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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12
Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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Язык: Французский
Год издания: 2017
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Vous m'avez prodigué la métaphore et je ne sais quoi encore sur le compte de Pulci, sur les moeurs, sur l'usage «d'aller sans vêtemens, comme nos ancêtres saxons.» D'abord, les Saxons «n'allaient pas sans vêtemens;» et, en second lieu, ils ne sont ni mes ancêtres, ni les vôtres; car les miens étaient Normands, et les vôtres, je le sais par votre nom, étaient Galliques. Et puis, je diffère d'opinion avec vous sur le «raffinement» qui a banni les comédies de Congreve. Les comédies de Sheridan ne sont-elles pas jouées pour les banquettes? Je sais, (en qualité d'ex-commissaire du théâtre) que l'École du Scandale24 était la plus mauvaise pièce du répertoire, en fait de recette. Je sais aussi que Congreve cessa d'écrire, parce que Mrs. Centlivre fit déserter ses comédies. Ainsi, ce n'est pas la décence, mais la stupidité qui fait tout cela, car Sheridan est un écrivain aussi décent qu'il faut être, et Congreve n'est pas pire que Mrs. Centlivre, dont Wilkes (l'acteur) a dit:25 «Non-seulement son théâtre doit être damné; mais elle-même aussi.» Il faisait allusion à Un coup hardi pour avoir femme. Mais enfin, et pour revenir au sujet, Pulci n'est point un écrivain indécent, – au moins dans son premier chant, comme vous devez à présent en être assuré par vos propres yeux.

Note 24: (retour) C'est ainsi que l'on traduit généralement le titre du chef-d'oeuvre de Shéridan (School for Scandal), mais le sens est l'École de la Calomnie.

Note 25: (retour) Comédie de Mrs. Centlivre. (Notes du Trad.)

»Vous parlez de raffinement: – Êtes-vous tous plus moraux? êtes-vous aussi moraux? Pas du tout. Je sais, moi, ce que c'est que le monde en Angleterre, pour avoir connu moi-même, par expérience, le meilleur, – du moins le plus élevé; et je l'ai peint partout comme on le trouve en tous lieux.

»Mais revenons. J'aimerais à voir les épreuves de ma réponse, parce qu'il y aura quelque chose à retrancher ou à changer. Mais, je vous en prie, faites-la imprimer avec soin. Répondez-moi, quand vous le pourrez commodément. Tout à vous.»

LETTRE CCCLXVI

A M. HOPPNER

Ravenne, 31 mars 1820.

.............................

«Ravenne continue le même train que je vous ai déjà décrit. Conversazioni durant tout le carême, et beaucoup plus agréables qu'à Venise. Il y a de petits jeux de hasard, c'est-à-dire le faro, où l'on ne peut mettre plus d'un schelling ou deux, – des tables pour d'autres jeux de cartes, et autant de caquet et de café qu'il vous plaît; tout le monde fait et dit ce qu'il lui plaît, et je ne me rappelle aucun événement désagréable, si ce n'est d'avoir été trois fois faussement accusé de boutade, et une fois volé de six pièces de six pence par un noble de la ville, un comte-. Je ne soupçonnai pas l'illustre délinquant; mais la comtesse V- et le marquis L- m'en avertirent directement, et me dirent que c'était une habitude qu'il avait de gripper l'argent quand il en voyait devant lui: mais je ne l'actionnai pas pour le remboursement, je me contentai de lui dire que s'il recommençait, je préviendrais moi-même la loi.

»Il doit y avoir un théâtre en avril et une foire, et un opéra, – puis un autre opéra en juin, outre le beau tems, don de la nature, et les promenades à cheval dans la forêt de pins. Mes respects les plus plus profonds à Mrs. Hoppner, et croyez-moi, etc.

»P. S. Pourriez-vous me donner une note de ce qui reste de livres à Venise? Je n'en ai pas besoin, mais je veux savoir si le peu qui ne sont pas ici sont là-bas, et n'ont pas été perdus en route. J'espère, et j'aime à croire que vous avez reçu votre vin en bon état, et qu'il est buvable. Allégra est, je crois, plus jolie, mais aussi obstinée qu'une mule et aussi goulue qu'un vautour. Sa santé est bonne, à en juger par son teint, – son caractère tolérable, sauf la vanité et l'entêtement. Elle se croit belle, et veut tout faire comme il lui plaît.»

