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Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres
La question à consonance innocente cachait un double sens, car il prenait le goût du désir.
Kyoko ralentit à nouveau sa respiration, prête à combattre ses sentiments. Elle fronça les sourcils sachant que ce serait trop dangereux d'être seule avec lui. Soudain, elle aurait voulu remercier Suki de l'avoir menée à la baguette.
La voyant froncer les sourcils, Kotaro ajouta rapidement :
— On pourra faire tout ce que tu veux. Louer un film et rester ici… ou sortir.
— Louer un film et rester à la maison ... répéta Kyoko en pensant que c'était exactement ce qu'elle voulait faire.
Puis, remarquant que les yeux de Kotaro s'éclairent, elle rectifia rapidement :
— C'est du moins ce que je voulais faire et si je n'avais pas été entraînée dans les projets de quelqu'un d'autre. J'aurais adoré rester à regarder des films avec toi. Mais je suis désolée Kotaro. Je ne peux pas.
Elle lui lança un sourire d'excuse en tapant mentalement du pied à l'idée de rater une soirée très chaleureuse avec le bel agent de sécurité.
Les épaules de Kotaro s'abaissèrent d'un centimètre mais il sourit quand même sachant qu'elle n'essayait pas de le blesser. Il voyait même qu'elle voulait qu'il reste et il se demanda à quel point elle le désirait… était-ce la même chose que ses désirs à lui ? Pour lui, Kyoko était le joyau le plus précieux sur terre et il ferait tout ce qu'il pouvait pour la faire sourire et la garder en sécurité en même temps.
Après tout, il avait attendu plus de mille ans juste pour la revoir. Ayant besoin de s'assurer qu'elle était protégée et hors de danger, il lui demanda :
— Alors, quels sont tes projets, je peux peut-être participer aux réjouissances ?
Il lui fit son sourire le plus espiègle en espérant que ça marcherait. Sinon, il pourrait recourir à la traque… les coins de ses lèvres parfaites se penchaient en un sourire secret.
Kyoko savait que Suki n'accepterai jamais ça. La soirée entre filles signifiait une soirée entre filles. Elle savait aussi que si Kotaro découvrait qu'elle n'était qu'avec Suki… il la suivrait, débarquant près d'elles comme par accident. Elle l'avait vu le faire plusieurs fois.
Là où Toya était insistant, Kotaro avait toujours essayé d'être subtil, même si lorsque les deux étaient dans la même pièce, ils semblaient se comporter de manière très similaire et s'ennuyaient constamment l'un l'autre. Les deux gars avaient un cœur d’or et elle le savait. D’une certaine manière, elle les aimait tous les deux... tellement que c’en était douloureux, c’est pourquoi elle avait choisit de ne pas choisir et juste rester célibataire pour l’instant. Honnêtement, elle ne voulait blesser ni l’un ni l’autre.
Une chose dont Kyoko était certaine c'était que Kotaro ne se donnerait pas la peine de la suivre s'il pensait qu'elle devait sortir avec Toya ce soir. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.
— Je suis désolée, Kotaro, j'ai déjà prévu de sortir avec Toya mais on pourra louer des films ou faire autre chose une autre fois, promis !
Kyoko baissa les yeux car elle n'aimait pas lui mentir mais c'était le seul moyen de lui faire lâcher prise.
Les yeux au sol, elle remarqua qu'il avait avancé d'un pas et immédiatement elle fit un pas en arrière en se mordant la lèvre inférieure lorsqu'elle sentit la table derrière elle.
Kotaro sentit vibrer en lui la jalousie mais il en gardait le contrôle. Son unique réconfort était que la savoir avec Toya cette nuit garantissait qu'elle ne viendrait pas grossir le rang des filles portées disparues.De plus, il savait que Kyoko et Toya étaient tous deux en secret sous la surveillance de Kamui.Il devait s'avouer mentalement que Toya avait tendance à la surprotéger et saurait la garder en sécurité. Il voulait être celui qui passerait la nuit avec Kyoko, celui qui la protégerait.Même si ça ne lui plaisait pas, Toya ne laisserait rien lui arriver.
