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L'Espion
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Maintenant, par contre, je ne me souviens plus du moment ou il tomba en panne… comment s’était-il cassé? Ou pourquoi je ne l’utilise plus? Peu importe, ce n’est que des bricoles! Comme toutes les autres que je retrouve par tout dans la maison. Je ne sais même pas à quoi servent…

Quand j’ouvre les tiroirs je trouve vraiment tout genre de trucs, des casseroles ici, des outils de travail par là, des boîtes vides dans l’autre… Mais quel entassement de trucs inutiles!

Dans l’un des tiroirs je trouvai une boîte à outils qui m’appartenait, à moi, qui jamais ne touchai une ampoule! Qu’est-ce que j’allais faire en ce moment avec cela? Après quelques instants d’y réfléchir et d’essayer de me rappeler si on l’avait jamais utilisée, tout simplement je fermai le tiroir.

Elle me manque tellement, ma femme! Si au moins je savais où elle est… Au ciel, bien entendu! Mais comment c’est loin, le ciel!

Il est tout à fait clair qu’elle est l’une des personnes qui méritent vraiment se reposer. Elle était toujours prête à aider tout le monde dans tout ce qu’il fallait, sans la moindre lamentation et toujours avec un sourire.

En fait, elle ne se plaignait jamais du temps qu’elle passait toute seule lorsque j’étais coincé au bureau ou quand je partais en voyage de travail pendant des semaines.

A mon retour, elle m’attendait avec son grand sourire et, bien qu’elle savait que je ne pouvais rien lui raconter, elle me demandait avec sa voix chaude comment s’était tout passé.

Parfois, lorsque je me lève et après m’avoir lavé et avoir fait mes exercices, je m’assieds à table dans la salle à manger et j’attends… et j’attends… et à peine je me rends compte qu’elle n’est pas là pour m’apporter le petit déjeuner, une peine insupportable m’arrive et je n’ai plus envie d’aller le préparer.

D’ailleurs je n’aimai jamais trop être en cuisine. Je n’aime pas cuisiner. Seul quand il le fallait je donnais un coup de main et je faisais mon mieux, par exemple, pendant ces fête où il y avait plein de monde et ma femme ne pouvait pas s’en sortir.

Je préférais mettre la table et m’occuper de la vaisselle après manger, ou aller faire les courses s’il le fallait, mais rien d’autre.

En échange, dès qu’elle était partie et même si je traitais par tous les moyens de ne pas entrer dans «son territoire», j’avais l’impression de passer tout mon temps là-bas maintenant.

C’est vrai que je n’avais pas réalisé du travail qu’entraînait la cuisine, toute ces heures qu’il faut investir et, en plus, sachant qu’elle ne touchera plus ces objets qui ne l’appartenaient qu’à elle.

Beaucoup d’autres fois, je restais tout simplement en silence… en attendant d’entendre du bruit ou des rumeurs en cuisine comme ceux qu’elle faisait pendant qu’elle préparait à manger le soir, ou l’écouter chanter pendant qu’elle arrosait les plantes… mais qu’est-ce que je fais là? Je ne sais pas, mais elle me manque trop, ça c’est sûr!

Après prendre ma retraite, je restai en contact avec mes anciens collègues parce que je voulais me tenir à la page sur tout ce qui échappait à mon contrôle, mais en dépit des efforts et des heures passées à étudier tout au long de ma vie, on dirait que le temps ne s’apitoya pas de moi.

En réalité la liste de personnes avec qui je parle est de plus en plus petite, car certaines sont parties loin et d’autres, simplement, ne veulent rien entendre à propos des affaires du gouvernement.

Il y a aussi d’autres qui ne sont plus dans ce monde, et je remercie la vie de m’avoir offert un autre jour, mais il fait longtemps que je ne tiens plus les comptes des jours. D’ailleurs si je ne portais pas mon bloc-notes avec moi tout le temps, je ne connaîtrais même pas le jour de mon anniversaire.

