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Госпожа Бовари. Уровень 1 / Madame Bovary
– C'est comme moi, répliqua Léon; quelle meilleure chose, en effet, que d'être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle?..
– N'est-ce pas? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts.
– On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promène immobile dans des pays que l'on croit voir, et votre pensée, s'enlaçant à la fiction[29], se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures.
– C'est vrai! c'est vrai! disait-elle.
– Vous est-il arrivé parfois, reprit Léon, de rencontrer dans un livre une idée vague que l'on a eue, quelque image obscurcie qui revient de loin, et comme l'exposition entière de votre sentiment le plus délié?
– J'ai éprouvé cela, répondit-elle.
– C'est pourquoi, dit-il, j'aime surtout les poètes. Je trouve les vers plus tendres que la prose, et qu'ils font bien mieux pleurer.
– Cependant ils fatiguent à la longue, reprit Emma; et maintenant, au contraire, j'adore les histoires qui se suivent tout d'une haleine[30], où l'on a peur. Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature.
– En effet, observa le clerc, ces ouvrages ne touchant pas le coeur, s'écartent, il me semble, du vrai but de l'Art. Il est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractères, des affections pures et des tableaux de bonheur. Quant à moi, vivant ici, loin du monde, c'est ma seule distraction; mais Yonville offre si peu de ressources!
– Comme Tostes, sans doute, reprit Emma; aussi j'étais toujours abonnée à un cabinet de lecture.
– Si Madame veut me faire l'honneur d'en user, dit le pharmacien, qui venait d'entendre ces derniers mots, j'ai moi-même à sa disposition une bibliothèque composée des meilleurs auteurs.
Depuis deux heures et demie, on était à table; car la servante Artémise, traînant nonchalamment sur les carreaux ses savates de lisière, apportait les assiettes les unes après les autres, oubliait tout, n'entendait à rien et sans cesse laissait entrebâillée la porte du billard, qui battait contre le mur du bout de sa clenche.
Sans qu'il s'en aperçût, tout en causant, Léon avait posé son pied sur un des barreaux de la chaise où madame Bovary était assise. C'est ainsi, l'un près de l'autre, pendant que Charles et le pharmacien devisaient, qu'ils entrèrent dans une de ces vagues conversations où le hasard des phrases vous ramène toujours au centre fixe d'une sympathie commune.
Quand le café fut servi, Félicité s'en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège. Madame Lefrançois dormait auprès des cendres, tandis que le garçon d'écurie, une lanterne à la main, attendait M. et madame Bovary pour les conduire chez eux.
La maison du médecin se trouvant à cinquante pas de l'auberge, il fallut presque aussitôt se souhaiter le bonsoir, et la compagnie se dispersa.
Emma, dès le vestibule, sentit tomber sur ses épaules, comme un linge humide, le froid du plâtre. Les murs étaient neufs, et les marches de bois craquèrent. Au milieu de l'appartement, pêle-mêle, il y avait des tiroirs de commode, des bouteilles, des tringles, des bâtons dorés avec des matelas sur des chaises et des cuvettes sur le parquet, les deux hommes qui avaient apporté, les meubles ayant tout laissé là, négligemment.
C'était la quatrième fois qu'elle couchait dans un endroit inconnu. La première avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisième à la Vaubyessard, la quatrième était celle-ci; et chacune s'était trouvée faire dans sa vie comme l'inauguration d'une phase nouvelle.
III
Le lendemain, à son réveil, elle aperçut le clerc sur la place. Elle était en peignoir. Il leva la tête et la salua. Elle fit une inclination rapide et referma la fenêtre.
Léon attendit pendant tout le jour que six heures du soir fussent arrivées; mais, en entrant à l'auberge, il ne trouva personne que M. Binet, attablé.
