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Exhumation Du Roi Fae
« J’appartiens à la ligue de l’air aussi », répondit Ryker avec une grimace. « Pourquoi ne ressemble-t-il pas à un gobelin avec cette grimace sur son visage ? » Ce serait tellement plus facile si elle ne se sentait pas désespérément attirée par lui. Il affichait une sale attitude, et il ne semblait pas particulièrement gentil.
« Tu seras ravie d’apprendre que moi aussi j’appartiens à la ligue de l’air, ajouta Brokk.
— Dis plutôt que tu brasses de l’air », le taquina Ryker.
Avec un petit rire, Maurelle se tourna vers Sol et Dain.
« Alors, à quelle ligue appartenez-vous ?
— J’appartiens à la ligue du feu. Bien plus chaud que les courants d’air », répondit Sol en agitant les sourcils.
Dain se retourna et marcha vers l’arrière. Ses ailes s’ouvrirent pendant qu’il leur parlait.
« J’appartiens à la ligue de l’eau, mais je pense qu’ils commettent peut-être une erreur. Hier au soir, quand un garde m’a crié dessus pour être arrivé tard pour le dîner, j’ai déclenché un tremblement de terre.
— Les crétins, jura Sol. Ils éprouvent un sentiment de satisfaction pervers quand ils nous tourmentent.
— Ma mè… Ma mère m’a dit qu’un Fae exprimait souvent des capacités dans plusieurs éléments », déclara Maurelle.
Elle essayait d’ignorer la brûlure derrière ses yeux et de repousser la boule dans sa gorge. L’agonie prévisible dans son cœur s’émoussait, cette rémission la laissait perplexe tout en la soulageant.
« Ma mère aussi », acquiesça Ryker. Elle pensait qu’il l’ignorerait et reçut sa réponse comme un choc.
« Et, avec autant de pouvoir, tu deviendras plus attrayant pour les humains responsables au château.
— Vous souvenez-vous de la vie des Fae quand le Roi et la Reine vivaient et régnaient depuis le château ? » lança Dain l’air de rien.
Tout le monde grinça des dents et essaya de paraître occupé. Tout à coup, une vague déplaça un caillou dans sa main. Le galet se dirigea vers la tête d’un autre élève. Heureusement, l’étudiant se précipita sur sa gauche en direction du terrain d’entraînement de la terre.
« Mec, ce n’est pas passé loin, lança Ryker à Dain.
— Je sais. Ce n’était pas mon intention. »
Brokk remit en place les cheveux qui tombaient sur son front. « Vous pouvez toujours aller voir Gullvieg et demander à suivre des cours dans les deux ligues. On est arrivés », ajouta-t-il en désignant le bâtiment sur leur gauche.
Ils saluèrent les autres et les laissèrent discuter de ce que Dain allait faire face à sa situation. Suivre des entraînements supplémentaires ne l’intéressait visiblement pas. Il ne demanderait sûrement rien à la directrice.
« Calme-toi, l’encouragea Brokk. Nous commençons seulement à pratiquer notre télékinésie depuis quelques jours. » Du coin de l’œil, elle vit les poings de Ryker se serrer. Sa colère devenait de plus en plus difficile à ignorer lorsque Brokk se montrait gentil avec elle.
« Ça a l’air assez simple. » Le cœur de Maurelle s’emballa alors qu’ils entrèrent dans l’immeuble à l’atmosphère oppressante.
Pour la ligue de l’air, le bâtiment s’avérait largement plus fermé et étouffant qu’il ne paraissait acceptable. Comment pouvait-elle exprimer sa magie de manière efficace ? Elle ne disposait d’aucune fenêtre visible pour inviter la brise. Pourquoi les cours ne se tenaient-ils pas dans le bâtiment qu’elle avait vu dehors ?
Elle tournait en rond pour scruter les murs et remarqua plusieurs pans où des feuilles de métal obstruaient le verre extérieur. Quelqu’un semblait ne pas vouloir leur permettre l’accès à l’énergie nécessaire.
Ryker et Brokk avaient disparu dans la pièce à droite. Brokk tourna la tête en arrière. « Tu viens ? »
Inutile de retarder l’inévitable, pensa-t-elle. Elle hocha la tête, se précipita vers lui. Elle s’arrêta après quelques pas dans la pièce qui lui provoquait un sentiment de claustrophobie. Aucune fenêtre ne laissait rentrer la lumière dans le petit espace. Les feuilles de métal recouvraient toutes les ouvertures.