LETTRE CCCLVII

A M. MURRAY

Ravenne, 9 avril 1820.

«Au nom de tous les diables de l'imprimerie, pourquoi n'avez-vous pas accusé réception du second, troisième et quatrième paquets; savoir, de la traduction et du texte de Pulci, des poésies Dantiques26, des observations, etc.? Vous oubliez que vous me laissez dans l'eau bouillante, jusqu'à ce que je sache si ces compositions sont arrivées, ou si je dois avoir l'ennui de les recopier...... ......

Note 26: (retour) Il y a dans le texte danticles, mot forgé par Byron pour désigner ses imitations et traductions du Dante: nous nous sommes permis une licence analogue. (Note du Trad.)

»Avez-vous reçu la crème des traductions, Françoise de Rimini, épisode de l'Enfer? Quoi! je vous ai envoyé un magasin de friperie le mois dernier; et vous n'éprouvez aucune sorte de sentiment! Un pâtissier aurait eu une double reconnaissance, et m'aurait remercié au moins pour la quantité.

»Pour rendre la lettre plus lourde, j'y renferme pour vous la circulaire du cardinal-légat (notre Campéius) pour sa conversazione de ce soir. C'est l'anniversaire du tiare-ment27 du pape, et tous les chrétiens bien élevés, même ceux de la secte luthérienne, doivent y aller et se montrer civils. Et puis il y aura un cercle, une table de faro (pour gagner ou perdre des schelings, car on ne permet pas de jouer gros jeu), et tout le beau sexe, la noblesse et le clergé de Ravenne. Le cardinal lui-même est un bon petit homme, evêque de Muda, et ici légat, – honnête croyant dans toutes les doctrines de l'église. Il garde sa gouvernante depuis quarante ans… mais il est réputé pour homme pieux et moral.

Note 27: (retour) Tiara-tion: mot forgé par analogie au mot coronation, couronnement; nous avons donc formé un mot selon l'esprit du texte anglais.

»Je ne suis pas tout-à-fait sûr que je ne serai point parmi vous cet automne; car je trouve que l'affaire ne va pas-entre les mains des fondés de pouvoir et des légistes-comme elle devrait aller avec une célérité raisonnée. On diffère sur le compte des investitures en Irlande.

Entre le diable et la profonde mer,Entre le légiste et le fondé de pouvoir28,

je me trouve fort embarrassé; et il y a une si grande perte de tems parce que je ne suis pas sur le lieu même, avec les réponses, les délais, les dupliques, qu'il faudra peut-être que je vienne jeter un coup-d'oeil là-dessus: car l'un conseille d'agir, l'autre non, en sorte que je ne sais quel moyen prendre; mais peut-être pourra-t-on terminer sans moi.

»Votre, etc.

»P. S. J'ai commencé une tragédie sur le sujet de Marino Faliero, doge de Venise; mais vous ne la verrez pas de six ans, si vous n'accusez réception de mes paquets avec plus de vitesse et d'exactitude. Écrivez toujours, au moins une ligne, par le retour du courrier, quand il vous arrive autre chose qu'une pure et simple lettre.

»Adressez directement à Ravenne; cela économise une semaine de tems et beaucoup de port.»

Note 28: (retour) Ce sont deux vers dans le texte. (Notes du Trad.)

LETTRE CCCLVIII

A M. MURRAY

Ravenne, 16 avril 1820.

«Les courriers se succèdent sans m'apporter de vous la nouvelle de la réception des différens paquets (le premier excepté) que je vous ai envoyés pendant ces deux mois, et qui tous doivent être arrivés depuis long-tems; et comme ils étaient annoncés dans d'autres lettres, vous devriez au moins dire s'ils sont venus ou non. Je n'espère pas que vous m'écriviez de fréquentes et longues lettres, vu que votre tems est fort occupé; mais quand vous recevez des morceaux qui ont coûté quelque peine pour être composés, et un grand embarras pour être copiés, vous devriez au moins me mettre hors d'inquiétude, en en accusant immédiatement réception, par le retour du courrier, à l'adresse directe de Ravenne. Sachant ce que sont les postes du continent, je suis naturellement inquiet d'apprendre qu'ils sont arrivés; surtout comme je hais le métier de copiste, à un tel point que s'il y avait un être humain qui pût copier mes manuscrits raturés, il aurait pour sa peine tout ce qu'ils peuvent jamais rapporter. Tout ce que je désire, ce sont deux lignes, où vous diriez: «tel jour, j'ai reçu tel paquet.» Il y en a au moins six que vous n'avez pas accusés: c'est manquer de bonté et de courtoisie.

