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Ne Pas Défier Le Cœur
LÃ !
Elle haleta en remarquant un petit éclat bleu électrique sortant de son cou. Réprimant ses haut-le-cÅur, Kyoko regarda dans sa bouche encore ouverte. Faisant la grimace, elle tendit la main et attrapa le cristal, observant tandis que la taille du scorpion commençait à diminuer automatiquement. Rapidement, elle poussa et la créature glissa sur le côté, assez pour que Shinbe se soit libéré, puis la bête devint plus petite que la taille de la main de Kyoko.
Kyoko regarda Shinbe, ses longs cheveux bleu nuit cachant son visage, mais elle pouvait voir par ses mouvements qu'il essayait de reprendre son souffle. Son regard parcourait son corps à la recherche de blessures. Son flanc saignait abondamment, là où le démon l'avait violemment frappé avec sa patte pointue. Elle regarda autour d'elle à l'aveuglette, à la recherche de quelque chose pouvant stopper le saignement. Puis, elle courut vers sa serviette, sachant qu'il serait bon de l'appuyer contre la blessure.
Shinbe s'assit en regardant le petit insecte mort d'un air dégoûté. Avec une main posée sur sa blessure, il tourna son attention vers Kyoko et l'observa silencieusement tandis qu'elle courait vers la serviette qu'elle avait jetée dans la hâte. Son regard parcourait son corps, oubliant totalement la douleur qu'il ressentait.
Elle a oublié qu'elle était presque nue, se dit-il. Eh bien, je ne vais pas lui rappeler.
Il essayait de rester calme tandis qu'elle revenait avec la serviette.
Kyoko s'assit à côté de Shinbe, tirant sur son imperméable, essayant de voir la blessure.
Shinbe, est-ce que tu penses pouvoir enlever ça, demanda-t-elle en pointant du doigt le vêtement. Je dois voir d'où vient tout ce sang.
Sa voix était toujours haletante et douce à ses oreilles, presque séduisante. Il était tellement déconcerté par combien elle tenait à lui qu'il oublia de fantasmer sur elle lui demandant d'enlever ses vêtements.
Shinbe retira son manteau semblable à une robe et enleva la chemise bleu glacé en dessous. Elle tomba de ses épaules et glissa le long de ses bras pour tomber dans la piscine autour de lui, découvrant les muscles de son torse et de son ventre, ainsi que l'entaille sur sa hanche. Il tendit la main et descendit son pantalon de quelques centimètres pour lui permettre de mieux voir, mais garda son bras sur sa cuisse pour cacher la preuve de son érection.
Kyoko déglutit tandis qu'elle essayait de rester concentrée sur la blessure, au lieu de ce qu'il y avait autour. Plaçant une main sur la peau nue de Shinbe pour se stabiliser, elle appuya fermement le tissu blanc contre la blessure, l'observant devenir pourpre. Elle sentait ses muscles bondir sous sa paume et cela envoyait de la chaleur dans son bras. Ses yeux émeraudes étonnés se posèrent rapidement sur les siens, fixant son regard d'améthyste.
Il remarqua le rouge qui se répandait sur ses joues tandis qu'ils se fixaient, puis s'émerveilla, sentant sa propre chair chauffer, là où sa main douce le touchait.
Kyoko, est-ce que ça va ?
Il l'observa hocher la tête faiblement tandis qu'elle détournait son regard vers la serviette, la retirant gentiment pour voir si le saignement avait cessé. Voyant que c'était le cas, elle alla nettoyer le chiffon pour pouvoir enlever le reste du sang sur lui.
Shinbe baissa les yeux, se disant :
Ce n'est pas étonnant, tout le sang s'est dirigé vers un autre endroit.
Il soupira, se débarrassant rapidement de cette pensée tandis qu'elle revenait et s'agenouillait au-dessus de lui, lui donnant une belle vue sur sa poitrine vêtue d'un soutien-gorge. Son regard sombre d'améthyste se posa de nouveau sur son visage. Il savait qu'elle devait s'habiller pour qu'il puisse garder sa dignité.
