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La Première Guerre Mondiale
Les équipages de nos Zeppelins n'avaient pas de parachutes. Ces énormes machines étaient limitées par le poids qu’elles pouvaient soulever dans les airs. Le carburant et les bombes avaient toujours la priorité sur la sécurité de notre équipage. Si notre zeppelin devait prendre feu, nous n'avions aucune chance de nous échapper. Mais ces armes mettent également en danger les pilotes britanniques, explosant souvent lors de leur utilisation.
D'autres équipages de zeppelin avaient signalé qu'ils avaient frôlé la mort ou échappé de justesse aux tirs anti-aériens. Il avait donc été décidé que les attaques de nuit seraient plus sûres. Il s'est avéré qu'elles étaient aussi extrêmement meurtrières. C'était la menace d'une attaque, plus que les dommages réels, qui causait le plus de dégâts.
Si des Zeppelins étaient détectés dans le ciel nocturne, l’ordre était d’éteindre les lumières en dessous. Cette interdiction d’utiliser l’électricité entraînait des perturbations et des désagréments massifs pour les usines et autres industries locales. Notre zeppelin tirait d'énormes et puissantes fusées éclairantes, pour que nous puissions trouver notre chemin en illuminant brièvement le terrain en dessous mais, ceci donnait également notre position aux pilotes de chasse de nuit et aux batteries anti-aériennes vigilantes.
Alors que nos Zeppelins devenaient plus vulnérables aux attaques, nous avons adopté d'autres méthodes pour nous défendre. Nous avons monté des mitrailleuses sur une plateforme en haut de la coque. Il fallait un certain courage et de l’endurance physique pour les manier. Un artilleur était encordé à cette position précaire et exposé à la fois aux mitrailleuses des avions de chasse qui attaquaient et aux températures glaciales de la haute altitude. Si notre artilleur était blessé ou mutilé par l'un ou l'autre, il était impossible de le secourir.
Nous avions aussi créé un dispositif ingénieux pour protéger notre équipage, appelé la « gondole d'espionnage ». Il avait la forme d'une fusée spatiale de manège. La gondole et son unique passager étaient descendus de l'intérieur du zeppelin par un long câble à environ 800 mètres en dessous. L'idée était que le zeppelin resterait caché à l'intérieur d’un nuage, à l'abri des attaques aériennes et des avions. Pendant que la gondole se balançait dans l'air clair en dessous, trop petite pour être vue dans l'immensité du ciel, son passager était en communication avec le zeppelin par une ligne téléphonique, et dirigeait ensuite le vaisseau vers sa cible.
C'était un travail dangereux. Le passager d'une gondole d’espionnage s’écrasa sur la falaise lorsque le zeppelin passa trop bas au-dessus de la côte. Si le câble se rompait ou se bloquait, le passager de la gondole est à la merci de tout avion de guerre ennemi qui l’aurait repéré. Il pouvait aussi être touché par des bombes larguées par son propre zeppelin. Mais, malgré ces dangers supplémentaires, les volontaires ne manquent pas pour assurer la fonction de la gondole. Cela était principalement dû au fait que le passager était autorisé à fumer. Il était interdit de fumer dans le zeppelin car son fuselage rempli d'hydrogène le rendait hautement inflammable.
Pendant deux ans, nos zeppelins se sont baladés à volonté au-dessus de la Grande-Bretagne. Notre plus grand ennemi étant le mauvais temps ou une défaillance structurelle occasionnelle. Mais le 2 septembre 1916, tout a changé. Ce soir-là, l'équipage du dirigeable allemand SL-11 et le lieutenant William Robinson, pilote du 39e escadron du corps aérien du Royal Flying Corps, était sur le point de gagner sa place dans l'histoire.
La journée avec commencé humide et maussade. Dix-neuf dirigeables de la marine et de l'armée allemandes avaient décollé et entamé leur long voyage dans le ciel sombre de la Mer du Nord. Il s'agissait de la plus grande flotte de dirigeables réunie à ce jour par les Allemands, et leur cible était le quartier général de l'armée britannique à Londres.
