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La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie
La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie

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La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie

Язык: Французский
Год издания: 2020
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“Ils me font l’effet d’une bande de poules mouillées de sous-lieutenants.” Lojab cracha par terre en les regardant.

“Ils sont comme des élèves-officiers qui sortent de l’école,” dit Autumn.

Derrière les élèves-officiers venait encore un autre convoi de grands chariots à quatre roues. Le premier était chargé d’une dizaine de coffres lourds. Les autres contenaient des ballots de fourrures, des épées de rechange, des lances et des faisceaux de flèches, ainsi que de nombreux pots en terre cuite de la taille de petits fûts, remplis de fruits secs et de céréales. Quatre chariots étaient chargés jusqu’en haut de cages contenant des oies, des poulets et des pigeons qui roucoulaient. Les chariots étaient tirés par des attelages de quatre boeufs.

Les chariots et charrettes étaient montés sur roues pleines, sans rayons.

Après les chariots venaient encore d’autres charrettes à deux roues, chargées de quartiers de viande et d’autres victuailles. Ce groupe était composé de vingt charrettes, qui précédaient une dizaine de soldats à pied portant épées et lances.

“Waouh, regarde un peu,” dit Kawalski.

La dernière charrette transportait quelque chose de bien connu.

“Ils ont notre coffre d’armement!” dit Karina.

“Oui, et aussi les parachutes orange,”dit Kawalski.

Alexander jeta un coup d’oeil au chariot. “Fils de pute.” Il avança sur la piste et s’empara du harnais du boeuf. Tenez-le là-bas.”

La femme qui conduisait le chariot le regarda d’un air furieux, puis elle fit claquer son fouet, faisant une entaille dans le camouflage de son casque.

“Hé!” s’écria Alexander. “Arrêtez. Je veux juste notre caisse d’armement.”

La femme donna un nouveau coup de fouet, et Alexander l’attrapa, enroulant le cuir tressé autour de son avant-bras. D’un coup sec, il lui arracha le fouet de la main, puis s’avança vers elle.

“Je ne veux pas vous faire de mal, madame.” dit-il en désignant le conteneur en fibre de verre avec le manche du fouet. “Je ne fais que prendre ce qui nous appartient.”

Avant qu’il ne pût l’approcher, six hommes derrière la charrette tirèrent leur épée et arrivèrent sur lui. Le premier donna un coup de poing dans la poitrine d’Alexander, le faisant reculer. En trébuchant, Alexander entendit douze fusils qui s’armaient. Il reprit l’équilibre et leva la main droite.

“Ne tirez pas!”

L’homme qui avait poussé Alexander pointait maintenant son épée sous la gorge de l’adjudant, sans se soucier apparemment qu’il risquait de se faire faucher par les fusils M-4. Il dit quelques mots et pencha la tête vers la droite. Ce qu’il voulait dire était simple à comprendre : éloignez-vous de la charrette.

“D’accord. D’accord.” dit Aklexander en levant les mains. “J’ai pas envie que vous mouriez pour un coffre  d’armement.” En rejoignant ses hommes, il enroula le fouet autour du manche. En rejoignant ses hommes, il enroula le fouet autour du manche et le fourra dans sa poche de hanche. “Baissez vos armes, nom de Dieu. On ne va pas déclencher une guerre pour cette boîte à la con.”

“Mais Mon adj’,” dit Karina, “y a tout notre matos dedans.”



“On le récupérera plus tard. On dirait qu’ils n’ont pas trouvé comment ouvrir le –

Un cri à vous glacer le sang parvint de l’autre côté de la piste tandis qu’une bande d’hommes armés de lances et d’épées accourait des bois pour attaquer le convoi.

“Bon,” dit Lojab, “ça doit être le deuxième acte de ce drame sans fin.”

Tandis que les attaquants commençaient à se saisir de quartiers de viande et jarres de céréales des chariots, la femme qui conduisait l’un de ceux-ci tira son poignard et se dirigea vers deux hommes qui étaient montés dans le sien pour s’emparer du coffre d’armement. L’un des hommes asséna un coup d’épée, créant une profonde entaille dans le bras de la femme. Elle cria, changea son couteau de main et se jeta sur lui.

“Hé!” s’écria Kawalski. “C’est du vrai sang!”

