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Introduction à la vie dévote
2. Détestez la vie passée. Je vous renonce, pensées vaines et inutiles; je vous abjure, souvenirs détestables et frivoles; je vous déteste, amitiés fausses et perfides, services perdus, reconnoissance aveugle, misérables complaisances.
3. Convertissez-vous à Dieu. Et vous, ô mon Dieu, mon Sauveur, vous serez dorénavant le seul objet de mes pensées; non, jamais je n'appliquerai mon esprit à ce qui pourroit vous déplaire. Ma mémoire se remplira tous les jours de l'immense et infinie bonté, que vous avez si complaisamment exercée envers moi. Vous serez les délices de mon cœur, le charme et le bonheur de ma vie.
Ah! c'en est fait: tels et tels amusemens auxquels je m'appliquois, tels et tels vains exercices qui occupoient tout mon temps, telles et telles affections qui captivoient mon cœur, tout cela me sera maintenant en horreur; et pour me conserver dans ces dispositions, je ferai usage de tels et tels remèdes.
CONCLUSION1. Remerciez Dieu, qui vous a créée pour une fin si excellente. Vous m'avez faite, Seigneur, pour vous, afin que je jouisse éternellement de l'immensité de votre gloire: quand sera-ce que j'en serai digne? quand vous bénirai-je comme je le dois?
2. Offrez. Je vous offre, ô mon cher créateur, toutes ces mêmes affections et résolutions que vous m'avez inspirées; je vous offre aussi toute mon ame et tout mon cœur.
3. Priez. Je vous supplie, ô Dieu, d'avoir pour agréables mes vœux et mes souhaits, et de donner votre bénédiction à mon ame, afin qu'elle puisse les accomplir par le mérite du sang que votre Fils a répandu sur la croix, etc.
Faites le petit bouquet spirituel.
CHAPITRE XI.
Troisième méditation. – Des bienfaits de Dieu
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Priez-le qu'il vous inspire.
CONSIDÉRATIONS1. Considérez les grâces corporelles que Dieu vous a départies: quel corps il vous a donné, quelle facilité pour l'entretenir, quelle santé, quelles consolations, quels amis, quelle assistance dans vos besoins; et cela, considérez-le en vous comparant à tant d'autres personnes, qui valent mieux que vous, et qui sont néanmoins privées de ces avantages: les unes sont contrefaites, malades, estropiées; les autres abreuvées d'opprobres, de déshonneur et de mépris; d'autres accablées par la pauvreté, tandis que Dieu n'a pas voulu que vous fussiez si misérable.
2. Considérez les dons de l'esprit: combien y a-t-il dans le monde de gens hébétés, furieux, insensés! Et pourquoi n'êtes-vous pas du nombre? n'est-ce pas un effet de la bonté de Dieu? Combien y en a-t-il encore qui ont été grossièrement élevés, et dans une extrême ignorance, tandis que la Providence divine vous a procuré une éducation honorable et soignée!
3. Considérez les grâces spirituelles: ô Philothée, vous êtes enfant de l'Église, Dieu vous a appris à le connoître, dès votre jeunesse. Combien de fois vous a-t-il donné ses sacremens! combien de fois des inspirations, des lumières intérieures, des reproches de conscience pour votre amendement! Combien de fois vous a-t-il pardonné vos fautes! combien de fois vous a-t-il délivrée des occasions de vous perdre, auxquelles vous étiez exposée! et tant d'années que Dieu vous a laissée vivre, n'est-ce pas un moyen que vous avez eu d'avancer le salut de votre ame? Considérez toutes ces grâces en détail, et voyez combien Dieu vous a été bon et secourable.
Affections et résolutions1. Admirez la bonté de Dieu. Oh! que mon Dieu est bon pour moi! oh! qu'il est bon! que votre cœur, Seigneur, est riche en miséricorde, et généreux en bonté! ô mon ame, racontons à jamais combien de grâces il nous a faites!
2. Admirez votre ingratitude. Mais que suis-je, Seigneur, pour que vous ayez pensé à moi? oh! que mon indignité est grande! hélas! j'ai foulé aux pieds vos bienfaits, j'ai déshonoré vos grâces, en les tournant au mépris et à l'abus de votre souveraine bonté; j'ai opposé un abîme d'ingratitude à l'abîme de votre miséricorde et de vos faveurs.