J’écrivis les données les plus importants de ma vie dans ce petit cahier: mon nom, mon adresse, ma date de naissance, mes commissions à faire pendant la journée, les personnes à appeler si j’ai besoin de quelque chose…

Curieusement, cette dernière liste est de plus en plus réduite, certains numéros sont déjà barrés. J’imagine qu’ils auront changé de numéro ou qu’ils seront décédés…

Mes mémoires! Combien de fois m’auront-ils proposé de les écrire pour signaler ce que je vécus, pour raconter mon histoire aux générations à venir et qu’elles puisent tirer leurs propres conclusions. Bien entendu je ne pouvais pas le faire! Je signai une foule de contrats et de politiques de confidentialité dans lesquelles je prêtais serment de silence absolu sur tous les aspects de mon travail.

Si je révélais l’un seul des secrets militaires dont j’avais connaissance, ce serait comme signer mon arrêt de mort.

Je sais, cela peut sembler un peut radicale, mais il s’agit tout à fait de la vérité. J’avais déjà vu tous ces enthousiastes qui voulaient se lever, faire entendre sa voix et crier les secrets du gouvernement sur tous les toits. Je vis même des journalistes qui étaient prêts à tout publier à l’une des journaux… Après, ils disparurent tous du jour au lendemain, aussi simple que cela.

Parfois dans des accidents de voiture ou au baignoire à la maison… Bien sûr, il s’agissait toujours des «raisons officielles» des disparitions, deux ou trois jours avant la publication des informations afin d’enlever ces personnes de sa place.

C’est quelque chose qu’on apprit dès le premier jour: On ne plaisante pas avec le gouvernement! Ils sont au courant de tout ce qu’il se passe et les fuites son absolument interdites. Même quand il y en a certaines, c’est par sa main, parce que rien ne touche la surface sans être autorisé. Pendant tout ce temps, je ne pus que fermer la bouche et détourner le regard, faire comme si tout se passait normalement, comme si l’on n’avait pas d’autres choix pour notre société, quand ce n’est pas le cas.

Je essayai de compiler mes propres documents pour tenir des registres d’activité, mais il ne fut jamais possible. Le moment que j’abandonnai l’armée, comme par hasard, ils confisquai tous mes effets et je n’eus droit qu’à prendre mes habits. Après tous les informations que j’avais recueilli et dans ma position, avec une maison propre dès que j’arrivai dans l’armée, maintenant je n’avais qu’une petite valise et le numéro de compte où je recevrais ma retraite pour le reste de ma vie.

Après cela, je passai des mois dans mon bureau en cherchant à me rappeler de tout ce savoir, de toutes les données et tentant de les enregistrer pour créer mes propres archives, une tâche exténuante qui me donna le seul résultat d’avoir un bureau enterré sous les dossiers et pour rien… Lorsque j’entrais dans cette chambre je me sentais fier de mon travail, d’être capable de recueillir un telle quantité d’informations et de la classifier, mais à ce moment, je ne vois que des piliers de dossier. Après lire le titre écrit sûr chaque dossier je pense qu’il doit porter sur quelque chose d’important, mais ça fait longtemps que je perdis toute curiosité à ces propos.

Je dirais qu’il ne s’agit que de vieux documents et de situations passées dont tout le monde s’enfiche, des secrets du gouvernement qui tombèrent dans l’oubli. L’énorme quantité de vies qui ne sauront jamais qu’elles furent sauvées, tout le travail pour y réussir et toutes les situations qui pourraient être passées et dont le monde ne connaît rien.

« Un changement dans l’histoire » c’est les mots du commandant qui nous donna notre première mission. Je venais de finir mon instruction après un entraînement impitoyable et, contrairement à ce que j’avais imaginé, il ne s’agissait pas d’une activité physique, mais intellectuelle. Dès le premier jour, je devais assister au cours de langues et de mathématiques et, peu après, je commençai mes cours particuliers dans un domaine dont je n’avais jamais entendu parler: la cryptographie.

C’est un art, pour ainsi dire, c’est la capacité de cacher des messages à la vue comme déjà le faisaient les anciens grecs et qui consiste à faire des variations sur un texte, bien dans la position des lettre ou dans une lettre en particulier, pour envoyer un message et que personne d’autre que le destinataire puisse le déchiffrer sans le code.

