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Contes et légendes. 1re Partie
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"Alouette, chère petite alouette, oiseau cher à Dieu, allez, je vous en prie, auprès du Père céleste; racontez-lui mes peines. Dites-lui qu'un pauvre berger lui souhaite le bonjour, et qu'il le prie de le secourir."

L'alouette fit la commission du berger. Le Père Éternel eut compassion du pauvre homme; il écrivit un mot, en lettres d'or, sur une feuille qu'il cueillit d'un arbre dans le Paradis. Il donna cette feuille à l'alouette, et lui ordonna de la laisser tomber sur la tête du dragon.

L'alouette s'envola, laissa tomber la feuille sur la tête du dragon, et à l'instant même le dragon et le berger tombèrent à terre. Quand le berger revint à lui, il vit qu'il était sur la montagne, et au bout de quelques minutes il s'aperçut qu'il avait eu un mauvais rêve, car son chien était à côté de lui, les moutons autour de lui, et c'était en automne tout comme quand il s'était endormi quelques heures avant.

LES DEUX AUMÔNES. 24

Une pauvre vieille femme était assise au bord de la route. Elle avait froid, car la neige tombait; et elle avait faim, car elle n'avait rien mangé de toute la journée. Elle était assise là, et elle attendait patiemment, espérant qu'un voyageur compatissant lui donnerait un peu d'argent pour acheter du pain et du bois pour faire un peu de feu dans sa pauvre petite maison où il faisait si froid.

Le premier homme qui passa la regarda avec compassion, et dit: "Pauvre femme, voilà un temps bien dur pour mendier sur la route. Dieu vous assiste," et il continua son chemin, d'un pas rapide, sans lui donner un seul sou, car il avait de gros gants, et il aurait été obligé de les ôter pour mettre la main dans sa poche. Il aurait eu froid aux doigts en déliant les cordons de sa bourse, et il n'eut pas le courage de s'arrêter.

La pauvre vieille femme, toute désappointée qu'elle était, remercia cependant le voyageur de ses bonnes paroles, et quand il lui dit: "Dieu vous assiste!" elle répondit: "Merci bien, mon bon monsieur, Dieu vous le rende."

Peu de temps après un second voyageur passa en voiture. Il était tout enveloppé dans une ample fourrure, il vit la pauvre femme, et, touché de sa misère, il mit une main dans sa poche et de l'autre baissa la fenêtre de la voiture.

"Oh!" dit-il, "quel terrible froid!" et il appela la pauvre vieille femme, qui arriva aussi vite que possible. Il lui tendit l'argent et s'aperçut seulement alors qu'il s'était trompé, et que c'était une pièce d'or et non pas la petite pièce blanche qu'il pensait donner. "C'est beaucoup trop!" dit-il, et il allait retirer la main, mais le froid lui fit lâcher la pièce d'or, qui tomba dans la neige.

Il ferma la fenêtre, la voiture repartit et il se dit philosophiquement: "C'est trop, mais enfin je suis bien riche, et je puis me payer la fantaisie de faire une bonne action de temps en temps."

La pauvre mendiante, à genoux dans la neige, cherchait la pièce d'or, et ses mains froides fouillaient sans cesse, car la malheureuse femme était non seulement pauvre et âgée, mais elle était aussi aveugle.

Pendant ce temps l'homme riche était rentré chez lui. Assis devant un bon feu, après avoir bien dîné, il dit:

"Il ne fait pas aussi froid que je croyais. J'ai trop donné à cette pauvre femme. Fera-t-elle bon usage de cette pièce d'or? Enfin, ce qui est fait, est fait. J'ai été généreux, très généreux, et Dieu, sans doute, me récompensera, car il aime les bonnes actions."

L'autre voyageur était arrivé à l'auberge où il avait trouvé un bon feu et un bon dîner qui l'attendait. Mais la pensée de la pauvre femme lui revint à la mémoire. Il regretta beaucoup de ne pas lui avoir donné un peu d'argent, et au lieu de s'asseoir devant le feu et de manger la bonne soupe chaude que le domestique apportait, il lui dit: "Mettez deux couverts; je reviens à l'instant!" et sortit en toute hâte.

Il arriva bientôt à l'endroit où il avait vu la vieille femme et la trouva fouillant dans la neige.

"Que cherchez-vous là, ma bonne femme?"

"Une aumône, qu'un monsieur m'a jetée!"