3. Excitez-vous à la reconnoissance. Allons donc, ô mon cœur, ne sois plus infidèle et ingrat envers ce grand bienfaiteur. Et comment mon ame ne seroit-elle pas désormais soumise à Dieu, lui qui a fait tant de grâces et de merveilles en moi et pour moi?
4. Courage donc, Philothée, retirez votre corps de telles et telles sensualités; soumettez-le au service de Dieu, qui a tant fait pour lui; appliquez votre ame à le connoître et à l'aimer de plus en plus, recourant pour cela aux moyens convenables. Employez enfin généreusement tous les secours qui sont dans l'Église, pour vous sauver et pour glorifier Dieu. Oui, je pratiquerai l'oraison, je fréquenterai les sacremens, j'écouterai la sainte parole, je suivrai fidèlement et les inspirations et les conseils.
CONCLUSION1. Remerciez Dieu de la connoissance qu'il vous a donnée de votre devoir et de ses bienfaits.
2. Offrez-lui votre cœur avec toutes vos résolutions.
3. Priez-le qu'il vous donne la force de les accomplir fidèlement, par le mérite de la mort de son Fils. Implorez l'intercession de la sainte Vierge et des saints. Pater noster, etc.
Faites le petit bouquet spirituel.
CHAPITRE XII.
Quatrième méditation. – Des péchés
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Priez-le qu'il vous inspire.
CONSIDÉRATIONS1. Pensez combien il y a que vous avez commencé à pécher, et voyez combien depuis lors les péchés se sont multipliés dans votre cœur; comme tous les jours ils se sont élevés davantage contre Dieu, contre le prochain, contre vous-même, par actions, par paroles, par désirs et par pensées.
2. Considérez vos mauvaises inclinations, et comme vous les avez suivies; cela seul suffira pour vous convaincre que vos péchés sont en plus grand nombre que les cheveux de votre tête, ou que les grains de sable de la mer.
3. Considérez en particulier le péché d'ingratitude envers Dieu; péché général qui se répand sur tous les autres, et qui en augmente infiniment l'énormité. Ainsi, comptez tous les bienfaits que Dieu vous a accordés, et que vous avez tournés contre le bienfaiteur lui-même. Que d'inspirations méprisées! que de bons mouvemens rendus inutiles! et plus que tout cela encore, que de sacremens reçus, et reçus peut-être sans préparation! et le fruit, où est-il? Que sont devenus ces précieux joyaux, dont votre cher époux vous avoit ornée? Tout cela a disparu sous vos iniquités, et tandis que Dieu a tant couru après vous pour vous sauver, vous, vous l'avez toujours fui, pour vous perdre: voyez un peu quelle ingratitude!
Affections et résolutions1. Confondez-vous à la vue de votre misère. O mon Dieu! comment osé-je paroître devant vos yeux? Hélas! je le vois bien, je suis le rebut du monde; mon cœur est un abîme d'ingratitude et d'iniquité. Est-il possible que j'aie poussé la malice à ce point, de ne laisser aucun de mes sens, aucune des puissances de mon ame, sans les souiller et les profaner, que pas un des jours de ma vie ne se soit écoulé sans produire quelque mauvais fruit? Est-ce ainsi que je devois payer les bienfaits de mon Créateur et le sang de mon Rédempteur?
2. Demandez pardon et jetez-vous aux pieds du Seigneur, comme un enfant prodigue, comme une Magdeleine, comme une épouse ingrate et perfide: O Seigneur! miséricorde sur cette pécheresse. O cœur de Jésus, source vive de compassion et de douceur! ayez pitié de cette misérable.
3. Proposez-vous de mieux vivre. O Seigneur! non jamais plus, moyennant votre sainte grâce, non jamais plus je ne m'abandonnerai au péché. Hélas! je ne l'ai que trop aimé! mais maintenant je le déteste; et c'est vous, Père de miséricorde, que j'aime et que j'embrasse. Je veux vivre et mourir pour vous.
4. Pour effacer les péchés passés, je m'en accuserai courageusement sans en laisser un seul par devers moi.
5. Je ferai tout ce que je pourrai pour en arracher jusqu'aux dernières racines, particulièrement de tels et tels qui me pèsent davantage.
6. Pour cela, j'embrasserai généreusement tous les moyens qui me seront fournis, et je ne croirai jamais avoir assez fait pour réparer de si grandes fautes.