La machine Enigma était tout ce que nous étudiions pendant toutes nos leçons parce qu’elle était le sommet du développement mathématique pour la codification de messages. Au début, je la trouvais un peu trop compliqué, mais après recevoir les explications des processus mathématiques simples et reliés, tout devint beaucoup plus facile à comprendre. Il faut seulement rendre un message difficile à lire, au moins pour les ennemis, parce que pour le destinataire le message devrait être simple et très clair. Je lis autant de messages codifiés que parfois je me voyais dans mes rêves à les déchiffrer. Les nombres et les secrets, qui pourrait penser qu’il existait une relation si étroite entre eux?

Lorsque je commençai mon travail, je me sentais si enthousiaste que j’essayai de créer mes propres codes de décryptage. En même temps que nous déchiffrions des messages qu’on avait capté, on nous demandait aussi de créer des nouveaux systèmes. Au début ces messages étaient seulement un test et ils contenaient des phrases du genre « Très bien! » ou « Tu as beaucoup amélioré! » , mais plus tard, nous commençâmes a décoder des vrais messages utilisés auparavant pour communiquer une position ou le nom d’une base militaire ou d’une mission.

Ensuite nous commençâmes à travailler avec des messages de «nos ennemis » , comme on les appelait, même si nous ne savions pas qui les envoyait. Il s’agissait des messages captés que nous devions déchiffrer sans la moindre possibilité d’erreur. Voilà pourquoi les langues étaient si importantes. A différence du reste des messages, ceux-ci n’étaient pas écrits en anglais, alors la première chose à faire était d’identifier la langue d’origine pour pouvoir décrypter le message après.

Quelques langues étaient assez faciles à identifier, comme le français ou l’allemand, parce qu’ils ont des accents très caractéristiques qui permettent de les reconnaître toute de suite, mais il y en avait d’autres, comme celles de l’Est de l’Europe, qui étaient vraiment compliquées à identifier. Même si nous arrivions à identifier les origines régionales, l’influence du russe rendait la différence entre les caractères bien plus dure pour découvrir à quel pays du Rideau de Fer nous devions faire face.

Apparemment nos ennemis avait les mêmes ordres que nous de tout compliquer au maximum. Si nous arrivions à déchiffrer un code, le suivant était toujours beaucoup plus compliqué en termes mathématiques. Cependant, tous nos efforts valait bien la peine puisque arrivions à arrêter des espions, à capter des transactions qui portaient sur des données volées ou même à empêcher certaines attaques à petite échelle. Mais ce n’était que des vétilles dans notre registre des succès.

Au fur et à mesure que nous avançâmes dans notre travail, le nombre descendait parce que nous étions affectés dans d’autres villes du pays en tant que spécialistes d’intelligence pour collaborer avec les différentes agences du gouvernement. Bien que nous nous ayons écrit souvent pour partager notre progrès, le travail devint davantage solitaire, ou plutôt, plus numérique dès que les machines du début devinrent des ordinateurs d’une importance vitale pour notre travail.

Il ne fallait plus réaliser des grands calculs pour trouver les valeurs de remplacement, il suffisait d’introduire les paramètres dans la machine pour qu’elles aient fait le travail pour nous. Bien sûr, c’était essentiel d’introduire les paramètres corrects pour avoir un bon fonctionnement des machines et c’était là que notre travail devenait plus dangereux. Dans d’autres métiers cela ne supposait que le retard dans la sortie d’un avion, ou la perte d’un courrier, mais dans le notre cela posait le problème de perdre l’avantage sur nos ennemis et l’opportunité de savoir ce qu’ils pensaient ou comment ils allaient agir.

Évidemment on comptait sur l’ignorance de la population. C’est vrai que les médias parlaient de la tension entre les nations et qu’il y avait des personnes qui étaient conscientes des politiques développées de l’autre côté du Rideau de Fer, mais personne ne connaissait la guerre d’intelligence qu’on menait chaque jour.