Kyoko nettoyait lentement le sang sur sa peau, s'assurant d'être très, très délicate lorsqu'elle l'entendit prononcer son nom d'une voix rauque et tendue. Elle cessa de bouger et leva la tête vers la sienne. Ses yeux brillaient presque et à cet instant, il semblait bien plus grand que la vie. Son regard descendit lentement vers ses lèvres tandis qu'aucun d'eux ne parlait.
Shinbe regarda ses lèvres s'écarter, et son corps bougea de lui-même tandis qu'il réduisait la distance entre eux. Il passa ses lèvres sur les siennes en lui donnant un baiser léger comme une plume, c'était le calme avant la tempête... son souffle réchauffait sa joue. Puis, un flou rouge et noir rugissant le cogna tandis que la douleur de la blessure que ses pouvoirs de gardien commençaient à soigner s'intensifiait.
Shinbe fut traîné en arrière et jeté sur le sol par un Toya très furieux, qui se tenait maintenant au-dessus de lui, pointant l'une de ses dagues jumelles vers sa gorge.
Qu'est-ce que tu crois faire en embrassant Kyoko, salaud ? Cria Toya en tremblant de rage.
Voir Shinbe embrasser Kyoko resterait ancré dans sa rétine.
Je t'ai laissé t'occuper d'elle et tu décides de l'agresser ? Hurla-t-il, furieux.
Les yeux d'améthyste de Shinbe prirent une teinte violet foncé.
Kyoko se plaça entre eux, son dos tourné vers Shinbe comme pour le protéger. Regardant Toya d'un air furieux, elle exigea :
Ne t'avise pas de faire ça !
Elle écarta les bras en prenant une position protectrice.
Ce n'est pas ce que tu crois, Toya.
Toya baissa sa dague en grondant :
Oh vraiment, alors pourquoi es-tu nue ?
Ses yeux argentés parcoururent sa peau nue pour argumenter.
Le monde de Kyoko s'écroula sur elle, et elle savait que les dieux se moquaient tandis qu'elle se figeait sur place. Tout d'un coup, elle sentait la brise sur sa peau nue, et pouvait sentir le regard de Toya chauffer sa peau tout aussi rapidement. Laissant tomber ses bras sur ses flancs, son regard cherchait ses vêtements, voyant qu'ils étaient à présent secs et posés sur la pierre à côté.
Reposant brusquement son regard sur Toya, elle siffla :
On m'a attaquée et Shinbe m'a sauvé la vie. Je l'aidais car il s'est blessé en me protégeant, et alors ? Je l'ai embrassé, et après. C'était un remerciement !
Elle essaya de se déplacer pour se diriger vers ses vêtements, mais changea d'avis lorsque Toya pointa de nouveau sa dague vers la gorge de Shinbe.
Tu lui as demandé un baiser pour l'avoir sauvée ? Foutu pervers ! Grogna Toya en étant encore plus furieux contre le gardien.
Puis, en bondissant rapidement, il attrapa le bras de Kyoko, la tirant derrière lui et hors de la vue de son frère.
La colère traversa le regard de Shinbe face à la manière dont Toya traitait Kyoko.
Range la lame, Toya.
Les mots de Shinbe commençaient à se glacer tandis qu'il se levait en balayant du revers de la main son pantalon, son torse toujours nu. Il se dressa face à Toya d'un air menaçant, étant plus grand que lui, tout en se préparant à lui foncer dessus. Après tout... personne ne l'avait déjà traité de lâche.
Kyoko se dépêcha et se glissa de nouveau entre eux. Sa poitrine toucha accidentellement le torse de Toya au moment où son dos frôlait la peau chaude de Shinbe car ils s'apprêtaient à s'avancer dangereusement l'un vers l'autre. Son sourcil commença à trembler.
Je l'ai embrassé. Il n'a rien demandé. Maintenant, allez-vous-en pour que je puisse m'habiller.
Elle leva les yeux, cherchant le regard argenté de Toya et adoucit sa voix d'un air presque implorant.
La situation est assez mauvaise, pas besoin de l'aggraver.
Elle sentit Shinbe reculer et sans se retourner, elle savait qu'il s'habillait. Elle pouvait entendre le froissement du tissu tandis qu'il se glissait dedans d'un mouvement brusque. Sachant qu'il valait mieux ne pas se retourner et regarder, elle continua à fixer Toya en attendant de voir s'il allait essayer de blesser Shinbe. Elle soupira presque de soulagement en entendant les bruits de pas de Shinbe qui quittait les sources chaudes.
