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Ange Rebelle
Ange Rebelle

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Ange Rebelle

Язык: Французский
Год издания: 2020
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Lucien était censé se préoccuper de ce même genre de choses. Il était l'héritier d'un duché aussi. Dans son esprit, son père resterait dans les années à venir. Il n'était pas près d'être prêt à assumer la responsabilité d'être le duc de Huntly. Il ne pouvait pas imaginer ce que son père avait vécu quand il avait hérité du titre. Il était beaucoup plus jeune que Lucien en vérité, lorsqu'il en avait hérité.

Julian se dirigea vers eux. – Content de voir des visages familiers ici.

– Qu'est-ce que vous fabriquez ici ? Demanda Alex en plaçant une mèche blonde égarée derrière son oreille. Le ton de sa voix laissait penser qu'il était sous le choc de voir Julian se montrer en société. – Cela ne semble pas être ton type de divertissement habituel.

– Et bien c’est exact. Julian grimaça. – Mais Eleanor voulait venir. Il n'y avait personne d'autre pouvant l'accompagner. Elle a son amie, Lady Hannah Jones, avec elle également. Donc, je suis coincé avec deux dames à chaperonner. Ne savent-ils pas que je suis un débauché et qu'on ne devrait pas me faire confiance?

– Et bien, commença Lucien. – Eleanor est votre sœur. Je la crois en sécurité en votre compagnie. Elle est une bonne protection pour son amie. Il frappa l'épaule de Julian avec sa main. – Je déteste vous le dire, mais elles sont tout à fait en sécurité sous votre garde.

– Bon sang, murmura Julian. – Mis à bas par la respectabilité et les liens familiaux. Jamais n'aurais-je cru voir ce jour.

Il leur en avait bouché un coin. Ils ne pouvaient pas échapper à leurs responsabilités autant qu'ils l'auraient voulu. Leurs jours de vie irresponsable touchaient bientôt à leurs fins. – Il y a pire, je suppose. Ses paroles étaient plus le reflet des pensées de Lucien qu' autre chose, mais les dire à voix haute sembla le calmer.

– Mordez-vous la langue, dit Drew. – Je ne vais pas abandonner mon style espiègle parce que la respectabilité tente de s'infiltrer dans ma vie. C'est trop amusant pour arrêter maintenant.

– Ne pensez-vous pas tomber amoureux un jour ? Lucien leva un sourcil. – Beaucoup d'hommes ont abandonné la débauche pour l'amour d'une femme.

Le rire de Drew résonna dans la pièce. – Je n'ai pas à trouver quelqu'un à aimer. C'est à Alex de transmettre le titre. Il repoussa Alex sur le côté qui, à son tour, jeta un regard irritable à son frère, apparemment mécontent de l'injure qui lui avait été faite. – Cela me laisse tout mon plaisir. Quelqu'un doit réconforter toutes les dames qu'il rejette. Je prendrai volontiers ce fardeau.

Lucien secoua la tête. Drew était le plus sauvage des jumeaux Marsden. – Je doute qu'Alex soit pressé d'épouser quelqu'un.

– Aucun de nous ne l'est, acquiesça Alex. – Nous avons beaucoup de temps pour comprendre ce que nous voulons dans la vie. La bonne dame attendra que je sois prêt.

Il y avait beaucoup de choses qui pourraient attendre, selon Lucien. Il jeta un nouveau coup d'œil à Angeline et Émilia. Il ne pouvait réprimer inquiétude lancinante qui avait pris racine dans ses tripes. Il fallait les surveiller, mais il se disait que cela pourrait attendre plus tard. Elles ne pourraient pas faire grand chose lors d'un dîner. Il parlerait à Émilia le matin suivant ou l'après-midi. Elle ne se lèverait probablement pas assez tôt pour recevoir une visite de courtoisie. De toute façon, cela pourrait attendre.

– Il ne leur arrivera rien, dit Alex comme s'il lisait dans les pensées de Lucien. – Je parlerai à Angeline sur le chemin du retour. J'espère bien tuer leur projet dans l'œuf de cette façon avant qu'il ne prenne forme.

Il aurait aimé que ce soit aussi simple. Angeline Marsden avait une lueur dans les yeux que Lucien reconnut. Ses frères ont toujours effacé ses manières intrigantes, mais Lucien le savait mieux. Elle voulait de l'attention et personne ne lui en donnait. S'ils prenaient le temps de lui prêter attention, peut-être qu'elle cesserait de trouver sans cesse de nouveaux ennuis dans lesquels se plonger. – Je pense que je vais leur parler maintenant.