"Oh! elle est perdue dans la neige. Venez avec moi; nous irons à l'auberge, où un bon feu nous attend, et la soupe aussi."

Le voyageur s'aperçut alors pour la première fois que la vieille femme était aveugle, il la prit donc par le bras et la conduisit à l'auberge, où il l'installa à table, devant le feu, et lui fit manger un bon dîner.

Deux anges ce jour-là prirent la plume, l'un pour effacer la mention de la pièce d'or sur le livre où le maître de la voiture inscrivait tous ses bienfaits, et l'autre pour inscrire sur le livre du piéton le bon dîner de la pauvre mendiante.

L'AMOUR D'UNE MÈRE. 25

Au centre de la France, au bord de la Loire, et tout près de la ville de Tours, demeurait une fois un vigneron appelé Jean Bourdon. Il était bon travailleur, mais il était violent de caractère, et il ne supportait pas patiemment sa pauvreté.

Un jour en rentrant de sa vigne, il se disait sans cesse: "Oh! si mon oncle était seulement mort, je serais riche, bien riche, et je ne serais plus obligé de travailler."

Quelques minutes après il vit son oncle près d'une carrière au bord du chemin. Le démon lui parla, et dit: "Poussez votre oncle; il tombera dans la carrière, et sera mort; tout le monde pensera que c'est un accident, et vous serez riche, bien riche, car vous êtes son seul héritier."

Le vigneron exécuta immédiatement cette mauvaise pensée, et ce fut seulement après que le crime eut été commis, qu'il comprit qu'il était un assassin et qu'il méritait la prison et même la mort. Il regretta amèrement sa violence, et continua son chemin en tremblant, et en regardant sans cesse de tous côtés pour voir si quelqu'un était en vue qui pourrait le dénoncer à la police. Il trembla plus fort encore quand il sentit une main sur son épaule, et quand une voix moqueuse lui dit à l'oreille:

"Eh bien, votre oncle est mort. Vous l'avez tué pour hériter de sa fortune. J'ai tout vu, mais si vous me donnez ce que je vous demande, je ne vous dénoncerai pas."

"Oh oui, je vous donnerai tout ce que vous voudrez, tout. Je vous le promets," s'écria le pauvre homme, qui avait bien peur.

"Très-bien, je demande votre fils. Je le réclamerai dans trois jours à moins que vous ne deviniez mon nom."

En disant ces mots, le démon—car c'était un démon,—disparut, et le pauvre vigneron rentra chez lui. Mais il était si triste à la pensée de perdre son fils, et si tourmenté de remords à la pensée de son crime, qu'il lui fut impossible de manger ou de dormir.

Sa femme, inquiète de le voir si pâle, lui demanda enfin ce qu'il avait, et le pauvre homme lui avoua tout. La femme ne lui reprocha pas sa conduite, mais elle courut toute tremblante à l'église où elle raconta toute l'histoire au curé, qui était un brave homme, et qui avait la réputation d'un grand savant et d'un grand saint.

Le curé lui parla longtemps, et quand elle revint à la maison, elle dit à son mari: "Allez à l'endroit où vous avez vu le démon, et appliquez-vous à deviner son nom en priant Dieu de vous aider." L'homme alla à l'endroit où il avait commis son crime, mais le souvenir de ce crime l'empêcha de concentrer assez ses pensées. Il répétait sans cesse: "Oh! que j'aimerais savoir le nom de ce démon," mais comme il pensait plus à son crime qu'à autre chose, il ne trouva pas le nom du démon.

Le second jour la femme alla à l'endroit. Elle était décidée à sauver son enfant, et elle concentra si bien toute son attention, que bientôt elle entendit une petite voix sous terre, qui chantait tout doucement:

"Dormez, mon enfant, dormez bien. Votre papa, le démon Rapax, est parti pour vous chercher un petit compagnon; dormez, dormez bien."

La femme rentra toute joyeuse, et quand le démon se présenta le lendemain pour réclamer son enfant, elle lui cria joyeusement: "Eh, bonjour, Monsieur Rapax, comment vous portez-vous?"

Le démon, tout surpris, partit sans l'enfant, et quelques minutes après le vigneron faillit mourir de joie en voyant son oncle, qu'il croyait avoir tué, et qui venait l'inviter à souper. Le méchant démon Rapax, sachant que le vigneron était violent et envieux, l'avait trompé pour obtenir l'enfant. Grâce à la bonne petite femme il n'avait pas réussi, mais une chose bien certaine c'est que Bourdon ne fut plus jamais violent, il avait trop peur de commettre un crime, et il savait que le remords n'est pas une sensation agréable.