Les soldats du convoi de chariots accoururent pour rejoindre la bataille, en brandissant leurs épées et en criant. L’un des deux attaquants dans le chariot descendit, en tirant par terre le coffre d’armement. Un fantassin asséna un coup d’épée à la tête de l’homme, mais l’homme l’évita, puis s’avança en poignardant le soldat au ventre.

Une centaine d’autres bandits chargèrent depuis les bois et tout au long de la piste ils sautaient sur les chariots, s’attaquaient aux conducteurs, et passaient les vivres à leurs camarades à terre.

Les soldats du convoi de chariots coururent attaquer les bandits mais ils étaient très inférieurs en nombre.

On entendit sonner trois coups de corne consécutifs à  intervalles courts venant de quelque part en avant de la piste.

Le bandit dans le dernier chariot avait fait tomber la femme sur le plancher du véhicule, et maintenant il levait son épée et la tenait des deux mains en s’apprêtant à lui transpercer le coeur avec.

Kawalski épaula son fusil et tira deux fois. L’homme dans le chariot recula en titubant et tomba au sol. Les yeux de son camarade passèrent en un éclair de l’homme mourant à la femme dans le chariot.

La femme se déplaça comme une tigresse en ramassant vivement son poignard sur le plancher du chariot et s’élança vers l’homme. Il tira son épée et entama un mouvement de balancier qui l’aurait laissée sans jambes –mais la balle du pistolet d’Alexander le toucha à la poitrine, le renversant de côté sur la caisse d’armement.

Une flèche siffla dans l’air en passant à seulement quelques centimètres de la tête d’Alexander. Il détourna la tête pour voir la flèche toucher un fantassin à la gorge.

“Déployez-vous!” cria Alexander. “Feu à volonté!”

La section courut le long de la piste et entre les chariots, tirant avec ses fusils et armes de poing. On distinguait facilement les fantassins des attaquants : les bandits portaient en guise de vêtements des peaux de bêtes en haillons et ils avaient les cheveux ébouriffés et hirsutes.

“Lojab!” cria Karina. “Bandits sur tes neuf heures. Roule sur la droite!”

Lojab toucha le sol au moment où Karina faisait feu par-dessus lui, touchant l’un des attaquants au visage, tandis que Lojab en touchait un autre d’une balle dans la poitrine.

“Y en a d’autres qui arrivent des bois!” s’écria Sparks.

Un bandit fit valdinguer le fusil de Lojab d’un coup de pied. Il roula sur le dos pour s’apercevoir qu’un second bandit balançait son épée vers lui. Il tira son couteau Yarborough et le leva à temps pour bloquer l’épée. L’attaquant cria et fit voler son épée tandis que le second bandit abattait son épée pour viser le coeur de Lojab. Lojab fit une roulade tandis que l’épée fendait la poussière, puis se mit à genoux et planta son couteau dans l’entre-jambes de l’homme. Il poussa un cri et recula en titubant.

Le bandit restant brandit son épée vers la tête de Lojab, mais Karina avait rechargé et elle le descendit de deux coups dans la poitrine.

Lojab sauta sur l’homme qu’il avait poignardé et lui trancha la gorge.

Quatre autre bandits chargèrent depuis les arbres en criant et brandissant leurs lances, en courant en direction de Sparks. Ils étaient suivis par deux hommes armés d’arcs et de flèches.

Sparks visa et appuya sur la détente, mais rien ne se produisit. “Mon fusil est enrayé!”

“Sparks!” s’écria Autumn en lui balançant son pistolet. Elle vida le chargeur de son fusil et courut tout en tirant. Deux des attaquants s’écroulèrent.

Sparks tira avec le pistolet et abattit le troisième.



Alexander, à une distance de cinquante mètres, se mit sur un genou, prit le temps de viser, et tira sur le quatrième homme qui courait vers Sparks. Le bandit trébucha, se toucha le flanc et tomba au sol.

L’un des archers s’arrêta, engagea une flèche et visa Sparks. Sparks tira deux fois. L’une des balles fit basculer la tête de l’archer vers l’arrière, mais sa flèche était déjà partie.

Sparks entendit le bruit sourd et ignoble, puis regarda fixement vers la flèche qui tremblait dans sa poitrine. Il tendit   une main tremblante pour la retirer mais la tige se brisa, laissant la tête de la flèche plantée à l’intérieur.

Autumn mit un nouveau chargeur dans son fusil et tua le second archer. “Y a du monde qui arrive!” cria-t-elle.