Lucien était décidé à attendre pour parler à Émilia. Si il n'y avait eut que sa sœur, ça aurait marché, mais avec Angeline au beau milieu de tout cela… Rien ne pouvait être laissé au hasard. Et si le plan qu'elle préparait avait quelque chose à voir avec le dîner ? Alors attendre n'empêcherait rien.

– vous le regretteras, dit Alex, l'assurance résonnant à travers sa voix. Laisse les tranquille. Je suis sûr que ce n'est rien.

Lucien ignora son ami et se dirigea vers Angeline et Émilia. Elles étaient toujours en discussion intense, et ni l'une ni l'autre ne leva la tête à son approche. Pour cette raison, il saisit un peu de leur conversation sans qu'elles ne remarquent sa présence.

– Je vous promets que cela fonctionnera, déclara Angeline. –  S'il vous plaît, dites oui.

– Mais si quelque chose tourne mal ? Personne ne sera là pour vous aider.  Émilia se mordilla la lèvre inférieure. –  Je ne le sens pas.

– Dois-je de nouveau tout vous ré-expliquer ?

Lucien avait vraiment envie de les interrompre en s'exclamant,

–  oui, faites je vous prie.  De cette façon il saurait exactement ce qu'elles faisaient, ou plus important ce que mijotait Angeline ? Émilia ne semblait pas être tout à fait partante et n'avait aucune intention d'être directement impliquée. Sa sœur avait généralement plus de bon sens qu'Angeline.

– Non, dit Émilia.

– Mais promettez-moi que vous viendrez me voir juste après que vous ayez fini. Je ne pourrai cesser de m'inquiéter tant que je ne serais pas sûre que vous allez bien.

– vous avez… Angeline arrêta de parler et se tourna pour regarder Lucien. Ses yeux s'assombrirent un peu alors qu'elle fixait les siens.

– N'étiez-vous pas en train de nous écouter ?

– Pas du tout, répondit-il doucement.

– Mais maintenant que vous en parlez, dans quoi exactement êtes-vous en train d'entraîner ma sœur cette fois ?

Émilia roula des yeux.

– Je n'ai pas besoin de mon grand frère pour intervenir et me protéger de mon amie. Retournez à votre petit groupe d'escrocs et planifiez votre soirée de malice. Nous sommes bien, ici, entre nous.

Les muscles de sa mâchoire se contractèrent aux paroles de sa sœur.

– J'ai bien peur de ne pas pouvoir ignorer ce que j'ai entendu. Vous allez me dire ce que vous prévoyez et tout de suite.

Le rire d'Angeline était comme un coup de poing dans le ventre. Il voulait étendre la main et la secouer pour la ramener à la raison. Pourquoi était-elle si difficile ? Son regard se fit insistant. Quand était-elle devenue si belle ? Ses cheveux noirs étaient entortillés en un élégant chignon et ses yeux bleus étaient comme des saphirs étincelants sur une toile parfaite. Sa fureur la rendait encore plus belle avec ses joues rouges et ses lèvres roses ourlées. Il voulait l'embrasser et c'était quelque chose d'entièrement nouveau. Une chose qu'il ne pouvait pas effacer, et ça l'effrayait d'une manière qu'il n'aurait jamais cru possible.

– Écoutez-moi, dit Angeline.

– Je n'entraîne pas Émilia dans quoi que ce soit pouvant lui causer du tort. Je ne lui ferais jamais ça. Allez ennuyer quelqu'un d'autre. Nous savons tous les deux que vous ne vous souciez pas de moi et ce sera plus facile pour nous deux si vous vous retiriez de ma présence.

Il tressaillit à ses mots. Qu'est-ce qui pouvait lui faire penser qu'il ne se souciait pas d'elle ? Bien sûr, il n'aimait pas certaines des choses qu'elle avait faites au fil des ans, mais il ne s'était jamais moqué d'elle. Elle était comme une sœur… Non, ce n'était pas vrai non plus. Il ne pourrait jamais ressentir pour sa sœur ce qu’il ressentait pour Angeline. Elle le mettait en colère au point de le faire presque craquer et le rendait fou même les bons jours, mais il n’avait jamais ressenti de sentiments fraternels pour elle. C'était beaucoup plus intense que ça.