CONCLUSION1. Remerciez Dieu qui vous a attendue jusqu'à présent, et qui vous a inspiré ces bonnes dispositions.
2. Faites-lui offrande de votre cœur, pour les mettre à exécution.
3. Priez-le qu'il vous fortifie, etc.
CHAPITRE XIII.
Cinquième méditation. – De la mort
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Demandez-lui sa grâce.
3. Supposez-vous dans l'état d'un malade au lit de la mort, sans aucun espoir d'en échapper.
CONSIDÉRATIONS1. Considérez l'incertitude du jour de votre mort: O mon ame! vous sortirez un jour de ce corps. Quand sera-ce? Sera-ce en hiver ou en été, à la ville ou à la campagne, le jour ou la nuit? Sera-ce à l'improviste ou y étant préparée? Sera-ce de maladie ou par accident? Aurez-vous le loisir de vous confesser? Serez-vous assistée de votre confesseur? Hélas! de tout cela nous n'en savons absolument rien. Mais une chose est bien sûre, c'est que nous mourrons, et toujours plutôt que nous ne pensons.
2. Considérez qu'alors le monde sera fini en ce qui vous regarde; il n'y en aura plus pour vous: il sera comme renversé sous vos yeux: car alors les plaisirs, les vanités, les joies mondaines, les folles amitiés vous sembleront des fantômes et des nuages. Ah! malheureuse, direz-vous, pour quelles bagatelles et pour quelles chimères ai-je offensé mon Dieu? N'est-ce pas avoir perdu tout pour rien? Au contraire, la dévotion et les bonnes œuvres vous sembleront les choses du monde les plus douces et les plus désirables, et vous direz: Pourquoi donc n'ai-je pas suivi ce beau et gracieux chemin? Alors les péchés qui vous sembloient bien petits, vous paroîtront gros comme des montagnes; et votre dévotion vous semblera presque nulle.
3. Considérez les longs et douloureux adieux que votre ame dira à ce bas monde: elle dira adieu aux richesses, aux vanités, aux plaisirs, aux passe-temps, aux amis et aux voisins, aux parens, aux enfans, au mari, à la femme, en un mot à toute créature; et puis enfin à son corps, qu'elle laissera pâle, défait, décharné, hideux et infect.
4. Considérez l'empressement qu'on aura à enlever ce corps, et à le cacher en terre; et cela fait, le monde ne pensera plus guère à vous, pas plus que vous n'avez pensé aux autres. Dieu lui fasse paix, dira-t-on; et puis c'est tout. O mort! que tu es cruelle! ô mort! que tu es impitoyable!
5. Considérez qu'au sortir du corps l'ame prend à droite ou à gauche. Hélas! où ira la vôtre, quel chemin suivra-t-elle? le même qu'elle aura commencé en ce monde.
Affections et résolutions1. Priez Dieu, et jetez-vous entre ses bras. Ah! Seigneur, recevez-moi sous votre protection pour ce jour effroyable. Rendez-moi cette heure heureuse et favorable, et que plutôt toutes les autres de ma vie me soient tristes et affligeantes.
2. Méprisez le monde. Puisque je ne sais pas l'heure où il faudra te quitter, ô monde! je ne veux pas m'attacher à toi. O mes chers amis! ô mes parens! permettez-moi de ne vous plus aimer que d'une amitié sainte, qui puisse durer éternellement; car pourquoi m'unir à vous par des liens qu'il faudroit ensuite rompre et quitter?
Je veux me préparer à cette heure, et prendre toutes les précautions nécessaires pour faire heureusement ce passage. Je veux assurer l'état de ma conscience, et mettre ordre à tel et tel manquement avec tout le zèle dont je suis capable.
CONCLUSIONRemerciez Dieu de ces résolutions qu'il vous a inspirées, offrez-les à sa majesté, suppliez-le de nouveau qu'il rende votre mort heureuse par les mérites de la mort de son Fils. Implorez la protection de la sainte Vierge et des saints. Pater noster. Ave, Maria.
Faites un bouquet de myrrhe.
CHAPITRE XIV.
Sixième méditation. – Du jugement
PRÉPARATION1. Mettez-vous devant Dieu.
