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Sang Souillé
Une fois encore, elle fut soulagée que la plupart des monstres ne puissent la voir. Même s'ils en étaient capables, ils ne pourraient pas lui faire de mal, grâce au sort de Tiara. Cela ne l'empêcha pas de sursauter lorsqu'elle entendit des hurlements monter de la cave... du moins espérait-elle que c'était bien la cave, et non le rez-de-chaussée.
Tentant d'ignorer les cris d'agonie, Carley se dépêcha de suivre l'Indien qui montait au deuxième étage. S'il conduisait Tiara à une sorte de salle de torture, alors elle devait agir vite. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce derrière lui, Carley s'arrêta pour regarder l'homme dont le regard était abaissé sur Tiara.
Faucon-de-Nuit affichait un visage soucieux, désireux d'éprouver quelque chose... ne serait-ce qu'une seule étincelle d'émotion tandis qu'il contemplait la belle jeune femme. Elle avait provoqué quelque chose en lui lorsqu'il l'avait rencontrée la première fois, mais cela avait été si bref qu'à présent, il se demandait si cela n'avait pas été qu'une simple illusion. Son regard fut attiré par la terre de cimetière qui salissait encore son corps et son visage.
Carley entra en panique lorsque l'Indien entreprit de déshabiller Tiara.
« Arrêtez ! hurla-t-elle en se glissant entre eux, mais Faucon-de-Nuit tendit un bras qui la traversa. Merde, où sont les héros quand on en a besoin ? » s'impatienta-t-elle.
Carley se rebiffa et fit pleuvoir des coups en rafale sur l'Indien pour tenter de détourner son attention de Tiara et la diriger vers elle. Elle cessa toute tentative quand il lui apparut que c'était inutile.
Elle devait retourner au QG de l'EEP et renseigner Jason et Guy sur la localisation de Tiara, mais elle ne pouvait se décider à partir avant d'être sûre que son amie serait encore vivante lorsqu'ils reviendraient la sauver.
Faucon-de-Nuit se redressa et retira ses propres atours jusque sur son tissu déchiré avant de soulever de nouveau la jeune femme dans ses bras. Une fois dans la salle de bain, il entra dans la grande baignoire à remous et s'agenouilla, attendant manifestement que la cuve se remplisse d'eau chaude pour pouvoir débarrasser le corps de Tiara de l'odeur de son amant. Il n'aimait pas non plus l'odeur du maître Arach qui imprégnait encore sa peau.
Sous l'effet de la détente, Faucon-de-Nuit laissa son esprit vagabonder tandis que le niveau d'eau chaude montait. Il méprisait les nécromanciens parce qu'ils l'avaient transformé en ce qu'il était aujourd'hui⦠il devait même se concentrer sur ce sentiment avant d'en sentir le léger tiraillement. Cette nécromancienne était différente des autres... elle ne voulait pas avoir le contrôle sur les âmes ... elle voulait les délivrer.
En baissant les yeux sur la jeune femme allongée dans ses bras, il n'eut pas à se demander pourquoi ce corps ne lui faisait aucun effet. Son âme était encore piégée dans la tombe et avec elle⦠l'essentiel de ses émotions. Il nâéprouvait aucun besoin d'être aimé ou haï⦠et encore moins de désirer qui que ce soit. Après avoir trouvé le shampoing sur une étagère dâangle, Faucon-de-Nuit savonna avec douceur ses longs cheveux argentés, faisant glisser comme de la soie les mèches entre ses doigts. Ne voyant aucune raison de se hâter, il prit le temps de la laver. Cela faisait longtemps quâil nâavait pas touché quelquâun sans être animé d'une intention malveillante.
Lorsquâil fut satisfait de l'odeur qu'elle dégageait, il rinça ses cheveux et sa peau avant de vider la baignoire. Passant quelques serviettes autour de son corps et de ses cheveux, il recula dans la chambre pour lâallonger sur le lit. Il avait fait ce quâil avait pu pour elle. Puisque lâeau ne lâavait pas réveillée, il savait quâelle était en cet instant plongée dans un profond sommeil et quâelle ne se réveillerait peut-être pas avant un certain temps. Sans la protection adéquate, cette guerre causerait sa perte.