Rien à voir avec une salle de classe traditionnelle, seulement quelques objets s’alignaient sur un côté de la pièce en pierre circulaire. Elle reconnut un bureau des enseignants comme dans ses années d’école. D’innombrables objets recouvraient une longue table.
« Bonjour la classe », cria une Fae toute maigre avec une voix forte. Maurelle supposait qu’il s’agissait de la professeure puisqu’elle se tenait sur le devant de la salle. La femme portait une robe bouffante qui laissait deviner sa silhouette élancée. Maurelle se distinguait extrêmement de la femelle Fae typique. Ses courbes et sa silhouette lui avaient valu le surnom de Peluchie depuis l’âge de dix ans.
« Bonjour. Je suis Aobheal, votre professeure. Bienvenue à Telekinetics 101, mademoiselle Longstrom, déclara l’enseignante en regardant Maurelle. Je suis ravie que vous ayez pu nous rejoindre. »
Surprise, Maurelle se demanda comment elle connaissait son nom et ce qu’elle savait d’elle. Son arrivée à l’Académie plutôt mouvementée n’était pas restée inaperçue. Elle attendait toujours de découvrir sa punition pour son explosion de rage.
Peur de se trouver isolée ou pire, Maurelle avait d’abord coopéré avec le personnel médical. Dès le premier jour, ses émotions et la douleur aiguë s’étaient atténuées. Cela lui facilitait la tâche. Au fond, elle reconnaissait le caractère anormal de son changement d’attitude et d’émotion, mais elle ressentait un soulagement beaucoup trop grand pour remettre en question quoi que ce soit.
« Merci. Je… euh… je n’ai pas encore reçu de livres », admit-elle. Les poils à l’arrière de son cou se hérissaient comme si quelqu’un l’observait. Tournant la tête subrepticement, Maurelle aperçut une femelle de son âge qui lançait des regards noirs dans sa direction. Elle l’ignora pour le moment, et resta concentrée sur l’enseignante.
« Ne vous inquiétez pas. Vous n’en aurez pas besoin pour mon cours. Dans cette classe, nous pratiquons et perfectionnons nos compétences. Aidan enseignera la théorie et vous les fournira. Faites équipe et continuez à pratiquer. Vous devez faire léviter un crayon en l’air », expliqua Aobheal à Maurelle.
Brokk, aux côtés de Ryker, s’approcha d’elle avec un sourire. Aucun des deux mâles ne remarqua la femelle qui s’approchait d’eux, la même qui regardait Maurelle quelques minutes auparavant. Génial ! Elle était déjà entourée d’ennemis ! Elle ne devrait pas être surprise. Seul son séjour à l’infirmerie l’avait épargnée des railleries sur sa silhouette.
« Nous pouvons travailler là-bas », grogna Ryker. Il détourna son regard de la femelle en colère et Maurelle regarda Ryker. Elle admirait sa belle prestance. Pas étonnant que le Fae parfait à la silhouette mince et aux yeux bleus magnifiques cherche à devenir son partenaire.
« Tu dois avoir un complexe de héros », souligna-t-elle en traversant l’espace pour venir à ses côtés.
Son rire bas et rauque contrastait avec le ton dur qu’il avait adopté une seconde auparavant. Sa joie provoquait un effet sur son corps qu’elle se niait à reconnaître. Son estomac flottait et le reste de son corps se réchauffait, alors elle étouffa la réponse. Ryker se montrait gentil avec elle ! Elle ne pouvait pas envisager qu’il soit vaguement attiré par elle. Sa mauvaise attitude chronique le prouvait clairement, mais elle préférait qu’il se montre aimable.
« Qui a dit que c’est à toi que je parlais ? » répliqua-t-il. Son sourire s’estompa.
Brokk lui tapota le dos et lui adressa un sourire victorieux. « Ne fais pas attention à lui. Je te veux dans notre équipe. »
Le visage de Maurelle s’échauffa et elle baissa la tête. Elle aimait le flirt ouvert de Brokk et ne comprenait pas les changements brusques d’attitude de Ryker. Il ne l’aimait évidemment pas, mais elle préférait les moments où il ne se montrait pas inopinément infect avec elle.
Un murmure atteignit ses oreilles dans cette seconde, elle tourna la tête. « J’essaierais de partir si ce n’était pas pour toi. » Elle jura que Ryker avait chuchoté cette dernière partie, mais elle n’en était pas certaine alors qu’il se tenait là et fronçait les sourcils en la regardant.
