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Contes et légendes. 1re Partie
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"Une bonne idée!" dit la sorcière.

Elle prit les deux enfants, les mit dans une cage, et dit: "Comment votre mère engraisse-t-elle ses porcs?"

"Oh, elle leur donne du grain," dit la petite fille.

"Non, non," dit le garçon, "ma sœur se trompe, elle est si petite! Ma mère engraisse ses porcs avec des gâteaux et du lait doux."

"Bon," dit la sorcière, "c'est ce que je ferai."

La sorcière leur donna donc beaucoup de gâteaux et de lait doux. Un jour elle arriva à la cage, et dit: "J'ai mal aux yeux et je ne puis pas voir si vous êtes assez gras. Levez le doigt que je le tâte."

La petite fille allait faire juste comme la vieille avait dit; mais le petit garçon prit sa place et présenta un petit bâton.

La sorcière le tâta, et dit:

"Vous êtes bien maigres." Et elle leur donna deux fois plus de gâteaux et de lait doux.

Quelques jours après, elle dit de nouveau:

"Levez le doigt, je veux voir si vous êtes assez; gras."

Le garçon tendit une queue de chou, et la vieille femme dit:

"Oui, vous êtes assez gras." Elle porta les enfants dans sa cabane, et dit à la fille de faire un grand feu dans le four. Quand il fut bien chaud, elle dit aux enfants: "Maintenant, mettez-vous sur la pelle, l'un après l'autre, et je vous mettrai au four."

La petite fille, toute tremblante, allait obéir, quand son frère prit sa place. Mais quand la vieille prit la pelle, il roula à terre. La sorcière se mit en colère, mais le garçon s'excusa poliment, et dit:

"Madame, nous sommes bien stupides, et bien gauches, je le sais; montrez-nous comment nous placer sur la pelle!" La sorcière se plaça sur la pelle, le garçon la poussa vite dans le four et ferma la porte.

Alors il prit tous les fromages de la sorcière, et accompagné de sa petite sœur, il rentra tout joyeux chez son père. Quant à la sorcière, elle fut bien rôtie, et personne ne pleura sa mort.

LE VRAI HÉRITIER. 15

Julien était le fils d'un homme très pauvre. Son père tomba malade et mourut, et le pauvre Julien était seul, tout seul. Julien était jeune, et un homme riche dit: "Pauvre enfant, vous avez perdu votre père et votre mère, vous êtes orphelin, vous êtes seul au monde. J'ai pitié de vous!" Et l'homme riche plaça Julien dans une bonne famille, se chargea de son éducation, et quand il fut assez grand il le plaça en apprentissage.

Son apprentissage fini, Julien dit adieu à son bienfaiteur, et partit pour son tour de France. Cinq ans après, il arriva à la maison. Il avait beaucoup voyagé, il avait beaucoup travaillé, mais il n'avait pas gagné beaucoup d'argent.

Sa première pensée en arrivant dans sa ville natale fut d'aller faire visite à son bienfaiteur. Hélas, le pauvre homme était mort. Julien trouva tous les héritiers dans la maison. Ils étaient tous furieux parce que leur oncle n'avait pas laissé une aussi grande fortune qu'ils avaient espéré.

Les héritiers désappointés firent une vente de tous les objets qui étaient dans la maison de leur oncle. Julien alla à la vente, et il vit avec surprise que les héritiers n'avaient aucun respect pour la mémoire de leur oncle. Ils vendaient tout. Enfin Julien vit avec indignation qu'ils vendaient même le portrait du pauvre mort.

Naturellement Julien acheta les objets que son bienfaiteur avait le plus aimés, et naturellement il acheta aussi le portrait, et il donna tout l'argent qu'il avait au monde pour l'obtenir. Il porta ce portrait dans sa chambre, sa misérable petite chambre, et le suspendit contre le mur par une petite ficelle (corde). Mais la ficelle était vieille, le portrait était lourd, et bientôt la ficelle cassa, et le portrait tomba.

Julien examina le portrait avec soin, et trouva le cadre cassé. Il voulut réparer le cadre, et il vit quelque chose de curieux. Il examina le cadre de plus près et découvrit bientôt des diamants, et un papier sur lequel son bienfaiteur avait écrit:

"Je suis sûr que mes héritiers sont des ingrats. Je suis sûr qu'ils vendront même mon portrait. Ce portrait sera peut-être acheté par une personne à qui j'ai fait du bien. Ces diamants sont pour cette personne; je les lui donne."