Toya ne prêta pas attention au départ de Shinbe. à cet instant, il fixait toujours les yeux de Kyoko avec confusion. Elle a embrassé Shinbe ? Pourquoi ? Elle tendit la main pour toucher son bras, mais il se retourna rapidement et fit un pas en avant, lui tournant toujours le dos.
Habille-toi, mais je ne te laisserai pas seule. Je resterai jusqu'à ce que tu sois prête à partir.
Le ton de sa voix était toujours empreint de colère.
Kyoko soupira et se dirigea rapidement vers ses vêtements, se jetant dessus. Une fois habillée, elle se retourna en voyant son dos raide puis le dépassa, prête à retourner dans la cabane lorsqu'il tendit la main et attrapa son bras, la faisant valser pour lui faire face. Toya voulait simplement connaître la raison. Pourquoi embrasserait-elle Shinbe comme cela ? Sa frange noire tomba en avant, cachant ses yeux dorés.
Pourquoi l'as-tu embrassé ? Chuchota-t-il.
Ses cheveux flottaient sous la brise, faisant miroiter ses reflets argentés d'un air séduisant.
Kyoko fronça les sourcils, ne sachant pas quoi répondre. En vérité, peut-être qu'elle le voulait simplement, mais elle ne pouvait pas lui dire cela.
Elle soupira :
Je n'ai pas réfléchi, donc... je ne sais pas pourquoi.
Elle baissa les yeux. De toute façon, c'était la vérité.
Toya sentit la peur se glisser dans son cÅur face à cette réponse. Il releva brusquement la tête et la regarda directement, attirant son regard vers le sien.
Kyoko, tu n'as jamais essayé de m'embrasser... comme ça, grogna-t-il sans réfléchir.
Les yeux de Kyoko lancèrent des éclairs pour l'avoir prise au dépourvu, et elle lui cria :
Tu n'as jamais agi comme si tu le souhaitais ! D'ailleurs, je n'ai pas de petit ami donc je suis libre d'embrasser qui je veux, n'est-ce pas ?
Elle retira brusquement son bras, ignorant son grognement face à sa réponse et s'en alla en se demandant pourquoi il s'en souciait soudainement.
Kyoko regardait le sol d'un air furieux tandis qu'elle se dirigeait vers la cabane. Toya l'avait énervée. Comment osait-il se fâcher contre elle ou Shinbe pour un baiser ? Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire, d'ailleurs ? Il se fichait d'elle. Il n'aimait personne, donc pourquoi prêter attention à celui qu'elle embrassait ? Elle ouvrit brusquement la porte de la cabane et se laissa tomber sur son sac de couchage, perdue dans ses pensées.
Toya entra derrière elle en piétinant.
Que je ne te revoie pas embrasser Shinbe ! Grogna-t-il en s'asseyant de l'autre côté de la pièce et en se penchant contre le mur.
Kyoko le regarda d'un air furieux tandis que son esprit enregistrait ce qu'il venait de dire, ou plutôt ordonner. Comment osait-il, ses yeux émeraudes commençaient à étinceler.
J'embrasserai Qui je veux, Quand je veux !
Après cela, Kyoko se leva furieusement, enroula son sac de couchage, ramassa son sac à dos et se dirigea vers la porte.
Toya bondit pour la suivre avec un air dévasté.
Où est-ce que tu crois aller, bon sang ?
Il n'avait pas voulu l'énerver au point de la faire partir. Il n'aimait simplement pas le fait que Shinbe l'ait touchée.
Kyoko s'arrêta avec sa main posée sur le cadre de la porte, lui tournant le dos.
Toya.
Elle se retourna légèrement, tendit la main vers lui, puis, avec un sourire narquois et furieux, elle utilisa le sort de domptage sur lui, sachant combien il détestait cela.
Ferme-la !
Toya tomba sur le sol avec un flot d'injures. Kyoko sortit en piétinant, dépassa Shinbe et se dirigea vers l'autel de la jeune fille avec l'intention de rentrer chez elle.
