades, honnête homme; c'est une perte. Voilà le train des choses du monde; les bons s'en vont et les méchants restent.» Mais je n'ai pas le courage d'achever. Ce n'est pas moi, c'est l'abbé qu'il faudrait entendre. Le fond est misérable en lui-même, mais il prend entre ses mains la couleur la plus forte et la plus gaie, et devient une source inépuisable de bonnes plaisanteries et même quelquefois de morale.
C'est lui qui m'a amené ici Nous y attendons Saurin, qui n'est pas encore venu; cela me fait craindre que Mme Helvétius ne soit fort mal; elle a quitté la campagne pour faire ses couches à Paris, et la voilà non accouchée et attaquée d'une fièvre putride. C'est une femme très-aimable, qui s'est fait un caractère qui l'a affranchie au milieu de ses semblables, toutes esclaves. Saurin m'a consulté sur le plan d'une pièce. Je l'ai renversé d'un bout à l'autre. M. Grimm et Mme d'Épinay disent que ce que j'ai imaginé est de toute beauté, mais que personne n'en peut exécuter un mot. Si ce plan a lieu, vous verrez au quatrième acte une foule de citoyens, condamnés à mort pour avoir trop bien défendu leur ville, briguer l'honneur de la préférence et tirer au sort. Le sort se tirera sur la scène. Imaginez le spectacle et les cris des pères, des mères, des parents, des amis, des enfants, à mesure que le billet fatal sort; imaginez la contenance diverse, forte ou faible, de celui que le sort a condamné; imaginez que celui qui tient le casque d'où les billets sont tirés est le gouverneur de la ville, qu'on en doit tirer six, et qu'après qu'on en a tiré cinq, il se condamne lui-même et dit: Le sixième est le mien, sans qu'on puisse jamais lui faire changer d'avis81. Imaginez ce que deviennent sa femme, sa fille, qui sont présentes. Ô Voltaire! vous qui savez à présent l'effet de ces tableaux, vous n'auriez garde de vous refuser à celui-là.
Mais à propos de Grimm, ne serez-vous pas un peu surprise que je vous aie déjà écrit sept à huit pages, sans presque vous en dire un mot? C'est, mon amie, qu'il arrange si bien ses voyages, qu'il sort de la Chevrette au moment que j'y arrive. En vérité, quand il aurait le dessein de me rendre amoureux de sa maîtresse, il ne s'y prendrait pas autrement. Vous concevez bien que je plaisante: il est trop honnête pour avoir cette vue, et je le suis trop, moi, pour qu'elle lui réussît quand il l'aurait. Et puis, il est si enfoncé dans la négociation et les mémoires, qu'on ne lui voit pas le bout du nez. Il ne lui reste presque pas un instant pour l'amitié; et je ne sais quand l'amour trouve le sien. Nous nous sommes un peu promenés, elle et moi, ce matin. Je lui avais trouvé l'air soucieux hier au soir. Je lui en ai demandé le sujet. «C'était une de ces minuties auxquelles, lui disais-je, vous êtes trop heureux tous les deux d'être sensibles au bout de quatre ans. Vous vous examinez donc de bien près? Vous en êtes donc comme au premier jour? Eh! mes amis, tâchez de n'épouser jamais. » L'après-dîner, nous nous sommes encore promenés, lui et elle, Mme d'Houdetot et moi J'oubliais de vous dire que j'avais trouvé mon vin blanc fort bon, que j'en avais usé peu sobrement, et que ma voisine était fort gaie. Mme d'Houdetot fait de très-jolis vers; elle m'en a récité quelques-uns qui m'ont fait grand plaisir. Il y a tout plein de simplicité et de délicatesse. Je n'ai osé les lui demander; mais si je puis lui arracher un hymne aux tétons qui pétille de feu, de chaleur, d'images et de volupté, je vous l'enverra82. Quoiqu'elle ait eu le courage de me le montrer, je n'ai pas eu celui de le demander. Le soir nous avons laissé rentrer les femmes, et nous avons fait le tour du parc, Grimm et moi. Il y avait longtemps que nous ne nous étions vus; nous avons été fort aises de nous retrouver. Je l'aime sûrement, et j'en suis, je crois, autant aimé que jamais. Au milieu de ces amusements, des idées tristes m'obsèdent, je ne fais rien, le temps s'enfuit, et je ne vous ai pas. Je viens de recevoir un paquet de Damilaville. Je ne savais ce que c'était, car il était bien gros. J'espérais y trouver un mot de vous. Rien. À la place, les deux Remontrances du parlement d'Aix qui sont très-belles, mais qui ne me dédommagent pas. Je brûle de m'en retourner à Paris. Je ne saurais dissimuler ma joie; et Mme d'Épinay dit que cela n'est pas honnête d'être gai quand on quitte les gens. Il serait donc plus honnête de l'être ni plus ni moins et de paraître triste. N'y a-t-il encore rien d'arrêté sur votre retour? Votre sœur revient-elle avec vous? Si j'avais été bien avisé, j'aurais fait ce voyage de province tant projeté. Je vous aurais du moins vue en passant. Je crains que vous ne trouviez mon