– Je vais vous laisser toutes les deux seules pour le moment, dit-il aussi calmement qu'il put.

– Mais cette conversation n'est pas terminée.

Lucien devait mettre un peu de distance entre lui et Angeline. Il n'aimait pas la direction que prenaient ses pensées la concernant. Quelque chose avait changé et il n'avait fallu qu'un moment pour que cela change irrévocablement. Il ne pouvait pas la regarder sans voir en elle une femme désirable. Lucien ne devrait pas ressentir quelque chose d'aussi profond pour elle. Elle était la petite sœur d'Alex et Drew. Si jamais ils réalisaient que Lucien la désirait… Ils m'assassineraient.

D'une manière ou d'une autre, il devait freiner son désir involontaire. S'il ne le faisait pas, il craignait le chemin qui le mènerait à sa perte. Il devrait également trouver un moyen de faire comprendre à Angeline qu'il ne la détestait pas. Comment y parviendrait-il sans la prendre dans ses bras et l'embrasser de manière insensée, il l'ignorait. Il devait bien y avoir un terrain d'entente où il pouvait exprimer qu'il se souciait d'elle sans lui faire croire qu'ils avaient un avenir autre que de demeurer des amis proches.

Elle leva le menton et croisa son regard.

– En ce qui me concerne, Il n'y a rien que vous puisses dire que j'ai besoin d'entendre.

Avec cela, elle s'éloigna dans une crise de fureur qui n'arrangea en rien son désir croissant. Il n'avait jamais eu envie d'une femme à ce point, et il fallait que ce soit celle qu'il ne pourrait jamais avoir. Bon sang… Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant?

CHAPITRE TROIS

La chaleur était retombée à un niveau tolérable, mais c’était quand même un enfer. Peut-être qu'Angeline s'était habituée aux longues journées chaudes qui semblaient perdurer une bonne partie de l'automne. Au train où allait la météo, ils auraient une température étouffante même à l'approche de Noël. Elle espérait certainement que non, car les vacances ne seraient pas les mêmes sans températures plus fraîches et sans arbres couverts de neige. La chaleur ne durera sûrement pas jusqu'aux mois d’hiver. En outre, elle avait bien d'autres choses à considérer avant que cela ne devienne une réalité.

Elle se précipita dans la rue en direction de la maison Londonienne où Mme Emmeline Pankhurst organisait des rassemblements pour l'assemblée de l'Union sociale et politique des femmes – ou USPF en abrégé. Elle avait secrètement rencontré le groupe de suffragettes. Elle croyait en leur cause et voulait aider à faire une différence. Angeline ne comprenait pas pourquoi chaque femme du pays ne se tenait pas aux côtés des Pankhurst et ne revendiquait pas l'égalité des droits pour toutes les femmes.

L'USPF prenait beaucoup de risques pour se faire entendre et elle était prête à faire elle aussi tout ce qui serait nécessaire. Ceux qui étaient au pouvoir devaient comprendre qu'une femme était plus qu'une simple propriété. Rien que pour ça, elle serait heureuse de s'asseoir dans une cellule de prison ou de faire une grève de la faim.

Angeline atteignit la maison et frappa à la porte. Il n'y avait presque pas d'hommes lors de ces rassemblements et la personne qui répondait à la porte ne faisait pas exception. Bien que la personne qui ouvrit fut pour elle une surprise. La fille d'Emmeline, Sylvia, la salua, un sourire collé au visage. Emmeline devait déjà être dans la salle de réunion, indisponible pour répondre à la porte. Elle menait généralement la réunion et ceux qui se trouvaient au bas de la hiérarchie se chargeaient des tâches plus modestes. Entrez s'il vous plaît. Nous étions sur le point de commencer. Christabel a des idées brillantes pour plus tard. Les Pankhurst dirigeaient l'USPF. Emmeline était la matriarche et ses deux filles ses fidèles bras droits, même si Christabel était plus fanatique que Sylvia.

– Suivez-moi. Nous pouvons rester à l'arrière ensemble.

Elles pénétrèrent dans une grande salle qui, en temps normal, était le théâtre de bals ou de grandes soirées. Ce rassemblement était une fête d'une variété différente. Toutes les femmes présentes participeraient au mouvement des suffragettes. Angeline se pencha et murmura :

– Il y a beaucoup de monde ici.

Sylvia acquiesça.

– Ma sœur sait comment attirer une foule.