Tous n'étaient pas des zeppelins. La moitié de la flotte avait été fabriquée par une entreprise rivale de dirigeables dont la structure était en bois plutôt qu'en métal léger. Ces dirigeables étaient tout aussi redoutables. Le SL-11 mesurait 174 mètres de long et 21 mètres de haut et pouvait transporter un nombre similaire de bombes.
Nous avions maintenant une nouvelle arme anti-zeppelin dans notre arsenal. Nous avions utilisé des balles incendiaires contre les dirigeables depuis aussi longtemps que nous avions tenté de les abattre. Ces balles s’étaient révélées inefficaces. De nouveaux incendiaires plus puissants avaient été développés, et les résultats avaient été désastreux. Ces nouveaux types de balles étaient susceptibles d'exploser dans l'arme qui les tirait, et nous avions perdu près d'une douzaine d'avions de guerre britanniques en essayant de les utiliser.
À la tombée de la nuit, les opérateurs radio des stations d'écoute captèrent une augmentation notable des communications allemandes. Cela suggérait qu'un raid massif était en cours. Les observateurs le long de la côte scrutaient le ciel à la recherche de tout vaisseau en approche. À 10 heures ce soir-là, la flotte de dirigeables est détectée en train de s'approcher de la côte de Norfolk. Le son massif de ses moteurs combinés laisse présager de la taille de l'attaque.
Les batteries de canons antiaériens et les aérodromes de Londres sont alertés. Sur l'aérodrome de la ferme Suttons, à 30 km au sud-ouest de Londres, je suis en train de préparer mon biplan pour le décollage. Ces lourds avions biplaces étaient normalement utilisés comme avions de reconnaissance. Leurs larges ailes et leurs puissants moteurs leur permettaient de voler plus haut que de nombreux chasseurs plus rapides et plus maniables du Royal Flying Corps. La mission du BE2 était d'intercepter les zeppelins. Il ne transportait généralement qu'un seul membre d'équipage au lieu de deux, cette réduction de poids permettant à l'avion de prendre de l’altitude. J’ai décollé par un ciel sans lune juste après 19h30. Cette nuit-là, j'étais l'un des six pilotes qui tentèrent leur chance dans les cieux dangereux de Londres.
Il a fallu une heure entière à mon BE2 pour atteindre une altitude de 10 000 pieds. Je scrutais le ciel de velours dans l'espoir d'apercevoir une tâche noire entre les nuages, mais je ne voyais rien. J'ai même éteint mon moteur, dans l'espoir d'entendre les dirigeables en approche.
Juste après une heure du matin, je repère ce zeppelin, c'était le LZ-98. Je me suis retourné pour attaquer et j'ai tiré une grêle de balles dans le vaste corps du dirigeable. Rien ne s’est produit. Dès que l'équipage a réalisé qu'il était attaqué, il a exécuté la procédure standard du zeppelin. Le LZ-98 s'est élevé rapidement, hors de portée. Alors que j'étais sur le point d'abandonner et de faire demi-tour, j'ai vu quelque chose d'autre se cacher dans les nuages en dessous. Le projecteur avait illuminé un autre dirigeable.
C'était le SL-11, sur le chemin du retour après avoir largué ses bombes sur la banlieue nord de Londres. Une demi-heure plus tôt, ce dirigeable avait été le point de mire de la plupart des canons anti-aériens du centre de Londres. Ils ne l’avaient pas touché, mais le volume des tirs qui avaient éclatés autour du SL-11 avait convaincu son capitaine de faire demi-tour et de se diriger vers le nord.
Je me suis retourné pour faire face à mon ennemi. Le SL-11 avait disparu dans un banc de nuages et vingt minutes passèrent. J'envisageais de rentrer à la base avant d’épuiser le reste de mon carburant. Le dirigeable apparut à nouveau. Des canons anti-aériens lui tiraient dessus et des projecteurs captaient occasionnellement sa forme énorme dans leur faisceau. J'ai viré mon BE2 pour lui faire face. Cette fois, je ne le laisserai pas s'échapper. Ma mitrailleuse était prête à tirer. Mon avion bascula. Je sentis la chaleur d'une explosion en dessous de moi.
