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Le barbier de Séville; ou, la précaution inutile
ROSINE, jeune personne d'extraction noble, et Pupille de Bartholo; habillée à l'Espagnole.
FIGARO20, Barbier de Séville: en habit de Majo21 Espagnol. La tête couverte d'une rescille, ou filet; chapeau blanc, ruban de couleur, autour de la forme; un fichu de soie, attaché fort lâche à son cou; gilet et haut de chausse de satin, avec des boutons et boutonnières frangés d'argent; une grande ceinture de soie; les jarretières nouées avec des glands qui pendent sur chaque jambe; veste de couleur tranchante, à grands revers de la couleur du gilet; bas blancs et souliers gris.
DON BAZILE22, Organiste, Maître à chanter de Rosine; chapeau noir rabattu, soutanelle et long manteau, sans fraise ni manchettes.
LA JEUNESSE, vieux Domestique de Bartholo.
L'ÉVEILLÉ, autre Valet de Bartholo, garçon niais et endormi. Tous deux habillés en Galiciens; tous les cheveux dans la queue; gilet couleur de chamois; large ceinture de peau avec une boucle; culotte bleue et veste de même, dont les manches, ouvertes aux épaules pour le passage des bras, sont pendantes par derriere.
UN NOTAIRE.
UN ALCADE, Homme de Justice, avec une longue baguette blanche à la main.
PLUSIEURS ALGOUAZILS et VALETS avec des flambeaux.
La Scène est à Séville23, dans la rue et sous les fenêtres de Rosine, au premier Acte, et le reste de la Pièce, dans la Maison du Docteur Bartholo.
…On trouve chez le même Libraire la Musique du Barbier de Séville gravée in-fol. Prix 3 liv. 12 s.24
ACTE PREMIER
Le Théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grilléesSCENE PREMIERELE COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenantLe jour est moins avancé que je ne croyois. L'heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloignée. N'importe; il vaut mieux arriver trop-tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la Cour pouvoit me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendroit pour un Espagnol du tems d'Isabelle25. – Pourquoi non? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. – Mais quoi! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la Cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles? – Et c'est cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même; et si je pouvois m'assurer, sous ce déguisement… Au diable l'importun.
SCENE IIFIGARO, LE COMTE, cachéFIGARO, une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban; il chantonne gaiement26, un papier et un crayon à la main.
Bannissons le chagrin,Il nous consume:Sans le feu du bon vin,Qui nous rallume,Réduit à languir,L'homme, sans plaisir,Vivroit comme un sot,Et mourroit bientôt.Jusques-là27, ceci ne va pas mal, ein, ein.
Et mourroit bientôt.Le vin et la paresseSe disputent mon cœur…Eh non! ils ne se le disputent pas, ils y regnent paisiblement ensemble…
Se partagent … mon cœurDit-on se partagent?.. Eh! mon Dieu! nos faiseurs d'Opéras Comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante.
(Il chante.)Le vin et la paresseSe partagent mon cœur.Je voudrois finir par quelque chose de beau, de brillant28, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée.
(Il met un genou en terre, et écrit en chantant.)
Se partage mon cœur.Si l'une a ma tendresse…L'autre fait mon bonheur.Fi donc! c'est plat. Ce n'est pas ça… Il me faut une opposition, une antithèse:
Si l'une … est ma maîtresse,L'autre…Eh, parbleu, j'y suis!..
L'autre est mon serviteurFort bien, Figaro!.. (Il écrit en chantant.)
Le vin et la paresseSe partagent mon cœur;Si l'une est ma maîtresse,L'autre est mon serviteur.L'autre est mon serviteur.L'autre est mon serviteur.Hen, hen, quand il y aura des accompagnemens29 là-dessous, nous verrons encore, Messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis. (Il apperçoit le Comte.) J'ai vu cet Abbé-là quelque part. (Il se relève.)
LE COMTE, à partCet homme ne m'est pas inconnu.
FIGAROEh non, ce n'est pas un Abbé! Cet air altier et noble…
LE COMTECette tournure grotesque…
FIGAROJe ne me trompe point, c'est le Comte Almaviva.