LE CHEVEU MERVEILLEUX. 26

Il y avait une fois un homme très pauvre, qui avait beaucoup d'enfants. Sa famille était si nombreuse qu'il lui était impossible de trouver assez à manger pour ses enfants. Tous les jours il disait à sa femme: "Ma femme, les enfants ont faim. Il m'est impossible de trouver assez à manger pour eux. Je pense que la meilleure chose à faire serait de me tuer avec eux."

"Patience!" disait la pauvre femme; "patience, mon ami, ne vous tuez pas aujourd'hui."

Une nuit le pauvre homme vit en songe un enfant qui lui disait:

"Pauvre homme, vous êtes bien malheureux; mais écoutez-moi bien, et vous serez heureux. Demain matin vous trouverez sous votre oreiller un miroir, du corail et un mouchoir. Prenez ces trois objets, ne parlez à personne, et allez dans la montagne. Vous trouverez une petite rivière. Suivez le cours de la rivière, et vous arriverez à la source.

"Là vous verrez une belle jeune fille. La jeune fille vous parlera, mais ne répondez pas. Si vous parlez, elle vous changera en poisson ou en un autre animal. Asseyez-vous à côté de la jeune fille. Elle placera sa tête sur vos genoux. Alors vous chercherez avec soin. Quand vous aurez trouvé un cheveu rouge, arrachez-le.

"Sauvez-vous immédiatement avec ce cheveu rouge. La jeune fille vous poursuivra. Jetez le mouchoir, le corail et le miroir, l'un après l'autre, et elle s'arrêtera pour les regarder. Continuez votre route, vous arriverez à la ville, vous vendrez le cheveu à un homme riche pour une grande somme d'argent, et vous serez assez riche pour élever tous vos enfants."

Le lendemain matin, quand le pauvre homme s'éveilla, il mit la main sous son oreiller. Il trouva le mouchoir, le corail et le miroir. Il partit pour la montagne. Il arriva à la rivière. Il suivit le cours de la rivière, et il arriva à la source. Là il vit une belle jeune fille, qui lui dit:

"D'où venez-vous, brave homme?"

Il ne répondit rien. Elle répéta la question, mais il ne parla pas. Il s'assit à côté d'elle sans parler. Elle plaça sa tête sur les genoux de l'homme. L'homme chercha avec soin et bientôt il trouva un cheveu rouge. Il arracha le cheveu rouge et partit en courant. La jeune fille poursuivit l'homme. Elle courait plus vite que lui. Quand il vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le mouchoir. La jeune fille, qui n'avait jamais vu de mouchoir, s'arrêta pour l'examiner, et l'homme continua à courir.

Quand la jeune fille eut assez examiné le mouchoir, elle continua la poursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le corail. La jeune fille s'arrêta pour examiner le corail avant de continuer la poursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le miroir. La jeune fille s'arrêta pour s'admirer, et l'homme arriva chez lui et raconta toutes ses aventures à sa femme.

Le lendemain l'homme alla à la ville. Il se plaça sur le marché, et commença à crier: "J'ai un cheveu rouge à vendre. J'ai un merveilleux cheveu rouge à vendre." Quelques minutes après un homme arriva et dit: "Je vous donnerai un sou pour votre cheveu rouge. "Ce n'est pas assez!" dit l'homme. Un autre homme arriva: "Je vous donnerai le double, deux sous," dit-il. "Ce n'est pas assez."

Les autres acheteurs arrivèrent, et ils commencèrent à dire l'un après l'autre: "Je vous donnerai le triple, trois sous."

"J'en donnerai quatre."

"J'en donnerai cinq."

Ils continuèrent ainsi et un homme dit enfin: "Je donnerai vingt sous, un franc."

Les enchères continuèrent, et la foule augmentait toujours. Le prix du cheveu rouge augmentait rapidement aussi. Enfin le roi arriva et dit: "Je vous donnerai dix mille francs." L'homme accepta cette somme et alla à la maison, où il se trouva assez riche pour élever ses enfants. Le roi porta le cheveu merveilleux dans son palais, le coupa dans sa longueur et trouva une inscription, qui racontait les choses importantes qui s'étaient passées depuis le commencement du monde, et il ne regretta jamais d'avoir payé dix mille francs ce cheveu merveilleux.

