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La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie
“Non,” dit Liada en tendant la main à hauteur de poitrine.
“Tin Tin était une fillette, et qui est Yzebel?”
Liada berça un bébé dans ses bras.
“Yzebel est un bébé?”
“Non. Liada est…hum…”
“Liada était un bébé?”
Liada secoua la tête.
“Je crois qu’Yzebel est la mère de Liada,” dit Joaquin.
“Oh, je vois,” dit Karina. “Yzebel berçait Liada qand elle était bébé. Yzebel est ta mère.”
Liada leva deux doigts.
“Tu as deux mères?”
Liada leva un doigt, puis deux. En montrant le second doigt, elle dit, “Yzebel.”
“Yzebel est ta seconde mère. Et est-ce que tu étais bébé quand Yzebel a acheté Tin Tin à Sulobo?”
“Non.” Liada leva la main à hauteur de poitrine.
“Tu étais une fillette quand Yzebel a acheté Tin Tin?”
“Oui. Et nous…” Liada serra Tin Tin contre elle, en tournant sa tête vers elle.
“Vous étiez comme des soeurs?”
Karina leva deux doigts, enroulant l’un des deux autour de l’autre. Elles firent oui de la tête toutes les deux.
“Sulobo a marqué Tin Tin quand il en est devenu propriétaire?” demanda Karina.
“Oui,” dit Liada. “Et je crois que pour moi, c’est d’être comme ma soeur, Tin Tin Ban Sunia, alors je fais ça.” Ses mains racontaient l’histoire de façon tout à fait claire.
Karina renifla et s’essuya la joue. “Je-je n’peux pas…”
“Imaginer?” dit Joaquin.
“Je n’peux pas imaginer…”
“Un lien si fort que l’on se fasse marquer au fer rouge comme une esclave parce qu’on a une soeur qui l’a été?” dit Joaquin.
Karina acquiésca.
Le silence régna pendant quelques minutes.
“C’est quelque chose de tellement fort,” dit Kawalski, “que nos vies quotidiennes paraissent banales en comparaison.”
“Cateri,” dit Liada, “est l’esclave de Sulobo.”
“Quoi?” demanda Alexander.
“Oui,” dit Tin Tin.
“Cateri,” dit Alexander, “tu es l’esclave de Sulobo?”
Cateri dit quelque chose à Liada, qui s’adressait à elle dans leur langue. Cateri désserra le cordon du col de sa tunique, et Liada descendit le dos de sa tunique suffisamment bas pour qu’ils puissent voir la marque des esclaves sur son omoplate droite.
“Bon sang,” dit Kawalski, “comment peut-on faire une chose pareille?”
Karina toucha la cicatrice. “C’est si cruel, mais sa marque à elle est différente.”
“Oui,” dit Joaquin said. “Liada et Tin Tin ont une flèche en travers du manche de la fourche. La marque de Cateri a la fourche avec le serpent qui s’enroule autour du manche, mais pas la flèche.
“Comment ça se fait?” demanda Karina.
“C’est une marque rajoutée,” dit Kawalski. “Dans l’ancien ouest américain, quand on vendait une vache, ou qu’elle était volée, il fallait remplacer la marque d’origine par autre chose. On utilisait une marque rajoutée pour modifier l’ancienne marque. Cette flèche sur la marque de Tin Tin et Liada est une marque rajoutée pour montrer qu’elles n’appartenaient pas à l’origine au même propriétaire.”
“Ces femmes sont traitées comme du bétail,” dit Karina, “On les achète et on les vend comme si c’étaient des bêtes.”
“Sulobo,” dit Alexander, “ce fils de pute.”
Cateri rajusta son col et serra le cordon. Ensuite elle se détourna pour prendre congé.
“Attends.” dit Alexander en lui prenant le bras pour l’arrêter. “Ne pars pas.”
Elle lui faisait face.
“Tu n’es pas obligée d’être esclave. L’esclavage a été aboli il y a deux cents ans.”
Cateri jeta un coup d’oeil à Liada, puis Liada demanda à Autumn de lui venir en aide en expliquant ce qu’Alexander avait dit.