LE COMTEJe crois que c'est ce coquin de Figaro.
FIGAROC'est lui-même, Monseigneur.
LE COMTEMaraud! si tu dis un mot…
FIGAROOui, je vous reconnois; voilà les bontés familieres dont vous m'avez toujours honoré.
LE COMTEJe ne te reconnoissois pas, moi. Te voilà si gros et si gras…
FIGAROQue voulez-vous, Monseigneur! c'est la misère.
LE COMTEPauvre petit! Mais que fais-tu à Séville? Je t'avois autrefois recommandé dans les Bureaux pour un emploi.
FIGAROJe l'ai obtenu, Monseigneur, et ma reconnoissance…
LE COMTEAppelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas30, à mon déguisement, que je veux être inconnu?
FIGAROJe me retire.
LE COMTEAu contraire. J'attends ici quelque chose; et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promene. Ayons l'air de jaser. Eh bien, cet emploi?
FIGARO31Le Ministre, ayant égard à la recommandation de votre Excellence, me fit nommer sur le champ Garçon Apothicaire.
LE COMTEDans les hôpitaux de l'Armée?
FIGARONon; dans les haras d'Andalousie32.
LE COMTE, riantBeau début!
FIGAROLe poste n'étoit pas mauvais; parce qu'ayant le district des pansemens et des drogues, je vendois souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval…
LE COMTEQui tuoient les sujets du Roi!
FIGAROAh, ah, il n'y a point de remede universel: mais qui n'ont pas laissé de guérir quelquefois33 des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats.
LE COMTEPourquoi donc l'as-tu quitté?
FIGAROQuitté? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des Puissances.
L'envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide…LE COMTEOh grace! grace, ami! Est-ce que tu fais aussi des vers? Je t'ai vu là griffonnant sur ton genou, et chantant dès le matin.
FIGAROVoilà précisément la cause de mon malheur, Excellence. Quand on a rapporté au Ministre que je faisois, je puis dire assez joliment, des bouquets à Cloris, que j'envoyois des énigmes aux Journaux, qu'il couroit des Madrigaux de ma façon; en un mot, quand il a su que j'étois imprimé tout vif, il a pris la chose au tragique, et m'a fait ôter mon emploi, sous prétexte que l'amour des Lettres est incompatible avec l'esprit des affaires.
LE COMTEPuissamment raisonné! et tu ne lui fis pas représenter…
FIGAROJe me crus trop heureux d'en être oublié; persuadé qu'un Grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.
LE COMTETu ne dis pas tout. Je me souviens qu'à mon service tu étois un assez mauvais sujet.
FIGAROEh mon Dieu, Monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit sans défaut.
LE COMTEParesseux, dérangé…
FIGAROAux vertus qu'on exige dans un Domestique34, votre Excellence connoît-elle beaucoup de Maîtres qui fussent dignes d'être Valets?
LE COMTE, riantPas mal. Et tu t'es retiré en cette Ville?
FIGARONon pas tout de suite35.
LE COMTE, l'arrêtantUn moment… J'ai cru que c'étoit elle… Dis toujours, je t'entends de reste.
FIGARODe retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talens littéraires, et le théâtre me parut un champ d'honneur…
LE COMTEAh! miséricorde!
FIGARO36(Pendant sa réplique, le Comte regarde avec attention du côté de la jalousie.)
En vérité, je ne sais comment je n'eus pas le plus grand succès, car j'avois rempli le parterre des plus excellens Travailleurs; des mains… comme des battoirs; j'avois interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissemens sourds; et d'honneur, avant la Pièce, le Café m'avoit paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale…
LE COMTEAh! la cabale! Monsieur l'Auteur tombé!
FIGAROTout comme un autre: pourquoi pas? Ils m'ont sifflé; mais si jamais je puis les rassembler…
LE COMTEL'ennui te vengera bien d'eux?
FIGAROAh! comme je leur en garde, morbleu!
LE COMTETu jures! Sais-tu qu'on n'a que vingt-quatre heures au Palais pour maudire ses Juges?