Ce dîner de la veille était pour lui un événement considérable; jamais, jusqu'alors, il n'avait causé pendant deux heures de suite avec une dame. Comment donc avoir pu lui exposer, et en un tel langage, quantité de choses qu'il n'aurait pas si bien dites auparavant? il était timide d'habitude et gardait cette réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la dissimulation. Puis il possédait des talents, il peignait à l'aquarelle, savait lire la clef de sol, et s'occupait volontiers de littérature après son dîner, quand il ne jouait pas aux cartes.
L'apothicaire se montra le meilleur des voisins. Il passa bien de temps avec Emma en lui racontant son métier et la vie de cette ville.
Charles était triste: la clientèle n'arrivait pas. Il demeurait assis pendant de longues heures, sans parler, allait dormir dans son cabinet ou regardait coudre sa femme. Mais les affaires d'argent le préoccupaient. Il en avait tant dépensé pour les réparations de Tostes, pour les toilettes de Madame et pour le déménagement, que toute la dot, plus de trois mille écus, s'était écoulée en deux ans.
Un souci meilleur vint le distraire, à savoir[31] la grossesse de sa femme. À mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. Quand il la contemplait tout à l'aise et qu'elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus; il se levait, il l'embrassait, passait ses mains sur sa figure, l'appelait petite maman. Rien ne lui manquait à présent. Il connaissait l'existence humaine tout du long, et il s'y attablait sur les deux coudes avec sérénité.
Emma d'abord sentit un grand étonnement, puis eut envie d'être délivrée, pour savoir quelle chose c'était que d'être mère. Mais, ne pouvant faire les dépenses qu'elle voulait, elle ne s'amusa donc pas à ces préparatifs où la tendresse des mères se met en appétit, et son affection, dès l'origine, en fut peut-être atténuée de quelque chose.
Cependant, comme Charles, à tous les repas, parlait du marmot, bientôt elle y songea d'une façon plus continue.
Elle souhaitait un fils; il serait fort et brun, elle l'appellerait Georges; et cette idée d'avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement[32].
Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant.
– C'est une fille! dit Charles.
Elle tourna la tête et s'évanouit.
Pendant sa convalescence, elle s'occupa beaucoup à chercher un nom pour sa fille. D'abord, elle passa en revue tous ceux qui avaient des terminaisons italiennes, tels que Clara, Louisa, Amanda, Atala; elle aimait assez Galsuinde, plus encore Yseult ou Léocadie. Enfin, Emma se souvint qu'au château de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme; dès lors ce nom-là fut choisi, et, comme le père Rouault ne pouvait venir, on pria M. Homais d'être parrain.
Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier; et elle s'achemina vers la demeure de Rolet, qui se trouvait à l'extrémité du village.
Il était midi; les maisons avaient leurs volets fermés, et les toits d'ardoises, qui reluisaient sous la lumière âpre du ciel bleu, semblaient à la crête de leurs pignons faire pétiller des étincelles. Un vent lourd soufflait. Emma se sentait faible en marchant; les cailloux du trottoir la blessaient; elle hésita si elle ne s'en retournerait pas chez elle, ou entrerait quelque part pour s'asseoir.
À ce moment, M. Léon sortit d'une porte voisine avec une liasse de papiers sous son bras. Il vint la saluer et se mit à l'ombre devant la boutique de Lheureux, sous la tente grise qui avançait.
Madame Bovary dit qu'elle allait voir son enfant, mais qu'elle commençait à être lasse.
– Si… reprit Léon, n'osant poursuivre.
– Avez-vous affaire quelque part? demanda-t-elle.
Et, sur la réponse du clerc, elle le pria de l'accompagner. Dès le soir, cela fut connu dans Yonville, et madame Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que madame Bovary se compromettait.
Ils reconnurent la maison à un vieux noyer qui l'ombrageait. Au bruit de la barrière, la nourrice parut, tenant sur son bras un enfant qui tétait.
– Entrez, dit-elle; votre petite est là qui dort.
La chambre, au rez-de-chaussée, la seule du logis, avait au fond contre la muraille un large lit sans rideaux, tandis que le pétrin occupait le côté de la fenêtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu.