Il la regarda lentement relever les yeux vers les siens et il put voir l'inquiétude dans son regard, la crainte qu'il ne tente de l'arrêter... Il aurait voulu la retenir mais il n'en ferai rien. Le moment venu, elle ferait son propre choix.
Hochant la tête en signe d'acceptation avec réticence, Kotaro tendit la main vers la sienne qu'il garda pendant un moment, le regard bleu glacier verrouillé sur un regard orageux vert émeraude. Il pouvait voir dans ses yeux qu'elle avait eu une rude journée. Il arrivait toujours à savoir ce qu'elle ressentait rien qu'à la couleur de ses yeux... Il avait appris à faire ça il y avait plus de cent ans. Il aurait seulement voulu qu'elle s'en souvienne.
— Ça marche, Kyoko. Je viendrai prendre de tes nouvelles demain. Prend garde à toi, ma belle.
Se penchant vers elle, il effleura son front d'un baiser puis lâcha sa main, se détournant, prêt à partir. Kyoko sourit.
— Merci, Kotaro.
Elle ressentait encore un picotement sur son front, à l'endroit que ses lèvres chaudes avaient touché. Elle était heureuse qu'il soit plus facile à gérer que ne l'était Toya. Il l'embrassait souvent sur la joue, sur le front ou sur la main, laissant à cet endroit une zone chaude pleine de fourmillements.
Elle se demanda ce qu'il penserait s'il savait qu'elle n'avait jamais été embrassée sur les lèvres. Nul ne voudrait jamais croire qu'à dix-huit ans, elle soit aussi pure qu'elle l'était... Enfin, physiquement pure. Elle rougit de nouveau, consciente du fait que ses pensées n’étaient pas réellement sans tâche.
Elle voulait en tenir pour responsable le traître qui vivait dans sa poitrine et qui allait plus vite chaque fois qu'elle avait une pensée pour lui.
Kotaro ouvrit la porte pour se glisser à l'extérieur, non sans lui avoir jeté un sourire par dessus l'épaule en ajoutant :
— Rappelle toi juste une chose, tu es encore ma femme.
Il partit rapidement, refermant la porte derrière lui, un sourire carnassier sur les lèvres à cause de son dernier commentaire.
Il savait qu'elle ne franchirait pas les limites avec Toya et il n'était pas inquiet. Même par le passé, alors que Toya et lui s'affrontaient, elle se rangeait toujours de son côté et non du côté de Toya. Elle avait toujours aimé Toya mais Kotaro savait que c'était de lui qu'elle était réellement éprise.
La vitesse à laquelle son cœur battait en sa présence avait toujours trahit la réalité de ses sentiments... Dans cette vie comme par le passé. Il ne lui restait plus qu'à attendre qu'elle en prenne de nouveau conscience. Kotaro inhala doucement son parfum, le savourant. Même à cet instant, il pouvait sentir sa pureté et il savait qu'elle n'était pas de celles qui prennent ce genre de choses à la légère. Elle était si innocente des manières de ce monde. Cette pensée fit s'évanouir le sourire de Kotaro.
Il n'était pas si sûr de vouloir qu'elle apprenne jamais l'existence du côté obscur de ce monde... Il ne voulait pas risquer de détruire son bonheur. Lui-même n'était pas ce qu'elle croyait. Il savait qu'elle l'accepterai quoi qu'il en soit mais le souvenir de l'avoir enterrée lui fit garder le silence sur le passé.
Il y avait des choses dont il valait mieux ne pas se rappeler. Alors que Kotaro sortait du bâtiment et se retrouvait sur le trottoir, il leva les yeux vers sa fenêtre depuis la cour, en bas, en se demandant ce qu'elle ferait lorsqu'elle apprendrait pour lui.
Et oui, il allait lui dire la vérité... Mais pas maintenant. Comment expliquer qu'on est plus âgé que n'importe quel homme normal et qu'on possède des pouvoirs tels qu'elle n'en a vu qu'au cinéma ?
Kotaro secoua la tête alors qu'il reprenait le chemin de la fac en évaluant la prochaine action à mener en corrélation avec les filles portées disparues.