Les canons anti-aériens tiraient sur le dirigeable et leurs obus explosaient à la hauteur à laquelle ils pensaient que la cible se trouvait. Ils ne savaient pas que mon avion se trouvait à la même hauteur. Les pilotes n'avaient pas de radios pour alerter leurs camarades au sol, mais il existait une procédure pour ce genre d'urgences. Je pourrais lancer une fusée éclairante, mais cela préviendrait aussi l'équipage du dirigeable qu’il était traqué. J'ai continué à me rapprocher en espérant que mon avion ne serait pas touché.
Je suis arrivé sur ma cible en chandelle par en dessous avec l’avant de sa coque pour objectif. Alors que la majestueuse silhouette se profilait au-dessus de moi, j'ai tiré mes balles incendiaires dans le grand corps gazeux du vaisseau.
Je volais en piqué dans la direction du zeppelin. Je vis des obus éclater et des traceurs lumineux fuser tout autour. Alors que je me rapprochais, je m'aperçus que le viseur anti-aérien visait trop bas, et à 800 pieds derrière moi. Je fis une passe de la proue à la poupe en tirant un baril complet de munitions le long du vaisseau. Cela semblait n’avoir aucun effet.
J’engageais un nouveau chargeur dans ma mitrailleuse tout en pilotant. C’était un processus délicat. La mitrailleuse du dirigeable se déchaîna sur moi. Je partis en piqué dans la nuit noire puis je fis demi-tour pour une deuxième tentative. J'avais vidé à nouveau tout mon baril de munitions, et toujours rien.
Après cette passe, je me rapprochai de la nacelle de l'équipage et j'aperçus les silhouettes des hommes à l'intérieur. Ils étaient conscients que je les attaquais. Après tout, ils étaient impliqués dans le bombardement du territoire en contrebas, et le rugissement de leurs propres moteurs les aurait empêchés d'entendre mon petit avion. Je commençais à m'impatienter. Les balles incendiaires représentaient un danger bien plus grand pour le pilote qui les tirait que pour le dirigeable qu'elles visaient. Mais, risquant une attaque des mitrailleuses des Allemands et de mon camp, je retournais l'avion pour la troisième fois.
Je le suivais maintenant de près en concentrant un baril sur une partie du fuselage. J'avais presque vidé le baril que la partie sur laquelle je concentrais mon tir se mit à briller. Quand mon troisième baril fut vide, les projecteurs de recherche braqués sur le zeppelin étaient éteints et les tirs aériens s’étaient arrêtés. Je me suis écarté du chemin du zeppelin suivant. Je tremblais d'excitation et je lançais deux fusées rouges et une fusée parachute.
Quelque chose d'incroyable se produisait dans le corps du dirigeable. La partie pleine de gaz où j'avais concentré mon tir s'est enflammée, éclairant l'intérieur de la coque comme une lanterne magique.
La poupe du dirigeable s'est ouverte dans une immense explosion et a projeté mon petit avion comme une plume de papier dans une rafale de vent. Le feu s'est rapidement propagé le long du corps entier du vaisseau. J'ai vu de nombreux membres de l'équipage sauter du zeppelin pour éviter d'être brûlés vifs.
J'ai tiré le reste de mes fusées, j'étais déterminé à faire savoir aux canons anti-aériens en bas que c'était moi qui avais abattu le dirigeable et non eux. J'ai fait pivoter mon avion pour retourner à la base aérienne et j'ai constaté que le SL-11 s'était déjà écrasé au sol. L’incendie dégageait une lueur si intense que je pouvais distinguer les formes des maisons tout le long de la bordure extérieure du nord-est de Londres.
J'avais prouvé qu'il était possible de descendre ces énormes machines. Malgré l'heure matinale, dans tout Londres, les gens se sont précipités dans les rues pour chanter et danser. Les cloches des églises ont sonné, les sirènes ont hurlé, les sirènes des bateaux et les moteurs ont retenti. Les dirigeables avaient causé une telle terreur pendant si longtemps. Mais maintenant, nous avions trouvé notre vengeance.