Sparks leva les yeux pour voir deux autres hommes qui venaient des bois en faisant tournoyer leurs épées. Il toucha l’un des bandits à la cuisse tandis qu’Autumn descendait l’autre. Le bandit blessé continuait d’approcher. Sparks tira la dernière rafale de son pistolet, mais elle manqua sa cible. Le bandit plongea sur Sparks avec son épée qui s’abattait sur lui. Sparks fit une roulade et plongea la tige de la flèche cassée vers l’avant. Le bandit cria quand la flèche lui rentra dans le ventre. Il tomba au sol, la flèche lui transperçant le corps et ressortant dans le dos.

Le fracas assourdissant des tirs, ainsi que la vue de tant de bandits qui se faisaient descendre, renversa le cours de la bataille. Les attaquants s’enfuirent dans les bois, en abandonnant les vivres qu’ils avaient volées dans la panique de la fuite. Les soldats du convoi de chariots coururent à leur poursuite.

Le grand officier au manteau écarlate remonta la piste au galop, suivi par une troupe de cavaliers. Il observa la scène, cria un ordre et fit signe à sa cavalerie de charger dans les bois.

L’officier descendit de cheval et, tandis qu’il avançait parmi les corps, l’un des fantassins lui fit un rapport, en parlant avec agitation et en montrant du doigt les soldats d’Alexander. L’officier hochait la tête et posait des questions tout en parcourant la section du regard.

“Qui est-ce qui a la trousse médicale STOMP?” cria Alexander.

“Elle est dans le coffre d’armement, Mon adj’,” dit Kawalski.

“Amenez-la,” dit Alexander. “Voyons ce qu’on peut faire pour ces gens. Occupez-vous d’abord de la femme dans le chariot. Elle perd beaucoup de sang.”

“Entendu, Mon adj’.”

“Sparks, comment tu te sens?” demanda Alexander.

Sparks défit son gilet d’où dépassait la tête de la flèche. Il regarda s’il y avait des dégâts. “Ouais.” dit-il en tapant sur son gilet pare-balles avec les phalanges. “Ces trucs marchent plutôt bien.”

Karina était assise par terre près d’une roue de chariot, les bras repliés sur les genoux, et la tête appuyée sur ses avant-bras.

“Ballentine!” dit Alexander en courant vers elle. “T’es touchée?”

Elle secoua la tête mais ne leva pas les yeux. Il s’agenouilla près d’elle.

“Qu’est-ce qui ne va pas?”

Elle secoua à nouveau la tête.

“Comptez-vous les gars,” dit Alexander au micro en s’asseyant près de Karina.

Tout le monde fut au rapport, sauf Sharakova.

“Sharakova est juste là,” dit Sparks. “Elle a buté six de ces salauds.”

“Sparks, tu peux réparer la putain de radio de Sharakova?”

“Je vais faire de mon mieux.”

“Eh bien, tu t’y mets avant qu’elle n’aille se paumer quelque part.”

Karina retira son casque et le laissa tomber par terre.

“C’était vachement trop facile.” murmura-t-elle.

Alexander attendait sans dire un mot.

“Quand Kawalski descendit le premier gars dans le chariot,” dit Karina “ensuite vous avez eu celui qui était au sol, et moi j’ai continué machinalement.”

Alexander lui tapa sur l’épaule.

“Mon adj’, j’ai jamais tué personne avant.”

“Je sais.”

“Comment ça peut être aussi facile? Ces types ne faisaient pas le poids contre nos armes. Pourquoi est-ce que j’ai pas juste essayé de les blesser au bras ou à la jambe au lieu de les dézinguer?”

“Karina—”

“On est arrivés où, putain?” demanda Karina. “Et qu’est-ce qui nous arrive? Je croyais que c’était juste une mise en scène très sophistiquée jusqu’à ce que ce bandit entaille le bras de la femme et que du véritable sang se mette à couler. Ensuite il y a eu ce fantassin qui s’est fait ouvrir le bide. Est-ce qu’on a atterri dans une espèce de cauchemar surréaliste?”

“Je sais pas ce qui nous est arrivé, mais tu as réagi exactement comme tu avais à le faire. Tout notre entraînement s’est fait précisément pour ce genre d’attaque. On a pas le temps d’analyser, d’évaluer les options, ou de viser le genou au lieu du coeur. Moins de trois secondes se sont écoulées entre le premier tir de Kawalski et ton premier tué. Tu es un parfait soldat, pas une femme au coeur tendre, du moins pas sur le champ de bataille. C’est ce que cet endroit étrange est devenu tout d’un coup, un champ de bataille. Et devine qui a gagné la bataille? La force la mieux armée et la mieux entraînée au monde. Si on n’avait pas ouvert le feu, ces bandits s’en seraient pris à nous avec leurs épées et leurs lances après avoir achevé ces autres gens.”