Après avoir enlevé la serviette de ses cheveux, Faucon-de-Nuit souleva délicatement le haut de son corps et passa ses doigts sur la blessure située à lâarrière de sa tête. Il lâavait sentie en lui lavant les cheveux. Au cours de sa première vie, il avait été une sorte de guérisseur⦠un chaman⦠alors il savait que cette blessure ne menaçait pas la vie de la jeune magicienne.
Il laissa son esprit la pénétrer profondément, avec le désir de savoir si elle avait une autre raison de vouloir rester endormie⦠une autre raison dâabandonner ce monde pendant un petit moment. Il nâavait jamais rompu le lien quâelle avait établi avec lui dans ce cimetière plus modeste, et cela lui permettait de retourner cette connexion mentale vers elle. Par le passé, lorsquâun nécromancien avait souhaité se connecter à lui de cette manière, cela lui avait plutôt laissé l'effet d'une prise dâétranglement. Sa connexion avec la jeune femme lui avait semblé celle entre deux mains qui se rejoignaient.
Même dans son sommeil, il pouvait sentir son désir charnel incandescent⦠cette facette chez la nécromancienne n'était pas l'héritage du sang de Craven. Elle le gardait enfoui tout au fond dâelle⦠y enterrant son appel. Cet appétit charnel offrait la capacité dâaccélérer ses aptitudes de guérison naturelles. Câétait la seule chose quâil ne pouvait pas faire pour elle⦠lâénergie dont elle avait besoin émanait de lââme, et pour lâinstant⦠il nâen avait pas. Quâelle dormît pour le moment était une bonne chose, même si cela impliquait une guérison plus lente.
Faucon-de-Nuit caressa sa joue satinée du dos de sa main, là où Nile lâavait frappée et y avait laissé un hématome foncé. Craven avait dit que la caresse dâun amant pouvait la guérir. Fallait-il avoir une âme pour aimer ? Il le supposait, puisquâil nâavait éprouvé aucune émotion depuis sa véritable mort des décennies plus tôt. Très fréquemment, il lui fallait se concentrer très intensément pour ne serait-ce que ressentir la moindre parcelle dâémotion, par-delà son âpre insensibilité.
Lâabaissant doucement sur lâoreiller, Faucon-de-Nuit se redressa de toute sa taille et regarda par-dessus son épaule lââme qui le hantait depuis son retour à la maison.
« Tu lui appartiens⦠nâest-ce-pas ?
Carley fit un bond de surprise : elle n'avait pas réalisé que lâIndien avait décelé sa présence dès le début. Elle posa sur lui un regard méfiant. Il lâavait tout simplement ignorée pendant quâelle hurlait et fulminait contre lui... quel enfoiré. Son expression sâadoucit⦠elle avait cessé de crier après cela, en proie à une confusion grandissante en l'observant s'occuper de Tiara avec tant de délicatesse.
Cessant de flotter auprès de Tiara, elle se baissa lentement pour paraître sâasseoir sur le bord du matelas. Il nây avait aucune raison de se cacher de lui⦠ce nâétait pas comme sâil pouvait la blesser, quand bien même lâenvie lui en prendrait⦠ce dont elle doutait.
â On pourrait présumer que je lui appartiens⦠mais ce nâest pas le cas, répondit Carley avec honnêteté alors quâelle tendait une main pour toucher les longs cheveux propres de Tiara, et imaginait leur texture comme si elle était encore vivante pour la sentir.
Elle nâétait pas morte depuis assez longtemps pour avoir oublié la sensation du toucher.
â Alors pourquoi lâas-tu suivie ? demanda-t-il.
Carley leva les yeux et le menton d'un air de défi.
â Câest mon amie⦠je veux savoir si elle va bien.
Faucon-de-Nuit acquiesça, respectant cette réponse.
â Et la magie de Craven ne te touche pas, même si tu te trouves entre ses murs ?
Cela semblait être une question importante pour lâIndien, alors Carley secoua la tête et baissa les yeux sur son amie.
â Grâce à Tiara, la nécromancie ne peut plus mâaffecter ou me contrôler. Je lâaime pour cela, alors par pitié, ne lui faites pas de mal.
