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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12
Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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Язык: Французский
Год издания: 2017
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»Je n'ai reçu de vous aucunes nouvelles poétiques ou personnelles. Pourquoi n'achevez-vous pas un tour italien des Fudges? Je viens de jeter les yeux sur Little45, que j'appris par coeur en 1803, étant alors dans mon quinzième été. Hélas! je crois que tout le mal que j'ai jamais causé ou chanté a été dû à ce damné livre que vous fîtes.

Note 45: (retour) Nom d'un recueil de poésies de Moore.

»Dans ma dernière, je vous parlais d'une cargaison de poésie que j'ai envoyée à M***, d'après son désir et ses instances; – et maintenant qu'il l'a reçue, il en fait fi, et la traîne en longueur. Peut-être a-t-il raison. Je n'ai pas une haute opinion d'aucun des articles de mon dernier envoi, sauf une traduction de Pulci, faite mot pour mot et vers pour vers.

»Je suis au troisième acte d'une tragédie, mais je ne sais pas si je la finirai; je suis, en ce moment, trop occupé par mes propres passions pour rendre justice à celles des morts. Outre les vexations mentionnées dans ma dernière, j'ai encouru une querelle avec les carabiniers ou gendarmes du pape, qui ont fait une pétition au cardinal contre ma livrée, comme trop semblable à leur pouilleux uniforme. Ils réclament surtout contre les épaulettes, que tout le monde chez nous a dans les jours de gala. Ma livrée a des couleurs qui sont conformes à mes armes, et ont été celles de ma famille depuis l'an 1066.

»J'ai fait une réponse tranchante, comme vous pouvez supposer, et j'ai donné à entendre que si quelques hommes de ce respectable corps insultent mes gens, j'en agirai de même près de leurs braves commandans, et j'ai ordonné à mes bravos, qui sont au nombre de six, et sont passablement farouches, de se défendre en cas d'agression; et, les jours de fête et de cérémonies, j'armerai toute la bande, y compris moi-même, en cas d'accidens ou de perfidie. Je m'escrimais autrefois assez joliment à l'épée, chez Angelo; mais j'aimerais mieux le pistolet, l'arme nationale de nos flibustiers, quoique j'en aie perdu maintenant la pratique. Toutefois, «je puis regarder et dégainer mon fer.» Cela me fait penser (comme toute l'affaire d'ailleurs) à Roméo et Juliette:

«Maintenant, Grégorio, souviens-toi de ton coup de maître.»

Toutes ces discussions, néanmoins, avec le cavalier pour sa femme, et avec les soldats pour ma livrée, sont fatigantes pour un homme paisible qui fait de son mieux pour plaire à tout le monde, et soupire après l'union et la bonne amitié. Écrivez-moi, je vous prie.

»Je suis votre, etc.»

LETTRE CCCLXXIX

À M. MOORE

Ravenne, 13 juillet 1820.

«Pour chasser ou accroître votre anxiété irlandaise46 sur mon embarras, je réponds sur-le-champ à votre lettre; vous faisant d'avance observer que, comme je suis un auteur de l'embarras, je peux m'en tirer. Mais, avant tout, un mot sur le Mémoire; – je n'ai aucune objection à faire; je voudrais qu'une copie correcte en fût dressée et déposée dans des mains honorables, en cas d'accidens arrivés à l'original; car vous savez que je n'en ai pas, que je ne l'ai pas relu, ni même lu ce que j'ai alors écrit; je sais bien que j'écrivis cela avec la ferme intention d'être sincère et vrai dans mon récit, mais non pas d'être impartial; – non, par Dieu! je n'ai pas cette prétention quand je suis ému. Mais je désire donner à toutes les parties intéressées l'occasion de me contredire ou de me rectifier.

Note 46: (retour) Cette épithète fait allusion à l'expression irlandaise dont Moore s'était servi: To be in a wisp pour to be in a scrape. (Note du Tr.)