Au début les tâches étaient assez simples: bien nous traduisions les messages, ou bien nous ne les traduisions pas. C’est à dire, lorsque nous traduisions un message, il acquérait une signification spécifique et nous arrivions à le lire mais, si nous n’avions pas le code, c’était impossible de connaître le vrai contenu du message, alors il fallait recommencer à essayer tous les codes jusqu’à trouver du sens.

« A 11h à l’ambassade », « Sous la sculpture de… », « On est toujours dans le sud, près des frontières… »

Parfois il s’agissait tout simplement de petits fragments de texte, de petites instructions très spécifiques adressées à quelqu’un qui devait agir et, dans la plupart de cas, nous ne savions pas qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment dire. Notre mission portait seulement sur la traduction des messages. Ensuite, c’était l’armée qui prenait les mesures pertinentes après connaître l’émetteur et le contenu du message, et ce n’était pas à nous de juger leurs décisions.

Les situations les plus difficiles arrivaient quand un message pourrait avoir plusieurs significations et il nous pris du temps de nous rendre compte parce que nous suivions toujours la même stratégie: décoder et envoyer. La hiérarchie militaire commença à se plaindre et à nous dire à chaque fois que « nous n’avions pas mis dans le mille ». Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait. Nous avions déchiffré et trouvé le message comme toujours: « Derrière le troisième arbre », « A 11h dans notre endroit ».

Les contenus étaient les mêmes de tous les jours et nous avions bien fait le décryptage, mais nos patrons n’étaient pas contents. C’est la vie, parfois on pense que nous sommes en train de faire notre mieux et que cela suffira et, tout d’un coup, la situation change du jour au lendemain.

Je me souviens encore de mon déplacement en Espagne. Je connaissais la langue et quelques traditions de la population, mais guère davantage. J’avais toujours pensé que si jamais ils me faisaient changer de poste, ils m’auraient envoyé à Washington, ou s’il s’agissait de l’étranger je pourrais être réassigné à Londres ou à Paris, mais Madrid? Qu’est-ce que j’allais faire à Madrid? C’est décision ne faisait qu’élargir ma curiosité pour découvrir ce que j’allais faire en tant que mathématicien spécialisé en cryptage et décryptage de messages.

J’essayais de travailler tout ce que je pouvait, faisant de mon mieux, mais les chefs continuaient à rejeter mes résultats. Ce n’était pas que j’échouais ou que je ne travaillais pas bien, mais ils me disaient qu’ils étaient arrivés au moment indiqué ou à l’endroit établi, et qu’il n’y avait personne, pas d’espions et pas de troupes. J’étais étonné et la pression augmentait à chaque fois.

Ah, l’Espagne! Quel pays! Il changea complètement ma façon de vivre. Au début je ne parlais avec personne et à peine je ne sortais de l’ambassade, qui était ma zone de confort. Lorsque je ne connaissais personne, je préférais d’y rester et de lire quelque chose. Cependant, peu après, les autres employées commencèrent à m’inviter à des fêtes et je ne pouvais pas dire non parce que je faisais partie du personnel.

Je n’adorais pas les fêtes, et encore moins le bruit des espagnols avec ces chants et ses danses que je ne comprenais pas et qui me semblaient si bizarres. J’essayais de comprendre les paroles pendant que je voyais tous ces mouvements des danseuses, mais je n’arrivais pas à trouver du sens à tout cela. Quelques mois après mon arrivée, je reçus l’ordre de me présenter auprès du commandement, une institution militaire espagnole. Je ne savais pas ce qu’ils voulaient, mais comme on le sait déjà, il faut toujours suivre les ordres sans y réfléchir!

Dès le moment que je mis les pieds dedans, je fus arrêté, ils confisquèrent toutes mes affaires et me laissèrent dans une cellule pendant des heures.

–Vous avez choisi le pire des moments pour sortir de votre ambassade! Me dit le capitaine, la première personne avec qui je pus parler.

–Excusez-moi? Je demandai étonné.

–Votre pays se trouve en état de guerre! Il me dit.