L'enfant d'Emma dormait à terre, dans un berceau d'osier. Elle la prit avec la couverture qui l'enveloppait, et se mit à chanter doucement en se dandinant.
Léon se promenait dans la chambre; il lui semblait étrange de voir cette belle dame en robe de nankin, tout au milieu de cette misère. Madame Bovary devint rouge; il se détourna, croyant que ses yeux peut-être avaient eu quelque impertinence[33]. Puis elle recoucha la petite, qui venait de vomir sur sa collerette. La nourrice aussitôt vint l'essuyer, protestant qu'il n'y paraîtrait pas.
La bonne femme accompagna Emma jusqu'au bout de la cour, tout en parlant du mal qu'elle avait à se relever la nuit. Elle parla beaucoup et Emma commença à s'ennuyer déjà.
Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps; puis elle se ralentit, et son regard qu'elle promenait devant elle rencontra l'épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux châtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Ils s'en revinrent à Yonville en suivant le bord de l'eau.
Ils causaient d'une troupe de danseurs espagnols, que l'on attendait bientôt sur le théâtre de Rouen.
– Vous irez? demanda-t-elle.
– Si je le peux, répondit-il.
N'avaient-ils rien autre chose à se dire? Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse[34]; et, tandis qu'ils s'efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une même langueur les envahir tous les deux; c'était comme un murmure de l'âme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d'étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s'en raconter la sensation ou à en découvrir la cause.
Quand ils furent arrivés devant son jardin, madame Bovary poussa la petite barrière, monta les marches en courant et disparut.
Léon rentra à son étude. Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maître.
Ce dernier était tout occupé d'affaires. Quant à la femme du pharmacien, c'était la meilleure épouse de Normandie, mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d'un aspect si commun et d'une conversation si restreinte.
Et ensuite, qu'y avait-il? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes.
Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d'Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abîmes.
Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien, Charles n'avait point paru extrêmement curieux de le recevoir; et Léon ne savait comment s'y prendre entre la peur d'être indiscret et le désir d'une intimité qu'il estimait presque impossible.
IV
Dès les premiers froids, Emma quitta sa chambre pour habiter la salle, longue pièce à plafond bas où il y avait, sur la cheminée, un polypier touffu s'étalant contre la glace. Assise dans son fauteuil, près de la fenêtre, elle voyait passer les gens du village sur le trottoir.
Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d'or. Emma, de loin, l'entendait venir; elle se penchait en écoutant, et le jeune homme glissait derrière le rideau, toujours vêtu de même façon et sans détourner la tête.
M Homais arrivait pendant le dîner. Bonnet grec à la main, il entrait à pas muets pour ne déranger personne et toujours en répétant la même phrase: «Bonsoir la compagnie!». Puis, quand il s'était posé à sa place, contre la table, entre les deux époux, il demandait au médecin des nouvelles de ses malades, et celui-ci le consultait sur la probabilité des honoraires. Ensuite, on causait de ce qu'il y avait dans le journal. Homais, à cette heure-là, le savait presque par coeur; et il le rapportait intégralement, avec les réflexions du journaliste et toutes les histoires des catastrophes individuelles arrivées en France ou à l'étranger.
Il ne venait pas grand monde à ces soirées du pharmacien, sa médisance et ses opinions politiques ayant écarté de lui successivement différentes personnes respectables. Le clerc ne manquait pas de s'y trouver[35]. Dès qu'il entendait la sonnette, il courait au-devant de madame Bovary.
On faisait d'abord quelques parties de trente-et-un; ensuite M. Hornais jouait à l'écarté avec Emma; Léon, derrière elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordaient son chignon. À chaque mouvement qu'elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du côté droit remontait.
Lorsque la partie de cartes était finie, l'apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma changeant de place, s'accoudait sur la table, à feuilleter l'Illustration. Léon se mettait près d'elle; ils regardaient ensemble les gravures et s'attendaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui lire des vers; Léon les déclamait d'une voix traînante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour. Léon lisait encore; et Emma l'écoutait. Léon s'arrêtait, désignant d'un geste son auditoire endormi, alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce, parce qu'elle n'était pas entendue.