2. Priez-le qu'il vous inspire.
CONSIDÉRATIONS1. Enfin, après le temps que Dieu a marqué pour la durée du monde, et après une multitude de signes et de présages horribles qui feront sécher les hommes d'effroi, le feu, venant comme un déluge, brûlera et réduira en cendres toute la surface de la terre, sans que rien de ce que nous voyons soit épargné.
2. Après ce déluge de flammes et de foudres, tous les hommes ressusciteront de la terre (excepté ceux qui sont déjà ressuscités), et à la voix de l'archange, ils comparoîtront en la vallée de Josaphat. Mais hélas! avec quelle différence! car les uns y seront avec un corps glorieux et resplendissant, et les autres avec un corps hideux et horrible.
3. Considérez la majesté avec laquelle le souverain juge comparoîtra, environné de ses anges et de ses saints, ayant devant lui sa croix, plus brillante que le soleil, signe de grâce pour les bons, et de rigueur pour les méchans.
4. Ce souverain juge, par un ordre qui sera de suite exécuté, séparera les bons d'avec les mauvais, mettant les premiers à sa droite et les seconds à sa gauche; séparation éternelle, après laquelle jamais ces deux troupes ne se retrouveront ensemble.
5. La séparation une fois faite, et les livres des consciences étant ouverts, on verra clairement, d'un côté la malice des méchans, et le mépris qu'ils ont fait de Dieu; et de l'autre côté, la pénitence des bons, et les heureux fruits qu'ils ont tirés de la grâce. Alors rien ne sera caché. O Dieu! quelle confusion pour les uns, et quelle consolation pour les autres!
6. Considérez la dernière sentence prononcée sur les méchans: Allez, maudits, au feu éternel, qui a été préparé au diable et à ses compagnons. Pesez cet paroles accablantes. Allez, dit-il; c'est un mot qui marque l'abandonnement perpétuel que Dieu fait de ces malheureux, les bannissant pour jamais de sa face. Il les appelle maudits. O mon ame! quelle malédiction! malédiction générale, qui comprend tous les maux; malédiction irrévocable, qui comprend tous les temps et l'éternité. Il ajoute, au feu éternel. Regarde, ô mon cœur, cette grande éternité! O éternelle éternité des peines, que tu es effroyable!
7. Considérez ensuite la sentence des bons. Venez, dit le juge (ah! c'est la douce parole de salut, par laquelle Dieu nous appelle à lui, et nous reçoit dans le sein de sa bonté), bénis de mon Père (ô chère bénédiction, qui comprend toute bénédiction), possédez le royaume qui vous est préparé dès le commencement du monde. O Dieu! quelle grâce! car ce royaume n'aura jamais de fin.
Affections et résolutions1. Tremble, ô mon ame! à la pensée de ce dernier jour. O Dieu! quelle sûreté pourrai-je y trouver, puisque les colonnes du Ciel y trembleront de frayeur!
2. Détestez vos péchés, qui seuls peuvent vous perdre dans cette journée formidable.
Ah! je veux me juger moi-même dès à présent, afin de n'être pas jugée alors. Je veux examiner ma conscience, et me condamner, m'accuser et me corriger, afin que mon juge ne me condamne pas en cette journée terrible. Je me confesserai donc, j'accepterai les avis nécessaires, etc.
CONCLUSIONRemerciez Dieu, qui vous a donné les moyens de prendre vos précautions contre ce jour, et le temps de faire pénitence.
Offrez-lui votre cœur pour qu'il le dispose à la pénitence. Priez-le qu'il vous fasse la grâce de vous en bien acquitter. Pater noster. Ave, Maria.
Faites un bouquet de dévotion.
CHAPITRE XV.
Septième méditation. – De l'Enfer
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Humiliez-vous, et demandez-lui son assistance.
3. Imaginez-vous une ville ténébreuse, toute brûlante de souffre et de bitume, et pleine de citoyens qui ne peuvent en sortir.
CONSIDÉRATIONS1. Les damnés sont dans l'abîme infernal comme dans une ville infortunée, où ils souffrent d'inexprimables tourmens et dans tous leurs sens et dans tous leurs membres; car, comme ils ont fait servir tous leurs sens et tous leurs membres au péché, il est juste qu'ils supportent aussi dans tous leurs sens et dans tous leurs membres les peines dues au péché: leurs yeux, pour s'être permis de mauvais regards, souffriront l'horrible vue des démons et de l'enfer; leurs oreilles, pour avoir pris plaisir à de mauvais discours, n'entendront plus jamais que pleurs, lamentations et désespoir, et ainsi du reste.