Angeline tourna son attention vers le devant de la salle. Emmeline était assise sur une chaise, à l'avant, au centre. Christabel se tenait directement à sa gauche. Elle leva la main pour indiquer que tout le monde devait rester silencieux. Merci de tout mon cœur, Mesdames! ! Nous avons encore beaucoup à faire avant l'événement de cet après-midi.

Lady Hannah Jones se glissa dans la pièce aussi silencieusement qu'elle le put et se dirigea vers Angeline. Elle s'appuya contre le mur à côté d'elle et regarda vers l'avant de la pièce. Ses tresses auburn étaient fixées dans un chignon sévère, rien ne dépassait. Angeline était surprise de voir Lady Hannah à la réunion de Pankhurst. Elle ne pensait pas que l'autre femme se serait impliquée dans quoi que ce soit pouvant être considéré comme scandaleux. Lady Hannah Jones était la fille du comte de Cavendish. Son père s'était souvent exprimé contre le comportement de toutes les femmes qui frayaient avec Emmeline Pankhurst et ses filles.

– Nous allons aujourd'hui défendre les droits de toutes les femmes. Nous exigerons des droits égaux pour tout. Nous ne devrions pas perdre notre héritage parce que nous sommes nées femmes et qui parmi nous ne connais pas une femme liée par les liens du mariage qui ne souhaiterait pouvoir l'annuler. Une fois que nous sommes mariées, nous devenons la propriété de notre mari et tout ce que nous possédons devient aussi à lui. propriété. Cela doit changer. Christabel leva le poing en l'air et toutes les femmes l'acclamèrent. – Les femmes qui doivent travailler pour subvenir aux besoins de leur famille devraient avoir un salaire égal et le droit à des conditions de travail équitables. Nous ne sommes pas moindres en raison de notre sexe.

– Cette femme a des arguments, murmura Lady Hannah dans un souffle.

– Vous ne saviez pas à quoi vous veniez assister ? Angeline ne pouvait s'empêcher de demander. Pourquoi êtes-vous ici

Lady Hannah soupira et se tourna pour la regarder dans les yeux. Ses yeux rappelaient à Angeline les herbes douces par une chaude journée d’été – la tonalité correspondait presque parfaitement alors même qu’ils paraissaient durs comme une émeraude.

– Mon père est un dur à cuire. Il parle de la perversité des femmes Pankhurst. Elle haussa légèrement les épaules.

J'ai décidé d'agir et de défier tous ses décrets. C’était ma première étape et, honnêtement, je ne savais pas à quoi m'attendre.

Angeline pouvait comprendre cela et son opinion sur Lady Hannah venait de s'améliorer passablement avec cette nouvelle information. Elle avait évousdié le groupe autant que possible avant de décider de les rejoindre. Elles avaient beaucoup de croyances radicales, mais elle croyait pleinement au bien qu’elles espéraient obtenir grâce à ces actions. Parfois, tout risquer pouvait valoir la peine, car cela pouvait mener à de grandes récompenses. Si, en fin de compte, les lois étaient modifiées pour rendre les femmes plus égales, cela en valait la peine.

– Vous ne regretterez pas d'avoir pris la décision de venir, lui dit Angeline.

– Cela fera une différence dans toutes nos vies.

– Je ne suis pas certaine que vous verrez les résultats que vous pensez, répondit solennellement Lady Hannah.

– Beaucoup d'hommes n'aiment pas l'idée que les femmes soient considérées comme égales. Changer le cœur des hommes prendra beaucoup plus de temps que nous ne le voudrions.

Malheureusement, Lady Hannah disait vrai. La plupart des hommes de sa famille pensaient toujours pouvoir tout lui dicter régulièrement. Bon sang, les hommes qui ne lui étaient même pas liés se le permettaient suffisamment souvent. Il faut bien commencer quelque part.

Hannah hocha la tête.

C'est pourquoi je suis là. Pensez-vous que ce défilé sera aussi effrayant que ce qui est annoncé ?

Angeline était venue à de nombreuses réunions, mais n'avait participé à aucun de ces événements. Le défilé serait sa première incursion dans la lutte contre l'injustice sociale.

– Je crois pleinement que ce sera une expérience qu'aucun de nous ne va oublier.