Faucon-de-Nuit sentit son cÅur se gonfler dâespoir. Cette émotion sâenvola aussitôt mais suffit à lui donner l'envie dâen éprouver davantage. Câest tout ce quâil avait jamais désiré⦠ne plus jamais être invoqué par un démon.
â Nous nâavons aucune intention de lui faire du mal. Câest elle qui souhaitait venir avec nous et nous avons honoré cette requête. Si tu ne me crois pas, alors tu es libre de rester jusquâà son réveil pour lui poser toi-même la question.
Il ne faisait que dire la vérité⦠la sincérité, seul trait de caractère qu'il ait conservé de son vivant.
â Alors, qui lui fait du mal ? demanda Carley en sachant que ce nâétait pas lâhomme qui se tenait à côté dâelle, mais les bleus guérissant rapidement sur le corps de Tiara, qui illustraient de bien mauvaises intentions.
â Le démon quâelle affrontait dans le cimetière en est à l'origine, répondit Faucon-de-Nuit en allant sâasseoir sur la fenêtre, là où le soleil pouvait le toucher.
C'était l'une des seules pièces de la maison où les fenêtres n'avaient pas été repeintes en noir. Faucon-de-Nuit tenta de se souvenir s'il avait un jour aimé la lumière du soleil ou non... il le supposait.
Le visage de Carley s'assombrit quand il tourna la tête vers la fenêtre comme pour les ignorer, elle et leur conversation.
â Et Craven serait ce démon qui t'accompagnait ? Serait-ce ce même homme qui a fait encercler la maison par tous ces monstres ? Honnêtement, je ne pense pas que Tiara approuverait.
Elle tendit le bras et posa sa main sur celle de Tiara, malgré le fait que l'une traversait complètement l'autre.
â Et pourquoi nous abandonnerait-elle⦠nous, ses amis, pour partir suivre un démon ?
â Elle et Craven sont parents. On peut dire que Craven est son oncle. Mais dans l'esprit de Craven, l'enfant de son frère est comme son propre enfant. C'est pourquoi il ne la menacera en rien. Elle n'est pas une prisonnière en ces lieux et on ne la forcera pas à rester. Une fois guérie... si elle décide de partir, je partirais avec elle en tant que son protecteur.
â Pourquoi ferais-tu cela ? interrogea Carley.
C'était Craven, le parent de la jeune nécromancienne⦠et non l'Indien. Elle continua de l'interroger :
â Craven te l'a-t-il ordonné ?
â Non, j'échappe entièrement au contrôle de Craven à ce jour, répondit-il sans se retourner pour la regarder. Je suis un Rôdeur de l'Ombre et elle est la seule à pouvoir me rendre mon âme.
Carley en fut bouche bée... un Rôdeur de l'Ombre ? Voilà qui demandait une bien puissante magie. Elle repensa aux mythes et légendes qu'elle avait étudiés par le passé, et même ces anciens écrits les mentionnaient rarement.
D'après ses souvenirs, un Rôdeur de l'Ombre naissait à la place d'un mortel qui avait possédé des pouvoirs mystiques au cours de sa vie humaine, et se voyait réveillé d'entre les morts par un puissant sorcier comme s'il était un zombie. Mais ce n'était que la première étape à franchir pour devenir un Rôdeur accompli.
Contrairement à la plupart des zombies, ils pouvaient utiliser leur propre pouvoir pour retrouver leur esprit et leur cÅur. On disait qu'ils n'avaient pas d'âme, mais elle ne se rappelait pas quels pouvoirs un Rôdeur de l'Ombre possédait, ou s'il existait même une limite à ces pouvoirs.
Elle se renfrogna en ne se rappelant pas avoir lu la moindre ligne parlant d'un Rôdeur de l'Ombre qui aurait récupéré son âme. Cela était-il seulement possible ?
â Ton âme ne se trouve-t-elle pas dans l'autre monde ? Carley avec curiosité.
â Non, elle est prisonnière au fond de ma tombe », répondit Faucon-de-Nuit, avant de disparaître dans le monde des esprits.
Carley s'assit dans un silence étonné. Prisonnière au fond de sa tombe ? Elle frissonna à l'idée d'être coincée sous terre au lieu d'aller et venir librement comme elle le faisait à l'heure actuelle. Baissant les yeux sur le sol, elle réalisa que Faucon-de-Nuit avait beau avoir disparu de sa vue, elle pouvait encore sentir sa présence dans la pièce.