Il savait ce qui était en train de leur arriver et qu'elles étaient plus que probablement déjà mortes ou du moins en état de suspension de mort. Des éclairs de colère fusèrent dans ses yeux l'espace d'un instant, révélant la nature plus sombre de son âme de Lycan. Il avait besoin de repérer l'odeur de ses enfoirés de buveurs de sang et celle de celui qui les commandait avant qu'ils ne retrouvent Kyoko.
Chapitre 3
Kyoko farfouilla dans le placard à la recherche de ce que Suki l'avait poussée à acheter le weekend dernier. Elle gloussa en repensant au fait que Shinbe les avais suivies pendant toute leur virée shopping, prêt à les laisser essayer tout ce sur quoi elles auraient pu avoir besoin d'un avis.
Le comble avait été quand il s’était glissé dans la cabine d'essayage des filles pour parler à Suki en restant derrière le rideau. Shinbe avait pris une voix si haut perchée, avec l'intention de faire croire à Suki qu'il était la vendeuse en charge du salon d'essayage et il avait offert de remonter sa fermeture éclair.
Suki avait accepté l'offre et avait tourné le dos vers le rideau. Kyoko avait manqué de tomber à la renverse lorsque Shinbe fit un vol plané à travers le salon d'essayage pour aller se planter dans le mur de l'autre côté.
Elle avait demandé à Suki comment elle avait fait pour deviner que c’était Shinbe et la réponse de Suki avait été :
— Je ne crois pas qu'on aurait engagé une lesbienne pour gérer les cabines d'essayage alors quand il a posé la main à l’intérieur de la robe au lieu de la mettre sur la fermeture à glissière, c'était grillé !
— Pauvre Shinbe, soupira Kyoko en prenant un haut court blanc à volants, dont les manches de soie fluide étaient évasées et bouffantes du coude jusqu'au poignet.
En vérité, elle le trouvait très joli. Cela lui rappelait un peu une tunique d'ange mais en version sexy. c’était suffisamment court pour dévoiler son nombril avec la mini jupe serrée noire qu'elle avait achetée.
Après avoir enfilé les vêtements et après avoir trouvé des chaussures qu'elle voulait, elle attrapa les cheveux qui lui pendaient près des oreilles et les releva à l'aide d'un chouchou, laissant pendre le reste d'une façon séduisante. Appliquant une légère quantité de maquillage et mettant un collier dont le pendentif était en forme de larme, elle se considère prête à affronter ce dans quoi Suki avait l'intention de l’entraîner.
Elle aurait secrètement voulu pouvoir dire à Kotaro où elles se rendait mais elle même n'avait pas la réponse à cette question. Elle mâchouilla sa lèvre inférieure en prenant conscience du fait qu'il lui manquait déjà puis elle s’efforça de mettre ce sentiment mélancolique de côté, sachant que Suki le détecterait à coup sûr.
La dernière chose dont elle avait besoin ce soir était que sa meilleure amie la bombarde d'un million de questions auxquelles elle n'avait nulle envie de répondre.
***
Shinbe passa les doigts dans les mèches bleutées qui brillaient dans sa chevelure sombre alors qu'il prenait appui sur le chambranle de la porte en souriant.
Il s’était rué chez Suki aussitôt qu'il avait reçu son appel l'informant qu'elle serait absente toute la soirée et lui demandant de ne pas se déplacer.
— Elle se fourre le doigt dans l’œil si elle pense pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement.
Shinbe leva un sourcil alors qu'il attendait.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, la chevelure encore enveloppée dans une serviette, les premières paroles de Shinbe furent
— Wow, est-ce que je viens de rater ton bain, Suki ?
Il lui adressa un sourire coquin alors que ses sourcils tressautaient.
Dès qu'il avait rencontré Suki et Kyoko, il avait ressentit le besoin d’être auprès d'elles à toute heure. Il était souvent en tandem avec Toya et les filles.
Suki savait que Toya se considérait comme son petit ami car il était le seul avec qui elle sortait mais elle n'avait jamais été d'accord pour être enchaînée à lui.