caractère un peu changé. On dit que j'ai l'air d'un homme qui va toujours cherchant quelque chose qui lui manque. Au reste, c'est l'air que je dois avoir. Quand vous étiez ici, votre présence me soutenait. Avais-je du chagrin, j'allais voir mon amie, et je l'oubliais. Pourquoi m'avez-vous abandonné? La mélancolie a trouvé mon âme ouverte, elle y est entrée, et je ne pense pas qu'on puisse l'en déloger tout à fait. Elle ne me déplaît pas trop; et puis qu'importe? Je serai moins gai, ou plus triste, comme il vous plaira, mais je n'en aimerai pas moins. Ma tendresse sera d'une couleur brune qui ne sied pas mal à ce sentiment. Mon amie, tout peut s'altérer au monde; tout, sans vous en excepter; tout, excepté la passion que j'ai pour vous. Quand je vous reverrai, comme je vous embrasserai! comme je me reposerai sur vous! comme je chercherai celle que j'aime! Ah! s'il n'y avait personne qui me contraignît! mais il ne faut pas compter là-dessus. Je ne finirai pas encore cette lettre. Nous partirons de bonne heure. Grimm me descendra à la rue de Fourcy. De là il n'y a qu'un pas sur le quai des Miramionnes. Si j'y trouvais une lettre de vous, je remplirais la demi-page qui me reste et qui ne me resterait pas, car je l'aurais remplie tout en disant que je ne voulais pas en dire plus long, si l'on ne m'invitait pas à descendre. Je vais voir ce qu'on me veut… C'est Saurin qui vient d'arriver. Adieu, ma tendre amie. Ce soir, s'il n'est pas trop tard, nous causerons encore un moment, et puis il faut faire mon sac; je n'aime point à foire attendre après moi.
Nous avons eu deux convives sur lesquels nous ne comptions guère, excellents tous deux, Saurin et le curé de la Chevrette. Vous connaissez Saurin, je ne vous en dis rien. Pour notre pasteur, c'est un des meilleurs esprits qu'il y ait bien loin: il n'y a pas d'homme dont les passions se peignent plus vivement sur son visage; c'est peut-être le seul qui ait le nez expressif; il loue du nez, il blâme du nez, il décide du nez, il prophétise du nez. Grimm dit que celui qui entend le nez du curé a lu un grand traité de morale. La conversation a été fort diverse. Mme d'Houdetot m'a demandé du bout de la table où en était ma bouteille. Je lui ai répondu qu'elle devait le savoir mieux que moi. On a trouvé que je n'étais pas trop malheureux de boire de bon vin, et d'enivrer ma voisine. Et puis on a parlé nouvelles. On a dit que le roi de Portugal introduisait le jansénisme dans ses États; cela m'a déplu. J'ai dit que, religion pour religion, quand un monarque faisait tant que d'en adopter une, il valait mieux la choisir plaisante et gaie que triste et maussade; que la mélancolie religieuse inclinait au fanatisme et à l'intolérance, et Mme d'Épinay me faisait des yeux; et à la fin, quand j'ai eu tout dit, j'ai compris que je désobligeais Mme d'Esclavelles, sa mère, qui est janséniste jusqu'à la pointe de ses cheveux blancs. On parla tendresse. Le curé, qui n'est déplacé dans aucun sujet, dit que les amants malheureux disaient tous qu'ils en mouraient; mais qu'il était rare d'en rencontrer qui tinssent parole; qu'il en avait cependant vu un: c'était un jeune homme de famille appelé Soulpse. Il s'éprit d'une fille belle et sage, mais sans biens et d'une famille déshonorée. Son père était alors aux galères pour faux seings. Ce jeune homme, qui prévoyait toute l'opposition et toute la raison de l'opposition qu'il rencontrerait dans ses parents, fit ce qu'il put pour se détacher; mais quand il se fut bien assuré de l'inutilité de ses efforts, il osa s'en ouvrir à ses parents, qui allaient s'épuiser en remontrances, lorsque notre amant les arrêta tout court et leur dit: «Je sais tout ce que vous avez à m'opposer, je ne saurais désapprouver des raisons que j'opposerais moi-même à mon fils si j'en avais un. Mais voyez si vous m'aimez mieux mort que mésallié; car il est sûr que si je n'ai pas celle que j'aime, j'en mourrai». On traita ce propos comme il le méritait; l'événement n'y fait rien. Le jeune homme tomba, dépérit de jour en jour, et mourut. Le curé ajouta: C'est un fait dont j'ai été témoin. «Mais, curé, lui dis-je, à la place du père qu'auriez-vous fait? – Monsieur, me répondit le curé, je ne saurais me mettre à cette place; les sentiments d'un père ne se devinent point et ne peuvent se suppléer. – Cela est vrai; mais enfin vous auriez pris un parti d'après ce que vous êtes; dites-nous quel il eut été? – Volontiers. J'aurais appelé mon fils; je lui aurais dit: Soulpse
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1
J. Delort. Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes, tome II, p. 211 et 213.
2
Salon de 1705. Voir t. X, p. 349.