En regardant de nouveau Tiara, Carley décida de ne pas insister sur le sujet avec cette conversation... lui accordant ainsi l'intimité qu'il lui demandait tacitement.
Chapitre 2
Au beau milieu de la pagaille créée au Cimetière d'Hollywood, Michael baissa les yeux sur l'Arach mort à ses pieds et essuya ses mains poussiéreuses sur son manteau.
« C'était divertissant, grommela-t-il entre ses dents.
Il leva les yeux juste à temps pour voir Kane décapiter un autre démon et lancer la tête arrachée de celui-ci par-dessus son épaule. Michael s'écarta maladroitement pour esquiver la tête volante et fusilla du regard le dos que Kane tournait vers lui.
â Tu permets ? demanda Michael. Je suis arrivé jusqu'ici sans me salir... et j'aimerais bien continuer comme ça.
Kane lui lança un sourire ironique par-dessus son épaule.
â Tu es assez rapide pour éviter un projectile.
Tabatha poussa un soupir, ayant vu assez de sang pour toute la durée de sa vie. Il semblait à présent que les garçons s'en amusaient comme d'un jeu.
â Si je ne connaissais pas Kane, j'aurais juré que vous prenez un peu trop de plaisir à tuer ces bestioles.
â Eh bien, je n'ai jamais entendu⦠il s'interrompit pour réfléchir un moment avant de regarder autour de lui les démons qui gisaient sans vie, puis reposa les yeux sur Tabatha. Tu as raison, je m'amuse, avoua-t-il en haussant les épaules, sans la moindre compassion.
â Tu te rappelles quand tu m'as demandé si on pouvait utiliser une caméra ? demanda timidement Tabatha.
Kane laissa retomber le démon sans tête sur le sol, son regard glissant de manière suggestive sur le corps de sa compagne.
â Ouais⦠je m'en souviens.
â Pas de caméra, décréta Tabatha en s'éloignant.
Michael se mit à rire devant l'expression abattue de Kane, juste avant que le vampire blond platine se décide à courir après sa compagne.
â Attends, l'appela Kane. Je retire ce que je viens de dire⦠je ne m'amuse pas du tout. Il s'arrêta assez longtemps pour plonger sa main à travers le corps d'un Faucheur qui passait près de lui à toute allure. Ils m'ennuient⦠tu vois ? ajouta-t-il.
Angelica haussa discrètement un sourcil, prise d'une envie de rire. Elle se retint, avant de lever les yeux vers Syn avec curiosité.
â Tes fils sont⦠intéressants.
â Il leur faut encore sortir de l'adolescence, fit observer Syn d'un air impassible. Et de plus⦠ils ont besoin de leur mère.
Michael braqua sur Syn un regard indigné, ayant surpris la remarque.
â Je suis tout à fait sorti de mon adolescence, merci beaucoup.
Sur ces paroles, il tapa du pied par terre comme un enfant qui piquerait une crise de colère, tout en grommelant dans sa barbe. Au passage, Michael donna un coup de pied dans la tête que Kane lui avait lancée comme un ballon de foot, et elle fendit les airs. Avant d'atterrir dans une rangée d'arbres et d'être suivie d'une forte exclamation.
â Qui est l'enfoiré qui lance des têtes de démon partout ? retentit soudain la voix de Jason.
Michael se figea un moment avec une grimace, puis décida de ne pas s'attarder.
â Je vais voir comment va Kane, déclara Michael en passant devant Syn et Angelica en courant, dans la direction opposée à celle de Jason.
â J'ai tout dit », conclut Syn d'un air de conspirateur, et Angelica détourna les yeux pour cacher son sourire amusé.
*****
« Tu as vu ça ? s'éleva la voix de Nick de derrière une crypte. Je viens de voir passer une tête volante par ici.
à ce moment-là , un Faucheur arriva en vue d'une démarche trébuchante, en pleine tentative de fuite devant sa mort imminente. Il y avait quelque chose de drôle à lire une telle frayeur sur le visage d'un monstre.