FIGAROOn a vingt-quatre ans au théâtre; la vie est trop courte pour user d'un pareil ressentiment.
LE COMTE37Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t'a fait quitter Madrid.
FIGAROC'est mon bon ange, Excellence, puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien Maître. Voyant à Madrid que la république des Lettres étoit celle des loups38, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les Insectes, les Moustiques, les Cousins, les Critiques, les Maringouins39, les Envieux, les Feuillistes40, les Libraires, les Censeurs, et tout ce qui s'attache à la peau des malheureux Gens de Lettres, achevoit de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restoit; fatigué d'écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abymé de dettes et léger d'argent; à la fin41, convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j'ai quitté Madrid, et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadoure, la Siera-Morena, l'Andalousie; accueilli dans une Ville, emprisonné dans l'autre, et par-tout supérieur aux évènemens42, aidant au bon tems, supportant le mauvais; me moquant des forts, bravant les méchans; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde; vous me voyez enfin établi dans Séville et prêt à servir de nouveau votre Excellence en tout ce qu'il lui plaira m'ordonner.
LE COMTE43Qui t'a donné une philosophie aussi gaie?
FIGAROL'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Que regardez-vous donc toujours de ce côté?
LE COMTESauvons-nous.
FIGAROPourquoi?
LE COMTEViens donc, malheureux! tu me perds.
(Ils se cachent.)SCENE IIIBARTHOLO, ROSINE(La jalousie du premier étage s'ouvre, et Bartholo et Rosine se mettent à la fenêtre.)ROSINEComme le grand air fait plaisir à respirer! Cette jalousie s'ouvre si rarement…
BARTOLOQuel papier tenez-vous là?
ROSINECe sont des couplets de la Précaution inutile que mon Maître à chanter m'a donnés hier.
BARTOLOQu'est-ce que la Précaution inutile?
ROSINEC'est une Comédie nouvelle.
BARTOLOQuelque Drame encore! Quelque sottise d'un nouveau genre44!
ROSINEJe n'en sais rien.
BARTOLOEuh, euh! les Journaux et l'autorité nous en feront raison. Siècle barbare!..
ROSINEVous injuriez toujours notre pauvre siècle.
BARTOLOPardon de la liberté: qu'a-t-il produit pour qu'on le loue? Sottises de toute espèce: la liberté de penser, l'attraction, l'électricité, le tolérantisme, l'inoculation, le quinquina, l'Encyclopédie et les drames45.
ROSINE (le papier lui échappe et tombe dans la rue)Ah! ma chanson! ma chanson est tombée en vous écoutant; courez, courez donc, Monsieur; ma chanson! elle sera perdue.
BARTOLOQue diable aussi, l'on tient ce qu'on tient.
(Il quitte le balcon.)ROSINE regarde en dedans et fait signe dans la rueS't, s't (le Comte paroît), ramassez vîte et sauvez-vous.
(Le Comte ne fait qu'un saut, ramasse le papier et rentre.)
BARTOLO sort de la maison et chercheOù donc est-il? Je ne vois rien.
ROSINESous le balcon, au pied du mur.
BARTOLO46Vous me donnez-là une jolie commission! Il est donc passé quelqu'un?
ROSINEJe n'ai vu personne.
BARTOLO, à lui-mêmeEt moi qui ai la bonté de chercher… Bartholo, vous n'êtes qu'un sot, mon ami: ceci doit vous apprendre à ne jamais ouvrir des jalousies sur la rue. (Il rentre.)
ROSINE, toujours au balconMon excuse est dans mon malheur: seule, enfermée, en butte à la persécution d'un homme odieux, est-ce un crime de tenter à sortir d'esclavage?
BARTOLO, paroissant au balconRentrez, Signora; c'est ma faute si vous avez perdu votre chanson, mais ce malheur ne vous arrivera plus, je vous jure. (Il ferme la jalousie à la clé.)
SCENE IVLE COMTE, FIGARO(Ils entrent avec précaution.)LE COMTEA présent qu'ils sont retirés, examinons cette chanson, dans laquelle un mistere est sûrement renfermé47. C'est un billet!