“Hum,” dit Autumn, “comment dire ‘liberté’ en langue des signes – ”
Lojab l’interrompit. “Je vais l’acheter à Sulobo.”
“Ouais, Low Job,” dit Kady, “t’aimerais ça, hein, de posséder une femme. Espèce de tête de noeud.”
“Je ne crois pas que le 7ième de Cavalerie va devenir propriétaire d’aucune esclave,” dit Karina.
“Bandes d’idiotes,” dit Lojab, “vous êtes toutes vénères parce que personne ne voudrait débourser d’argent pour vous.”
“Bouffe ta merde et va mourir, Low Job,” dit Kady.
“Arrête ça, Lojab,” dit Alexander. “C’est déplacé,” dit-il en regardant Cateri s’éloigner.
Chapitre onze
Tandis que le soleil du matin se levait par-dessus les cimes des arbres, Sparks tira du conteneur d’armement une grande valise camouflée et en fit sauter les verrous. A l’intérieur, calée dans de la mousse, se trouvait le Drone de Surveillance Libellule.
Les autres soldats s’approchèrent pour regarder tandis qu’il soulevait délicatement l’avion léger de son logement pour le déposer dans l’herbe. Il disposa également une manette de contrôle, un iPad et plusieurs piles au lithium de la taille d’une pièce de monnaie.
“Ca ressemble vraiment à une libellule,” dit Kady.
“Ouais,” dit Kawalski, une libellule de la taille d’une main.”
Sparks inséra une pile dans une fente dans le ventre de la Libellule et vérifia les ailes pour s’assurer que celles-ci pouvaient librement se mouvoir. Ensuite, il inséra une seconde pile à l’intérieur du petit compartiment de la télécommande. Il alluma les boutons sur la télécommande et sur l’iPad, puis fit décoller l’aéronef afin d’inspecter la minuscule caméra montée sous son ventre. Tandis qu’il réglait la caméra, une image apparut sur l’écran de l’iPad.
Kady fit un signe, et son image sur l’iPad fit également un signe. “Ouaip, c’est nous.”
“On a vraiment l’air mauvais,” dit Kawalski.
“Ouais,” dit Autumn, “et y en a aussi qui sentent mauvais.”
“Si tu veux bien te déplacer pour te mettre devant Paxton,” dit Lojab “tu pourrais avoir de l’air frais.”
“Bon, écoutez tous” dit Sparks. “Et maintenant place à la science de l’étrange.” Il se leva et se recula. “Laissez-lui de la place. On est prêt pour le décollage.”
Un doux vrombissement se dégagea des ailes tandis que Sparks actionnait la manette de contrôle. Le bruit s’amplifia lorsque la Libellule s’éléva de l’herbe.
“Karina,” dit Sparks, “Ramasse l’iPad et tiens le par ici pour que je le voie.”
L’avion s’éléva au-dessus de leurs têtes. “On a une bonne image, Sparks,” dit Karina. “Est-ce que tu la vois?”
Sparks regarda l’iPad, puis à nouveau l’avion qui montait toujours plus haut. “Ouais, c’est bon.”
Bientôt, la Libellule fut au niveau de la cime des arbres, et Karina vit toute la section qui regardait en l’air, sauf elle, comme elle regardait l’écran.
“Maintenant, on va voir où on est,” dit l’adjudant Alexander.
“On va peut-être voir le Magicien derrière son rideau vert,” dit Kawalski.
“Ou un plateau de tournage géant,” dit Kady.
La Libellule s’éleva de plus en plus haut, montrant toujours plus de forêt dans toutes les directions.
Tout le monde regardait l’affichage vidéo sur l’iPad.
“Waouh,” dit Lorelei, “visez-moi ça.” dit-elle en montrant la longue piste derrière l’armée. Elle s’étirait sur des kilomètres et des kilomètres vers le sud-est.
“Et ils continuent à rentrer dans le camp,” dit Kady.
“Où est la rivière?” demanda Lorelei.
Sparks actionna les manettes et la Libellule fit une rotation vers le nord.
“Là-bas,” dit Kawalski.