Christabel Pankhurst termina son discours puis expliqua où ils devaient se rencontrer plus tard dans la journée. Quand elles marcheraient dans les rues de Londres, tout le monde en prendrait note. Une part d’Angeline était aussi terrifiée que Lady Hannah qui elle, l'avait admis. ouvertement Au moins, personne ne penserait à la chercher au défilé. Émilia avait promis de la couvrir et la mère d'Angeline pensait qu'elle passerait toute la journée à la maison de ville de Huntly. Ça irait, elle espérait…



Lucien entra dans la maison de ville de ses parents dans le seul but de trouver sa sœur. Il devait comprendre dans quoi Angeline entraînait Émilia. Quelque chose au fond de lui croyait fermement que tout ce qu'elle avait prévu ne pourrait que finir mal. Il devait les protéger d'elles-mêmes. Angeline avait toujours été imprudente et téméraire. Émilia avait voulu l'imiter depuis le début. Elle ne pouvait pas voir comment Angeline allait éventuellement la conduire sur le chemin du scandale.

Les jumeaux Marsden, Andrew et Alexander, avaient décidé il y a longtemps de laisser Angeline vivre la bride sur le cou. Bigre, ils étaient tout aussi fous parfois. Ils prenaient un certain nombre de risques et ne réfléchissaient pas à deux fois avant de se précipiter à l'aveugle dans une situation risquée. Lucien comprit parfaitement pourquoi Émilia aimait tant Angeline. Lucien pensait parfois qu'il l'aimait un peu trop, mais c'était un problème pour un autre jour.

Il se promena dans le couloir et ouvrit la porte menant au salon. Émilia était assise sur le canapé près d'une fenêtre et lisait une sorte de missive. Elle n'a pas semblé le remarquer entrer, et cela lui a donné l'effet de surprise. Quel que soit le contenu de sa note, elle l'avait captivée et lui donna envie de la lire également. Peut-être que cela lui donnerait une idée du projet qu'elle concoctait avec Angeline. Il fit trois pas rapides et longs vers elle et le lui arracha des mains. Qu'est-ce que … ?

Elle se leva d'un bond et tenta de le lui prendre, mais il était considérablement plus grand qu'elle et pouvait le garder hors de sa portée.

– Rendez-le moi, exigea Émilia.

Elle leva les bras en l'air sans succès, puis souffla, frustrée et le fixa d'un œil mauvais pour faire bonne mesure. Puis, ne voulant pas abandonner si facilement, elle s’efforça de lui faire baisser les bras en lui piétinant le pied avec le talon de ses pantoufles dans l'espoir d'avoir le papier de nouveau à sa portée. La douleur lui traversa les orteils, mais Lucien était un dur et ne céda pas à sa tactique.

Lucien garda la lettre hors de sa portée. Il aurait préféré qu'elle lui dise ce qui se passe d'elle-même. Faire intrusion dans sa vie privée n'avait jamais été envisagé avec plaisir, mais il le ferait si cela devait la protéger à la fin.

– Qu'est-ce qui est si important que vous ayez tant besoin de récupérer ceci ? Est-ce une lettre d'amour ?

Les joues d'Émilia rougirent à ses taquineries. Était-ce une lettre d'amour ? Il avait plaisanté en disant cela, mais sa petite sœur avait-elle un aimé ? Il n'était pas sûr d'apprécier l'idée qu'un homme la courtise. La logique chez lui réalisa qu'elle finirait par s'installer avec quelqu'un… Cela devait-il être maintenant ?

– Bien sûr que non,

– se moqua-t-elle. C'est personnel !

– Je vous en prie, rendez-la moi.

– Personnel, dites-vous ?

Il l'ouvrit au-dessus de sa tête pour pouvoir le lire.

– Cela me donne envie de la lire encore plus.

– Non, arrêtez Elle lui donna un coup de poing dans le ventre et il s'inclina.

– Cessez donc d'être un branleur et rend la maintenant.

– Ce n'est pas un langage pour une dame, dit-il sifflant. Son coup de poing avait été féroce, et il regretta de lui avoir appris frapper. Alors, il avait pensé qu'elle l'utiliserait sur quelqu'un d'autre que lui.

– Qui vous avez appris ce mot ?

Elle roula des yeux.

– Je vous ai entendu le dire à Drew à quelques reprises. Si vous ne l'aimez pas, vous ne devriez pas le laisser sortir de votre bouche.

– Bon sang, pourquoi devait-elle avoir raison ?

– vous ne devriez pas espionner les conversations qui n'ont rien à voir avec vous.