»J'ai d'ailleurs une autre raison pour désirer de vous prompte réponse: c'est qu'il se brasse en Italie quelque chose qui bientôt détruira toute sécurité dans les communications, et fera fuir nos Anglais-voyageurs dans toutes les directions, avec le courage qui leur est ordinaire dans les tumultes des pays étrangers. Les affaires d'Espagne et de France ont mis les Italiens en fermentation; et il ne faut pas s'en étonner, ils ont été trop long-tems foulés. Ce sera un triste spectacle pour votre élégant voyageur, mais non pour le résident, qui naturellement désire qu'un peuple se relève. Je resterai, si les nationaux me le permettent, pour voir ce qu'il en adviendra, et peut-être pour prendre rang avec eux, comme Dugald Dalgetty et son cheval, en cas d'affaire: car je regarderai comme le spectacle le plus intéressant du monde, le moment où je verrai les Italiens renvoyer les barbares de toute nation dans leurs cavernes. J'ai vécu assez long-tems parmi eux pour les aimer comme nation plus qu'aucun autre peuple dans le monde; mais ils manquent d'union, ils manquent de principes, et je doute de leur succès. Toutefois, ils essaieront probablement, et s'ils le font, ce sera une bonne cause. Nul Italien ne peut haïr un Autrichien plus que je ne le fais; si ce ne sont les Anglais, les Autrichiens me semblent être la plus mauvaise race sous les cieux. Mais je doute, s'il se fait quelque chose, que tout se passe aussi tranquillement qu'en Espagne. Certainement les révolutions ne doivent pas se faire à l'eau-rose, là où les étrangers sont maîtres.

»Écrivez tandis que vous le pouvez, car il ne tient qu'à un fil qu'il n'y ait pas un remue-ménage qui retarde bientôt la malle-poste.

»Votre, etc.»

LETTRE CCCLXIX

A M. HOPPNER

Ravenne, 18 avril 1820.

«J'ai fait écrire à Siri et à Willhalm pour qu'ils m'envoient avec Vincenza, dans une barque, les lits de camp et les épées que je confiai à leurs soins lors de mon départ de Venise. Il y a aussi plusieurs livres de bonne poudre de Manton dans une boîte en vernis du Japon; mais à moins que je fusse sûr de les recevoir de V- sans crainte de saisie, je ne voudrais pas l'aventurer. Je puis la faire entrer ici, par le moyen d'un employé des douanes, qui m'a offert de la mettre à terre pour moi; mais j'aimerais à être assuré qu'elle ne courra aucun risque en sortant de Venise. Je ne voudrais pas la perdre pour son poids en or: – il n'y en a pas de pareille en Italie.

»Je vous ai écrit il y a environ une semaine, et j'espère que vous êtes en bonne santé et bonne humeur. Sir Humphrey Davy29 est ici, et il était hier soir chez le cardinal. Comme j'y avais été le dimanche précédent, et qu'il faisait chaud hier, je n'y suis point allé, ce que j'eusse fait si j'avais pensé y rencontrer l'homme de la chimie. Il m'a fait visite ce matin, et j'irai le chercher à l'heure du corso. Je crois qu'aujourd'hui lundi, nous n'avons pas grande conversazione, mais seulement la réunion de famille chez le marquis Cavalli, où je vais quelquefois comme parent, de sorte que si sir Davy ne demeure pas ici un jour ou deux, nous nous rencontrerons difficilement en public. Le théâtre doit ouvrir en mai, pour la foire, s'il n'y a pas un remue-ménage dans toute l'Italie à cette époque. – Les affaires d'Espagne ont excité une fièvre constitutionnelle, et personne ne sait comment cela finira: – il est nécessaire qu'il y ait un commencement.

»Votre, etc.

»P. S. Mes bénédictions à Mrs. Hoppner. Comment va votre petit garçon? Allegra grandit, et elle a cru en bonne mine et en obstination.»