Tout autre équipage de dirigeable allemand avait très certainement vu l'énorme brasier illuminant le ciel nocturne dans le lointain. Les dirigeables n'étaient pas indestructibles après tout. La disparition du SL-11 a affecté leur performance car le raid sur Londres cette nuit-là fut loin d'être un succès. Bien que les dirigeables aient largué un grand nombre de bombes, seules quatre personnes avaient été tuées et douze autres blessées. Seize membres d'équipage à bord du SL-11 avaient perdu la vie lorsque celui-ci s'était écrasé derrière le pub Plough Inn, près du village de Cuffley, dans le Hertfordshire.
Le lendemain, le village était assiégé par les curieux. Les chemins de campagne voisins étaient encombrés de voitures, de bicyclettes, de charrettes et de piétons. La structure brûlée, faite d'acier et de fil de fer enchevêtrés, de nacelles cassées et de moteurs fracassés, était un spectacle saisissant. Sur le côté de l'épave, une bâche verte a été déployée pour cacher les restes carbonisés de l'équipage qui n'avait pas sauté vers la mort. D'autres corps furent retrouvés éparpillés dans les champs bien après le dernier vol infortuné du SL-11.
Ma méthode d'attaque, une salve concentrée de tirs incendiaires en un point précis fut immédiatement transmise à tous les pilotes de chasse susceptibles de rencontrer un dirigeable allemand. On m'a remis la Victoria Cross, la plus haute distinction pour bravoure qui puisse être décernée aux membres des forces armées britanniques.
Mais ma chance a tourné et j'ai été abattu au-dessus de l'Allemagne dans la France occupée seulement huit mois plus tard. J'ai passé le reste de la guerre dans un camp de prisonniers, où j'ai été torturé parce qu'on savait que j'avais abattu le SL-11. À la fin de la guerre, je suis devenu l'un des millions de victimes d'une épidémie de grippe massive qui balaya le monde et je suis mort le soir du Nouvel An 1918.
Ma victoire a eu un impact bien au-delà de la simple destruction d'un dirigeable. L'assurance fanfaronne que les équipages de dirigeables avaient affichée dans leurs bâtiments et leurs casernes avait disparu. Les nuits passées loin du service étaient hantées par des rêves de dirigeables en feu. Ils n'étaient plus invulnérables, tels les dieux de la Rome et de la Grèce antiques, jetant la mort et la destruction du haut des cieux. Ils n'étaient que chair et sang. Lorsque la mort arrivait, et cela arrivait de plus en plus régulièrement, l'équipage entier périssait.
C'est depuis ce moment-là que les vols de zeppelin sont devenus moins fréquents et plus coûteux. À partir du printemps 1917, des bombardiers allemands sont envoyés au-dessus de Londres pour les remplacer. Ils étaient plus rapides, volaient plus haut et pouvaient se défendre plus efficacement contre les avions de chasse. Pourtant, les Allemands nourrissaient de grands espoirs pour leurs magnifiques dirigeables.
À la fin de la guerre, les derniers modèles de zeppelins sont même préparés pour un raid sur New-York. Heureusement pour les Américains, la guerre s'est terminée avant qu'une telle attaque ne soit montée.
La bataille de Jutland
À la fin du mois de mai 1916, quiconque gravissant les collines des îles Orcades, en Écosse, aurait pu voir à travers le brouillard l'un des sites les plus magnifiques de l'histoire navale. C'était le foyer de la grande flotte britannique. On pouvait voir à perte de vue des rangées de cuirassés, de croiseurs de combat, de destroyers et des dizaines de vaisseaux plus petits transportant des messages et des fournitures entre ces vaisseaux mortels.
Les navires étaient espacés à intervalles parfaits et formaient exactement le même angle les uns par rapport aux autres - une représentation visible de la discipline et de la tradition des forces de combat britanniques. La puissance de la marine britannique ne s'est pas arrêtée à cette collection de navires. Il existait d'autres bases le long de la côte est de l'Écosse, chacune contenant un formidable escadron de combat de navires de guerre.