»Je ne m'oppose point à ce que l'on montre cet écrit à qui de droit; – ceci, comme toute autre chose, a été écrit pour être lu, bien que beaucoup d'écrits ne parviennent pas à ce but. Par rapport à mon embarras, le pape a prononcé leur séparation. Le décret est arrivé hier de Babylone; – c'étaient elle et ses amis qui le demandaient, en raison de la conduite extraordinaire de son mari (le noble comte). Il s'y est opposé de tout son pouvoir, à cause de la pension alimentaire qui a été assignée, outre la restitution de tous les biens, meubles, voiture, etc., appartenant à la dame. En Italie on ne peut divorcer. Il a insisté pour qu'elle m'abandonnât, et promis de tout pardonner ensuite, même l'adultère, qu'il jure être en pouvoir de prouver par de notables témoins. Mais, dans ce pays, les cours de justice ont de telles preuves en horreur, les Italiens étant d'autant plus délicats en public que les Anglais, qu'ils sont plus passionnés en particulier.

»Les amis et les parens, qui sont nombreux et puissans, lui répliquent: «Vous-même vous êtes un sot ou un gredin; – un sot si vous n'avez pas vu les conséquences du rapprochement de ces deux jeunes gens; – un gredin, si vous y avez prêté la main. Choisissez, – mais ne soulevez pas (après douze mois de la plus étroite intimité, sous vos yeux et avec votre sanction positive) un scandale qui ne peut que vous rendre ridicule en la rendant malheureuse.»

»Il a juré avoir cru que notre liaison était purement amicale, et que j'étais plus attaché à lui qu'à elle, jusqu'à ce qu'une triste démonstration eût prouvé le contraire. À cela on répond que l'auteur de cet embarras n'était pas un personnage inconnu, et que la clamosa fama47 n'avait pas proclamé la pureté de mes moeurs; – que le frère de la dame lui avait écrit de Rome, il y a un an, pour l'avertir que sa femme serait infailliblement égarée par ce feu follet, à moins que lui, légitime époux, ne prît des mesures convenables, lesquelles il avait négligé de prendre, etc., etc.

»Alors il dit qu'il a encouragé mon retour à Ravenne pour voir in quanti piedi di acqua siamo48, et qu'il en a trouvé assez pour se noyer.

Note 47: (retour) La criarde renommée.

Note 48: (retour) À combien de pieds d'eau nous sommes.

Ce ne fut pas le tout; sa femme se plaignit.Procès. – La parenté se joint en excuses, et ditQue du docteur venait tout le mauvais ménage;Que cet homme était fou, que sa femme était sage.On fit casser le mariage.

»Il n'y a qu'à laisser les femmes seules dans le conflit; car elles sont sûres de gagner le champ de bataille. La comtesse retourne chez son père, et je ne puis la voir qu'avec de grandes restrictions, telle est la coutume du pays. Les parens se sont bien comportés; – j'ai offert une donation, mais ils ont refusé de l'accepter, et juré qu'elle ne vivrait pas avec G*** (puisqu'il avait essayé de la convaincre d'infidélité), mais qu'il l'entretiendrait; et, dans le fait, un jugement a été rendu hier à cet effet. Je suis, sans doute, dans une situation assez mauvaise.

»Je n'ai plus entendu parler des carabiniers qui ont pétitionné contre ma livrée. Ces soldats ne sont pas populaires, et l'autre nuit, dans une petite échauffourée, l'un d'eux a été tué, un autre blessé, et plusieurs mis en fuite par quelques jeunes Romagnols qui sont adroits et prodigues de coups de poignards. Les auteurs du méfait ne sont pas découverts, mais j'espère et crois qu'aucun de mes braves ne s'en est mêlé, quoiqu'ils soient un peu farouches et portent des armes cachées comme la plupart des habitans. C'est cette façon d'agir qui épargne quelquefois beaucoup de procès.

»Il y a une révolution à Naples. Si elle se fait, elle laissera probablement une carte à Ravenne, en faisant route jusqu'en Lombardie.

»Vos éditeurs semblent vous avoir traité comme moi. M*** a fait la grimace, et presque insinué que mes dernières productions sont sottes. Sottes, monsieur! – Dame, sottes! je crois qu'il a raison. Il demande l'achèvement de ma tragédie sur Marino Faliero, dont rien n'est encore parvenu en Angleterre. Le cinquième acte est presque achevé, mais il est terriblement long; – quarante feuilles de grand papier, de quatre pages chaque, – environ cent cinquante pages d'impression; mais tellement pleines «de passe-tems et de prodigalités,» que je le crois ainsi.

»Envoyez-moi, je vous prie, et publiez votre Poème sur moi; et ne craignez point de trop me louer. J'empocherai mes rougeurs.