Le papier était signé, et personne ne put disputer la possession des diamants à Julien, qui se trouva ainsi le vrai héritier de la fortune de son bienfaiteur.

Il était si riche, qu'il pensa aux pauvres enfants de la ville, orphelins comme lui. Il construisit une grande maison pour eux, et il leur raconta souvent l'histoire du portrait de son cher bienfaiteur.

YVON ET FINETTE. 16

Dans la Bretagne, il y avait autrefois la noble famille des barons Kerver. Le baron, qui était aussi brave que bon, avait douze enfants, six fils, grands et forts comme lui, et six filles, belles comme le jour, et vraiment adorables. Avec une telle famille vous pouvez comprendre que le baron Kerver était fier et heureux, et quand un autre enfant arriva, il dit: "Vraiment je ne sais pas où je trouverai la place pour ce garçon, le château est déjà plein!"

Le nouveau-venu fut appelé Yvon et bientôt il gagna tous les cœurs par sa franchise, sa bonne humeur et surtout par son courage, car il n'avait peur de rien. Quand Yvon eut atteint l'âge d'homme il dit à son père: "Mon père, vous avez tant d'enfants qu'il n'y a pas de place dans le château pour moi. Permettez-moi d'aller chercher fortune."

Le baron Kerver refusa d'abord de se séparer de son cher enfant, mais enfin il consentit au départ d'Yvon. Le jeune homme dit adieu à ses parents, à ses frères et à ses sœurs et partit gaiement en répétant la devise des Kerver: "En avant," chaque fois qu'un obstacle ou un danger se présentait. Enfin il arriva à la mer et s'embarqua dans un vaisseau prêt à partir, en criant: "En avant."

Quelques jours après, quand le vaisseau était en pleine mer, une tempête terrible s'éleva, et bientôt le vaisseau fut englouti par les vagues, et Yvon se trouva seul dans l'eau: "En avant," répéta-t-il courageusement, et il se mit à nager vigoureusement. Il arriva enfin en vue de terre, et après avoir fait beaucoup d'efforts il se trouva sur une plage, où il se reposa quelques heures avant de continuer son chemin.

Quand il fut un peu reposé, il grimpa sur une montagne, et du haut de cette montagne, il s'aperçut qu'il était sur une île. L'île n'était pas déserte, cependant, car Yvon aperçut une maison immense à quelque distance. Il se dirigea vers cette maison, et fut tout surpris en voyant la grandeur des portes et des fenêtres qui n'avaient pas moins de soixante pieds de haut.

Yvon ne se déconcerta cependant pas, et s'approcha de la porte. Le marteau était hors de portée. Il prit une grosse pierre et frappa à la porte. Un géant, qui n'avait pas moins de quarante pieds de haut, ouvrit la porte, et demanda d'une voix terrible:

"Qui êtes-vous, et que voulez-vous?"

"Je suis Yvon, fils du baron Kerver, en Bretagne, et je viens chercher fortune!" dit Yvon, sans trembler.

"Très-bien!" dit le géant. "Votre fortune est faite, j'ai besoin d'un domestique, vous pouvez entrer à mon service. Si vous me servez bien, je vous récompenserai bien; mais si vous n'êtes pas fidèle et si vous ne faites pas exactement ce que je vous dis, je vous mangerai."

"C'est entendu!" dit Yvon. Alors le géant lui dit:

"Aujourd'hui je suis très occupé. Je vais mener mes troupeaux à la montagne, je serai absent toute la journée. Pendant mon absence vous pouvez nettoyer les écuries. Je ne vous donne rien de plus à faire, mais je vous défends d'entrer dans ma maison!"

Le géant partit en disant ces mots. Yvon le suivit des yeux, et quand il fut hors de vue, il ouvrit la porte et entra dans la maison, en disant:

"Il est clair qu'il y a quelque chose d'intéressant à voir dans cette maison; sans cela le géant ne m'aurait pas défendu d'y entrer."

Yvon entra dans la première chambre; elle était vide, complètement vide. Il n'y avait rien qu'une marmite suspendue dans la cheminée. Yvon s'avança et remarqua avec surprise que la marmite contenait une soupe étrange qui bouillait. Comme il n'y avait pas de feu sous la marmite, Yvon trouva ceci très extraordinaire.