3
Ce détail si touchant a fourni à M. Jules Levallois un rapprochement injurieux injurieux le philosophe et un personnage d'un roman célèbre de M. Alph. Daudet, le comédien Delobel, qui vit aux dépens de sa femme et de sa fille. M. Levallois n'a pas voulu voir que ces six sous, c'est Diderot qui les gagnait.
4
Grimm. Correspondance littéraire, août 1784.
5
Renseignement communiqué par M. L. Emmery, inspecteur de l'École des ponts et chaussées.
6
«M. Le Gendre n'est donc plus! S'il avait voulu finir un an ou deux plus tôt, il aurait été plus regretté.» (15 juillet 1770.)
7
Notice des livres, tableaux sculptures, dessins et estampes après le décès de M. Le Gendre, inspecteur général des ponts et chaussées, dont la vente se fera le lundi 3 décembre 1770 et jours suivants, en sa maison rue Sainte-Anne, proche la rue du Clos-Georgeot. Paris, Mérigot l'aîné, 1770, in-8, 20 p.
8
Vallet de Fayolle, que Diderot appelle «son petit cousin » et dont il est question dans une lettre à l'abbé Le Monnier.
9
Mlle Mélanie de Solignac, sur laquelle Diderot a recueilli de si curieux détails. Voir t. I, p. 334 et suiv.
10
Paris, E. Leroux, 1875, in-8.
11
Premiers Lundis, t. I, p. 385.
12
23 septembre 1762.
13
E. Salverte, Éloge philosophique de D. Diderot, an VIII, in-8.
14
C'est du moins la tradition courante, mais aucun contemporain ne peut être cité en témoignage.
15
Né à Clermont-Ferrand en 1706, et professeur dans les écoles religieuses de la Flèche et de Paris, Jeudy-Dugour est mort en Russie conseiller d'État et directeur de l'Université de Saint-Pétersbourg. Un ukase de 1812, en le forçant à opter pour une des deux nationalités, lui fit prendre le nom et la particule de de Gouroff dont il a depuis signé ses lettres et ses ouvrages.
16
Nous ne les avons pas.
17
C'est nous qui soulignons.
18
Les notes de la première édition que nous avons conservées sont signées, d'un (T.).
19
L'éditeur des Souvenirs du baron de Gleichen (Techener, 1868, in-12), M. Paul Grimblot voit dans ces dernières lignes une allusion difficile à expliquer. Diderot veut certainement rappeler la mort de la margrave de Baireuth (14 octobre 1758), dont Gleichen, son chambellan, avait été profondément affecté.
20
D'Holbach, que Diderot ne désigne presque jamais que par son titre.
21
Le grand sophiste, c'est Jean-Jacques. Son ouvrage était: J. – J. Rousseau à M. d'Alembert, sur son article Genève, dans le septième volume de l'Encyclopédie, et particulièrement sur le projet d'établir un théâtre de comédie en cette ville. (Amsterdam, 1758, in-8.)
22
Voir ce compte rendu, t. VIII, p. 438.
23
Quelle était la comédie nouvelle représentée le 1er juin 1759? L'Almanach des Spectacles n'en mentionne aucune à cette date ou aux jours précédents, ni à la Comédie-Française, ni à la Comédie-Italienne. Cette représentation fut sans doute ajournée. Le compte que Diderot annonce ici devoir en rendre manque dans la Correspondance de Grimm.
24
Voir t. I, p. 431 et suiv., la notice sur l'Apologie de l'abbé de Prades, dont Diderot écrivit la troisième partie.
25
Mesure du pays, contenant 400 livres de froment.
26
Le petit château était un séjour imaginaire de bonheur que rêvaient Diderot et sa maîtresse. On verra souvent celui-ci revenir, dans cette, correspondance, à son plan de vie pour le petit château. (T.)
27
L'enfant, malade, de Mme Le Gendre.
28
LA FONTAINE, liv. I, fable X.
29
Le château d'Isle et le parc, dont J. N. Volland a laissé le plan, furent achetés en 1786 par le comte de Paillot, dont la tombe se voit dans le cimetière du village. Ils appartinrent ensuite aux familles de Chiézat et Rouvay, puis à M. Royer, enfin à M. Chauvel. C'est la veuve de celui-ci qui les possède aujourd'hui.