Elle leva un sourcil.

– Si vous ne vouiez pas que j'entende certaines choses, alors vous n’auriez peut-être pas dû les beugler de façon ordinaire.

– Émilia tendit la main et fit un geste vers sa lettre.

– Maintenant, arrêtez de jouer et redonnez-la-moi. Je pensais que vous aviez arrêté de jouer comme un enfant quand vous aviez acheté votre propre maison en ville.

Il avait acheté la maison parce qu'il ne supportait pas les garçonnières disponibles. Lucien avait voulu son propre espace et se demandait pourquoi il n'aurait pas quelque chose de plus élaboré. S'il se mariait, il aurait besoin d'un lieu à lui où emmener sa femme et il refusait de retourner chez ses parents. Il était Marquis de Severn et cela s'accompagnait de certaines responsabilités.

– Je vous la rends si vous me dites ce dont Angeline et vous discutiez hier soir au dîner.

Elle pencha la tête sur le côté et lui lança un regard pensif :

– Je ne vous raconterais pas non plus les secrets d'Angeline.

– Elle secoua la tête avec défi.

– Si vous voulez savoir ce qu'elle fait, allez lui demander vous-même.

Sa petite sœur savait certainement quelque chose… Elle était trop évasive pour qu'il puisse croire le contraire. Il rit doucement.

– C'est plus facile de vous demander. Angeline me dirait d'aller au diable et tenterait de me mettre un coup de genoux dans les couilles.

– Elle a une tendance rebelle incomparable.

– vous savez que vous voulez me le dire. épargnez-nous à tous les deux l'embarras et commencez à parler.

– Non,– répondit-elle avec agressivité et posa les mains sur ses hanches, soulignant son mécontentement. – vous ne pouvez pas venir ici et me commander. Garde la lettre. J'ai mieux à faire avec mon temps. —

Elle passa près de lui et commença à s'éloigner. Lucien fronça les sourcils. Cela ne s'était pas passé comme il l'avait prévu du tout. Elle ne voulait vraiment pas récupérer la lettre? Pourquoi avait-elle tant lutté pour la lui reprendre si cela ne voulait rien dire? Non, ce n'était pas logique. – vous ne me tromperas pas.—

– Je m'en fiche,– cria-t-elle par-dessus son épaule. – vous êtes le pire frère.—

Eh bien, si elle s'en moquait vraiment, alors il lirait la lettre. Il l'ouvrit et parcourut rapidement le contenu. Il jura quand il réalisa ce qu'elle contenait. Émilia savait exactement ce qu'elle faisait. Angeline était dans les ennuis jusqu'au cou et c'était sa façon de s'assurer qu'elle recevait de l'aide sans trahir sa confiance. Lucien avait volé la lettre et Émilia ne pouvait pas l'empêcher de la lire. C'était une méthode efficace pour pouvoir ensuite prétexter l'ignorance et il avait un nouveau respect pour sa petite sœur.

Cela ne l'aidait toujours pas à résoudre son problème le plus immédiat. Il ne savait pas exactement où et quand ce ridicule défilé auquel Angeline avait décidé de participer allait avoir lieu. Comment était-il supposé sauver la sale gosse d'elle-même s'il ne pouvait pas la trouver? Il n'aurait probablement pas le temps de demander de l'aide à Andrew ou Alexander non plus. Une partie de lui-même se demandait s'ils seraient même d'accord pour intervenir et sauver leur sœur irresponsable s'ils le savaient. Il devait croire qu'ils le feraient. Ils pensaient qu'Angeline devrait tracer son propre chemin, mais rejoindre la cause des suffragettes pourrait la faire tuer.

Il appartenait à Lucien de la sauver et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu'elle rentre chez elle saine et sauve. Angeline le détesterait probablement pour ça, mais il pourrait vivre avec cette conséquence. Tant qu'elle allait bien, rien d'autre ne comptait.

CHAPITRE QUATRE

Angeline essuya la sueur de son front. Le bruit des femmes qui défilaient résonnait autour d'elle. Parfois, elle se demandait pourquoi elle avait choisi de faire certaines des choses ridicules qu'elle avait faites. Être entouré de nombreuses femmes qui criaient fort et être en contact étroit avec ne ressemblait en rien à un amusement. La foule lui donnait encore trois fois plus chaud, et tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer à la maison et enlever chaque maille de ses vêtements. Pourquoi devait-il faire si diablement chaud?

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