â Oui Nick, je l'ai vue, répondit Kriss en devenant visible à son tour.
Nick tira dans les pattes du Faucheur, avec une expression presque sadique.
â Allez. Montre-nous que tu sais danser.
â Nick, arrête de faire joujou avec cette saleté, grogna Steven, avant de lever les yeux au ciel en réalisant qu'il défendait un monstre.
Jewel s'avança vers le Faucheur et lui arracha la tête d'un coup de feu avant d'adresser un sourire charmant à Nick.
â Ton partenaire de danse vient de claquer.
â E-Eh ! gémit Nick. Câétait ma cible.
â En fait, câétait la mienne, rétorqua Kriss, les bras croisés. Qui crois-tu quâil était en train de fuir ?
â Trop de chasseurs et plus assez de proies, lança Dean en sortant de lâombre projetée par un arbre voisin.
â Au moins Nick sâest débarrassé de ce bras, grommela Steven, avant de faire mine d'avoir des spasmes en ajoutant : Beuurrk.
Kriss grimaça.
â Ne mentionne plus JAMAIS... ce bras.
â Pourquoi ? interrogea Jewel, sans comprendre la plaisanterie.
Nick afficha un large sourire.
â Eh bien, jeâ¦
Kriss se tourna vers lui et grogna :
â Encore un mot et je te ferais moi-même effectuer un aller simple à Saint-Peter.
Dean sourit dâun air ironique.
â Ne le teste pas, petit chat⦠il semble assez cinglé pour tenir parole.
Kriss se tourna vers Dean et ouvrit des yeux ronds en lisant le désir sous-jacent qui brillait dans les yeux de ce dernier. Il ne pouvait s'en empêcher... son regard glissa sur le corps de Dean et il rougit un peu, avant de détourner les yeux.
Jewel sourit, ayant saisi ce à quoi les deux hommes pensaient. Contrairement à Steven et Nick, qui ne comprenaient rien du tout.
Le regard de Dean se fit ténébreux et séducteur devant la réaction qu'il provoquait chez Kriss. S'arrêtant derrière l'autre Déchu, Dean lui enlaça la taille d'un bras et approcha sa bouche de son oreille sensible.
â Je crois que vous pouvez prendre le relais, les gars, dit-il.
Il sourit lorsque Kriss frissonna légèrement sous son souffle chaud.
Les trois spectateurs de la scène clignèrent des yeux hallucinés devant la disparition subite des deux Déchus.
â Comment font-ils ça ? interrogea Steven tout bas.
â Je ne sais pas, répondit Nick, qui tentait d'effacer de son esprit l'image de Dean et de Kriss si étroitement enlacés.
Des bruits de pas sur le côté leur firent tourner la tête au moment où Quinn et Kat arrivaient en vue et sortaient de derrière la crypte.
â Eh bien, voilà presque tout le monde, déclara Nick. Je suis prêt à laisser le reste de cette pagaille à lâEEP.
â Ne manquent plus quâEnvy et Devon, maintenant, fit observer Steven.
Jewel regarda autour d'elle.
â Je me demande où ils sont ?
â La dernière fois que je les ai vus, ils étaient avec le frère d'Envy et notre nounours flingueur préféré. Je suis sûr qu'ils peuvent partir avec lui, déclara Nick. Alors si vous venez avec moi, le train part tout de suite.
â Tu es prête ? demanda Quinn à Kat, en l'attrapant par la taille.
â Depuis environ une heure, répliqua Kat en levant vers lui un visage souriant.
Ils avaient formé une excellente équipe cette nuit, mais tous ces combats avaient disposés Kat à faire autre chose.
Steven passa son bras sur lâépaule de Jewel et la guida vers l'entrée du cimetière.
Nick leva les yeux au ciel. Il commençait à avoir la sensation de tenir la chandelle. Dans un autre coin du cimetière, leurs quatre amis patrouillaient à travers le cimetière en abattant les démons un par un. Trevor avait son portable à l'oreille, occupé à donner des ordres aux personnes qu'il avait postées dans l'arrondissement.
â Ouais, on va avoir besoin de deux barrages routiers pour tenir les humains à distance du Cimetière d'Hollywood. Assurez-vous que toutes les routes soient couvertes.