Ainsi s'établit entre eux une sorte d'association, un commerce continuel de livres et de romances; M. Bovary, peu jaloux, ne s'en étonnait pas.
Le clerc se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration[36]; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d'être si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désirs. Puis il prenait des décisions énergiques; il écrivait des lettres qu'il déchirait, s'ajournait à des époques qu'il reculait. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser; mais cette résolution l'abandonnait bien vite en la présence d'Emma. Son mari, n'était-ce pas quelque chose d'elle?
Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, – ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le coeur entier.
V
Ce fut un dimanche de février, une après-midi qu'il neigeait.
Ils étaient tous, M et madame Bovary, Homais et M. Léon, partis voir, à une demi-lieue d'Yonville, dans la vallée, une filature de lin que l'on établissait. L'apothicaire avait emmené avec lui ses enfants, Napoléon et Athalie, pour leur faire faire de l'exercice.
Rien pourtant n'était moins curieux que cette curiosité. Un grand espace de terrain vide, où se trouvaient pêle-mêle, entre des tas de sable et de cailloux, quelques roues d'engrenage déjà rouillées, entourait un long bâtiment quadrangulaire que perçaient quantité de petites fenêtres. Il n'était pas achevé d'être bâti, et l'on voyait le ciel à travers les lambourdes de la toiture.
Homais parlait. Il expliquait à la compagnie l'importance future de cet établissement, supputait la force des planchers, l'épaisseur des murailles, et regrettait beaucoup de n'avoir pas de canne métrique, comme M. Binet en possédait une pour son usage particulier.
Emma, qui donnait le bras à Léon, s'appuyait un peu sur son épaule, et elle regardait le disque du soleil irradiant au loin, dans la brume, sa pâleur éblouissante; mais elle tourna la tête: Charles était là. Son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage.
Le givre tombait; et l'on s'en retourna vers Yonville.
Madame Bovary, le soir, n'alla pas chez ses voisins, et, quand Charles fut parti, lorsqu'elle se sentit seule, le parallèle recommença dans la netteté d'une sensation presque immédiate.
– Oui, charmant! charmant!.. N'aime-t-il pas? se demanda-t-elle. Qui donc?.. mais c'est moi!
Toutes les preuves à la fois s'en étalèrent, son coeur bondit. Alors commença l'éternelle lamentation: «Oh! si le ciel l'avait voulu! Pourquoi n'est-ce pas? Qui empêchait donc?..»
Quand Charles, à minuit, rentra, elle eut l'air de s'éveiller, et, comme il fit du bruit en se déshabillant, elle se plaignit de la migraine; puis demanda nonchalamment ce qui s'était passé dans la soirée.
– M. Léon, dit-il, est remonté de bonne heure.
Elle ne put s'empêcher de sourire[37], et elle s'endormit l'âme remplie d'un enchantement nouveau.
Le lendemain, à la nuit tombante, elle reçut la visite du sieur Lheureux, marchand de nouveautés. C'était un homme habile que ce boutiquier,
Après avoir laissé à la porte son chapeau garni d'un crêpe, il posa sur la table un carton vert, et commença par se plaindre à Madame, avec force civilités, d'être resté jusqu'à ce jour sans obtenir sa confiance. Elle n'avait pourtant, qu'à commander, et il se chargerait de lui fournir ce qu'elle voudrait, car il allait à la ville quatre fois par mois, régulièrement.
– Je n'ai besoin de rien, dit-elle.
Alors M. Lheureux exhiba délicatement ses biens et suivait le regard d'Emma, qui se promenait indécis parmi ces marchandises.
– Combien coûtent-elles?
– Une misère, répondit-il, une, misère; mais rien ne presse; quand vous voudrez; nous ne sommes pas des juifs!
Elle réfléchit quelques instants, et finit encore, par remercier M. Lheureux, qui répliqua sans s'émouvoir.
– Eh bien; nous nous entendrons plus tard; avec les dames je me suis toujours arrangé, si ce n'est avec la mienne, cependant!