–En état de guerre? Mais qu’est-ce que vous dites? J’étais complètement surpris et je pensais de mal comprendre.

–Et en tant que militaire, vous êtes interdit de sortir dans la rue! Continua-t-il.

–Mais je n’étais pas dans la rue… je venais vers cet endroit.

–Quoi qu’il en soit, vous êtes un envahisseur de notre pays et, par conséquent, vous êtes arrêté.

–Moi, un envahisseur?! Avec mon cartable et mon chapeau? Je ne comprenais rien de tout ce qu’il se passait. Je pensais que je ne comprenais pas correctement les mots que j’entendais même si j’avais déjà mis la langue à l’épreuve dans plusieurs occasions.

–Ça suffit de plaisanter! Tout le monde est suspect jusqu’à preuve du contraire. Vous êtes en attente de passer devant la cour martiale.

–Mais de quoi vous en parlez? J’avais reçu l’ordre de me présenter ici au commandement.

–Reçu? Qui vous a envoyé ces ordres? Demanda-t-il très sérieux.

–Mm… Les ordres venaient de Washington.

–Montrez-les-moi! Il m’exigea avec impatience.

–Je ne les ai pas sur moi! Je suivais seulement ce qu’ils m’ont demandé, ils ne m’ont jamais dit que je devais apporter des documents.

–Ouais… pareil que les autres! Vous ne savez jamais ce que vous faites, vous ne suivez que des ordres! Vous n’êtes pas le premier espion que nous avons mis derrière les barreaux.

–Un espion? Je demandai encore stupéfié. Il venait de m’appeler «un espion», je ne pouvais pas y croire, il s’agissait vraiment d’un malentendu !

–Mais bien sûr! Ou pensez-vous qu’on vient de vous enfermer pour admirer la beauté de l’intérieur de nos bâtiments? Vous allez rester ici jusqu’au moment où notre gouvernement aura pris une décision. Priez pour que votre gouvernement veuille bien collaborer avec nous, sinon…

–Sinon…? Je demandai effrayé para la gravité de ses mots et ses intentions de me laisser là-bas.

–D’autres personnes comme vous ont passé du temps dans cette même cellule. Pas tous sont rentrés à la maison… il y en avait certains que nous avons pu utiliser comme monnaie d’échange, mais d’autres…

Je reconnaît d’être très effrayé à l’époque, mais parlons des monnaies, qu’est-ce que j’ai fait avec les miennes? Je dois passer acheter une baguette et je ne sais plus ce que j’ai fait avec mon argent. Il ne doit pas être trop loin… peut-être en cuisine? Normalement, on met le pain en cuisine.

Après avoir regardé partout dans la maison et après avoir levé tous les objets et avoir regardé dans tous les tiroirs, je me suis dit: «Il sera donc sur la table de la salle à manger, parce que c’est là-bas qu’on mange le pain. » J’entrai dans la salle à manger et je cherchai partout encore une fois. J’était un peu frustré, mais je pensai que ce n’était pas important et je m’assis sur mon fauteuil à côté de la porte vitrée pour regarder le jardin.

Combien de fois j’aurai pas mangé parce que j’ai oublié où j’avais mis mon argent, et c’est vrai que je le notais toujours sur mon petit cahier, celui que je portais tout le temps avec moi, mais souvent j’oublié aussi de le regarder.

Ce problème de mémoire ne fait qu’empirer… et c’est à moi! Moi, qui avais cette merveilleuse mémoire par images et qui étais capable de voir un message qu’une seule fois et de le retenir et le traduire plus vite qu’un ordinateur. Ma mémoire, qui m’avait permis d’enregistrer chaque rapport après toutes ces années de travail pour créer mon propre casier personnel.

Ma mémoire, s’il existe quelque chose dont je pouvais me vanter c’est d’avoir une très bonne mémoire, travaillé tous les jours à travers la lecture et les études parce que, bien qu’on se rend pas compte, les langues ont besoin d’un entraînement continue pour ne pas les perdre.