Shinbe se tenait debout en tournant le dos à la cabane, un léger sourire sur son visage. Il avait entendu ce que Kyoko avait dit, et son sourire s'était élargi en entendant Toya tomber sur le sol. Kyoko ne l'avait pas vu en sortant, donc il la suivit tandis qu'elle marchait vers la forêt.
Chapitre 4 « Ne t'en va pas »
En arrivant dans les jardins du cÅur du temps, Kyoko s'assit lentement sur l'herbe devant la statue de la jeune fille, regardant le visage de celle-ci. Elle se concentra sur le visage qui reflétait ses propres traits. Cette image appartenait à son ancêtre que la statue représentait. En vivant à la même époque, elles auraient pu être jumelles.
Kyoko se débarrassa de cette pensée, se rappelant pourquoi elle était assise sur l'herbe en premier lieu. Ses pensées commençaient à se battre entre elles comme si elle n'était même pas là pour écouter.
Toya est vraiment un crétin ! Elle venait à peine de rentrer et tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui crier dessus. Parfois, elle... le détestait... OK, peut-être que c'était un mensonge. Kyoko soupira.
Je ne peux pas me mentir. J'aime Toya et quand il n'y a personne autour... il me prouve souvent qu'il m'aime aussi.
Kyoko plissa les yeux d'un air pensif.
Mais il faut toujours qu'il arrive et gâche tout.
Elle aller rentrer chez elle et peut-être qu'elle ne reviendrait jamais. Elle bondit avec l'intention de placer ses mains dans celles de la statue, sachant que cela la ramènerait à la maison.
Mais dans ce cas, tu ne reverrais plus jamais Shinbe.
Ses yeux s'élargirent et son esprit cria :
Tu as des sentiments pour lui !
C'est ridicule, se disputa-t-elle avec elle-même.
Je n'ai que des sentiments persistants car j'ai rêvé de lui, ça ne veut rien dire.
Elle s'éloigna de la statue, baissant sa main d'un air hésitant et s'assit de nouveau, se penchant contre une pierre froide.
Et s'il a des sentiments pour toi ? Si le baiser était allé plus loin, t'aurait-il embrassé en retour ?
Qui est à l'origine de ce baiser, déjà ?
Mais c'est un joueur... il aurait embrassé n'importe quelle femme.
Il t'a défendue face à Toya.
Seulement parce qu'il s'est senti menacé, et d'ailleurs, c'est sa manière d'être.
Une voix profonde la sortit de ses pensées embrouillées.
Kyoko, l'appela Shinbe d'une voix rauque.
Kyoko releva brusquement la tête et rougit, ayant l'impression qu'il avait entendu ses pensées.
Hum, salut.
Elle détourna le regard, espérant qu'il n'avait pas vu la rougeur bien présente.
Est-ce que tu rentres à la maison ?
Il s'avança de quelques pas tout en parlant.
Je ne peux pas vraiment te le reprocher, après la manière dont Toya a réagi.
Shinbe s'agenouilla devant elle avec sa main tendue pour l'aider à se relever. Elle saisit sa main et se leva, tapotant sa jupe pour faire partir la poussière.
Parfois, je ne peux pas supporter sa présence, Shinbe... je... je suis vraiment désolée pour tous les problèmes que je t'ai causés.
Elle s'avança vers l'autel.
Shinbe ne voulait pas voir Kyoko partir, mais il savait qu'il ne pourrait pas l'arrêter après avoir pris sa décision. Il savait qu'elle détestait quand Toya lui demandait de ne pas partir, et il ne voulait pas qu'elle lui en veuille pour les mêmes raisons. Mais en vérité, il ressentait la même chose que Toya... il ne voulait pas la voir partir.
Dissimulant ses vrais sentiments, il essaya de l'encourager.
Ce n'est rien, Kyoko. Tu peux me causer des problème à tout moment.
Il lui sourit, faisant semblant de la chercher lentement.
Kyoko ne manqua pas sa main tandis qu'elle s'avançait vers elle. Elle gloussa, lui souriant. Puis, elle disparut.