FIGAROIl demandoit ce que c'est que la Précaution inutile!
LE COMTE lit vivement«Votre empressement excite ma curiosité; sitôt que mon Tuteur sera sorti, chantez indifféremment sur l'air connu de ces couplets quelque chose qui m'apprenne enfin le nom, l'état et les intentions de celui qui paroît s'attacher si obstinément à l'infortunée Rosine.»
FIGARO48, contrefaisant la voix de RosineMa chanson! ma chanson est tombée; courez, courez donc (Il rit), ah! ah! ah! O ces femmes! voulez-vous donner de l'adresse à la plus ingénue? enfermez-la.
LE COMTEMa chère Rosine49!
FIGAROMonseigneur, je ne suis plus en peine des motifs de votre mascarade; vous faites ici l'amour en perspective.
LE COMTETe voilà instruit, mais si tu jases…
FIGAROMoi jaser! Je n'emploierai point pour vous rassurer les grandes phrases d'honneur et de dévoûment dont on abuse à la journée, je n'ai qu'un mot: mon intérêt vous répond de moi; pesez tout à cette balance, etc…50.
LE COMTEFort bien. Apprends donc que le hasard m'a fait rencontrer au Prado, il y a six mois, une jeune personne d'une beauté… Tu viens de la voir! je l'ai fait chercher en vain par tout Madrid. Ce n'est que depuis peu de jours que j'ai découvert qu'elle s'appelle Rosine, est d'un sang noble, orpheline et mariée à un vieux Médecin de cette Ville nommé Bartholo.
FIGARO51Joli oiseau, ma foi! difficile à dénicher! Mais qui vous a dit qu'elle était la femme du Docteur?
LE COMTETout le monde.
FIGAROC'est une histoire qu'il a forgée en arrivant de Madrid, pour donner le change aux galans et les écarter; elle n'est encore que sa pupille, mais bientôt…
LE COMTE, vivementJamais. Ah, quelle nouvelle! j'étois résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets, et je la trouve libre! Il n'y a pas un moment à perdre, il faut m'en faire aimer et l'arracher à l'indigne engagement qu'on lui destine. Tu connois donc ce Tuteur?
FIGAROComme ma mère.
LE COMTE52Quel homme est-ce?
FIGARO, vivementC'est un beau gros, court, jeune vieillard, gris pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette et furete et gronde et geint tout à la fois.
LE COMTE, impatientéEh! je l'ai vu. Son caractère?
FIGAROBrutal, avare, amoureux et jaloux à l'excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
LE COMTEAinsi ses moyens de plaire sont…
FIGARONuls.
LE COMTETant mieux. Sa probité?
FIGAROTout juste autant qu'il en faut pour n'être point pendu.
LE COMTETant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
FIGAROC'est faire à la fois le bien public et particulier: chef-d'œuvre de morale, en vérité, Monseigneur!
LE COMTE53Tu dis que la crainte des galans lui fait fermer sa porte?
FIGAROA tout le monde: s'il pouvoit la calfeutrer.
LE COMTE54Ah! diable! tant pis. Aurois-tu de l'accès chez lui?
FIGAROSi j'en ai. Primo, la maison que j'occupe appartient au Docteur, qui m'y loge gratis.
LE COMTEAh! ah!
FIGAROOui. Et moi, en reconnoissance, je lui promets dix pistoles d'or par an, gratis aussi.
LE COMTE, impatientéTu es son locataire?
FIGARODe plus son Barbier, son Chirurgien, son Apothicaire; il ne se donne pas dans sa maison un coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
LE COMTE l'embrasseAh! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon Dieu tutélaire.
FIGAROPeste! comme l'utilité vous a bientôt rapproché les distances! parlez-moi des gens passionnés.
LE COMTEHeureux Figaro! tu vas voir ma Rosine! tu vas la voir! Conçois-tu ton bonheur?
FIGAROC'est bien-là un propos d'Amant! Est-ce que je l'adore, moi55? Pussiez-vous prendre ma place!
LE COMTEAh! si l'on pouvoit écarter tous les surveillans!..