Le château n'a que fort peu changé depuis un siècle. Les «boisures» dont parle Diderot et leurs trumeaux naïfs existent encore. Les grandes et les petites vordes n'ont pas perdu un seul de ces peupliers sous lesquels Diderot vint plus d'une fois rêver, et leurs pieds sont souvent baignés par sa «triste et tortueuse compatriote, la Marne», qui borne la propriété.
30
C'est à Mme Le Gendre qu'il s'adresse ici.
31
Il s'agit de l'arrêt du 8 mars 1759, révoquant les lettres de privilège accordés à l'Encyclopédie; se peut-il que, cinq mois après sa promulgation, il fût encore inconnu à Diderot?
32
Aux libraires-éditeurs de l'Encyclopédie.
33
Le Grandval ou le Grand-Val, château situé sur la commune de Sussy, arrondissement de Boissy-Saint-Léger (Seine-et-Oise), appartient aujourd'hui à M. Berteaux, ancien négociant, qui l'acquit, il y a dix-huit ans, de M. Dubarry de Merval. Celui-ci l'avait racheté à la famille de Thierry, valet de chambre de Louis XVI, qui s'en était rendu propriétaire après la mort de d'Holbach, en 1789. Selon M. Berteaux, le Grandval appartenait en propre à Mme d'Aine. Les titres de propriété, dont quelques-uns remontaient au XVIe siècle, ont été dispersés en 1870, par les Prussiens; il n'a été conservé que quelques plans représentant la façade du Grandval, lors de la vente à Thierry, la disposition intérieure et le parc. C'est présentement un long corps de logis, d'où s'avancent deux ailes, entre lesquelles est une sorte de cour pavée. Les toits pointus du plan de 1789 ont fait place à une toiture moderne. La façade sud (en venant de Sussy) a été entièrement remaniée, la façade nord a été flanquée d'une rotonde moderne, formant vestibule. Les fossés ont été en partie comblés. Deux très-belles avenues d'ormes, taillées à la française, encadrent la pelouse qui s'étend entre le château et la grille. À gauche (en se dirigeant vers cette grille), les anciens communs, restés intacts, forment une des ailes de la ferme, en partie reconstruite par M. Berteaux. Le moulin, situé un peu au delà a disparu. Les vergers et les bois s'étendent jusqu'à la colline, d'où l'on domine La Varenne et qui offre aux regards un horizon immense.
L'intérieur du château a été aménagé selon les goûts modernes. Pourtant voici le grand salon, mais sa haute cheminée n'existe plus. La salle de billard, le salon de musique, sont intacts. La salle à manger a peu changé, mais la chapelle (à l'aile droite) où le «Croque-Dieu» de Sussy venait dire sa messe, est devenue une seconde salle à manger. Toutes les chambres du premier étage s'ouvrent sur le corridor qui s'étend d'un bout à l'autre de la façade. Celle de Diderot, située dans l'aile gauche, vaste et carrée, est éclairée par deux fenêtres, dont l'une s'ouvre précisément sur l'ancienne chapelle du rez-de-chaussée.
34
Femme du maître des requêtes de ce nom, mère de Mme d'Holbach.
35
Daumont (Arnulphe), savant médecin dauphinois, né en 1720, mort en 1800.
36
La Saint-Denis.
37
Mme d'Épinay.
38
Voir sur M. de Montamy le t.X. (L'histoire et le secret de la peinture en cire.)
39
Chez Grimm.
40
Le Monnier.
41
En 1752, le roi de Prusse, qui s'y trouvait, avait engagé d'Alembert à s'y rendre de son côté.
42
Mélanges de littérature et de philosophie, 1750, 5 vol. in-12.
43
On lit dans la Correspondance de Grimm, 15 juillet 1763: «Une feuille, portant pour titre: Ressource actuelle, propose une loterie de six cent mille billets, dont chaque billet serait de cent louis, ce qui produirait quatorze cent quarante millions. De cette somme effrayante, l'auteur détache deux cent quatre millions pour composer les lots de sa loterie, dont le gros est de vingt millions; c'est une assez jolie petite somme pour risquer cent louis. Il est vrai aussi qu'il y a plus de cent cinquante-trois perdants contre un gagnant; mais l'auteur ne croit pas que ce soit un obstacle à voir sa loterie remplie. Auquel cas, il est en état de donner au roi, du soir au lendemain, un petit magot de douze cent trente-six millions pour les besoins actuels de l'État: il s'en faut bien que M. le contrôleur général trouve des ressources de cette abondance.» On voit que ce magnifique projet ressemblait fort, quant aux moyens, à celui dont parle Diderot. Peut-être n'est-ce que le même, revu et considérablement augmenté. (T).