Shinbe se tenait debout, fixant la statue tandis que son sourire faiblissait. Il voulait lui dire de ne pas partir. Il n'aurait eu aucun mal à la peloter... enfin, peut-être un peu. Il avait fait ce geste pour lui permettre de partir l'esprit tranquille et de lui faire savoir que rien n'avait changé entre eux. Il savait qu'elle était furieuse et tout ce qu'il voulait, c'était la voir sourire, ou montrer d'autres émotions que la tristesse et la colère. Son plan avait mieux fonctionné que ce qu'il pensait en la voyant rire.
Le regard d'améthyste et hagard de Shinbe se détourna brusquement de l'autel de la jeune fille. Il détestait la capacité du portail temporel de l'éloigner de lui et aurait voulu pouvoir la suivre dans son monde... juste une fois. Ses yeux s'assombrirent d'un air séduisant, puis se plissèrent en pensant envieusement à Toya pouvant la suivre à travers le cÅur du temps. Pourquoi le portail temporel avait-il choisi le gardien argenté et seulement lui ? Ce n'était pas juste. Toya n'était pas son unique gardien.
*****
Lorsque Kyoko se retrouva de l'autre côté de l'autel de la jeune fille, elle s'allongea dans l'intimité du temple, reposant sa tête contre son sac à dos et fermant les yeux. à cet instant, elle ne voulait voir personne.
Les pensées de Shinbe lui faisant l'amour continuaient à pénétrer son esprit. Pourquoi avait-elle dû rêver de lui comme cela ? Cela lui donnait envie de...
à quoi est-ce que je pense ? Se demanda-elle.
Elle devait cesser de penser à cela.
De toute évidence, Shinbe et Suki s'appréciaient, même s'ils ne voulaient pas l'admettre. D'ailleurs, il faisait des avances à toutes les femmes. C'était sa manière d'être.
Kyoko se releva lentement et sortit du temple qui protégeait la statue de la jeune fille.
Je vais aller dans ma chambre et étudier. Ouais, puis j'irai à l'école demain, et tout ira bien. Je vais peut-être même appeler mes amis et aller traîner avec eux un petit moment.
Kyoko s'arrêta en plein chemin et loucha presque en pensant à voix haute :
Nouvelle règle, ne pas manger de fruits avec ses amis.
*****
Toya luttait toujours contre son humeur jalouse tandis qu'il marchait lentement vers l'autel. Il avait bien l'intention de suivre Kyoko et de lui parler franchement. Il ne supportait pas de la savoir en colère contre lui.
Ses sens montèrent en flèche, lui disant qu'il n'était pas seul. Il jeta un coup dâÅil et vit Shinbe penché contre l'un des gros rochers environnants appartenant à un château oublié qui se tenait là auparavant. Ses mains étaient soigneusement mises dans son imperméable avec son bâton posé sur ses genoux. Sa tête était posée en arrière avec les yeux fermés, comme s'il dormait.
Réveille-toi, stupide coureur de jupons ! Lui cria Toya, maintenant plus agacé que jamais.
Shinbe s'efforça d'ouvrir un Åil somnolent, puis le referma.
Qu'est-ce que tu veux, Toya ?
Qu'est-ce que je veux ? Je veux savoir ce que tu fous assis là , ragea-t-il.
Shinbe ouvrit les yeux et sourcilla face à son frère.
N'ai-je pas le droit de me reposer ?
Toya plissa les yeux en le regardant.
Depuis quand est-ce que tu viens au cÅur du temps pour te reposer ?
Shinbe se leva lentement, se préparant, juste au cas où. Il savait que Toya était bien plus fort. Mais il savait également qu'il n'était pas aussi faible que ce que Toya pensait. Leurs pouvoirs étaient juste différents.
Je suis venu dire au revoir à Kyoko. Après la manière dont tu l'as traitée, on serait chanceux de la voir revenir un jour. Qu'est-ce qui se passe dans ce petit pois qui te sert de cerveau, d'ailleurs ?
La voix calme de Shinbe avait une touche d'agitation qu'il cachait.
Toya grogna doucement, sachant que Shinbe disait la vérité. Peut-être, oui peut-être qu'il avait exagéré, mais quand même, il les avait vus s'embrasser. Kyoko avait embrassé ce gardien lubrique. La scène repassait dans l'esprit de Toya et son âme cria :
Non, c'est Shinbe qui embrassait Kyoko, pas l'inverse.