FIGAROC'est à quoi je rêvois.
LE COMTEPour douze heures seulement!
FIGAROEn occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l'intérêt d'autrui.
LE COMTESans doute. Eh bien!
FIGARO, rêvantJe cherche dans ma tête si la Pharmacie ne fourniroit pas quelques petits moyens innocens…
LE COMTEScélérat!
FIGAROEst-ce que je veux leur nuire? Ils ont tous besoin de mon ministère. Il ne s'agit que de les traiter ensemble.
LE COMTEMais ce Médecin peut prendre un soupçon.
FIGAROIl faut marcher si vîte, que le soupçon n'ait pas le tems de naître. Il me vient une idée. Le Régiment de Royal-Infant arrive en cette Ville!
LE COMTELe Colonel est de mes amis.
FIGAROBon. Présentez-vous chez le Docteur en habit de Cavalier, avec un billet de logement; il faudra bien qu'il vous héberge, et moi, je me charge du reste.
LE COMTE56Excellent!
FIGAROIl ne seroit même pas mal que vous eussiez l'air entre deux vins…
LE COMTEA quoi bon?
FIGAROEt le mener un peu lestement sous cette apparence déraisonnable.
LE COMTEA quoi bon?
FIGAROPour qu'il ne prenne aucun ombrage, et vous croie plus pressé de dormir que d'intriguer chez lui.
LE COMTESupérieurement vu! Mais que n'y vas-tu, toi?
FIGAROAh! oui, moi! Nous serons bienheureux s'il ne vous reconnoît pas, vous, qu'il n'a jamais vu. Et comment vous introduire après?
LE COMTETu as raison.
FIGAROC'est que vous ne pourrez peut-être pas soutenir ce personnage difficile. Cavalier… pris de vin…
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1
Tissot (Simon-André), illustre médecin, né en Suisse en 1728, mort en 1797. Ses œuvres choisies forment 8 vol. in-8º (Paris, 1809). Beaumarchais fait ici allusion à deux de ses principaux écrits: De la santé des gens de lettres (1769, in-32), et Essai sur les maladies des gens du monde (1770, in-12), dont le succès fut populaire et considérable.
2
Allusion à un journaliste de Bouillon qui avait fort malmené Beaumarchais et sa pièce.
Il avait déjà parlé de ces critiques aux comédiens eux-mêmes dans une lettre intime qu'il leur adressait quelque temps avant d'écrire cette épître-préface: «Tant qu'il vous plaira, Messieurs, de donner le Barbier de Séville, je l'endurerai avec résignation. Et puissiez vous crever de monde, car je suis l'ami de vos succès et l'amant des miens… Si le public est content, si vous l'êtes, je le serai aussi. Je voudrais bien pouvoir en dire autant du Journal de Bouillon; mais vous avez beau faire valoir la pièce, la jouer comme des anges, il faut vous détacher de ce suffrage; on ne peut pas plaire à tout le monde.
«Je suis, Messieurs, avec reconnaissance, etc…
«Signé: Caron de Beaumarchais.»(Lettre citée par M. de Loménie, tome II)
3
Eugénie et les Deux Amis.
4
Mémoires judiciaires contre les sieurs de Goëzmann, Marin, Lablache et d'Arnaud (1774).
5
Ce sera l'opéra de Tarare.
6
On peut ainsi préciser facilement l'époque où Beaumarchais écrivait cette préface, la 17e représentation du Barbier ayant eu lieu le mercredi 16 août 1775, et la 18e le samedi suivant.
7
Imbroglio.
8
Mot de l'invention de Beaumarchais.
9
La résille.
10
Célèbre astrologue-nécromancien du temps de Henri II. Catherine de Médicis le fit venir à Paris et eut souvent recours à lui pour les expériences de divination auxquelles on sait qu'elle se livrait.
11
Beaumarchais présente ici par avance la scène de la reconnaissance de Figaro, que nous retrouverons dans la Folle Journée.