UN CONTE DE MA MÈRE L'OIE. 27

Dans une contrée traversée par le Danube il y avait une fois un roi qui se trouva forcé, peu de temps après son mariage, de quitter la reine, sa femme, et de partir pour la guerre. Son absence fut longue, très longue, et la reine attendait son retour avec impatience. Elle voulait lui montrer son fils qu'il n'avait jamais vu, car l'enfant était né après son départ.

C'était dans les temps où il n'y avait ni poste, ni téléphone, ni télégraphe, ni chemins de fer, ni bateaux à vapeur, et la pauvre reine n'avait pas de nouvelles de son mari, et le roi n'avait pas de nouvelles de sa femme. Enfin la guerre fut terminée, et le roi se mit en route pour son royaume. Un jour il se trouva en grand danger de périr dans un torrent, et il dit:

"Oh! ma chère femme, je vais périr ici, sans vous revoir!"

Un corbeau arriva et dit: "Roi, promettez-moi que vous me donnerez la chose que vous avez de plus chère au monde, mais que vous ne connaissez pas, et je vous sauverai."

Le roi pensa; "La chose qui m'est la plus chère au monde c'est, sans doute, ma femme. Pour le plaisir de revoir ma femme, je donnerais volontiers une chose que je ne connais pas!"

Le roi accepta donc la proposition du corbeau, qui dit: "Je suis généreux, ô mon roi, et je vous laisserai cette chose pendant sept ans avant de la réclamer."

Le corbeau sauva donc le roi, qui arriva à la maison, où il vit la reine, et où sa surprise fut grande de trouver un joli petit enfant, qui était son fils. Mais son chagrin fut presqu'aussi grand que sa surprise, quand il pensa à la promesse qu'il avait faite au corbeau.

Le temps passa vite, trop vite, et quand le petit garçon eut sept ans, le corbeau arriva, et disparut aussitôt avec l'enfant royal.

Le corbeau transporta le petit prince dans une vallée profonde, inconnue, solitaire, et le donna à un pauvre homme qui demeurait là avec sa femme et sa petite fille, qui n'avait que cinq ans, mais qui était très avisée.

Les deux enfants étaient très heureux ensemble. Le père et la petite fille aimaient beaucoup le petit prince, mais la mère ne l'aimait pas, et elle le maltraitait beaucoup, car elle était méchante et un peu sorcière.

Un jour cette femme dit à son mari: "Jean est trop avisé; il faut nous débarrasser de lui."

L'homme protesta en vain; la femme appela Jean, et dit: "Jean, vous êtes grand maintenant, mais vous ne travaillez pas assez. Il faut que vous abattiez cette forêt, d'ici à demain, et que vous bâtissiez un pont qui chantera quand je passerai dessus."

Le pauvre Jean était très triste. Il appela sa petite amie Catherine, et dit: "Catherine, votre mère est bien cruelle! Elle dit qu'il faut que j'abatte la forêt, d'ici à demain, et que je bâtisse un pont qui chantera quand elle passera dessus."

"Oh!" dit la petite Catherine; "allez vous coucher, mon cher Jean. Cette tâche n'est pas difficile. Je vous aiderai, mais faites bien attention de ne pas boire le lait que ma mère vous donnera demain matin."

Jean alla se coucher tranquillement, et la petite fille, qui était un peu sorcière aussi, courut à la forêt, évoqua les esprits, leur commanda d'abattre la forêt et de bâtir un pont qui chanterait quand sa mère passerait dessus.

Le lendemain matin Jean se présenta devant la femme, et dit: "C'est fait!"

"Ah! très-bien, mon bon enfant; voici du lait; buvez-le," dit la femme. Mais Jean, qui n'avait pas oublié la recommandation de Catherine, ne but pas le lait.

La femme était fâchée, et elle dit à son mari: "Mon mari, Jean est trop avisé; il faut nous débarrasser de lui."

L'homme, qui aimait Jean, protesta, mais en vain, et la femme dit à Jean:

"Cette nuit vous irez dans l'écurie, où vous trouverez six chevaux. Sellez et bridez ces chevaux, et faites-les trotter."

Jean était très content parce qu'il croyait (pensait) que c'était très facile, mais Catherine dit: "Jean, ce n'est pas facile, car un de ces chevaux est ma mère elle-même. Mais si vous prenez ces six brides magiques, la chose sera facile."