Trevor se tut une minute en écoutant la réponse de l'officier au bout du fil.
â Faites le nécessaire dès que possible, enchaîna Trevor. Il va bientôt être neuf heures⦠il faut que tout soit prêt dans les dix à quinze prochaines minutes. Des badauds sont déjà en train de débarquer, mais heureusement, j'ai envoyé du monde à l'extérieur pour les empêcher d'approcher. Le truc, c'est que ce ne sont pas des policiers, et ça fait des histoires. Nous n'avons pas besoin que quelqu'un se mette à souiller la scène de crime⦠si tu vois ce que je veux dire⦠vandalismes et incendies criminels⦠environ trois joursâ¦. Non, si quoi que ce soit tente de sortir, je ne pense pas que cela empruntera les routes.
Trevor se massa la tempe de sa main libre.
â Ãcoute, si tu vois quelque chose que tu n'as jamais vu auparavant... contente-toi de lui tirer dessus. »
Il raccrocha et poussa un lourd soupir.
« Je déteste avoir à tout épeller.
â Oh tu sais épeller ? demanda Chad en ouvrant comiquement des yeux ronds.
Devon renifla d'un air moqueur et Envy esquissa un petit sourire sarcastique.
â Non, s'empressa de répondre Envy qui se sentait d'humeur un peu légère. Mais il arrive à s'en approcher en étudiant les mots.
â Laisse-moi deviner, l'interrompit Chad. Il épelle âleâ phonétiquement ?
Envy hocha la tête.
â Ouais, l⦠e⦠u⦠h.
Chad faillit s'écrouler de rire à côté d'un Trevor vexé.
â Vous allez arrêter, tous les deux ? s'impatienta Trevor.
â Arrêter quoi ? rétorquèrent simultanément Envy et Chad, ce qui eut le mérite de déclencher un choeur de gloussements chez le frère et la sÅur .
Envy sourit à son frère, se souvenant de toutes ces occasions dans leur jeunesse où ils avaient eu des ennuis parce qu'ils attrapaient un fou rire et ne voulaient pas se calmer. à bien y repenser, cela se produisait souvent lorsqu'ils étaient censés aller dormir. Elle regarda son frère de plus près. Ouais, ses yeux étaient vitreux.
Devon ne prêtait pas vraiment attention à ces taquineries, à ce instant. Il avait localisé Warren à distance, tout occupé qu'il était à démembrer un démon, et se fit violence pour ne pas se transformer pour courir rejoindre son frère.
Envy surprit l'expression de Devon et y lut un sentiment d'envie à la façon dont ses yeux changèrent de couleur. Elle suivit son regard pour repérer à son tour le jaguar, et comprit que c'était dans sa nature de se métamorphoser. Il y avait de fortes chances pour qu'il reste sous sa forme humaine pour elle seulement, et ce n'était pas très correct de sa part envers lui.
â Pourquoi ne vas-tu pas l'aider ? demanda-t-elle en tendant la main vers lui pour la poser sur son avant-bras. Ãa ira pour moi.
Devon se tourna vers elle.
â Comment vas-tu rentrer ?
â Je vais la ramener chez moi, proposa Chad, qui en vérité aimait bien cette idée. L'appartement n'était plus pareil depuis le départ de sa sÅur . Je suis prêt à partir d'ici, de toute façon. Tu peux arrêter et venir la chercher quand tu en auras terminé ici. Il ajouta rapidement : Et prend ton temps, parce que nous serons probablement en train de pioncer, de toute façon.
Devon s'apprêtait à objecter puis il regarda le frère et la sÅur , avant de réaliser pour la première fois qu'ils étaient tellement fatigués qu'ils étaient à deux doigts du délire. Il éprouva quelques remords pour ne pas s'en être rendu compte plus tôt. Les humains avaient besoin de deux fois plus de sommeil qu'un métamorphe... si ce n'était pas plus.
â D'accord, concéda Devon avant de gratifier Envy d'un long baiser. Je passerai te ramener... va dormir un peu.
Envy hocha la tête puis regarda Devon se déshabiller avant d'adopter sa forme de jaguar. Il disparut dans le cimetière à la suite de Warren et elle s'émerveilla de cette grâce dont il était pourvu sous toutes ses formes.