»Non actionnable! – Chantre d'enfer!49 par Dieu! c'est une injure, – et je ne voudrais pas l'endurer. Le joli nom à donner à un homme qui doute qu'il y ait un lieu pareil.

Note 49: (retour) Nom que Lamartine donne à Byron dans un de ses poèmes. (Note du Trad.)

»Ainsi Mme Gail est partie, – et Mrs. Mahony ne veut pas mon argent. J'en suis content. – J'aime à être généreux sans frais. Mais priez-la de ne point me traduire.

»Oh! je vous en prie, dites à Galignani que je lui enverrai un sermon s'il n'est pas plus ponctuel. Quelqu'un retient régulièrement deux et quelquefois quatre de ses Messagers dans la route. Priez-le d'être plus exact. Les nouvelles valent de l'or dans ce lointain royaume des Ostrogoths.

»Répondez-moi, je vous prie. J'aimerais beaucoup à partager votre champagne et votre Lafitte, mais en général je suis trop Italien pour Paris. Dites à Murray de vous envoyer ma lettre; – elle est pleine d'épigrammes.

»Votre, etc.»

La séparation qui avait eu lieu entre le comte Guiccioli et sa femme, s'était faite à la condition que la jeune dame habiterait, à l'avenir, sous le toit paternel: – en conséquence, Mme Guiccioli quitta Ravenne le 16 juillet, et se retira dans une villa appartenant au comte Gamba, et située à environ quinze milles de cette ville. Lord Byron allait la voir rarement, – une ou deux fois peut-être par mois, – et passait le reste de son tems dans une solitude complète. Pour une ame comme la sienne, qui avait tout son monde en elle-même, un tel genre de vie n'aurait peut-être été ni nouveau ni désagréable; mais pour une femme jeune et admirée, qui avait à peine commencé à connaître le monde et ses plaisirs, ce changement, il faut l'avouer, était une expérience fort brusque. Le comte Guiccioli était riche, et la comtesse, comme une jeune épouse, avait acquis sur lui un pouvoir absolu. Elle était fière, et la position de son mari la plaçait à Ravenne dans le rang le plus élevé. On avait parlé de voyager à Naples, à Florence, à Paris; – bref, tout le luxe que la richesse peut donner était à sa disposition.

Maintenant elle sacrifiait volontairement et irrévocablement tout cela pour Lord Byron. Sa splendide maison abandonnée, – tous ses parens en guerre ouverte avec elle, – son bon père se bornant à tolérer par tendresse ce qu'il ne pouvait approuver: – elle vécut alors avec une pension de deux cents livres sterling par an, et n'eut loin du monde, pour toute occupation, que la tâche de se donner à elle-même une éducation digne de son illustre amant, et pour toute récompense, que les rares et courtes entrevues que permettaient les nouvelles restrictions imposées à leur liaison. L'homme qui put inspirer et faire durer un dévoûment si tendre, on peut le dire avec assurance, n'était pas tel qu'il s'est représenté lui-même dans les accès de son humeur fantasque; et d'autre part, l'histoire entière de l'affection de la jeune dame montre combien une femme italienne, soit par nature, soit par suite de sa position sociale, est portée à intervertir le cours ordinaire que suivent chez nous les faiblesses semblables, et comment, faible pour résister aux premières attaques de la passion, elle réserve toute la force de son caractère pour déployer ensuite tant de constance et de dévoûment.

LETTRE CCCLXXX

À M. MURRAY

Ravenne, 17 juillet 1820.

«J'ai reçu des livres, des numéros de la Quarterly50, et de la Revue d'Édimbourg, ce dont je suis très-reconnaissant; c'est là tout ce que je connais de l'Angleterre, outre les nouvelles du journal de Galignani.

Note 50: (retour) Quarterly Review.

