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Un Cœur Pur – Nouvelle
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T. M. Bilderback

Un Cœur Pur - Nouvelle

UN CŒUR PUR - NOUVELLE - Par T. M. Bilderback Traduction Par N’Doua Diby Gaston

Copyright 2017 par T. M. Bilderback

Couverture par Christi L. Bilderback

Photo de couverture sous licence CanStock © Can Stock Photo Inc. / Santia

Tous droits réservés.


Le Colonel Quentin James Abernathy (à la retraite) versa du brandy dans les verres et, sous ses sourcils gris et broussailleux, jeta un regard sur son invité.

Le Colonel Abernathy avait pris sa retraite du service de Sa Majesté il y a de nombreuses années. Il était difficile de déterminer son âge, mais, à vrai dire, le Colonel avait largement dépassé les quatre-vingt-dix ans. Il avait pris sa retraite en tant que célibataire et vivait confortablement dans une majestueuse villa de la ville de Londres jouissant de sa pension et de la fortune familiale. Il avait plusieurs connaissances qui fréquentaient un bar situé à quelques pâtés de maisons de là. C’est avec l'une de ses connaissances que le Colonel était assis dans son bureau, se préparant à déguster du bon cognac après un copieux dîner par une nuit pluvieuse de Londres.

Lissant sa grande moustache et de sa voix forte et bourrue, le Colonel Abernathy dit : ‘’Écoutez, Helmsley ! Puis-je vous raconter l'histoire du Cœur Pur?’’

‘’Ravi de l'entendre, Colonel’’, répondit Helmsley, s'installant dans le confortable fauteuil et sirotant son cognac.

‘’Excellent !’’ s'exclama le Colonel.  ‘’Comment trouvez-vous le cognac, monsieur ?  Tout à fait à votre goût ?’’

‘’Oh, oui, Colonel, merci.’’

‘’Très bien !  Bon, voici l'histoire.’’  Le colonel Abernathy soupira.



PENDANT LA SECONDE guerre mondiale, j'étais un jeune lieutenant de l'Armée Britannique. J'étais basé dans la ville de Tunis pendant la campagne de Rommel  en Afrique du Nord en 1942. Bien sûr, M. Churchill nous avait chargés de tenir les fortifications de la ville de Tunis contre l'armée de Desert Fox qui avançait, et nous étions tout à fait déterminés à le faire, quel qu'en soit le prix. Pendant l'accalmie de l'hiver, nous avons constaté que, de temps en temps, nous avions du temps pour nous.

Nous avions, bien sûr, recruté plusieurs civils locaux en Tunisie pour effectuer diverses tâches au sein de notre base d'opérations. Je me souviens qu'ils étaient très bien payés, même s'ils auraient pu travailler gratuitement en vue de nous témoigner leur gratitude pour nos efforts visant à vaincre la menace de l'Axe.

J'ai beaucoup aimé une jeune femme arabe qui était chargée de laver nos uniformes chaque fois que cela était possible.



‘’VRAIMENT, COLONEL ?’’ interrompit Helmsley, d'un ton taquin. ‘’Une femme ? Et vous, un célibataire endurci ?’’

‘’Oui. Tout à fait.’’  Le colonel lissa sa moustache et poursuivit son histoire.



COMME JE LE DISAIS, j'ai beaucoup aimé cette jeune dame. Après tout, j'étais un jeune lieutenant, l'un des commandos du Général Anderson, plein d'allant et de vigueur, et très amoureux de moi-même. Je n'avais pas encore appris l'humilité qui devait accompagner la vie d'officier dans l'Armée Royale.

Je m’étais retrouvé à passer presque tout mon temps libre avec cette jeune femme. Elle s'appelait Faizah Feki. Son frère, Bidel, était toute la famille qu'elle avait à l'époque. Bidel travaillait également pour les commandos du Lieutenant Général Anderson ; il était, pour la plupart, chargé de nettoyer et de cirer nos bottes.

Faizah et Bidel étaient été de foi chrétienne. Ils s'étaient convertis de la religion musulmane lorsqu'ils n'étaient qu’enfants, parce que leurs parents s'y étaient convertis. Mais, parce qu'ils étaient chrétiens dans un pays musulman, ils devaient garder leur foi pour eux-mêmes. À moins, bien sûr, qu'ils ne soient avec des membres de l'Armée Royale. Nous avons eu, tous les trois, d’enrichissantes discussions concernant certains passages de la Bible. Je les impressionnais par mes connaissances, et Faizah se sentait très bien avec moi



‘’VOUS ÉTIEZ UN SPÉCIALISTE de la Bible, Colonel ?’’ demanda Helmsley.

De sa main, le colonel se mit à fouiller son épaisse moustache grise. ‘’En fait, j'avais suivi plusieurs cours à l'université, et j'ai même envisagé d’être membre de l'Église d'Angleterre pendant un certain temps. Mais, je fus trompé lorsque...eh bien, je vous raconterai cette histoire une autre fois, Helmsley.’’