Jean prit les brides que Catherine lui donna; il brida et sella les six chevaux, il les fit trotter toute la nuit, et avant de rentrer il les conduisit à la forge où il les fit ferrer.

Le lendemain matin quand la méchante femme se réveilla, elle poussa des cris terribles, car elle avait des fers aux mains et aux pieds. Elle était furieuse, et elle dit avec rage: "Ce misérable Jean périra, ce misérable périra!"

Catherine, en entendant ces menaces, dit à Jean:

"Partons, fuyons, ma mère est furieuse. Si nous restons ici, elle nous tuera tous les deux!"

Avant de partir Catherine s'arracha trois cils. Elle jeta un cil dans la chambre, elle jeta un autre cil dans la cuisine, et elle jeta le troisième cil sur le perron.

Quelques minutes après le départ de Jean et de Catherine, la mère cria: "Catherine, ma fille, que faites-vous?"

Le premier cil, que Catherine avait jeté dans la chambre, répondit aussitôt: "Ma mère, je suis très occupée, je fais le lit."

Une deuxième fois la mère demanda: "Que faites-vous donc, Catherine, ma fille?"

Le deuxième cil répondit: "Maman, je fais la cuisine."

Enfin la mère cria une troisième fois: "Catherine, que faites-vous donc?"

"Ma mère, je balaie le perron!" répondit le troisième cil.

Les deux fugitifs étaient déjà loin quand la mère s'aperçut de leur fuite. Elle ne pouvait pas les poursuivre, car elle avait des fers aux mains et aux pieds, mais elle dit à son mari: "Allez chercher les enfants; ils sont partis."

L'homme obéit; il poursuivit les enfants.

Catherine s'arrêta tout à coup écouta attentivement, et dit à Jean:

"Jean, mon père arrive. Je vais me changer en un champ de blé; vous serez le gardien du champ!"

Quand les deux enfants furent déguisés ainsi, le père arriva. Il ne reconnut pas Jean, et dit: "Gardien, avez-vous vu passer un jeune homme et une jeune fille?"

"Oui," dit le gardien, "je les ai vus passer quand on semait ce champ de blé!"

Alors le père courut plus vite. Quand il fut parti, Jean et Catherine reprirent leur forme naturelle et continuèrent leur fuite. Mais bientôt le père s'approcha d'eux une seconde fois, et Catherine dit à Jean: "Vite, vite, Jean, changez-vous en prêtre; je serai l'église, et mon père ne nous trouvera pas."

Le père arriva aussitôt que le déguisement eut été accompli. Il s'adressa au prêtre, et dit: "Avez-vous vu passer un jeune homme et une jeune fille?"

"Oui!" répondit le prêtre, "je les ai vus passer quand on bâtissait cette église!"

L'homme, fatigué et découragé, abandonna la poursuite. Mais la mère, qui avait soif de vengeance, monta sur un manche à balai et partit rapide comme l'éclair.

Catherine dit à Jean: "J'entends ma mère qui arrive. Changez-vous en étang; je me changerai en canard." La mère arriva. Elle s'aperçut de la métamorphose, et elle ne pensa qu'à punir les enfants. Elle commença donc à boire l'eau, mais elle but si avidement qu'elle mourut.

Alors Jean et Catherine continuèrent leur route. Ils arrivèrent dans une forêt, où ils rencontrèrent le roi et toute sa cour à la chasse. Le roi regarda le jeune homme et la jeune fille. Il les questionna, et bientôt il reconnut son fils, et l'embrassa avec des transports de joie.

Le jeune prince finit par épouser la jolie Catherine, qui continua à l'aider comme par le passé, et ils furent toujours très heureux.

GODEFROI, LE PETIT ERMITE. 28

Il y avait une fois un pauvre homme qui avait une très grande famille. Cet homme était pauvre, mais il était toujours occupé, il était très industrieux. Cet homme avait une petite maison, et comme sa femme était aussi très industrieuse, la maison était toujours en ordre.

L'homme, qui s'appelait Pierre, avait aussi un petit jardin. Dans ce jardin il cultivait quelques arbres fruitiers, et il y cultivait aussi beaucoup de légumes. Au printemps, en été, et en automne, cet homme industrieux travaillait dans les champs de ses voisins qui étaient plus riches que lui, et qui le payaient bien.