Au moment où la première guerre mondiale débute, la Grande-Bretagne dispose de la plus grande et de la plus puissante flotte du monde entier. Notre empire insulaire s'étendait des cercles arctiques aux cercles antarctiques. Nos navires de guerre protégeaient la flotte de cargos qui transportaient des marchandises et des matières premières vers et depuis nos colonies. En temps de guerre, nos navires de guerre empêchaient également les cargos de livrer des fournitures à nos ennemis. Mais surtout, notre flotte permettait aux troupes et aux fournitures de l'Angleterre de traverser la Manche en toute sécurité jusqu'au front occidental, dans le nord de la France.
Seule l'Allemagne avait une flotte assez puissante pour nous menacer. Le Kaiser Wilhelm II était le chef d'État d'une superpuissance en devenir. Il avait voulu construire une marine rivale pour accentuer l'importance croissante de l'Allemagne dans le monde. Mais la politique du Kaiser était une épée à double tranchant. Son insistance à vouloir construire une puissante marine avait détérioré les bonnes relations anglo-allemandes et est l'une des principales raisons pour lesquelles la Grande-Bretagne décida de se joindre à la France et à la Russie contre l'Allemagne lorsque la guerre a éclaté.
Au début de la première guerre mondiale, le cuirassé était considéré comme la super arme de l'époque. Les cuirassés les plus imposants et les plus lourdement armés étaient appelés dreadnoughts, du nom du HMS Dreadnought, le premier du genre lancé en 1906.
Le cuirassé dreadnought pesait près de 18 tonnes et était doté de dix canons de 12 pouces. Ils pouvaient tirer des obus qui pesaient plus de 635 kg, sur près de 20 kilomètres. Ces canons étaient logés par paires dans de larges tourelles, habituellement à l'avant et à l'arrière du navire. Ce type d'armement apportait au cuirassé un mordant féroce. Chacune des tourelles d'artillerie disposait d’un équipage d'environ 70 hommes, répartis en équipes qui effectuaient différentes tâches telles que le chargement des obus et des charges propulsives depuis la soute du navire. Puis ils les chargeaient et tiraient avec précision. Travailler dans une telle tourelle était dangereux. Si un obus ennemi touchait la tourelle, le mécanisme entier était englouti dans une explosion massive, tuant tout le monde à l'intérieur. Le HMS Dreadnought a éclipsé tous les autres navires de guerre flottant.
Non seulement il était puissamment armé, mais il était rapide, et il disposait d’une épaisse enveloppe protectrice de métal en guise de bouclier. Le navire transportait un équipage de plus de mille hommes et mesurait près de 215 mètres de la proue à la poupe. L'arrivée du HMS Dreadnought a déclenché une coûteuse course aux armements entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Au moment où la guerre éclata, nous avions construit 28 navires et l'Allemagne en avait 16.
Un nouveau type de navire de guerre, le croiseur de combat, le premier du genre étant appelé le HMS Invincible, avait rejoint les dreadnoughts révolutionnaires. Il fut lancé en avril 1907. Les cuirassés étaient aussi lourdement armés que les dreadnoughts mais étaient plus petits. Ils disposaient de huit canons de 30 cm. Ils étaient plus rapides que les cuirassés et atteignaient une vitesse de pointe d'environ vingt-cinq nœuds, par rapport à un cuirassé qui arrivait à vingt et un nœuds.
Cette vitesse avait été acquise au prix d'une armure plus légère. Lorsque la guerre commence en août 1914, un affrontement de grande envergure entre les flottes britannique et allemande semble inévitable. Les deux pays avaient construit leurs énormes marines avec la vision de ce combat à venir. La flotte allemande était plus petite que celle des Britanniques, mais ses navires étaient mieux conçus. Les Allemands utilisaient très efficacement leurs sous-marins. Ils coulèrent d'innombrables cargos à destination de la Grande-Bretagne, si bien que le pays fut souvent menacé de famine. Les Britanniques ne perdirent jamais le contrôle de la mer. De son côté, la Royal Navy bloquait les eaux allemandes et empêchait les marchandises vitales d'entrer. Cela causa de grandes difficultés aux industries de guerre de l'Allemagne et entraina un manque de nourriture pour sa population.