2. Outre tous ces tourmens, il y en a encore un plus grand, qui est la privation et la perte de la gloire de Dieu, que les damnés ne verront jamais. Certes, si Absalon se trouva plus malheureux de ne pas voir son père David que de toutes les autres peines de son exil, ô Dieu! que sera-ce d'être à jamais privé de voir votre doux et gracieux visage?
3. Considérez surtout l'éternité de ces peines, laquelle seule rend l'enfer insupportable. Hélas! si la piqûre d'un insecte, si la chaleur d'une petite fièvre nous rend une courte nuit si longue et si fatigante, combien sera épouvantable la nuit de l'éternité avec tant de tourmens! de cette éternité naissent le désespoir éternel, le blasphème et la rage sans fin.
Affections et résolutionsMettez la frayeur dans votre ame par ces paroles d'Isaïe: O mon ame! pourrois-tu bien vivre éternellement dans ces ardeurs perpétuelles, et habiter au milieu de ce feu dévorant? Veux-tu donc quitter ton Dieu pour jamais?
Reconnoissez que vous avez mérité ce châtiment; et combien de fois encore! Désormais donc je veux suivre une voie toute contraire; car pourquoi me précipiter dans cet abîme?
Ainsi, je ferai tel et tel effort pour éviter le péché, qui seul peut me donner cette mort éternelle.
Remerciez, offrez, priez.
CHAPITRE XVI.
Huitième méditation. – Du paradis
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Faites l'invocation.
CONSIDÉRATIONS1. Considérez une belle nuit bien sereine, et pensez combien il est agréable de voir le ciel avec cette multitude et cette variété d'étoiles. Or, ajoutez maintenant cette beauté à celle d'un beau jour, en sorte que la clarté du soleil n'empêche point la claire vue des étoiles et de la lune; et puis après dites hardiment que toute cette beauté réunie n'est rien auprès des merveilles du paradis. Oh! que ce lieu est donc aimable et désirable! oh! que cette cité est précieuse!
2. Considérez la noblesse, la beauté et la multitude des habitans de cet heureux pays; ces millions de millions d'anges, de chérubins et de séraphins; cette foule d'apôtres, de martyrs, de confesseurs, de vierges, de saintes femmes: leur troupe est innombrable. Oh! que cette compagnie est heureuse! Le moindre de tous est mille fois plus beau que le monde entier: que sera-ce donc de les voir tous? Mais, mon Dieu, qu'ils sont heureux! toujours ils chantent le doux cantique de l'amour éternel: toujours ils jouissent d'une parfaite allégresse: toujours ils se communiquent les uns aux autres d'ineffables contentemens, et vivent sans nuages dans les liens d'une heureuse et indissoluble amitié.
3. Considérez enfin quel bien ils ont tous de jouir de Dieu, qui les honore incessamment de son regard, et répand ainsi dans leurs cœurs des torrens de délices. Quel bien d'être à jamais uni à son principe! C'est là qu'environnés et pénétrés de Dieu, comme les oiseaux le sont de l'air, ils sont inondés de toutes parts de consolations incroyables; là, chacun à qui mieux mieux chante les louanges du Créateur: soyez à jamais béni, s'écrient-ils, ô vous qui êtes notre Créateur et notre Sauveur, vous qui nous êtes si bon, et qui nous communiquez si libéralement votre gloire. Et pareillement Dieu bénit tous ses saints d'une bénédiction perpétuelle: soyez à jamais bénies, dit-il, mes chères créatures, vous qui m'avez si bien servi, et qui me louerez éternellement avec un si grand zèle et un amour si parfait.
Affections et résolutions1. Admirez et louez cette patrie céleste. Oh! que vous êtes belle, ma chère Jérusalem, et que bienheureux sont vos habitans!
2. Reprochez à votre cœur la lâcheté qui l'a jusqu'à présent détourné du chemin de cette glorieuse demeure. Pourquoi me suis-je tant éloigné de mon souverain bien? Ah! misérable que je suis! pour quelques méchans plaisirs d'un instant, j'ai mille et mille fois quitté ces éternelles et infinies délices! où donc avois-je l'esprit de mépriser des biens si désirables, et de désirer des choses si méprisables?