12
La citation est inexacte, d'autant mieux que le mot principal «le hasard», sur lequel repose l'argumentation de Beaumarchais, ne s'y trouve même pas. Voici d'ailleurs le passage même dans son intégrité: «J'avois besoin d'un homme que je pusse, dans ces conjonctures, mettre devant moi. Il me falloit un fantôme, mais il ne me falloit qu'un fantôme, et, par bonheur pour moi, il se trouva que ce fantôme fut petit fils d'Henri le Grand, qu'il parla comme on parle aux halles, ce qui n'est pas ordinaire aux enfants d'Henri le Grand, et qu'il eut de grands cheveux bien longs et bien blonds. Vous ne pouvez vous imaginer le poids de cette circonstance; vous ne pouvez concevoir l'effet qu'ils firent dans le peuple.» (Mémoires de Retz, édition Charpentier, 1865, tome Ier, page 267.)
13
Vieux mot.
14
Terme chirurgical: celui qui pratique la saignée. Il vaudrait mieux phlébotomiste. D'ailleurs, usuellement, on n'emploie ni l'un ni l'autre mot.
15
Hédelin, abbé d'Aubignac, né en 1604, mort en 1676. Il a composé, d'après Aristote, un ouvrage assez médiocre, Pratique du théâtre (1669, in-4º), auquel Beaumarchais fait ici allusion. Il détestait Corneille, dont il était jaloux, et il a donné une tragédie, Zénobie, qui n'eut aucun succès.
16
Elle en supporta, et de la meilleure, comme tout le monde le sait. Voici les titres des principales œuvres musicales inspirées par le Barbier:
1º Le Barbier de Séville, opéra bouffe de Païsiello, joué pour la première fois à Saint-Pétersbourg en 1780, et à Paris le 12 juillet 1789, deux jours avant la prise de la Bastille;
2º Le Barbier de Séville, opéra de Nicolo Isouard, joué à Malte à la fin du siècle dernier;
3º Le Barbier de Séville, ballet en trois actes, de Blache et Duport, représenté à l'Opéra le 30 mai 1806;
4º Le Barbier de Séville, opéra bouffe en deux actes, du maestro G. Rossini, joué pour la première fois à Rome en décembre 1816, et à Paris le 26 octobre 1819;
5º Almaviva et Rosine, pantomime avec musique, sans nom d'auteur, jouée à la porte Saint-Martin le 19 avril 1817;
Enfin plus tard la Folle Journée servira de thème à la musique de Mozart.
17
Fameux danseur de l'Opéra (1748-81) qui s'était baptisé lui-même le Dieu de la danse. Il est mort en 1808, à soixante-dix-neuf ans. Sa femme, qui a été aussi très-célèbre comme danseuse, est morte la même année, à cinquante-six ans.
18
Bercher, dit Dauberval, danseur comique, mort en 1806, à soixante-quatre ans. Il a appartenu à l'Opéra de 1761 à 1783, classé dans ce qu'on appelait les danseurs seuls, c'est-à-dire les grands premiers sujets. On l'avait surnommé le Préville de la danse. Il a composé quelques ballets.
19
Verbe de la composition de Beaumarchais.
20
L'un des manuscrits du Théâtre-Français orthographie Figaro, tout le long de la pièce, Figuaro.
21
Ce qu'on nomme chez nous un «beau»; mais un «beau» vulgaire, une sorte de coq de village ou d'artisan endimanché.
22
Dans le manuscrit de la Comédie-Française Basile est qualifié «organiste et musicien italien».
23
Capitale de l'Andalousie, dit le manuscrit.
24
Cette petite partition est de nos jours difficile à trouver. La Bibliothèque du Conservatoire de musique en possède un exemplaire, en assez mauvais état, et que nous avons eu sous les yeux. C'est une partition grand in-4º arrangée pour orchestre avec l'indication des jeux de scène, des paroles et des voix. On lit sur la première page cette note manuscrite: On croit que cette musique est de Beaumarchais, et au verso, de la même main: Cette musique est de M. de Beaumarchais. La musique du Barbier n'accompagnant pas, comme dans les Deux Amis, la pièce imprimée, et n'offrant d'ailleurs, à cause de sa médiocrité, aucun véritable intérêt, nous avons jugé inutile de la reproduire.