Elle tenta de masquer l'embarras qui menaçait de faire rougir son visage tout entier alors qu'elle répliquait :
— Il faudrait au moins une masse de démolition et de l'eau de javel pour t'enlever tes pensées les plus sales.
Il se pencha plus près d'elle, faisant disparaître tout le reste alors que ses yeux améthyste s'assombrissaient sensuellement.
— Si tu me laissais... entrer... Je crois que nous pourrions trouver un bonne raison de prendre un nouveau bain.
Suki sentit les battements de son cœur accélérer au son de sa voix rauque et recula de plusieurs pas tandis que lui, avançait vers elle avant de refermer la porte derrière lui. Décidée à ne pas le laisser prendre le dessus, elle lui lança le plus crédible de ses regards menaçants et fut récompensée lorsqu'il cessa de la poursuivre. Si jamais il découvrait combien il avait d'emprise sur elle... Ce serait la fin.
— Hey ! Écoute, Shinbe, je dois vraiment finir de me préparer parce que j'ai prévu de sortir ce soir avec une amie. Je t'en avais déjà parlé au téléphone, tu t'en souviens ?
Elle s’était bien douté qu'il allait venir quand même... Ne serait-ce que pour tenter de savoir où elle comptait se rendre. Retirant la serviette de sa tète, la chevelure encore humide, Suki se dirigea vers la salle de bain tout en continuant à parler d'une voix suffisamment forte afin qu'il puisse l'entendre.
— Nous pourrons faire quelque chose ensemble demain soir, ça te va ?
Shinbe s'appuya contre le bar séparant sa cuisine du salon. Il était sur le point de commencer à se plaindre lorsqu'il remarqua un flyer posé sur le comptoir. S'en saisissant, il parcouru rapidement la page. Il leva les sourcils car il venait de comprendre.
Le club le plus grand et le plus beau de la ville
CLUB MINUIT
Soirée exceptionnelle du Vendredi
Ladies Night
Ladies Night avait été entouré. Shinbe fronça un sourcil en redéposant le papier sur le bar et se dirigea vers la salle de bain.
Il dissimula un sourire alors qu'il pénétrait sans frapper dans la salle de bain avant de se glisser derrière Suki qui, le bras levé, s’apprêtait à brosser sa chevelure.
— Demain, alors murmura Shinbe d'une voix séductrice au creux de son oreille avant de poser un baiser sur son épaule.
Il se détourna pour partir, dissimulant son sourire éclairé.
Suki demeura figée, fixant le miroir des yeux, l'impression qu'elle venait juste d'avoir ne lui disait rien qui vaille. Cela ne ressemblait pas à Shinbe de ne pas la supplier ou de ne pas insister. Ne voulant pas chercher la petite bête alors qu'il ne semblait y avoir aucun problème, elle se dépêcha de finir de se préparer. Craignant désormais que Shinbe ne soit en train de mijoter quelque chose, Suki décida d'aller à la rencontre de Kyoko un peu plus tôt que prévu.
*****
À plusieurs kilomètres de là, deux yeux rouges perçants regardaient par la fenêtre d'une suite penthouse surplombant la ville. Une longue chevelure noire soyeuse tombait en cascade sur la peau pèle comme la lune d'un dos nu dans un contraste saisissant. La beauté du visage angélique était frappante, des traits anguleux très marqués et le corps était fin et dur tel celui de la mythique divinité Adonis.
Son corps dénudé brillait à la lueur de la lune et les muscles semblaient danser à chacun de ses mouvements. Quiconque posait les yeux sur lui le trouvait beau mais son âme sombre n'était que malice et mort. Un sourire embellissait ses lèvres parfaites alors que ses pensées se concentraient sur les évènements de la nuit précédente.
Se détournant de la fenêtre, il commença à se préparer pour la soirée. Son regard passa distraitement sur le fauteuil bergère de style anglais près du feu dans lequel était assise une jeune étudiante sans vie.
Hyakuhei sourit en repensant au dîner de sang frais qu'il avait fait la veille au soir.
— Dommage, c'était une si jolie fille.