Karina releva la tête et s’essuya la joue. “Merci, mon adj’. Vous avez raison. C’est vraiment le soldat en moi qui a pris le relais, mais maintenant je me remets, et j’essaie de faire la part des choses.”

“Hé, Mon adj’,” dit Kawalski par radio. “J’ai besoin d’aide pour soigner la blessure au bras de cette femme.”

“J’arrive.” Alexander se leva et tendit la main à Karina.

Elle se releva. “J’y vais.” Elle ramassa son fusil et son casque, fit une brève accolade à Alexander puis elle courut vers le dernier chariot.

“Je n’ai jamais tué personne non plus,” murmura-t-il “jusqu’à aujourd’hui.”

“Vous avez été bon, Mon adj’,” dit le soldat Lorelei Fusilier par radio.

“Merde,” dit Alexander. “J’oublie toujours que cette putain de radio est allumée.”

“Ouais, Mon adj’,” dit Sparks. “Vous avez été un vrai père pour nous.”

“OK. Allez, on arrête le bavardage. Maintenant on a affaire à une autre sorte de jeu, donc faut qu’on analyse très attentivement la situation. Et restez sur le qui-vive. Dans le feu de l’action, on a choisi un camp ; maintenant il faut voir si on a choisi le bon.”

Chapitre quatre

Karina s’agenouilla près d’un fantassin, et s’occupa d’une entaille sanglante dans sa cuisse. L’épée avait traversé de part en part, mais si elle pouvait nettoyer la blessure et arrêter l’hémorragie il devrait s’en sortir.

Allongé au sol et appuyé sur les coudes, le blessé la regardait. Les autres fantassins allaient et venaient, occupés à ramasser des armes sur le champ de bataille, et elle les entendait achever les attaquants blessés – leur tranchant la gorge ou leur transperçant le coeur avec leur épée. C’était barbare, écoeurant et cela la mit en colère mais elle n’y pouvait rien ; donc elle essayait seulement d’étouffer les sons tout en travaillant.

Elle termina de suturer la blessure et approcha la main du bandage liquide Gelspray, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de l’appliquer sur la blessure, l’homme poussa un cri au moment où une épée s’abattit sur lui, lui transperçant le coeur.

“Espèce de sale fils de pute!” Elle se mit debout d’un bond, repoussant le fantassin. “Tu viens de poignarder l’un de tes propres hommes.”

Il tituba en arrière mais en se retenant à l’épée qu’il retira du corps de l’homme. Karina baissa les yeux vers l’homme qui avait été poignardé; sa bouche était béante, laissant échapper un faible cri muet d’appel à l’aide tandis que ses yeux grands ouverts étaient fixés au ciel. Puis ses yeux se fermèrent et son corps se relâcha.

“J’aurais pu le sauver, espèce d’idiot ignorant.”

Le soldat eut un rire et avança d’un pas vers elle, son épée ensanglantée pointée vers son ventre.

“J’ai son front dans ma ligne de lire, Karina,” dit Kawalski par radio. “Tu n’as qu’à dire un mot et je lui éclate la cervelle.”

“J’ai son coeur en visuel,” dit Joaquin.

“Et moi j’ai sa veine jugulaire,” dit Lorelei Fusilier.

“Non,” dit Karina. “Cette salope est rien que pour moi.”

“Sukal!” cria une femme derrière Karina.

L’homme regarda derrière Karina, puis la regarda à nouveau avec toujours ce même sourire lubrique.

Karina ne put voir qui était la femme – elle devait continuer à garder les yeux sur les siens. “Qu’est-ce qui est arrivé à tes dents, Sukal?” demanda-t-elle “Quelqu’un te les a cassées d’un coup de pied?”

Sukal brandit son épée comme un cobra qui veut charmer sa proie subjuguée.

“A moins que tu ne veuilles manger cette épée, tu ferais mieux de l’enlever de sous mon nez.”

Il s’élança vers l’avant. Elle se baissa, fit demi-tour et lui frappa le poignet du tranchant de la main, pour écarter son épée. Sukal utilisa l’élan de l’épée en mouvement pour lui faire faire un demi-tour et la ramener vers elle, en visant son cou.