Six mois seulement après le début de la guerre, un croiseur de combat allemand est coulé en mer du Nord, entraînant de lourdes pertes humaines. Pendant les deux premières années de la guerre, chaque marine aura testé la force de ses adversaires en les poussant, en les sondant et en s'engageant dans des escarmouches à petite échelle. Alors que le carnage sur le front occidental se poursuit sans bénéfice visible pour l’un ni l’autre des deux camps, la pression monte au haut commandement de la marine allemande pour forcer les Britanniques à livrer une bataille mortelle qui pourrait faire pencher la balance de la guerre en faveur de l'Allemagne.
Le haut commandement allemand décide d'essayer d'attirer les Britanniques en mer du Nord pour une féroce confrontation. Si l'Allemagne réussit, la guerre est pratiquement gagnée. Avec sa flotte détruite, nous serions complètement impuissants à empêcher le blocus naval allemand autour de nos eaux côtières. Nos réserves de nourriture s'épuiseraient rapidement et la Grande-Bretagne mourrait de faim. Nos troupes et nos fournitures ne seraient plus en mesure de traverser la Manche en toute sécurité. Le plan allemand était assez simple. Ils enverraient une escadre de croiseurs de bataille comme appât dans la mer du Nord et suivraient à distance avec la flotte de haute mer.
Les Britanniques, espéraient-ils, enverraient les croiseurs de bataille inadéquats pour intercepter ces navires allemands. Ils viendraient presque certainement de la base de Rosyth, la plus proche du port de départ des navires allemands. Lorsque les Britanniques seraient annoncés à l'horizon, les Allemands changeraient de cap et ramèneraient l'ennemi vers la flotte de combat principale, où ils seraient dépassés en nombre et détruits.
Le plan supposait aussi que la principale force navale britannique, appelée la Grande Flotte, prendrait également la mer, à partir d'une position plus au nord de la base. Les Allemands y avaient placé des sous-marins pour les prendre en chasse lorsqu'ils auraient quitté le port pour les intercepter. Les Allemands avaient eu l'intention d'utiliser des zeppelins pour surveiller la marine britannique et transmettre par radio des informations sur les mouvements de ses navires.
Mais comme pour beaucoup de plans simples, des problèmes imprévus sont survenus.
Le 30 mai 1916, les Allemands mettent leur plan en action. Depuis les bases de la côte nord jusqu'en Allemagne, la flotte de haute mer se lance. Les Allemands disposent de cinq croiseurs de combat et de trente-cinq autres navires plus petits pour tenter d'attirer la marine britannique dans une bataille. Une autre flotte allemande suit de près avec soixante autres cuirassés, croiseurs de combat, destroyers et croiseurs. À 13 heures cet après-midi-là, deux escadrons allemands se trouvent en mer du Nord, à plus de 80 km l'un de l'autre.
Comme ils l'espèrent, l'escadron allemand est bientôt repéré par des navires de reconnaissance britanniques qui patrouillent le long des côtes allemandes. Les services secrets britanniques captent et décodent des signaux radio allemands, qui indiquent une accumulation de navires allemands dans la mer du Nord. Les Britanniques ordonnent immédiatement à leur escadron de croiseurs de bataille sous les ordres de l'amiral Beatty de prendre la mer. À l'insu des Allemands, les Britanniques sont déjà en mer avec leur grande flotte, patrouillant une zone de la mer du Nord connue sous le nom de « Longue Quarante » à cent dix milles à l'est d'Aberdeen. La grande flotte reçoit alors l'ordre de se diriger vers le sud et de suivre l'amiral Beatty. Combinés, les Britanniques ont cent quarante-neuf navires sous leur commandement.