‘’Bien sûr, Colonel. Je m'excuse de vous avoir interrompu.’’

Le colonel Abernathy se reprit. ‘’Tout à fait.’’



IL M’EST DIFFICILE de décrire Faizah. Elle était belle. En raison de la loi musulmane en vigueur à l'époque à Tunis, elle était obligée de porter un hijab. Cependant, si elle se retrouvait dans l'intimité des lieux que nous fréquentions, elle le retirait de temps en temps. Elle avait de longs cheveux bruns très foncés, une peau lisse de couleur olive et de grands yeux bruns. Son sourire illuminait son visage comme si un phare y brillait. Son rire était un son délicieusement musical en cette terrible période de guerre, et sa voix était tout le son de l’écoulement d'un ruisseau apaisant.

Bien sûr, la bienséance dictait que son frère, Bidel, nous accompagne chaque fois que nous étions ensemble, mais cela m'était tout à fait acceptable, car je ne voulais pas faire honte à Faizah ni enfreindre les traditions de sa famille. Oh, non, loin de là.

Vous voyez, j'étais tombé follement et profondément amoureux de Faizah, et je l'ai dit à Bidel.

‘’Et pourquoi vous me dites ça, Lieutenant ? Pourquoi n’exprimez-vous pas vos sentiments à Faizah elle-même ?’’

‘’Je le ferai, Bidel. Mais, comme vous êtes son frère, je dois avoir votre bénédiction.’’

Bidel sourit. ‘’Mais pourquoi avez-vous besoin de ma bénédiction ?’’

‘’J'ai l'intention de demander à votre sœur de m'épouser.’’

Le sourire de Bidel baissa un peu d’intensité, puis se remit à resplendir.‘’ Ce serait un honneur pour moi de vous offrir la main de ma sœur en mariage, Lieutenant Abernathy. Mais j’ai un petit problème. Nous sommes pauvres, et je n'ai qu'une seule chose à vous offrir comme dot.’’

Je me mis à insister sur le fait qu'il n'était pas question de dot, mais Bidel ne voulut rien entendre. Finalement, je mis fin à la conversation.

‘’Bidel, c'est très bien, mais rien de tout cela n'a d'importance si Faizah refuse ma proposition de mariage.’’

Bidel me sourit largement. ‘’Alors vous devez lui faire votre proposition.’’

Je me redressai de toute ma stature. ‘’Monsieur, je vais le faire, et tout de suite !’’

Et je partis à la recherche de Faizah.



LA GOUVERNANTE DU COLONEL Abernathy, une matrone corpulente nommée Mme Travers, choisit ce moment pour entrer dans le bureau, portant un plateau de petits biscuits et de sucreries. Elle plaça le plateau sur une petite table qui se trouvait entre les deux chaises à dossier ailé dans lesquelles le colonel et son invité se détendaient.

‘’Voulez-vous, votre invité et vous, prendre un thé, Colonel ?’’ demanda-t-elle.

Le Colonel grogna, et répondit à sa gouvernante. ‘’Oui, si vous voulez bien, Mme Travers.’’

Mme Travers acquiesça et quitta la pièce.

‘’Ce thé est tout à fait à ma satisfaction, Helmsley. Je pense que vous allez l'apprécier. Bon, où en étais-je ? Oh, oui...’’



JE RETROUVAI FAIZAH à l'une des pompes à main de la ville. Peu d'endroits avaient l'eau courante à cette époque, et plusieurs pompes manuelles avaient été connectées à des puits creusés dans la ville. Faizah était en train de remplir deux grands seaux d'eau et s’apprêtait à laver quelques uniformes.

Je la pris par la main et la conduisis à quelques pas de la pompe, vers un petit banc public. Je lui demandai de s'asseoir, et bien qu'elle portait un voile, je pouvais voir par le plissement autour de chacun de ses yeux qu'elle souriait.

‘’Quentin, pourquoi m'éloignez-vous de mon travail ? Je dois finir de laver ces uniformes avant la fin de la journée.’’

‘’Dans ce cas je vous y aiderai, mon amour. J'ai quelque chose d'important à vous demander.’’

‘’Qu'est-ce qu’il y a de si important, cher Quentin ?’’

Je me levai de toute ma hauteur, et je pris sa main en m'agenouillant sur un genou.

‘’Faizah, accepteriez-vous d’être mon épouse ?’’

Je pouvais lire son beau sourire à travers le voile lorsqu'elle me répondit.

‘’Et en avez-vous parlé à mon frère, Quentin ?’’

Je lui serrai la main. ‘’Oui, et j'ai sa bénédiction.’’

Toujours souriante, elle dit : ‘’Alors je suppose que je dois dire oui, puisque vous avez si tôt conquis mon cœur.’’

Je restai debout, souriant comme un fou. Prenant ses deux mains, je l'embrassai et je lui dis : ‘’Faizah, vous venez de faire de moi l'homme le plus heureux de la terre !’’

J'étais de service plus tard ce jour-là. Je laissai Faizah à ses tâches de blanchisseuse, et je retournai à mon poste.

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