Il coupa donc une mèche de ses cheveux, la trempa dans la soupe, et quand il l'en retira, il fut très surpris de voir que les cheveux étaient couverts de cuivre. "Oh!" dit-il, "monsieur le géant a sans doute un estomac bien solide puisqu'il peut digérer une soupe pareille!"

Yvon alla dans la seconde chambre. Il la trouva exactement pareille à la première, et là aussi il trouva une marmite, mais quand il trempa une mèche de cheveux dans la soupe bouillante qu'elle contenait, il remarqua que la mèche était toute couverte d'une couche d'argent. "Oh," dit-il, "monsieur le géant a vraiment une digestion admirable, et il faut qu'il soit riche pour pouvoir se payer des soupes pareilles."

Yvon entra alors dans la troisième chambre, et bien qu'elle fût exactement pareille aux deux premières, il découvrit bientôt que la soupe dans la troisième marmite était une soupe d'or. Sa curiosité était éveillée, et il courut vite ouvrir une quatrième porte, et entra hardiment dans une quatrième chambre.

Oh, quelle surprise! Il vit devant lui une charmante jeune fille, qui s'approcha vivement de lui, et qui lui dit:

"Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? Partez vite, malheureux, car si le géant vous trouve ici, il vous tuera!"

Le jeune homme répondit aussitôt: "Je suis Yvon, fils du baron Kerver. Je suis venu chercher fortune. Je n'ai pas peur du géant que j'ai vu et qui m'a engagé comme domestique."

"Que vous a-t-il donné à faire?" demanda la jeune fille en tremblant.

"Il m'a dit de nettoyer l'écurie. C'est bien simple, car je l'ai souvent vu faire aux domestiques de mon père. On prend un balai, on balaie, et voilà tout!"

"Oh!" dit la jeune fille, "c'est très facile dans une écurie ordinaire, mais dans une écurie magique comme celle du géant, ce n'est pas si simple, car toutes les fois que vous jetterez du fumier par la porte il en entrera plus par la fenêtre. Mais si vous tournez le balai, et si vous commencez à balayer avec le manche, l'écurie se nettoiera toute seule."

"Très-bien!" dit Yvon, "je suivrai votre conseil, et maintenant asseyons-nous là, côte à côte, et causons."

Le temps passa vite, bien vite; et avant la fin de la journée Yvon avait non seulement raconté toute sa vie à la jeune fille, mais il avait aussi appris qu'elle s'appelait Finette, qu'elle était un peu fée, mais qu'elle était la captive et la servante du géant, qui était un homme cruel. Leur conversation était si intéressante qu'elle dura jusqu'à tard dans l'après-midi. Enfin Finette dit: "Mon ami, allez vite nettoyer l'écurie, sans cela le géant arrivera avant que votre tâche ne soit finie."

Yvon la quitta donc et alla à l'écurie. Il prit un balai et jeta du fumier par la porte comme il l'avait vu faire aux domestiques de son père, mais au même instant une quantité de fumier entra par la fenêtre. Alors il se rappela ce que Finette lui avait dit. Il saisit le balai et commença à balayer avec le manche. A l'instant même l'écurie se trouva toute propre comme par enchantement.

Yvon mit le balai dans un coin, puis il alla s'asseoir sur le banc devant la porte de la maison du géant. Quand il vit arriver son maître, il se croisa les jambes, renversa la tête en arrière, ferma les yeux et commença à siffler nonchalamment.

Le géant arriva, et demanda avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoi ne travaillez-vous pas?"

Yvon ouvrit les yeux lentement, et dit: "Je n'ai rien à faire!"

"Comment," cria le géant; "je vous ai dit de nettoyer mon écurie."

"C'est fait!" dit Yvon tranquillement. Le géant courut à l'écurie, et revint en disant: "Misérable! vous n'avez pas fait ceci tout seul; vous avez vu ma Finette."

"Mafinette," dit Yvon, "mafinette! Qu'est-ce que c'est que cela? Est-ce un animal, une personne, ou une chose? Mon maître, montrez-moi ça!"

Le géant dit: "Imbécile, vous ne saurez que trop tôt ce que c'est. Allez vous coucher dans la grange, et je vous dirai ce que vous aurez à faire demain."

Le lendemain avant de partir de nouveau pour toute la journée le géant dit à Yvon: "Allez à la montagne, attrapez mon cheval noir et mettez-le à l'écurie. Je veux m'en servir demain. Mais n'allez pas dans ma maison, et ne cherchez pas à découvrir ma Finette!"