Il travaillait aussi pour les pêcheurs, car sa maison était près de l'eau. En hiver, quand il ne pouvait pas travailler dans les champs, et quand le temps était trop mauvais pour aller à la pêche, il restait à la maison, où il fabriquait des filets ou des paniers, qu'il vendait aux pêcheurs ou aux fermiers.

Les enfants de cet homme étaient très industrieux et très intelligents. Le plus intelligent était Godefroi, qui avait douze ans, et qui était assez grand pour aider son père aux champs, au jardin, à la pêche, et à la fabrique de paniers et de filets. Mais Godefroi n'était pas toujours sage. Il aimait mieux jouer que de travailler.

Un jour le père dit à Godefroi: "Mon fils, tu as été sage pendant une semaine, et maintenant tu mérites une récompense. Demain matin, si le temps est beau, nous irons à l'Île Verte que tu vois en mer à une grande distance d'ici. C'est une île où demeurait mon père. Sur l'île nous trouverons beaucoup d'osier pour faire nos paniers, et nous trouverons aussi un grand noyer. Nous cueillerons les noix, et nous les apporterons à la maison, où tu pourras les manger cet hiver."

Godefroi était naturellement enchanté. Il se leva de bonne heure le lendemain matin, et quand il vit que le temps était superbe il s'habilla vite, et courut déjeuner. Après déjeuner le père dit: "Maintenant, Godefroi, aide-moi à faire les préparatifs de départ. Voici une quantité d'objets. Porte-les au bateau."

Godefroi vit deux petites haches, un grand manteau d'hiver, deux paniers, une corde, une marmite, un pot de lait, cinq pains, et de la viande, et il dit à son père:

"Toutes ces choses ne sont pas nécessaires. Un pain est assez. Il fait chaud; pourquoi prendre ce manteau d'hiver?"

"Oh!" dit le père, "c'est plus prudent. Je suis allé à l'île une fois. Une grande tempête est arrivée. J'ai été obligé de rester trois jours sur l'île. Je n'avais pas assez de provisions et j'avais froid. Maintenant, si une tempête arrive, nous aurons assez de provisions, et nous aurons un bon manteau d'hiver pour nous couvrir."

Le petit Godefroi répondit: "Le temps est magnifique aujourd'hui; il n'y a pas de signe de tempête; c'est vraiment absurde de charger le bateau ainsi!" car Godefroi pensait qu'il était aussi sage que son père.

Mais le père insista, et Godefroi porta tous les objets dans le bateau. La sœur de Godefroi dit: "Voici un chapeau neuf pour toi, Godefroi, un chapeau que j'ai garni moi-même. Regarde, j'ai mis un beau ruban vert à ton chapeau, et je l'ai attaché avec des épingles, car je n'avais pas le temps de le coudre."

Godefroi dit adieu à sa sœur, à ses six frères et à sa bonne mère, et partit joyeusement avec son père.

L'Île Verte était à une grande distance; elle était à une si grande distance qu'elle paraissait bien petite. Mais bientôt l'île parut de plus en plus grande, et la maison qu'ils avaient quittée de plus en plus petite.

Quand ils arrivèrent à l'île, Godefroi dit à son père:

"Regarde, mon père. Notre maison paraît si petite maintenant. Elle paraît aussi petite qu'une toute petite pierre blanche!"

"Oui," dit le père, "nous avons été trois heures en bateau; nous sommes à une grande distance de la maison. Maintenant, Godefroi, prends une hache et suis-moi."

Le père attacha le bateau avec la corde, puis il prit une hache, et alla couper une grande quantité d'osier. Godefroi coupa de l'osier aussi. Il arrangea les branches en fagots, et il les porta l'un après l'autre dans le bateau. A midi la provision d'osier était toute faite, et le père dit: "Godefroi, j'ai faim, allons dîner."

Le père et le fils allèrent au bateau. Le père s'assit sous un grand arbre, et dit à Godefroi:

"Va chercher le pain, le lait, la viande, et le beurre."

Godefroi alla chercher les provisions. Le père fit du feu. Il mit du pain, du beurre, et du lait dans la marmite. Il mit la marmite sur le feu, et dit: "Nous aurons une bonne soupe au lait." Quand la soupe fut prête, Godefroi et le père dînèrent de bon appétit. Alors le père dit: "Godefroi, porte toutes ces choses au bateau, et alors nous irons cueillir les noix."

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