Emma se fit servir à dîner dans sa chambre, au coin du feu, sur un plateau; elle fut longue à manger; tout lui sembla bon.
– Comme j'ai été sage! se disait-elle en songeant aux écharpes.
Elle entendit des pas dans l'escalier: c'était Léon. Elle se leva, et prit sur la commode; parmi des torchons à ourler, le premier de la pile. Elle semblait fort occupée quand il parut.
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Примечания
1
chemin faisant – по пути
2
Charles n'eût osé en souhaiter de plus facile – Чарльз не посмел бы желать ничего проще
3
Ce fut le comble – Нет, это уж слишком
4
elle fut prise d'un crachement de sang – у нее хлынула горлом кровь
5
afin de se faire la portion d'existence qu'elle avait vécu dans le temps qu'il ne la connaissait pas encore – чтобы стать той частью ее существования, которую она прожила, когда он еще не знал ее
6
quand l'occasion s'en offrirait – когда представится такая возможность
7
À l'époque de la Saint-Michel – Перед Михайловым днем
8
ils s'allaient quitter – они собирались разойтись
9
Charles se donna jusqu'au coin de la haie, et enfin, quand on l'eut dépassée – Шарль дал себе слово начать, когда они дойдут до конца изгороди, и, как только изгородь осталась позади
10
n'ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez – не имея возможности рассмотреть как они бреются оставили себе под носом порезы
11
La fête finie – Когда праздник закончился
12
comme on fait à un enfant qui se pend après vous – как поступают с ребенком, который вешается на вас
13
Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger – Однажды она попробовала ради умерщвления плоти целый день ничего не есть
14
Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissait les mains à la poussière des vieux cabinets de lecture – Пятнадцатилетняя Эмма целых полгода дышала этой пылью старинных книгохранилищ
15
des vénérations enthousiastes à l'endroit des femmes illustres ou infortunées – восторженное почитание выдающихся или несчастных женщин
16
Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles – Она в глубине души была довольна, что ей сразу удалось возвыситься до трудно достижимого идеала отрешения от всех радостей жизни
17
Mais, à mesure que se serrait davantage l'intimité de la vie des époux; un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui – Но по мере того, как интимная жизнь супругов становилась все более тесной, возникала внутренняя отстраненность, которая отделяла ее от него
18
Emma voulut se donner de l'amour – Эмма хотела полюбить его
19
il l'embrassait à de certaines heures – он целовал ее в определенные часы
20
Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen, par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme – Она задавалась вопросом, не было ли бы другого способа, при ином стечении обстоятельств, встретить другого мужчину
21
Le sucre en poudre même – Даже сахарная пудра
22
Alors le souvenir des Bertaux lui arriva – Тогда ей вспомнился Берто
23
Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière – Разве для любви, как и для индийских растений, не требовалась подготовленная почва, особая температура
24
pour n'être point renvoyée – чтобы ее не уволили
25
Craignant beaucoup de tuer son monde – Сильно опасаясь убить кого-то из своих больных
26
C'était surtout aux heures des repas qu'elle n'en pouvait plus – Особенно невыносимо ей было за обедом
27
Après s'être tourné de côté et d'autre – Попробовав так и этак
28
on ne peut se figurer la poésie des lacs – невозможно представить себе поэтичность озер
29
s'enlaçant à la fiction – погружаясь в вымышленный мир
30
qui se suivent tout d'une haleine – которые читаются на одном дыхании
31
à savoir – а именно
32
Mais une femme est empêchée continuellement – Но женщине постоянно что-то мешает
33
croyant que ses yeux peut-être avaient eu quelque impertinence – полагая, что в его взгляде могла быть какая-то дерзость
34
Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse – Их взгляды были полны более серьезного разговора
35
Le clerc ne manquait pas de s'y trouver – Зато помощник нотариуса не пропускал ни одной встречи
36
Le clerc se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration – Помощник нотариуса мучился, выясняя, каким образом ему объясниться в любви