“Est-ce que tu peux monter plus haut, Sparks,” demanda Mon adj’.
“Vérifie l’altitude, Karina,” dit Sparks.
“Comment?”
“Touche le bas de l’écran,” dit Sparks.
“Ah, oui voilà,” dit Karina. “Tu es à cinq cents mètres.”
“OK, on monte.”
“Six cents mètres,” dit Karina.
“Mets-toi en panoramique,” dit Mon adj’.
L’image vidéo sur l’iPad fit une rotation.
“Waouh,” dit Karina, “Je n’ai jamais vu l’air si pur et clair.”
“Pas d’autoroutes, pas de villes, pas de relais de téléphonie,” dit Kawalski, “aucune construction humaine nulle part.”
“Attends,” dit Mon adj’. “Recule. Là, à seize kilomètres au nord. Qu’est-ce que c’est?”
Sparks zooma.
“Ca doit être une ville,” dit Paxton.
“Un village,” dit Kady.
“Ouais,” dit Karina, “et un grand.”
“Monte encore et zoome encore plus.”
“Neuf cents mètres,” dit Karina.
“On peut monter à combien?” demanda Kawalski.
“Dans les mille cinq cents,” dit Sparks.
“Je vois des gens,” dit Paxton.
Sparks zooma encore plus près.
“Hé, ce sont des chiens de bisons.”
“Des Vocontii,” dit Autumn.
“Oui, c’en est,” dit Mon adj’. “et y en a des centaines.” Il leva les yeux vers la Libellule mais ne put la voir.
“Fais-la monter jusqu’à neuf cents.”
Tout le monde regardait l’iPad tandis que Sparks dézoomait pour revenir à sa position initiale et que l’avion s’élevait de plus en plus haut.
“Voilà la rivière,” dit Autumn.
“Elle est immense” dit Kady.
“Fais un tour d’horizon, Sparks,” dit Mon adj’.
“Regardez, un océan,” dit Kawalski.
“A quelle distance?” demanda Autumn.
“Probalement à environ trente kilomètres,” dit Sparks.
“Des montagnes.”
“Des montagnes enneigées,” dit Kady.
“Waouh!” dit Autumn “Recule.”
Sparks arrêta le mode panoramique et fit un retour en arrière.
“Zoome dessus,” dit Autumn, “là, sur cette montagne.”
“J’ai l’impression de la reconnaître,” dit Kawalski.
“Pas étonnant,” dit Autumn. “C’est le Matterhorn.”
“Nom de Dieu!” dit Kawalski en se penchant vers l’écran. “C’est vraiment le Matterhorn!”
“A quelle distance, Sparks?” demanda Mon adj’.
“Hum…peut-être bien dans les deux cent quarante kilomètres.”
“Dans quelle direction?”
“Nord est.”
Mon adj’ déroula sa carte dans l’herbe. “Karina, montre-moi le Matterhorn sur cette carte.”
Elle s’agenouilla près de lui, en étudiant la carte. “C’est là.” dit-elle en désignant un sommet dans la chaîne de montagnes.
Mon adj’ mit son doigt sur le Matterhorn et mesura cent cinquante kilomètres vers le sud est. “Cette rivière, c’est le Rhône, et l’océan, c’est la mer Méditerranée.”
“Viens ici,” dit Karina à Kady en lui tendant l’iPad de la Libellule, “tiens-moi ça.” Karina courut jusqu’à son sac à dos pour chercher son iPad, puis l’alluma et commença à faire défiler des pages.
“Sparks avait raison,” dit Autumn. “On est sur la Côte d’Azur”
“Merci,” dit Sparks.
“Mais où sont passés les autoroutes et les villes?” demanda Kawalski.
Mon adj’ secouait la tête en étudiant la carte.
“Hé!” dit Karina en revenant vers le groupe en courant. “Regardez les éléphants.”
“Quoi?” demanda Mon adj’.
“Fais voir les éléphants sur la vidéo,” dit Karina.
Sparks fit faire un demi-tour à la Libellule pour regarder tout droit en dessous.
“Zoome un peu,” fit Karina.