Note 29: (retour) Célèbre chimiste anglais. (Note du Trad.)

LETTRE CCCLXX

A M. MURRAY

Ravenne, 23 avril 1820.

«Les épreuves ne contiennent pas les dernières stances du second chant30, mais finissent brusquement par la 105e stance.

Note 30: (retour) Il est question de Don Juan. (Note du Trad.)

»Je vous ai dit, il y a long-tems, que les nouveaux chants n'étaient pas bons, et je vous en ai donné la raison. Songez que je ne vous oblige pas à les publier; vous les supprimerez si vous voulez, mais je ne puis rien changer. J'ai biffé les six stances sur ces deux imposteurs, – (ce qui, je suppose, vous causera un grand plaisir), mais je ne puis faire davantage. Je ne puis ni rien ajouter, ni rien remplacer; mais je vous donne la liberté de tout mettre au feu, si vous le voulez, ou de ne pas publier, et je crois que c'est assez.

»Je vous ai dit que je continuais à écrire sans bonne volonté; – que j'avais été, non effrayé, mais blessé par la criaillerie, et que d'ailleurs, quand j'écrivais en novembre dernier, j'étais malade de corps, et dans une très-grande peine d'esprit à propos de quelques affaires particulières. Mais vous vouliez avoir l'oeuvre: aussi vous l'envoyai-je; et pour la rendre plus légère, je la coupai en deux parts, – mais je ne saurais la rapiécer. Je ne puis saveter......... – Finissons, car il n'y a pas de remède; mais je vous laisse absolument libre de supprimer le tout à votre gré.

»Quant au Morgante Maggiore, je n'en supprimerai pas un vers. Il peut être mis en circulation ou non; mais toute la critique du monde n'atteindra pas un vers, à moins que ce ne soit pour vice de traduction. Or vous dites, et je dis, et d'autres personnes disent que la traduction est bonne; ainsi donc il faut qu'elle soit mise sous presse telle qu'elle est. Pulci doit répondre de sa propre irréligion: je ne réponds que de la traduction… .......................

»Faites, je vous prie, revoir la prochaine fois par M. Hobhouse les épreuves du texte italien: cette fois-ci, tandis que je griffonne pour vous, elles sont corrigées par une femme qui passe pour la plus jolie de la Romagne et même des Marches jusqu'à Ancône.

»Je suis content que vous aimiez ma réponse à vos questions sur la société italienne. Il est convenable que vous aimiez quelque chose, et le diable vous emporte.

»Mes amitiés à Scott. J'ai une opinion plus haute du titre de chevalier depuis qu'il en a été décoré. Soit dit en passant, c'est le premier poète qui ait été anobli pour son talent dans la Grande-Bretagne: cela n'était arrivé auparavant que chez l'étranger; mais sur le continent, les titres sont universels et sans valeur. Pourquoi ne m'envoyez-vous pas Ivanhoe et le Monastère? Je n'ai jamais écrit à sir Walter, car je sais qu'il a mille choses à faire, et moi rien; mais j'espère le voir à Abbotsford avant peu, et je ferai couler son vin clairet avec lui, quoique, devenu abstème en Italie, je n'aie plus qu'une cervelle peu intéressante pour une réunion écossaise inter pocula. J'aime Scott et Moore, et tous les bons frères; mais je hais et j'abhorre cette cohue bourbeuse de sangsues que vous avez mise dans votre troupe.

»Votre, etc.

»P. S. Vous dites qu'une moitié est très-bonne: vous avez tort; car, s'il en était ainsi, ce serait le plus beau poème du monde. donc est la poésie dont la moitié soit bonne? Est-ce l'Énéide? Sont-ce les vers de Milton? de Dryden? De qui donc, hormis Pope et Goldsmith, dont tout est bon? et encore ces deux derniers sont les poètes que vos poètes de marais voudraient fronder. Mais si, dans votre opinion, la moitié des deux nouveaux chants est bonne, que diable voulez-vous de plus? Non, non-nulle poésie n'est généralement bonne: – ce n'est jamais que par bonds et par élans, – et vous êtes heureux de trouver un éclair çà et là. Vous pourriez aussi bien demander toutes les étoiles en plein minuit que la perfection absolue en vers.