Il se lécha les lèvres en se rappelant le plaisir qu'il avait ressentit lorsqu'il s'était emparé de la fille et qu'il s'en était nourrit. Il ne pourrait jamais se lasser des jeunes femmes qu'ils attirait et enlevait pour sa propre satisfaction.
Ce soir, il se rendrait dans une boite de nuit à la mode afin de chasser sa proie et il avait besoin de s'assurer que ses "enfants" étaient bien. La "ladies night" était toujours une bonne occasion et un buffet de chair à volonté pour les promeneurs de la nuit.
Il était un seigneur vampire puissant et nul n'aurait osé le contrarier ni remettre en question sa force.
Pendant plus d'un millénaire, son unique désir avait le plaisir. Désormais il voulait plus. Il voulait ce qui lui revenait de droit. Son beau visage fut déformé par un froncement de sourcils alors qu'il repensait à sa quête, à l'objet qui était devenu son obsession alors qu'il attendait qu'il renaisse au monde. Le légendaire cristal du cœur du gardien.
Le cristal Sacré était un joyau qu'on disait capable de donner à un vampire la force de marcher au delà de la nuit jusque dans la lumière du jour.
Dans la légende, il était dit qu'une fille au sang non souillé et au cœur d'enfant serait porteuse en son corps du joyau.
Elle serait une prêtresse du plus haut rang et d'une grande puissance, la protectrice et porteuse du cristal du cœur du gardien.
Son regard sombre se porta à nouveau sur le ciel nocturne dans lequel une lune rouge sang était haut perchée.
— Je t'ai perdue une fois, chère prêtresse, mais ne t'y trompe pas, je te retrouverais.
Son regard se durcit alors qu'il faisait sa promesse à la nuit.
— Cette fois, je prendrais possession à la fois du cristal et de toi...
***
C'était exactement pour cette raison que Suki avait emmenée Kyoko faire du shopping le weekend précédent, seulement, elle n'avait pas dévoilé à son ami ses raisons. Suki s'était également acheté une tenue. La retirant de son placard, elle se glissa dedans en se tortillant d'excitation. C'était une robe noire très moulante. Cela avait été le coup de foudre dès qu'elle avait posé les yeux dessus.
C'est une bonne chose que Shinbe ne soit pas dans les parages, se dit Suki avec un sourire mystérieux en regardant la robe dans le miroir.
Elle était très courte mais n'en dévoilait pas trop... Juste assez pour titiller l'intérêt et faire travailler l'imagination. Tirant sa chevelure sombre en arrière à l'aide d'un chouchou noir, Suki appliqua un peu de maquillage et attrapa ses clès, se dirigeant vers l'appartement d'à côté, celui de Kyoko.
Kyoko sortit de la chambre en espérant qu'elle aurait le temps de grignoter quelque chose avant de sortir mais avant même qu'elle n'ait pu atteindre la cuisine, quelqu'un tambourinait à la porte.
— Mon Dieu, j'espère que ce n'est pas Toya, murmura-t-elle de façon inaudible et elle se demanda même si c'était une bonne idée d'aller ouvrir.
Il lui restait encore environs 20 minutes avant qu'il ne soit l'heure de son rendez-vous avec Suki alors Kyoko se décida à ignorer les coups frappés à la porte pour le moment, craignant d'avoir à affronter quiconque se trouvait de l'autre côté.
C'est étonnant comme la peur a le pouvoir de vous faire vous sentir comme un enfant de cinq ans. Les sourcils de Kyoko tressaillirent alors qu'elle retenait son souffle.
Les coups à la porte se faisaient un peu plus sonores mais cette fois ils furent suivis de paroles.
— Allez, Kyoko, je sais que tu es là. Ne m'oblige pas à enfoncer cette porte !
Ce fut dit dans un ricanement.
Kyoko leva les yeux au ciel en pensant que Suki parlait comme un flic. Elle ouvrit la porte à sa souriante meilleure amie qui immédiatement l'attrapa par le bras et la tira hors de l'appartement.
— Viens, allons-y. J'ai un mauvais pressentiment qui me dit que si nous ne partons pas maintenant , Shinbe va se montrer ou quelque chose du genre.
Kyoko eut à peine le temps de verrouiller la porte avant que Suki ne la traîne dehors.