Karina se laissa tomber au sol, fit une roulade, et lui fit un ciseau aux chevilles. Il tomba brutalement mais se remit sur pied rapidement.

Elle aussi, et elle se mit en garde, prête pour l’attaque suivante.

Il alla sur elle en cherchant le coeur.

Elle fit une feinte d’un côté, en attirant son épée, mais elle changea de côté et lui envoya un coup de coude dans l’oeil.

Sukal tituba mais planta son épée dans la terre pour se rétablir. Il saisit l’arme des deux mains, la leva au-dessus de sa tête et vint sur elle en courant et beuglant comme un taureau enragé.

Karina leva le genou gauche et fit une vrille de côté tout en donnant un coup de pied de karaté dans son plexus solaire avec sa botte de combat taille 40.

Sukal se plia en deux, laissant tomber son épée. Il tomba à genoux en se tenant le ventre, essayant de reprendre sa respiration.

Karina fixa un instant l’homme haletant, puis regarda qui était derrière elle. C’était la brune qu’ils avaient vue sur l’un des éléphants. Elle avançait à grands pas vers Karina et Sukal, vsiblement très en colère, et s’arrêta devant Sukal,  pieds écartés et poings sur les hanches. Elle parlait vite, en gesticulant vers le mort. Karina n’avait pas besoin d’interprète pour savoir qu’elle engueulait Sukal d’avoir tué le blessé.

Sukal retrouvait son souffle, mais il restait à genoux, regardant par terre. Il n’avait nullement l’air de s’en repentir; il attendait probablement juste qu’elle arrête de lui crier dessus.

La femme passa sa colère, puis se pencha et ramassa l’épée de Sukal pour la jeter aussi loin qu’elle put. Elle ajouta encore une insulte qui se terminait par quelque chose comme “Kusbeyaw!” Puis elle sourit à Karina.

Le mot devait vouloir dire “idiot”, “crétin” ou “connard” mais dans tous les cas ce n’était sûrement pas un compliment.

“Bonjour,” dit Karina.

La femme dit quelque chose et lorsqu’elle s’aperçut que Karina ne comprenait pas, elle toucha ses lèvres avec deux doigts, puis sa poitrine et montra Karina du doigt.

“C’est bon.” Karina regarda Sukal s’éclipser. “Je lui ai mis un bon coup de pied à ce kusbeyaw.”

La femme rigola, et se mit à parler, mais elle fut interrompue par le grand officier, celui à la cape écarlate. Il était à vingt mètres, et il fit signe à la femme de s’approcher de lui. Elle toucha le bras de Karina, sourit, puis alla voir l’officier.

Karina contemplait le champ de bataille. Les fantassins du convoi avaient récupéré toutes les armes et les objets de valeur sur les attaquants. Les femmes et les enfants allaient et venaient en déshabillant les morts, ce qui visiblement ne donna pas grand-chose : ce n’étaient pour la plupart que des peaux d’animaux en haillons.

“Je crois qu’ici tout a de la valeur.”

“J’en ai bien l’impression,” dit Kady. “T’as bien eu cet enfoiré de Sukal. De toute ma vie, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi surpris quand tu lui as donné un coup de pied dans le bide.”

“Ouais, ça m’a fait du bien. Si je l’avais pas culbuté, je crois que c’est la femme à l’éléphant qui l’aurait fait. Elle était vraiment furax.”

“Je me demande bien ce qu’elle t’a dit.”

“Je pense qu’elle essayait de me dire qu’elle était désolée que Sukal ait tué le type que j’étais en train de soigner. La blessure était plutôt moche, mais je pense qu’il s’en serait remis.”

“Ballentine,” dit l’adjudant Alexander à la radio. “Toi et Kawalski vous montez la garde à la caisse d’armement. Je vais faire un tour vers l’arrière de cette colonne pour voir si elle est encore longue.”

“Entendu, Mon adj’,” dit Karina.

Mon adj’ regarda le soldat debout juste à côté de lui. “Sharakova,” dit-il, “tu me suis.”

“Bien pris.” Sharakova fit passer son fusil en bandoulière sur son épaule.

“Tu t’en es bien sortie avec cet abruti, Ballentine,” dit Mon adj’. “J’espère que tu ne te mettras jamais dans une colère pareille après moi.”

“Hourrah!” dit Kawalski. Son cri fut repris par plusieurs autres.