« Je nous ai apporté des crayons », annonça Brokk. Il retourna à ses côtés. Maurelle n’avait pas remarqué son absence. Il n’avait sûrement rien dit. Elle concentra alors son attention sur lui.
« Qu’est-ce que je fais ?
— Tu fais flotter le crayon, aboya Ryker en secouant la tête.
— J’ai compris, Capitaine Flagrant, grogna-t-elle.
— Le professeur nous a simplement dit de nous concentrer sur l’objet et d’imaginer qu’il flotte, intervint Brokk pour éviter que leur conversation ne tourne en dispute.
— Waouh, tu dois posséder ce don de manière innée », annonça Brokk une seconde plus tard alors que le crayon flottait sur la paume de Maurelle.
Erreur numéro cent, pensa-t-elle. Elle ignorait si son père aurait des ennuis si quelqu’un découvrait qu’ils l’avaient cachée depuis un an et qu’elle s’était entraînée autant et aussi souvent que possible.
Compte tenu du risque d’exposition, rien d’exceptionnel ! Mais elle maîtrisait beaucoup plus de compétences qu’elle ne devrait, en sa position. « Quoi ? » Elle dévia son doigt et envoya le crayon s’écraser contre le mur de pierre à proximité.
Un rapide coup d’œil lui permit d’apercevoir la professeure qui tapait sur une tablette. La vue de la technologie la surprit. Les Fae n’y avaient pas droit dans l’Edge. Elle s’était demandé un million de fois pourquoi les humains voulaient leur cacher de tels objets. Les gadgets de haute ingénierie ne les rendaient pas extrinsèquement plus forts. Elle parierait que les humains incitaient les enseignants à les utiliser pour surveiller les élèves.
« Pas si inné que ça, après tout », déclara Ryker en ricanant. Son sourire n’atteignit pas ses yeux, mais révélait une réelle amélioration par rapport aux sourcils froncés.
Maurelle rit avec lui en couvrant son estomac nerveux. Elle ferait mieux de remettre ses idées en place. Elle ne pouvait laisser personne soupçonner qu’elle avait reçu ses pouvoirs depuis si longtemps. Son père incarnait tout ce qu’il leur restait à elle et à ses sœurs.
« C’est confirmé. Je me trouve dans un beau pétrin. C’est plus difficile qu’il n’y paraît.
— Tu es vraiment sexy », murmura Brokk.
Il permit à son regard de courir de haut en bas sur son corps. Elle aimait son flirt. Il était évidemment attiré par elle, mais elle ne se sentait pas mal à l’aise à ses côtés.
« Si tu t’entraînes, ça deviendra plus facile », déclara Ryker en ignorant complètement le commentaire de Brokk.
Aobheal s’approcha d’eux et croisa ses bras sur sa poitrine. Elle tenait la tablette sur ses seins menus. « Tout le monde possède la télékinésie. C’est un talent des Fae, donc vous ne tarderez pas à le maîtriser. Vous êtes sur la bonne piste, imaginez ce que vous voulez voir arriver. »
« Quand pourrons-nous pratiquer les capacités spécifiques à l’air, madame la professeure ? » Elle espérait en apprendre plus sur ses aptitudes personnelles. Ses parents n’avaient pas osé l’encourager ou l’autoriser à beaucoup explorer. Sa seule certitude était de posséder la psychométrie.
« Au trimestre prochain, expliqua Aobheal. Vous devez d’abord contrôler les compétences de base. De cette façon, les blessures accidentelles seront minimisées. »
Maurelle hocha la tête et se concentra derechef sur les stylos. Ryker faisait tourner le sien en rond. Elle aussi parvenait de nouveau à maintenir le sien en l’air. Elle ajouta une oscillation et des mouvements saccadés à l’objet et l’envoya percuter le crayon de Ryker. Les deux volèrent tout droit en direction de l’enseignante.
Les lèvres pincées, Aobheal agita la main et les deux crayons atterrirent sur la table sur le côté de la pièce. Maurelle observa Ryker, mais il se dirigeait déjà vers la table, alors elle continua vers Brokk. Quand elle croisa le regard de Brokk, ils commencèrent tous deux à rire. « Je veux devenir aussi puissant », admit-il.
« Moi de même », pensa Maurelle. Ses émotions étaient peut-être émoussées, mais elle ressentait un besoin plus urgent que jamais de voir sa famille. Elle devait être jugée inoffensive pour la société pour être autorisée à rentrer chez elle.
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