Sparks actionna les manettes.
“Là! Stop!” dit Karina. “Quelqu’un peut compter les éléphants?”
“Pourquoi?” demanda Kawalski.
“Contente-toi de faire ce que je dis!”
Tout le monde se mit à compter les éléphants.
“Trente-huit.”
“Quarante.”
“Trente-huit,” dit Kady.
“Cinquante-et-un,” dit Paxton.
“Paxton,” dit Lorelei, “tu serais incapable de compter jusqu’à vingt si t’enlevais tes bottes.”
“Trente-neuf,” dit Mon adj’.
“Bon,” dit Karina en lisant quelque chose à l’écran. “Est-ce qu’on dit environ vingt-six mille soldats?”
“J’en ai aucune idée.”
“Des milliers, en tous cas.”
“Je crois qu’y en a plus de vingt-six mille,” dit Lorelei.
“Ecoutez donc ça, vous autres,” dit Karina. “En 218 avant JC—”
Lojab rigola. “Deux cent dix-huit avant JC! Espèce de bimbo écervelée, Ballentine. “T’es complètement cinglée.”
Karina regarda un instant Lojab d’un air furieux. “En deux cent dix-huit avant JC,” reprit-elle, “Hannibal fit traverser les Alpes à trente-huit éléphants et vingt-six mille cavaliers et fantassins pour attaquer les Romains.”
Plusieurs des autres rigolèrent.
“Chtupide,” marmonna Lojab.
“Donc, Ballentine,” dit Mon adj’, “tu es en train de me dire qu’on a été transportés en deux cent dix-huit avant JC et largués au beau milieu de l’armée d’Hannibal? C’est bien ce que t’es en train de me raconter?”
“Je ne fais que vous rapporter ce que je vois : le Rhône, la Méditerranée, les Alpes, quelqu’un qui dit que cet endroit s’appelle la Gaule, l’ancien nom de la France, aucune autoroute, aucune ville, aucun relais de téléphonie, et toutes nos montres qui se trompent de cinq heures.” Elle regarda à nouveau sa montre. “Et je vous lis les faits historiques. A vous d’en tirer vos propres conclusions.”
Tout le monde se taisait en regardant l’écran de l’iPad de Sparks. Il dézooma et fit un tour d’horizon à la recherche de traces de la civilisation.
“Les Vocontii étaient les anciens habitants du sud de la France,” dit Karina en lisant sur son iPad. “Ils ne s’occupaient guère de commerce ou d’agriculture mais préféraient à la place s’attaquer aux tribus voisines pour piller leurs céréales, leur viande, et leurs esclaves.” Elle ferma son iPad et le rangea.
Sparks fit descendre et atterrir en douceur la Libellule sur l’herbe. “On est en deux cent dix-huit avant JC,” murmura-t-il, “et c’est l’armée d’Hannibal.”
Un bref silence se fit, et se prolongea, tandis que les soldats songeaient aux paroles de Karina.
“Sparks,” dit Lojab, “tu serais prêt à croire Ballentine si elle disait que la lune était faite en bleu d’Auvergne.”
“Plutôt en roquefort,” dit Sparks. “Et elle a raison là-dessus aussi.”
Kawalski regarda Mon adj’. “On est plus en Afghanistan, ou quoi, Toto?”
“Est-ce que la Libellule peut voler la nuit?” demanda Mon Adj’.
“Ouais, mais on risque de la perdre dans l’obscurité.”
“Mais avec la vidéo en marche?”
“Si on fait un grand feu et que l’on garde la caméra pointée sur le feu, je pense pouvoir la faire redescendre là où on est.” Sparks éteignit le bouton de la Libellule et la rangea. “Pourquoi est-ce que vous voulez qu’elle vole la nuit, Mon adj’?”
“Je crois qu’on est tombés dans une faille du passé et qu’elle s’étend seulement à la zone autour de nous. Soit environ seize kilomètres carrés.”
“Un peu comme un trou de ver?” demanda Sparks.
“Quelque chose dans le genre.”
“Qu’est-ce que c’est un trou de ver?” demanda Kawalski.