"Ah, mon maître," dit Yvon, "vous parlez toujours de mafinette. Qu'est-ce que c'est que mafinette?"

Le géant ne répondit pas et partit, mais aussitôt qu'il fut hors de vue Yvon courut joyeusement dans la maison pour voir Finette, qu'il aimait déjà beaucoup. Finette lui demanda ce que le géant lui avait donné à faire.

"Oh!" dit Yvon négligemment, "c'est quelque chose de très facile. Il m'a dit d'aller à la montagne attraper son cheval, de le ramener et de le mettre à l'écurie. Il veut s'en servir demain."

"Oh!" dit Finette, "ce n'est pas aussi facile que vous pensez, mon cher Yvon, car le cheval du géant est immense, et de sa bouche et de ses narines jaillit un feu dévorant qui tue toutes les personnes qui l'approchent."

"Très-bien!" dit le jeune homme, "je n'irai pas à la montagne, car je n'ai nulle envie de mourir!"

"Oh!" dit Finette, "si vous prenez la bride magique suspendue derrière la porte de l'écurie, le cheval sera docile comme un agneau, et vous pourrez le brider et le monter sans danger."

Yvon remercia la jeune fille de ses bons conseils, et après avoir causé avec elle presque toute la journée, il alla chercher la bride magique, et partit pour la montagne. Arrivé là, il entendit bientôt un bruit, comme le tonnerre, et il vit venir au grand galop un cheval monstre, de la bouche et des narines duquel jaillissait un feu dévorant.

Yvon, qui n'avait peur de rien, secoua la bride, et le coursier vint s'agenouiller devant lui, doux comme un agneau. Yvon brida le cheval sans peine, monta sur son dos, retourna à la maison et le mit à l'écurie.

Cela fait, il alla s'asseoir sur le banc, devant la porte, et quand il vit venir le géant, il se croisa les jambes, ferma les yeux et commença à siffler.

Le géant s'approcha, et lui dit avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoi n'avez-vous pas fait ce que je vous ai commandé?"

"C'est fait, mon maître, votre cheval est à l'écurie, et c'est une bien gentille bête, allez!"

"Mon cheval une gentille bête!" s'écria le géant avec surprise, et il courut à l'écurie pour voir si c'était vraiment son cheval que le jeune homme avait ramené de la montagne.

Il revint en quelques minutes en grommelant: "Misérable, vous n'avez pas fait ceci tout seul. Quelqu'un vous a aidé. Vous avez vu ma Finette."

"Mafinette, mafinette!" dit Yvon. "Vous parlez toujours de mafinette, mon maître; qu'est-ce donc que mafinette?"

"Vous ne saurez que trop tôt," dit le géant, et il alla se coucher.

Le lendemain, avant de partir, il dit à Yvon: "Yvon, allez aujourd'hui à l'abîme sans fond, toucher mes revenus!"

"Très-bien!" dit Yvon, sans paraître le moins du monde surpris, et le géant partit.

Quand il fut hors de vue, Yvon courut rejoindre Finette, qui lui demanda anxieusement ce que le géant lui avait commandé de faire.

"Oh!" dit Yvon, "le géant m'a dit: 'Allez à l'abîme sans fond, toucher mes revenus.' Je ne sais pas où c'est, ni combien le géant veut, mais je suis sûr que vous savez tout, ma Finette chérie, et que vous m'aiderez de nouveau."

Finette rougit, sourit, et dit: "Oui, Yvon, je sais en effet où est l'abîme sans fond. Prenez cette baguette, allez à la montagne, frappez-en le grand rocher noir trois fois. Le rocher s'ouvrira, et un démon paraîtra; il vous demandera brusquement: 'Que voulez-vous?' et vous répondrez, 'Les revenus du géant!' Alors il dira: 'Combien voulez-vous?' Vous répondrez: 'Pas plus que je ne peux porter.'

"Alors le démon vous fera entrer dans une grotte immense, où vous verrez des diamants, des rubis, des perles, des émeraudes, des topazes, des améthystes, de l'or et de l'argent en grandes quantités. Vous verrez un sac par terre. Prenez-le et remplissez-le, sans dire un seul mot, et sortez en silence."