Il tourna le dos à Shinbe.
Je ne sais pas ce que tu mijotes, gardien, mais si tu retouches Kyoko... je te tuerai.
Après cela, Toya s'envola dans les airs, ne laissant qu'une plume argentée flotter dans la brise.
Shinbe soupira et s'assit de nouveau, se posant contre la pierre lorsqu'il entendit le rire moqueur de Kamui à distance. Quelques instants plus tard, Sennin, Kamui et Suki entrèrent dans la clairière, portant des paniers d'herbes et de légumes que le vieil homme avait cherchés.
Ils ont dû le rencontrer en retournant à la cabane, raisonna Shinbe.
Sennin était le vieil homme qui possédait la cabane dans laquelle ils séjournaient lorsqu'ils étaient proches de l'autel. Sennin avait élevé Suki et son frère, tout seul, lorsque sa femme, leur mère, avait été tuée par des démons lors d'une attaque au village. Suki était trop jeune pour se souvenir de la mère qu'elle préférait, mais elle avait été la meilleure tueuse de démons du royaume.
Au village, Sennin était un médecin, mais les gardiens savaient la vérité. Il maîtrisait le lancement de sorts, et en savait bien plus que la plupart des humains dans le royaume. Shinbe sourit tristement tandis qu'il observait le vieil homme s'approcher.
Pourquoi as-tu l'air si morose, Shinbe ? Demanda Sennin en s'approchant.
Il le regarda en plissant les yeux avec sa vue vieillissante. Le gardien d'améthyste avait agi bizarrement ces derniers temps... et cela en disait beaucoup car selon lui, tous les gardiens étaient naturellement étranges.
Shinbe se leva tandis qu'ils approchaient, comme s'il les attendait, au lieu d'en venir presque aux mains avec Toya.
Suki regarda l'autel de la jeune fille derrière lui.
Est-ce que Kyoko est déjà rentrée ?
Shinbe regarda dans le vide avant de lui répondre :
Oui, oui elle est rentrée.
Kamui cessa de fouiller dans le panier à la recherche de quelque chose à manger et observa Shinbe avec attention, son sourire disparaissant et se transformant en inquiétude.
Pourquoi est-elle partie ?
Puis, comme s'il venait de s'en rendre compte, il plissa les yeux :
Qu'est-ce que Toya a fait cette fois ?
Shinbe tendit la main et la posa sur l'épaule de Kamui pour le calmer. Il savait que Kamui détestait quand Kyoko retournait dans son temps, autant que lui d'ailleurs.
Ãa va aller Kamui. Elle reviendra bientôt.
Ou du moins il l'espérait. Il grogna intérieurement.
Suki semblait troublée. Kyoko était revenue au milieu de la nuit. Elle n'avait pas eu la chance de lui parler sauf ce matin, quelques instants.
Est-ce qu'elle a dû le dompter ?
Shinbe jeta un coup dâÅil à la fille et sourit d'un air narquois :
J'en ai bien peur. Toya n'est pas de très bonne humeur.
J'imagine bien. Est-ce que tu sais pourquoi ils se sont disputés cette fois ?
Sennin le regarda en plissant les yeux tandis qu'il déplaçait son panier et marchait vers la cabane. Suki le suivit avec Kamui, qui était de nouveau en train de chercher de la nourriture dans le panier pour grignoter. Shinbe les suivit en essayant de trouver une réponse.
Est-ce que Toya a besoin d'une raison pour lui crier dessus ?
Shinbe haussa les épaules, comme s'il ne savait rien, en espérant que personne ne pourrait sentir sa culpabilité.
Toya était assis dans un arbre près de la cabane de Sennin et écoutait leurs badinages tandis qu'ils s'approchaient. Il avait entendu le commentaire de Shinbe et voulait le réduire en bouillie. Mais en y repensant, il valait mieux ne pas leur raconter ce qu'il avait vu. Ses yeux étincelaient d'une couleur argentée en repensant au baiser. Décidant de ne rien dire pour l'instant, Toya se pencha contre l'arbre et ferma les yeux, faisant semblant de dormir.