»La tragédie est achevée, mais maintenant vient le travail de la copie et de la correction. C'est un ouvrage fort long (quarante-deux feuilles de grand papier, de quatre pages chaque), et je crois qu'il formera plus de cent quarante ou cent cinquante pages d'impression, outre plusieurs extraits et notes historiques que je veux y joindre en forme d'appendice. J'ai suivi exactement l'histoire. Le récit du docteur Moore est en partie faux, et, somme toute, c'est un absurde bavardage. Aucune des chroniques (et j'ai consulté Sanuto, Sandi, Navagero, et un siége anonyme de Zara, outre les histoires de Laugier, Daru, Sismondi, etc.), ne porte ou même ne fait entendre que le doge demanda la vie; on dit seulement qu'il ne nia pas la conspiration. Ce fut un des grands hommes de Venise. – Il commanda le siége de Zara, – battit quatre-vingt mille Hongrois, en tua huit mille, et en même tems ne quitta pas la ville qu'il tenait assiégée; – prit Capo-d'Istria; – fut ambassadeur à Gênes, à Rome, et enfin doge; c'est dans cette magistrature qu'il tomba pour trahison, en entreprenant de changer le gouvernement; fin que Sanuto regarde comme l'accomplissement d'un jugement, parce que Faliero, plusieurs années auparavant (quand il était podesta et capitaine de Trévise), avait renversé un évêque qui était trop lent à porter le Saint-Sacrement dans une procession. Il «le bâte d'un jugement», comme Thwacum fit Square; mais il ne mentionne pas si Faliero avait été immédiatement puni pour un acte qui paraîtrait si étrange même aujourd'hui, et qui doit le paraître bien plus dans un âge de puissance et de gloire papale. Il dit que pour ce soufflet le ciel priva le doge de sa raison, et le poussa à conspirer. Però fu permesso che il Faliero perdette l'intelletto, etc.51.

»Je ne sais ce que vos commensaux penseront du drame que j'ai fondé sur cet événement extraordinaire. La seule histoire semblable que l'on trouve dans les annales des nations, est celle d'Agis, roi de Sparte, prince qui se ligua avec les communes52 contre l'aristocratie, et perdit la vie pour cela. Mais je vous enverrai la tragédie quand elle sera copiée.» ..................

Note 51: (retour) Il fut donc permis que Faliero perdît l'esprit.

Note 52: (retour) C'est Byron qui est coupable de cet anachronisme de style; il a employé le mot commons. (Notes du Trad.)

LETTRE CCCLXXXI

À M. MURRAY

Ravenne, 31 août 1820.

«J'ai donné mon ame à la tragédie (comme vous en même cas); mais vous savez qu'il y a des ames condamnées tout comme des tragédies. Songez que ce n'est pas une pièce politique, quoiqu'elle en ait peut-être l'air; elle est strictement historique. Lisez l'histoire et jugez. «Le portrait d'Ada est celui de sa mère. J'en suis content. La mère a fait une bonne fille. Envoyez-moi l'opinion de Gifford, et ne songez plus à l'archevêque. Je ne puis ni vous envoyer promener ni vous donner cent pistoles ou un meilleur goût: je vous envoie une tragédie, et vous me demandez de «facétieuses épîtres»; vous faites un peu comme votre prédécesseur, qui conseillait au docteur Prideaux de mettre «tant soit peu plus d'humour53» dans sa Vie de Mahomet.

Note 53: (retour) Mot anglais presque intraduisible; il signifie cette sorte d'esprit moitié bouffon, moitié sérieux, propre au caractère britannique. (Note du Trad.)

»Bankes est un homme étonnant. Il y a à peine un seul de mes camarades d'école ou de collége qui ne se soit plus ou moins illustré. Peel, Palmerston, Bankes, Hobhouse, Tavistock, Bob Mills, Douglas Kinnaird, etc., etc., ont tous parlé, et fait parler d'eux................

»Nous sommes ici sur le point de nous battre un peu le mois prochain, si les Huns traversent le Pô, et probablement aussi s'ils ne le font. S'il m'arrive mésaventure, vous aurez dans mes manuscrits de quoi faire un livre posthume; ainsi, je vous prie, soyez civil. Comptez là-dessus; ce sera une oeuvre sauvage, si l'on commence ici. Le Français doit son courage à la vanité, l'Allemand au phlegme, le Turc au fanatisme et à l'opium, l'Espagnol à l'orgueil, l'Anglais au sang-froid, le Hollandais à l'opiniâtreté, le Russe à l'insensibilité, mais l'Italien à la colère; aussi vous verrez que rien ne sera épargné.»

LETTRE CCCLXXXII

À M. MOORE

Ravenne, 31 août 1820.