“C’est une hypothèse du continuum espace-temps,” dit Sparks. “A la base, c’est un raccourci à travers le temps et l’espace.”
“Oh.”
“Mais Mon adj’,” dit Sparks, “on a vu les Alpes et le Matterhorn à deux cent quarante kilomètres d’ici.”
“Oui, mais on n’a pas pu voir de villes éloignées. La nuit, d’une altitude de neuf cents mètres, on pourrait voir la lueur des lumières des villes. Peut-être Marseille ou Cannes.”
“Ca serait possible, je pense.”
“Si on peut repérer une grande ville, on se dirigera vers elle jusqu’à ce qu’on sorte de ce monde de fous.”
Chapitre douze
Autumn traversait les bois juste en contrebas du camp du 7ième à la recherche de bois pour le feu. C’était un peu après le coucher du soleil, mais c’était encore le crépuscule.
“T’as besoin d’aide, l’apache?”
Autumn fit volte-face en entendant la voix de l’homme, et faillit laisser tomber le tas de bois qu’elle portait. “Lojab, tu peux pas siffler ou quoi quand tu suis une femme en douce?”
“Je suis pas en train de te suivre, je voulais juste t’aider.” Il lui mit la main sur l’épaule.
Autumn plissa les yeux en regardant sa main. “Je sais ce que tu veux.” Et elle repoussa sa main.
“Bon, d’accord. Ca évite de faire du baratin.”
“Oui, c’est ça.”
“T’es pas comme les autres, hein?”
“Les autres quoi?” Elle s’agenouilla pour ramasser une branche morte et l’ajouta à son tas de bois.
“Les autres femmes. Elles comprennent pas ce que je veux.”
“Oh, je pense qu’elles te comprennent tout à fait bien.” Et elle fit demi-tour pour rejoindre le camp.
Il lui prit le bras. “Attends un peu. T’es pas obligée d’être si pressée.”
“Dégage.” dit-elle en dégageant le bras qu’il serrait, et faisant tomber son tas de bois. “Tu me pompes l’air.”
“Espèce de salope.”
“Oui.” dit-elle en s’agenouillant pour ramasser son bois. “Et si tu me touches encore, je vais te mettre une branlée.”
Et elle le laissa planté là à marmonner.
De retour au camp, Autumn laissa tomber son bois dans le feu, faisant jaillir une volute de fumée et de braises.
“Est-ce que ça ira comme ça, Sparks?”
Sparks jeta un coup d’oeil au feu. “Ouais.” Il regarda Autumn qui se tenait les pieds écartés et les mains sur les hanches. Elle affichait une expression à effrayer un Chien de Bison. “Heu, ouais, c’est super. Tu dois être la meilleure ramasseuse de bois du 7ième de Cavalerie.” dit-il en ayant l’air de s’excuser.
Mon adj’ était assis sur un tronc à proximité, avec à la main une tasse de café en alu. Il regarda Autumn comme pour dire ‘mais qu’est-ce qu’il y a donc qui te ronge?’
Autumn se détentit et fit un grand sourire. “Désolée, Sparks.” Elle fit le tour du feu pour aller vers lui. “Je viens juste d’avoir une gentille petite conversation avec ton charmant pote, Blow Job.”
“Mon pote?” Sparks ouvrit le capot de la Libellule pour insérer une pile neuve. “Depuis quand est-ce qu’il est mon pote?” Il plaça l’avion sur l’herbe.
“Eh bien, il faut bien que quelqu’un soit son ami.” Elle prit la tasse de Mon adj’ et but une gorgée de café.
“Je lui souhaite bien de la chance pour y arriver,” dit Sparks. “Bon, allons-y les enfants.”
Un léger bourdonnement s’échappa des ailes du petit drone puis il décolla et monta à la verticale.
“Vas-y doucement, Sparks,” dit Mon adj’ en ramassant l’iPad pour regarder l’écran.
“OK.”
Mon adj’ tenait l’iPad de manière à ce que Sparks pût le voir tout en actionnant les manettes. Le feu de camp se réduisait à un point tandis que la Libellule montait de plus en plus haut.