"Très-bien," dit Yvon, "je ferai exactement tout ce que vous m'avez dit, ma chère Finette." Et il s'assit à côté d'elle, et ils causèrent longtemps ensemble. Quand l'après-midi arriva, le jeune homme prit la baguette, et partit pour la montagne. Il trouva le rocher noir sans peine. Il le frappa trois fois de sa baguette. Le rocher s'ouvrit, et un démon parut, qui dit d'une voix terrible:

"Que voulez-vous?"

"Les revenus du géant!" répondit Yvon sans se laisser déconcerter.

"Combien voulez-vous?" demanda brusquement le démon.

"Pas plus que je ne puis porter," dit Yvon.

"Entrez!" fit le démon, et il conduisit Yvon dans une grotte toute étincelante d'or, d'argent, et de pierreries. Yvon vit un sac à terre; il le prit et le remplit d'or, d'argent, et de pierreries, et sortit en silence. Il descendit la montagne, et s'assit sur le banc devant la porte. Quelques minutes après le géant arriva.

"Avez-vous fait ma commission?" dit-il.

"Oui," répondit le jeune homme, "je suis allé à l'abîme sans fond, et j'ai touché vos revenus."

"Avez-vous le compte juste?" demanda le géant.

"Comptez vous-même, et vous verrez!" dit le jeune homme en montrant le sac du doigt.

Le géant ouvrit le sac, compta les pierres précieuses, et dit: "Misérable, vous n'avez pas fait ceci tout seul; vous avez sans doute vu ma Finette."

"Ah, mon maître, qu'est-ce donc que mafinette? Vous en parlez sans cesse; qu'est-ce?"

"Vous ne saurez que trop tôt!" grommela le géant, et il partit.

Le lendemain matin il s'en alla à cheval sans dire mot à Yvon. Quand il fut hors de vue le jeune homme alla trouver Finette.

"Qu'avez-vous à faire aujourd'hui," demanda Finette.

"Rien, absolument rien! J'ai vacance aujourd'hui!" répondit Yvon.

"Oh," dit Finette, "c'est un mauvais signe. Allez vite vous asseoir sur le banc, devant la maison, et restez là jusqu'à ce que je vienne."

Yvon obéit à regret. Quelques minutes après le géant revint. Il ne dit pas un seul mot à Yvon, mais il entra dans la maison et dit à Finette: "Prenez un couteau, coupez la gorge au jeune homme que vous trouverez assis devant la porte, et faites-en une bonne soupe. Je vais dormir; appelez-moi quand la soupe sera prête."

En disant ces mots, le géant alla se coucher, et quelques minutes après il était profondément endormi, et on l'entendait ronfler par toute la maison. Finette prit un couteau, alla à la porte, appela Yvon et lui raconta toute l'histoire.

"Finette!" dit Yvon, "vous n'allez sûrement pas me couper la gorge."

"Oh non!" dit Finette. "Donnez-moi le doigt." Elle coupa un peu le doigt d'Yvon, et trois gouttes de sang tombèrent sur le pas de la porte.

"Venez avec moi maintenant," dit-elle. Yvon l'accompagna dans la maison. Ils firent un grand feu. Ils suspendirent une marmite sur le feu. Yvon remplit la marmite d'eau de la fontaine, et Finette y jeta des oignons, des carottes, des navets, du persil et des pommes de terre. Puis elle y jeta une paire de souliers, une paire de bas, une paire de pantalons, une chemise, une veste, un habit et un chapeau, et quitta la chambre.

Accompagnée d'Yvon, elle alla dans la chambre où bouillait l'or. Là elle fit trois boulets d'or. Puis elle alla dans la chambre où bouillait l'argent. Là elle fit deux boulets d'argent. Puis elle alla dans la chambre où bouillait le cuivre. Là elle fit un boulet de cuivre. Puis elle prit Yvon par la main, et dit:

"Fuyons, fuyons, avant que le géant se réveille," et ils s'enfuirent tous deux aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter. Le géant dormit longtemps, enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?"

"Non, pas encore, mon maître," dit la première goutte de sang.

Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?"

"Non, pas encore, mon maître," dit la seconde goutte de sang.

Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe n'est-elle pas encore prête?"

"Non, mon maître, pas encore," répondit la troisième goutte de sang.

Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?" Pas de réponse. Il cria de nouveau: "Finette, la soupe est-elle prête?" Toujours pas de réponse.

Il alla à la cuisine. Finette n'y était pas, mais la marmite était sur le feu. La soupe bouillait fort. Le géant prit une cuillère, la plongea dans la soupe et retira un soulier. "Oh!" dit-il avec dégoût.