3. Aspirez maintenant avec ardeur après ce séjour si délicieux. Oh! puisqu'il vous a plu, mon bon et souverain Seigneur, de me faire entrer dans vos voies, non, jamais plus je ne retournerai en arrière. Allons, ma chère ame, allons en ce repos infini: cheminons vers cette terre bénie qui nous est promise: que faisons-nous dans cette Egypte?
Je me priverai donc de telles et telles choses qui me détournent ou me retardent en chemin.
Je ferai donc telles et telles choses qui peuvent me conduire à mon but.
Remerciez, offrez, priez.
CHAPITRE XVII.
Neuvième méditation. – Sur le choix du paradis
PRÉPARATION1. Mettez-vous en la présence de Dieu.
2. Humiliez-vous devant lui, en le priant qu'il vous inspire.
CONSIDÉRATIONS1. Imaginez-vous que vous êtes en rase campagne, toute seule avec votre bon ange, comme étoit le jeune Tobie en allant à Ragès. Là, votre conducteur vous fait voir en haut le paradis ouvert, avec toutes les joies et toutes les délices qui ont fait le sujet de votre méditation précédente. Puis il vous montre à vos pieds l'enfer ouvert avec tous les tourmens sur lesquels vous avez médité.
Vous pénétrant bien l'esprit de cette imagination, et vous mettant à genoux par la pensée devant votre bon ange.
1. Considérez qu'il est très-vrai que vous êtes placée entre le paradis et l'enfer, et que l'un et l'autre sont ouverts pour vous recevoir, selon le choix que vous en ferez.
2. Considérez que le choix que l'on fait de l'un ou de l'autre dans ce monde durera éternellement dans l'autre.
3. Considérez que, bien que l'un et l'autre vous soit ouvert selon que vous le choisirez, Dieu, qui est prêt à vous donner, ou l'un, par sa justice, ou l'autre, par sa miséricorde, désire cependant d'un désir sans égal que vous donniez la préférence au paradis; et votre bon ange est là qui vous en presse de tout son pouvoir, vous offrant de la part de Dieu mille grâces et mille secours pour vous aider à la montée.
4. Considérez aussi Jésus-Christ au haut du Ciel, vous regardant avec bonté, et vous invitant par ces douces paroles: Viens, ô ma chère ame! viens au repos éternel: viens entre les bras de ton père qui t'a préparé d'immortelles délices dans l'abondance de son amour. Voyez de vos yeux intérieur la sainte Vierge qui vous convie tout maternellement: Courage! vous dit-elle; garde-toi, ô ma fille! de mépriser les désirs de mon Fils, non plus que les soupirs de sa Mère, qui respire avec lui ton salut éternel. Voyez les saints qui vous appellent, et un million de saintes ames qui vous conjurent de venir les rejoindre, afin de n'avoir avec elles qu'une seule voix pour louer Dieu et qu'un seul cœur pour l'aimer à jamais: Venez, vous disent-elles, ô notre sœur et notre amie! prenez courage: le chemin du Ciel n'est pas si difficile que le monde le fait. Entrez-y seulement, et vous verrez que la dévotion qui nous a menées aux délices éternelles, a elle-même des délices incomparablement plus grande que toutes les joies du monde.
ÉLECTION1. O enfer! je te déteste maintenant et à toujours. Je déteste tes tourmens et tes peines: je déteste ta malheureuse éternité, et surtout ces éternels blasphèmes et ces malédictions sans fin que tu vomis perpétuellement contre mon Dieu. Mais, au contraire, gloire et félicité éternelle à toi, beau paradis, vers lequel s'élancent mon cœur et mon ame! oui, je choisis à jamais mon séjour dans tes sacrés palais, et dans tes aimables tabernacles. Je bénis, ô mon Dieu! votre miséricorde, j'accepte l'offre qu'il vous plaît de m'en faire. O Jésus! mon Sauveur, j'accepte votre amour éternel. Je reconnois et je confirme l'acquisition que vous avez faite pour moi d'une place et d'une retraite dans cette bienheureuse Jérusalem, où je ne veux faire autre chose que vous aimer et vous bénir à jamais.
2. Acceptez les faveurs que la sainte Vierge et les saints vous présentent; promettez-leur que vous en profiterez pour aller les rejoindre; tendez la main à votre bon ange, afin qu'il vous conduise, et encouragez votre ame à bien persévérer dans ce choix.
CHAPITRE XVIII.