“Six cents mètres,” dit Sparks. “Je vais faire un panoramique puis recentrer la focale sur le feu.”
Ils ne voyaient rien d’autre que le noir absolu, d’un côté à l’autre de l’horizon.
“Envoie-la à neuf cents mètres,” dit Mon adj’.
Kawalski et les autres vinrent se placer derrière Mon adj’ pour regarder l’iPad.
“Regardez là,” dit Autumn, “vers le nord est.”
Une légère lueur couronnait les arbres.
“Zoome dessus, Sparks.”
“OK.”
“Putain,” dit Mon adj’. “Ce sont des feux de camps.”
Lojab revint des bois. Il jeta un regard furieux à Autum puis croisa les bras et regarda l’image qui s’affichait sur l’iPad.
“C’est le village des Vocontii,” dit Autumn.
“Ouais,” dit Mon Adj’. “Et il est bien plus grand qu’on ne pensait.”
“Il doit y avoir des centaines de feux,” dit Autumn.
“Monte à mille cinq cents,” dit Mon adj’.
Spark dézooma et se recentra sur leur feu. Puis il monta jusqu’à mille cinq cents mètres. L’affichage du feu de camp disparut de l’écran.
“Qu’est-ce qui s’est passé?” demanda Mon Adj’.
“On a perdu le feu.”
“C’est le vent.” dit Sparks en tournant les manettes. “Il faut que je voie le feu pour la trouver.”
“Et si t’arrives pas à localiser le feu?”
“J’appuie sur le bouton ‘RETOUR’ et elle reviendra. Mais elle pourrait toucher les arbres en descendant et se disloquer.” Il fit effectuer à la caméra un panoramique de gauche à droite. “Ah, on est presque au camp des Vocontii.” Il regarda l’affichage tandis que la Libellule dérivait vers les feux des Vocontii. “Donc, le vent vient du sud-ouest.” Il vira dans le vent et vola vers l’avant. “Nous y voilà.” Leur feu de camp s’afficha à l’écran. “Maintenant que je connais la direction du vent, je peux maintenir notre position.”
“Waouh,” dit Kawalski tandis que Sparks faisait un tour d’horizon. “Il fait noir comme dans le trou du cul d’un nègre.”
“Bon sang,” dit Mon adj’. “J’étais pourtant sûr qu’on allait voir une grande ville. A quelle distance est l’horizon à cette altitude?”
“A environ cent trente kilomètres,” dit Sparks.
“Donc, même s’il y avait une grande ville là-bas,” dit Autumn, “on verrait la lueur dégagée par ses lumières même à trois cents kilomètres.”
“Je crois que oui,” dit Mon adj’. “C’est bon, Sparks, fais-la redescendre. Ce siphon est beaucoup plus grand que je ne croyais.”
“Si on est dans un siphon,” dit Lojab, “on peut pas se hisser assez haut pour voir au dehors.”
“On était à mille cinq cents mètres, Lojab,” dit Mon adj’. “C’est assez haut pour voir quelque chose, si il y avait quelque chose à voir.”
“Je crois qu’on devrait bouger,” dit Lojab, “pour voir si on peut ressortir d’ici.”
“Et moi je dis qu’on reste ici,” dit Mon adj’, “jusqu’à ce qu’on aie une idée plus précise de ce qui nous est arrivé.”
“Eh bien, moi je suis pour que l’on aille vers le nord jusqu’à tomber sur une grande ville et retrouver la civilisation. Ensuite on pourra rentrer dans notre époque.”
“Cette unité n’est pas une démocratie.” dit Mon adj’ en se levant et en faisant un pas vers Lojab. “On ne fait pas de vote pour décider de ce qu’on va faire ; on suit les ordres.”
“On est quoi, alors?” dit Lojab. “Juste une bande de toutous qui restent couchés là à attendre qu’on nous dise quand manger, dormir et aller pisser?”
Mon adj’ regarda les autres autour de lui qui le regardaient attentivement. “Toutous, ce n’est pas le mot que j’utiliserais pour qualifier aucun de mes soldats, Lojab, mais oui effectivement, tout le monde va attendre que j’ai décidé quoi faire. Et toi aussi.”