»Nous sommes ici à la veille d'un remue-ménage. La nuit dernière, on a placardé sur tous les murs de la ville: Vive la république! et Mort au pape! etc., etc. Ce ne serait rien à Londres, où les murs sont privilégiés; mais ici, c'est autre chose: on n'est pas accoutumé à de si terribles placards politiques. La police, est sur le qui-vive, et le cardinal paraît pâle à travers sa pourpre.»

24 avril 1820, huit heures du soir.

«La police a été tout le jour à la recherche des auteurs des placards, mais elle n'a rien pris encore. On doit avoir passé toute la nuit à afficher; car les Vive la république!-Mort au pape et aux prêtres! sont innombrables, et collés sur tous les palais: le nôtre en a une abondante quantité. Il y a aussi: A bas la noblesse! Quant à cela, elle est déjà assez bas. Vu la violence de la pluie et du vent qui sont survenus, je ne suis pas sorti pour battre le pays; mais je monterai à cheval demain, et prendrai mon galop parmi les paysans, qui sont sauvages et résolus, et chevauchent toujours le fusil en main. Je m'étonne qu'on ne soupçonne pas les donneurs de sérénades; car on joue ici de la guitare toute la nuit, comme en Espagne, sous les fenêtres de ses maîtresses.

»Parlant de politique, comme dit Caleb Quotem, regardez, je vous prie, la conclusion de mon Ode sur Waterloo, écrite en 1815; et, la rapprochant de la catastrophe du duc de Berry en 1820, dites-moi si je n'ai pas un assez bon droit au titre de vates31, dans les deux sens du mot, comme Fitzgerald et Coleridge.

«Des larmes de sang couleront encore32.»

»Je ne prétends pas prévoir à cette distance ce qui arrivera parmi vous autres Anglais, mais je prophétise un mouvement en Italie: dans ce cas, je ne sais pas si je n'y mettrai pas la main. Je déteste les Autrichiens, et crois les Italiens scandaleusement opprimés; et si l'on donne le signal, pourquoi pas? Je recommanderai «l'érection d'un petit fort à Drumsnab,» comme Dugald Dalgetty.»

Note 31: (retour) Vates, en latin, signifie à-la-fois poète et prophète.

Note 32: (retour) Vers de l'Ode sur Waterloo:

Crimson tears will follow yet. (Notes du Trad.)

LETTRE CCCLXXI

A M. MURRAY

Ravenne, 8 mai 1820.

«Comme vous ne m'avez pas r'écrit, intention que votre lettre du 7 courant indiquait, je dois présumer que la Prophétie du Dante n'a pas été jugée meilleure que les pièces qui l'avaient précédée, aux yeux de votre illustre synode. En ce cas, vous éprouvez un peu d'embarras. Pour y mettre fin, je vous répète que vous ne devez pas vous considérer comme obligé ou engagé à publier une composition, par cela seul qu'elle est de moi, mais toujours agir conformément à vos vues, à vos opinions ou à celles de vos amis; et demeurez sûr que vous ne m'offenserez en aucune façon en refusant l'article, pour me servir de la phrase technique. Quant aux observations en prose sur l'attaque de John Wilson, je n'entends point les faire publier à présent; et j'envoie des vers à M. Kinnaird (je les écrivis l'an dernier en traversant le Pô), vers qu'il ne faut pas qu'il publie. Je mentionne cela, parce qu'il est probable qu'il vous en donnera une copie. Souvenez-vous-en, je vous prie, attendu que ce sont de purs vers de société, relatifs à des sentimens et des passions privés. De plus, je ne puis consentir à aucune mutilation ou omission dans l'oeuvre de Pulci: le texte original en a toujours été exempt dans l'Italie même, métropole de la chrétienté, et la traduction ne le serait pas en Angleterre, quoique vous puissiez regarder comme étrange qu'on ait permis une telle liberté au Morgante pendant plusieurs siècles, tandis que l'autre jour on a confisqué la traduction entière du premier chant de Childe-Harold, et persécuté Leoni, le traducteur. – Lui-même me l'écrit, et je le lui aurais dit s'il m'avait consulté avant la publication. Ceci montre combien la politique intéresse plus les hommes dans ces contrées que la religion. Une demi-douzaine d'invectives contre la tyrannie font confisquer Childe-Harold en un mois, et vingt-huit chants de plaisanteries contre les moines, les chevaliers et le gouvernement de l'église, sont laissés en liberté pendant des siècles: je transcris le récit de Leoni.