«Au diable votre mezzo cammin54: – «La fleur de l'âge» eût été une phrase plus consolante. D'ailleurs, ce n'est point exact; je suis né en 1788, et, par conséquent, je n'ai que trente-deux ans. Vous vous êtes mépris sur un autre point: la boîte à sequins n'a jamais été mise en réquisition, et ne le sera pas très-probablement. Il vaudrait mieux qu'elle l'eût été; car alors un homme n'a pas d'obligation, comme vous savez. Quant à une réforme, je me suis réformé, – que voudriez-vous? «La rébellion était dans son chemin et il la trouva.» Je crois vraiment que ni vous ni aucun homme d'un tempérament poétique ne peut éviter une forte passion de ce genre: c'est la poésie de la vie. Qu'aurais-je connu ou écrit, si j'avais été un politique paisible et mercantile, ou un lord de la chambre? Un homme doit voyager et s'agiter, ou bien il n'y a pas d'existence. D'ailleurs, je ne voulais être qu'un cavalier servente, et n'avais pas l'idée que cela tournerait en roman, à la mode anglaise.

Note 54: (retour) Je l'avais félicité d'être arrivé à ce que Dante appelle le mezzo cammin (le milieu de la route) de la vie, l'âge de trente-trois ans. (Note de Moore.)

»Quoi qu'il en soit, je soupçonne connaître en Italie une ou deux choses-de plus que lady Morgan n'en a recueillies en courant la poste. Qu'est-ce que les Anglais connaissent de l'Italie, hors les musées et les salons, – et quelque beauté mercenaire en passant55? Moi, j'ai vécu dans le coeur des maisons, dans les contrées les plus vierges et les moins influencées par les étrangers; – j'ai vu et suis devenu (pars magna fui56) une partie des espérances, des craintes et des passions italiennes, et je suis presque inoculé dans une famille: c'est ainsi que l'on voit les personnes et les chose telles qu'elles sont.

Note 55: (retour) En français dans le texte.

Note 56: (retour) Æn. lib. II.

»Que pensez-vous de la reine? J'entends dire que M. Hoby prétend «qu'il pleure en la voyant, et qu'elle lui rappelle Jane Shore.»

Sieur Hoby le bottier a la coeur déchiré,Car en voyant la reine il songe à Jane Shore,En vérité............57.

Note 57: (retour) Il y a là une suppression de Thomas Moore, dont la pudeur pédantesque a partout supprimé les phrases et les mots un peu trop lestes pour les chastes ladies. (Note du Trad.)

»Excusez, je vous prie, cette gaillardise. Où en est votre poème?.........

»Votre, etc.

»Est-ce vous qui avez fait ce brillant morceau sur Peter Bell? C'est assez spirituel pour être de vous, et presque trop pour être de tout autre homme vivant. C'était dans Galignani l'autre jour.»

LETTRE CCCLXXXIII

A M. MURRAY

Ravenne, 7 septembre 1820.

«En corrigeant les épreuves, il faut les comparer au manuscrit, parce qu'il y a diverses leçons. Faites-y attention, je vous prie, et choisissez ce que Gifford préférera. Écrivez-moi ce qu'il pense de tout l'ouvrage.

»Mes dernières lettres vous ont averti de compter sur une explosion par ici; l'on a amorcé et chargé, mais on a hésité à faire feu. Une des villes s'est séparée de la ligue. Je ne puis m'expliquer davantage pour mille raisons. Nos pauvres montagnards ont offert de frapper le premier coup, et de lever la première bannière, mais Bologne est demeurée en repos; puis c'est maintenant l'automne, et la saison est à moitié passée. «Ô Jérusalem, Jérusalem!» Les Huns sont sur le Pô; mais une fois qu'ils l'auront passé pour faire route sur Naples, toute l'Italie sera derrière eux. Les chiens! – les loups! – puissent-ils périr comme l'armée de Sennachérib! Si vous désirez publier la Prophétie du Dante, vous n'aurez jamais une meilleure occasion.»

LETTRE CCCLXXXIV

A M. MURRAY

Ravenne, 11 septembre 1820.

........................................

«Ce que Gifford dit du premier acte est consolant. L'anglais, le pur anglais sterling58 est perdu parmi vous, et je suis content de posséder une langue si abandonnée; et Dieu sait comme je la conserve: je n'entends parler que mon valet, qui est du Nottinghamshire, et je ne vois que vos nouvelles publications, dont le style n'est pas une langue, mais un jargon; même votre *** est terriblement guindé et affecté… Oh! si jamais je reviens parmi vous, je vous donnerai une Baviade et Méviade, non aussi bonne que l'ancienne, mais mieux méritée. Il n'y a jamais eu une horde telle que vos mercenaires (je n'entends pas seulement les vôtres, mais ceux de tout le monde). Hélas! avec les cockneys59, les lakistes60, et les imitateurs de Scott, Moore et Byron, vous êtes dans la plus grande décadence et dégradation de la littérature. Je ne puis y songer sans éprouver les remords d'un meurtrier. Je voudrais que Johnson fût encore en vie pour fustiger ces maroufles!»