Il plongea de nouveau la cuillère dans la soupe, et retira un bas. Il trouva les bas, les souliers, les pantalons, la chemise, la veste, l'habit, le chapeau; il trouva les navets et tous les autres légumes, mais il ne trouva pas de viande fraîche. Il comprit enfin qu'Yvon et Finette s'étaient échappés, et il se mit à leur poursuite. Il courait si vite avec ses longues jambes que bientôt il vit les fugitifs qui se dirigeaient vers la mer.

Finette vit aussi le géant; elle jeta le boulet de cuivre à terre, et dit: "Boulet, sauvez-moi!"

À l'instant la terre s'ouvrit, et un grand précipice parut entre le géant et les fugitifs, qui fuyaient toujours. Le géant, furieux de trouver cet obstacle, arracha un grand arbre, le jeta en travers du précipice, et se mit à califourchon pour passer de l'autre côté.

Il arriva enfin de l'autre côté, et continua la poursuite. Pendant ce temps, Yvon et Finette étaient arrivés au bord de la mer, mais il n'y avait pas de vaisseau en vue. Finette prit un boulet d'argent, le jeta à la mer en disant: "Boulet, sauvez-moi!" et au même instant parut un vaisseau, dans lequel Yvon et Finette s'embarquèrent promptement, et qui fit voile aussitôt.

Le géant arriva à la plage (au bord de la mer) à cet instant, et plongea dans l'eau pour saisir le bateau.

Alors Finette jeta le second boulet d'argent en disant: "Boulet, sauvez-moi." Au même instant parut un poisson, un poisson monstre. Le géant vit le poisson. Il eut peur, et il retourna vite à terre pendant qu'Yvon et Finette s'éloignaient rapidement.

"Nous sommes sauvés," dit Yvon avec joie.

"Ah!" dit Finette, "ce n'est pas encore sûr. Le géant a une tante qui est sorcière; elle essaiera de nous faire du mal, et je ne serai pas tranquille jusqu'à ce que nous soyons mariés dans l'église du château de Kerver, car jusqu'alors elle peut exercer son pouvoir sur nous."

Yvon consola Finette. Le voyage fut très agréable, et les jeunes gens débarquèrent enfin près du château de Kerver. Le vaisseau disparut aussitôt, et Yvon dit à Finette:

"Ma chère amie, vous êtes la plus belle et la plus charmante des femmes; il n'est donc pas convenable que vous entriez dans la maison de mon père à pied et ainsi vêtue. Attendez-moi ici. J'irai au château chercher une belle robe et un bon cheval, et alors vous pourrez vous présenter d'une façon convenable."

Finette objecta; elle dit qu'elle avait peur, mais Yvon insista tant qu'elle consentit enfin à le laisser partir. Elle lui fit promettre cependant qu'il ne s'arrêterait pas en route, qu'il ne mangerait pas et ne boirait pas avant de revenir la chercher.

Yvon partit, et Finette resta seule au bord de la mer pour attendre son retour. Le jeune homme arriva bientôt au château de son père. Il y trouva une grande société, car une de ses sœurs se mariait. On le reçut avec joie, mais il refusa de s'arrêter, courut à la chambre de ses sœurs chercher une belle robe, alla à l'écurie, prit deux chevaux, et se prépara à partir.

A ce moment-là une belle dame aux cheveux d'or s'avança vers lui, une coupe d'or à la main, et dit: "Monsieur Yvon, vous ne pouvez pas refuser de boire à ma santé, ce serait trop impoli."

Yvon, sans penser à la promesse qu'il avait faite à Finette, prit la coupe, salua la belle dame, et but à sa santé. Malheureusement cette coupe était une coupe magique, et dès qu'Yvon eut goûté le vin, il oublia tout le passé. Il oublia entièrement la pauvre Finette, descendit de cheval, donna la main à la belle dame aux cheveux d'or, et entra dans la salle de festin, où il prit place à côté d'elle, et mangea et but de bon appétit.

La pauvre Finette attendit en vain au bord de la mer jusqu'au soir. Alors elle prit la route du château. Elle arriva bientôt à une pauvre petite cabane, où demeurait une vieille femme. Cette vieille femme était assise devant sa porte. Elle était occupée à traire sa vache. Finette avait bien faim et bien soif. Elle s'approcha donc de la vieille femme, et dit: "Voulez-vous me donner une tasse de lait, ma bonne femme?"

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