«Non ignorerà forse che la mia versione del 4º canto del Childe-Harold fu confiscata in ogni parte; ed io stesso ho dovuto soffrir vessazioni altrettanto ridicole quanto illiberali, ad arte che alcuni versi fossero esclusi dalla censura. Ma siccome il divieto non fa d'ordinario che accrescere la curiosità, così quel carme sull'Italia è ricercato più che mai, e penso di farlo ristampare in Inghilterra senza nulla escludere. Sciagurata condizione di questa mia patria! se patria si può chiamare una terra così avvilita dalla fortuna, dagli uomini, da se medesima33.»

Note 33: (retour) «Vous n'ignorez peut-être pas que ma traduction du quatrième chant de Childe-Harold a été confisquée partout, et moi-même j'ai dû souffrir des vexations aussi ridicules qu'illibérales, parce que la censure a trouvé quelques vers à retrancher. Mais comme la défense ne fait d'ordinaire qu'accroître la curiosité, ce poème est plus que jamais recherché en Italie, et je songe à le faire réimprimer en Angleterre sans rien retrancher. Malheureuse condition de ma patrie! si l'on peut nommer patrie une terre avilie par la fortune, par les hommes et par elle-même.»

»Rose vous traduira cela. A-t-il eu sa lettre? je l'ai envoyée dans une des vôtres, il y a quelques mois. Je dissuaderai Leoni de publier ce poème, ou bien il peut lui arriver de voir l'intérieur du château Saint-Ange. La dernière pensée de sa lettre est le commun et pathétique sentiment de tous ses compatriotes.

Sir Humphrey Davy était ici la dernière quinzaine, et j'ai joui de sa société chez une fort jolie Italienne de haut rang, qui, pour déployer son érudition en présence du grand chimiste, décrivant sa quatorzième visite au mont Vésuve, demanda «s'il n'y avait pas un semblable volcan en Irlande.» Le seul volcan irlandais que je connusse était le lac de Killarney, que je pensai naturellement être désigné par la dame; mais une seconde pensée me fit deviner qu'elle voulait parler de l'Islande et de l'Hécla: – et il en était ainsi, quoiqu'elle ait soutenu sa topographie volcanique pendant quelque tems avec l'aimable opiniâtreté du beau sexe. Elle se tourna bientôt après vers moi, et m'adressa diverses questions sur la philosophie de sir Humphrey, et j'expliquai aussi bien qu'un oracle le talent qu'il avait déployé dans la construction de la lampe de sûreté contre le gaz inflammable, et dans la restauration des manuscrits de Pompéïa. «Mais comment l'appelez-vous? dit-elle. – Un grand chimiste, répondis-je. – Que peut-il faire? reprit-elle. – Presque tout, lui dis-je. – Oh! alors, mio caro, demandez-lui, je vous prie, qu'il me donne quelque chose pour teindre mes sourcils en noir. J'ai essayé mille choses, et toutes les couleurs s'en vont; et d'ailleurs, mes sourcils ne croissent pas: peut-il inventer quelque chose pour les faire croître?» Tout cela fut dit avec le plus grand empressement; et ce dont vous serez surpris, c'est que la jeune Italienne n'est ni ignorante ni sotte, mais vraiment bien élevée et spirituelle. Mais toutes parlent comme des enfans quand elles viennent de quitter leurs couvens; et, après tout, elles valent mieux qu'un bas-bleu anglais. Je n'ai pas parlé à sir Humphrey de ce dernier morceau de philosophie, ne sachant pas comment il le prendrait. Davy était fort épris de Ravenne et de l'italianisme PRIMITIF du peuple, qui est inconnu aux étrangers; mais il ne s'est arrêté qu'un jour.

»Envoyez-moi des romans de Scott et quelques nouvelles.

»P. S. J'ai commencé et poussé jusqu'au second acte une tragédie sur la conspiration du doge, c'est-à-dire sur l'histoire de Marino Faliero; mais mes sentimens actuels sont si peu encourageans sur ce point, que je commence à croire que j'ai usé mon talent, et je continue sans grande envie de trouver une veine nouvelle.

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