“Putain de merde.” dit Lojab en s’en allant furieux en direction de Trevor et des deux autres membres d’équipage du C-130.
Derrière Mon adj’, Sparks aboya comme un chien.
“Couché, bichon” dit Kawalski. “Sois sage et je te laisserai monter sur les genoux de l’apache.”
* * * * *Le lendemain matin, Kawalski marchait avec Liada, en bas près de la rivière. Il avait son fusil en bandoulière dans le dos et portait son casque par la mentonnière.
“Liada,” dit-il.
Elle leva les yeux vers lui.
“Ces hommes-ci sont des fantassins.” Il montra un groupe d’hommes qui travaillaient à la construction d’un radeau.
“Oui.”
“Et ceux-là sont des cavaliers.”
Elle regarda les quatre hommes passer sur leurs chevaux. “Oui.”
“Les cavaliers aux capes écarlates…” Il essayait d’expliquer avec les mains, comme il avait vu Autumn le faire. Il cueillit une fleur rouge sur un buisson et fit le mouvement de flotter au vent.
Elle rit. “Fils de, hum, grandes personnes de Carthage.”
“Ah,” dit Kawalski, “l’aristocratie.” Il glissa la fleur dans ses cheveux, au-dessus de son oreille. “Bon, on a les fantassins.” dit-il en étendant la main à plat, à peu près à hauteur de la taille. “Puis les cavaliers.” Et il leva un peu la main. “Les fils de Carthage.” ajouta-t-il en montant un peu la main. “Et ensuite vient Rocrainium,” dit-il en montant la main encore plus haut. “C’est lui le chef.”
Liada plissa le front.
“Et c’est qui ici, tout en haut?”
Liada fixa Kawalski un moment, puis son visage s’éclaira. “Le grand chef?”
“Oui, c’est qui le grand chef?”
“C’est Hannibal.”
“Hannibal?”
“Oui.” dit-elle.
Kawalski mit son casque et appuya sur le bouton de sa radio. “Y a quelqu’un en ligne?”
Plusieurs répondirent.
“L’apache?”
“Ouais.”
“Mon adj’?” demanda Kawalski.
“Oui, qu’est-ce qu’il y a?”
“Ballentine?”
“Je suis là,” répondit Karina.
“Même si ça me coûte d’avoir à le dire, Ballentine,” dit Kawalski, “t’avais raison.”
“Sur quoi? J’ai raison sur tellement de choses, j’en oublie la plupart.”
Quelqu’un rit.
“Tu te souviens de ce général quatre-étoiles qu’on a vu sur le grand cheval de guerre noir?”
“Ouais?”
“Je sais comment il s’appelle.”
“Ah oui, vraiment?” dit Karina.
“Comment tu sais ça?” demanda Mon adj’.
“Viens avec moi,” dit Kawalski à Liada.
Elle s’approcha tout près de lui et il l’enlaça en l’attirant tout contre lui jusqu’à presque toucher ses lèvres.
“C’est qui le grand chef?” dit Kawalski en montrant le micro dans son casque.
“Hannibal,” murmura-t-elle dans le micro. Elle leva les yeux vers les siens, en gardant les lèvres proches des siennes.
Il releva son casque.
“Je le savais,” dit Karina.
“Où est-ce que t’es, Kawalski?” dit Mon adj’.
“Hannibal s’apprête à traverser le Rhône,” dit Karina . “Ensuite il passe par les Alpes. C’est bien ça, Kawalski?”
Kawalski ôta son casque et le laissa tomber à terre.
“C’est qui le grand chef?” murmura Kawalski.
“Hannibal.” Le souffle chaud de Liada effleura ses lèvres.
“Hannibal?” dit-il en allongeant la dernière syllabe.
“Hanni…”
“Demande-lui quand Hannibal va traverser la rivière.” La voix de Mon adj’ sortait des haut-parleurs situés dans le casque de Kawalski qui gisait au sol, mais elle était trop faible pour que Kawalski puisse l’entendre. “Kawalski?”