*****
Kyou tira les lourds rideaux noirs afin de révéler la fenêtre, à présent que le crépuscule était là. Sa longue crinière blanche argentée se déploya autour de lui lorsqu'il ouvrit la fenêtre, laissant entrer le vent nocturne qui vint caresser son visage d'ange. Vêtu de noir, il avait l'air d'un ange déchu.
L'argent lui avait apporté la liberté de décider de ses propres horaires et le pouvoir de s'assurer qu'il ne serait pas dérangé. Avoir acheté entièrement le dernier étage de l'hôtel le plus cher de la ville lui donnait accès à toute la solitude dont il avait besoin et à la vue qu'il voulait. Regardant de l'autre côté de la rue, il pouvait voir que la queue avait déjà commencé à se former devant le Club Minuit, la boîte de nuit la plus à la mode de la ville. C'était une cantine parfaite pour les créatures de la nuit.
La longue queue était composée d'un grand nombre de jeunes étudiantes vicieuses et de jeunes cons qui les suivaient. Le regard torturé de Kyou fut traversé d'une lueur de mépris alors qu'il commença à parcourir la file d'attente des yeux en se demandant lequel d'entre eux attirerait l'attention de celui qu'il traquait. Qui serait la prochaine victime d'Hyakuhei ?
Kyou pouvait ressentir la présence d'Hyakuhei dans la ville et se demanda si Hyakuhei pouvait sentir que la mort était à ses trousses. Cette fois les choses seraient différentes. Kyou l'avait retrouvé trop facilement, comme si Hyakuhei avait laissé une piste exprès afin qu'il la suive. Les morts et disparitions d’étudiants du coin était comme une évidente carte de visite en ce qui concernait Kyou, qui ne pouvait provenir que d'une personne. Il n'aimait pas penser qu'Hyakuhei soit en train de le mener jusqu'ici.
— Je ne suis plus sous ton contrôle. gronda Kyou alors que le sang s'écoulait entre ses doigts refermés, les yeux teintés de rose.
— Tu n'as plus aucun pouvoir sur moi... plus maintenant !
Calmant sa rage croissante, Kyou remit le masque sans émotion sur son visage, masquant son aura. Il était temps pour le prédateur de devenir la proie.
S'il pouvait ressentir la force vitale d'Hyakuhei, Kyou aurait besoin de faire très attention afin d'empêcher son créateur de sentir également sa présence.
*****
Kyoko était surprise de la taille réelle de la boîte de nuit. Ses lèvres s'entrouvrirent quand Suki entra dans l'immense parking. Suki avait voulu arriver un peu tôt pour éviter la file mais d'après ce que Kyoko pouvait dire, une file avait déjà commencé alors ils se dépêchaient de sortir de la voiture. Kyoko pouvait voir des visages familiers de l'université qu'ils fréquentaient et sourit en remarquant que son amie de longue date Tasuki était l'un d'eux.
Tasuki aperçu Kyoko et Suki depuis l'endroit ou il se trouvait dans la foule. Il avait laissé ses amis le convaincre de venir et comme il n'avait rien de mieux à faire à présent que les examens de fin d'année étaient terminés, il avait accepté gracieusement.
Il était beau et bien bâtit, avec des cheveux bruns lui arrivant aux épaules et des yeux couleur chocolat qui faisaient fondre le Cœur des filles.
Il était également un des gars les plus populaires de la fac mais Tasuki était surtout connu pour les excellents résultats qu'il obtenait dans toutes les matières et il était plus gentil que la plupart de ses camarades.
Bien sûr, le fait qu'il soit l'une des personnes les plus riches de l'école, même si rien dans son comportement ne l'indiquait, boostait également sa réputation.
Se faufilant à travers la horde de gens, Tasuki approcha Kyoko avec un sourire authentique. Il la connaissait depuis le collège et il avait toujours eut, en secret, le béguin pour elle. Ils étaient sortis ensemble de façon discontinue mais cela n'avait rien été de sérieux... un peu plus comme des meilleurs amis en vérité, et cela faisait un moment qu'ils n'avaient pas fait ça.