Elle est énorme, la quantité de temps que j’ai investi à l’étude des langues que je connais, ou que je connaissais, est-ce que je les connais encore? De toute façon, les langues sont une des choses que, curieusement, je comprends encore. Quand je regarde les chaînes internationales à la télé je suis les émissions sans problème! C’est justement ce qu’on dit du vélo, peu importe le temps qu’on passe sans s’entraîner, on ne l’oublie jamais.

En plus, les langues m’ont beaucoup aidé à évoluer professionnellement et a découvrir, même si cela peut sembler bizarre, plus de secrets que beaucoup de présidents, parce qu’ils ne voulaient que de résultats et c’était nous, en fait, qui savions ce qu’il fallait faire à chaque fois.

Mon travail en tant que mathématicien évolua au cours du temps. Je passai de traduire les messages des autres à créer des modèles de cryptage pour les miens. Il ne s’agissait plus de chiffrer deux ou trois mots pour les agents, mais d’obtenir une sécurité maximale pour tous les documents du gouvernement, de façon que si une filtration avait lieu, la lecture du document dérobé devait être impossible pour nos ennemis.

C’est comme ça que j’arrivai au département d’intelligence. Je ne m’y attendais pas. Il est vrai que je travaillais avant pour un bureau qui leur appartenait, mais maintenant je commençai à apprendre tous les secrets. Pour tous ces affaires que le gouvernement veut cacher ou essaie de dénier, c’était moi le premier à les lire et à les codifier. Un système à l’intérieur du propre système, une codification exclusive pour les documents et les messages «ultrasecrets», comme on aimait les appeler. Ces messages devaient être absolument illisibles, ce qui rendait le travail exténuant et beaucoup plus exigeant.

Il ne s’agissait plus de trouver des positions des ennemis, ou des avancées ou de trouver leurs agents de terrain. Maintenant il s’agissait des données les plus intimes et des détails les plus tactiques à propos des personnes les plus importantes du régime ennemi, à propos de ses membres de la famille, de ses amants ou de ses maîtresses… c’était une immense quantité d’informations essentielles que personne ne devait avoir dans ses mains sans autorisation.

Au début, cela n’était que des curiosités, comme ses magazines qui racontent des potins sur la vie des autres, mais petit à petit je commençai à m’intéresser à ces affaires. Pas à cause des personnes ou de leurs rapports, mais à cause des sujets qu’ils cachaient au public. Et oui, il était clair comme de l’eau de roche que je ne pourrais jamais parler à ces propos, parce que je risquais ma vie.

Il ne me traversa jamais l’esprit de raconter quelque chose à propos de ces documents, même en dépit de la gravité des événements où après, quand je regardais le journal télévisé, j’écoutais des absurdités et des excuses telles que: un accident chimique, un incendie qui apparaît sans cause spécifique, un avion qui tombe sans une explication raisonnable…

Cependant, les gens restaient tous tranquilles avec ce genre de justifications, s’ils y réfléchissaient un peu, ils se rendraient compte que cela n’était pas des nouvelles informations, mais plutôt d’une désinformation à l’échelle nationale. On inventait tellement d’histoires rocambolesques pour cacher les opérations du gouvernement ou des attaques ratées, mais s’il les arrivait quelquefois d’y penser, les gens comprendraient comment tout était bizarre.

Peut-être ils préfèrent seulement fermer les yeux et ne pas poser d’autres questions pour se sentir plus à l’aise et en sécurité, parfois j’entendais parler du bonheur de l’ignorance pour faire référence à ces personnes qui ne connaissent pas ce qui se passe autour d’elles, et ce fait leur donne une fausse sensation de bonheur.

Il y eût des centaines d’interventions dans le territoire américain qui sont fini de la même façon: cible neutralisé.

Au début je ne savais pas ce que cette expression voulait dire, mais après je vis que c’était évident que «neutralisé» voulait dire «éliminé», parce qu’une fois qu’on voyait ces mots dans un rapport, il n’y avait plus de nouvelles de cet agent. On classifiait tous les espions et on recevait des rapport périodiques à propos de leurs activités, les personnes avec qui ils parlaient, etc., jusqu’au moment où ils étaient neutralisés. Ensuite, plus rien.

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