Chapitre cinq

Une fois Alexander et Sharakova rentrés de leur marche d’inspection, la section transporta le coffre à armement à l’orée des bois, où ils firent deux feux de camp et ouvrirent les rations de combat.

“Pendant qu’on mange,” dit Alexander, “gardez vos casques sur la tête et vos armes à portée de main. Avant la nuit, nous allons mettre en place un périmètre et fixer des tours de garde. On les fera en binômes toute la nuit. Maintenant, parlons de ce qu’on a vu et entendu aujourd’hui.”

“Qui étaient ces gens?” demanda Kady.

“Lesquels?” demanda Alexander.

“Les attaquants.”

“J’ignore qui c’était,” dit Autumn “mais ils étaient vicieux.”

“Et méchants,” dit Kady. “Avec ces tenues en peaux d’ours on aurait dit des chiens de bisons.”

“Ouais,” dit Lori, “des chiens de bisons, c’est à peu près ça.”

“Regarde un peu,” dit Kawalski. “Ces gens défilent toujours. Y en a encore combien, Mon adj’?” “

“On a marché pendant à peu près huit cent mètres,” dit Alexander. “Derrière ce groupe d’hommes, il y a un énorme troupeau de chevaux et de bétail. Et derrière eux viennent les suivants du camp.  Il y a des femmes, des enfants, des vieux, et un grand nombre de cantiniers avec leurs chariots pleins de vêtements. Derrière eux il y a toute une foule hétéroclite. C’est toute une ville qui se déplace.”

“Je me demande où ils vont,” dit Kady.

“J’ai l’impression,” dit Alexander, “qu’ils vont dans la direction principale de cette grande rivière qu’on a vue. Mais pour le reste, je n’en ai aucune idée.”

“Hé,” dit le soldat Lorelei Fusilier en levant l’un des sachets de ration. “Est-ce que quelqu’un a le menu sept?”

“Ouais,” dit Ransom. “Pain de viande.”

“T’as des Butter Buds4?”

“Peut-être bien. T’as quoi en échange?”

“De la sauce verte piquante.”

Tout le monde éclata de rire.

“Bonne chance pour échanger cette saloperie,” dit Karina.

“T’as le menu vingt, c’est ça Fusilier?” dit Kawalski.

“Ouais.”

“Alors t’as du cobbler cerise – myrtille.”

“Non, j’ai commencé par ça.”

“Tiens, Fusilier,” dit Alexander, “prends mes Butter Buds. Je déteste ces trucs-là.”

“Merci, Mon adj’. Vous voulez ma sauce verte piquante?”

“Non, tu peux la garder. Quelqu’un a une idée du nombre de soldats de cette armée?”

“Des milliers,” dit Joaquin.

“Je parie qu’il y en a plus de dix mille,” dit Kady.

“Et pas loin de trente éléphants.”

Karina avait fini de manger, et maintenant elle passait son temps à pianoter sur son iPad.

“Voilà l’escorte du camp qui arrive,” dit Kawalski.

Au fur et à mesure que les femmes et les enfants passaient, ils étaient nombreux à s’adresser aux hommes d’Alexander, et certains enfants faisaient des signes de la main.   Tout le monde semblait être de bonne humeur, malgré le fait qu’ils avaient sûrement marché toute la journée.

Les hommes du Septième ne comprenaient pas la langue, mais ils retournèrent les saluts qu’on leur faisait.

“Vous savez ce que je pense?” dit Kawalski.

“Quoi donc?” dit Alexander en prenant une bouchée de sa ration SPAM.

“Je pense que la nouvelle de notre victoire sur ces bandits a fait le tour d’un bout à l’autre. Vous avez remarqué comment les gens sont souriants et commencent à nous traiter avec un peu de respect?”

“Ca se pourrait.”

Un grand chariot à quatre roues passa avec un homme et une femme assis à l’avant sur un ballot de peaux de bête. Deux boeufs les tiraient. La femme souriait en regardant les soldats, tandis que l’homme levait la main en signe de salut.

Joaquin retourna son salut à l’homme. “C’est le premier gros que je vois.”

Karina leva les yeux de son iPad. “Ouais, moi aussi.”

“Qu’est-ce que tu lis, Karina?” demanda Kady.

“Mes cours. Je prépare un diplôme de médecine pré-vétérinaire.”

“Est-ce que tu captes?”

“J’aimerais bien,” dit Karina. “J’ai essayé à nouveau de me connecter, mais y a pas de signal. J’ai tous mes livres sur une puce.”

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