Note 58: (retour) C'est-à-dire de bon aloi. Nous avons conservé le trope national du texte.

Note 59: (retour) Nom national des badauds anglais, appliqué aux imitateurs citadins des lakistes.

Note 60: (retour) Poètes de l'école des lacs. (Notes du Trad.)

LETTRE CCCLXXXV

A M. MURRAY

Ravenne, 14 septembre 1820.

«Quoi! pas une ligne? Bien, prenez ce système.

»Je vous prie d'informer Perry que son stupide article61 est cause que tous mes journaux sont arrêtés à Paris. Les sots me croient dans votre infernal pays, et ne m'ont pas envoyé leurs gazettes, en sorte que je ne sais rien du sale procès de la reine.

»Je ne puis profiter des remarques de M. Gifford, parce que je n'ai reçu que celles du premier acte.

»Votre, etc.»

»P. S. Priez les éditeurs de journaux de dire toutes les sottises qu'il leur plaira, mais de ne pas me placer au nombre de ceux dont ils signalent l'arrivée. Ils me font plus de mal par une telle absurdité que par toutes leurs insultes.»

Note 61: (retour) Sur le retour de Byron en Angleterre. (Note du Trad.)

LETTRE CCCLXXXVI

A M. MURRAY

Ravenne, 21 septembre 1820.

«Ainsi, vous revenez à vos anciens tours. Voici le second paquet que vous m'avez envoyé, sans l'accompagner d'une seule ligne de bien, de mal ou de nouvelles indifférentes. Il est étrange que vous ne vous soyez pas empressé de me transmettre les observations de Gifford sur le reste. Comment changer ou amender, si je ne reçois plus aucun avis? Ou bien ce silence veut-il dire que l'oeuvre est assez bonne telle qu'elle est, ou qu'elle est trop mauvaise pour être réparée? Dans le dernier cas, pourquoi ne le dites-vous pas sur-le-champ, et ne jouez-vous pas franc jeu, quand vous savez que tôt ou tard vous devrez déclarer la vérité.

»P. S.-Ma soeur me dit que vous avez envoyé chez elle demander où j'étais, dans l'idée que j'étais arrivé, conduisant un cabriolet, etc., etc., dans la cour du Palais. Me croyez-vous donc un fat ou un fou, pour ajouter foi à une telle apparition? Ma soeur ma mieux connu, et vous a répondu qu'il n'était pas possible que ce fût moi. Vous auriez pu tout aussi bien croire que je fusse entré sur un cheval pâle, comme la mort dans l'Apocalypse

LETTRE CCCLXXXVII

A M. MURRAY

Ravenne, 23 septembre 1820.

«Demandez à Hobhouse mes Imitations d'Horace, et envoyez m'en une épreuve (avec le latin en regard). Cet ouvrage a satisfait complètement au nonum prematur in annum62 pour être mis maintenant au jour: il a été composé à Athènes en 1811. J'ai idée qu'après le retranchement de quelques noms et de quelques passages, il pourra être publié; et je pourrais mettre parmi les notes mes dernières observations pour Pope, avec la date de 1820. La versification est bonne; et quand je jette en arrière un regard sur ce que j'écrivais à cette époque, je suis étonné de voir combien peu j'ai gagné. J'écrivais mieux alors qu'aujourd'hui, mais c'est que je suis tombé dans l'atroce mauvais goût du siècle. Si je puis arranger cet ouvrage pour la publication actuelle, en sus des autres compositions que vous avez de moi, vous aurez un volume ou deux de variétés; car il y aura toutes sortes de rhythmes, de styles, de sujets bons ou mauvais. Je suis inquiet de savoir ce que Gifford pense de la tragédie; écrivez-moi sur ce point. Je ne sais réellement pas ce que je dois moi-même en penser.

Note 62: (retour) Précepte de l'Art poétique. Horace conseille aux poètes de conserver leurs oeuvres neuf ans dans le portefeuille avant de les produire. (Note du Trad.)

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