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Aventures de Baron de Münchausen
Aventures de Baron de Münchausen

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Aventures de Baron de Münchausen

Язык: Французский
Год издания: 2017
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Une autre fois je fus serré de si près par un loup que je n'eus, pour me défendre, d'autre ressource que de lui plonger mon poing dans la gueule. Poussé par l'instinct de ma conservation, je l'enfonçai toujours de plus en plus profondément, de façon que mon bras se trouva engagé jusqu'à l'épaule. Mais que faire après cela? Pensez un peu à ma situation: nez à nez avec un loup! Je vous assure que nous ne nous faisions pas les yeux doux: si je retirais mon bras, la bête me sautait dessus infailliblement; je lisais clairement son intention dans son regard flamboyant. Bref, je lui empoignai les entrailles, les tirai à moi, retournai mon loup comme un gant, et le laissai mort sur la neige.

Je n'aurais assurément pas employé ce procédé à l'égard d'un chien enragé qui me poursuivit un jour dans une ruelle de Saint-Pétersbourg.

– Cette fois, me dis-je, tu n'as qu'à prendre tes jambes à ton cou!

Pour mieux courir, je jetai mon manteau et me réfugiai au plus vite chez moi. J'envoyai ensuite mon domestique chercher mon manteau, qu'il replaça dans l'armoire avec mes autres habits. Le lendemain, j'entendis un grand tapage dans la maison, et Jean qui venait vers moi en s'écriant:

– Au nom du ciel, monsieur le baron, votre manteau est enragé!

Je m'élance aussitôt, et je vois tous mes vêtements déchirés et mis en pièces. Le drôle avait dit vrai, mon manteau était enragé: j'arrivai juste au moment où le furibond se ruait sur un bel habit de gala tout neuf, et le secouait, et le dépeçait de la façon la plus impitoyable.

CHAPITRE III

DES CHIENS ET DES CHEVAUX DU BARON DE MÜNCHHAUSEN

Dans toutes ces circonstances difficiles d'où je me tirai toujours heureusement, quoique souvent au péril de mes jours, ce furent le courage et la présence d'esprit qui me permirent de surmonter tant d'obstacles. Ces deux qualités font, comme chacun sait, l'heureux chasseur, l'heureux soldat et l'heureux marin. Cependant celui-là serait un chasseur, un amiral ou un général imprudent et blâmable, qui s'en remettrait en tout état de cause à sa présence d'esprit ou à son courage, sans avoir recours aux ruses, ni aux instruments, ni aux auxiliaires qui peuvent assurer la réussite de son entreprise. Pour ce qui est de moi, je suis à l'abri de ce reproche, car je puis me vanter d'avoir toujours été cité tant pour l'excellence de mes chevaux, de mes chiens et de mes armes, que pour l'habileté remarquable que je mets à les utiliser. Je ne voudrais pas vous entretenir des détails de mes écuries, de mes chenils ni de mes salles d'armes, comme ont coutume de le faire les palefreniers et les piqueurs, mais je ne peux pas ne pas vous parler de deux chiens qui se sont si particulièrement distingués à mon service, que je ne les oublierai jamais.

L'un était un chien couchant, si infatigable, si intelligent, si prudent, qu'on ne pouvait le voir sans me l'envier. Jour et nuit, il était bon; la nuit je lui attachais une lanterne à la queue, et, en cet équipage, il chassait tout aussi bien, peut-être mieux qu'en plein jour.

Peu de temps après mon mariage, ma femme manifesta le désir de faire une partie de chasse. Je pris les devants pour faire lever quelque chose, et je ne tardai pas à voir mon chien arrêté devant une compagnie de quelques centaines de perdreaux. J'attendis ma femme, qui venait derrière moi, avec mon lieutenant et un domestique: j'attendis longtemps, personne n'arrivait; enfin, assez inquiet, je retournai sur mes pas, et, quand je fus à moitié chemin, j'entendis des gémissements lamentables: ils semblaient être tout près, et cependant je n'apercevais nulle part trace d'être vivant.

Je descendis de cheval, j'appliquai mon oreille contre le sol, et non-seulement je compris que les gémissements venaient de dessous terre, mais encore je reconnus les voix de ma femme, de mon lieutenant et de mon domestique. Je remarquai en même temps que non loin de l'endroit où j'étais s'ouvrait un puits de mine de houille, et je ne doutai plus que ma femme et ses malheureux compagnons n'y eussent été engloutis. Je courus ventre à terre au prochain village chercher les mineurs, qui après de grands efforts parvinrent à retirer les infortunés de ce puits qui mesurait pour le moins quatre-vingt-dix pieds de profondeur.

Ils amenèrent d'abord le domestique, son cheval, ensuite le lieutenant, puis son cheval; enfin ma femme, et après elle son petit barbe. Le plus curieux de l'affaire, c'est que, malgré cette chute effroyable, personne, ni gens ni bête, n'avait été blessé, à l'exception de quelques contusions insignifiantes; mais ils étaient en proie à une extrême terreur. Comme vous pouvez l'imaginer, il n'y avait plus à penser à reprendre la chasse, et si, ainsi que je le suppose, vous avez oublié mon chien pendant ce récit, vous m'excuserez de l'avoir également oublié après ce terrible événement.

Le lendemain même de ce jour, je dus partir pour affaire de service, et je fus retenu quinze jours hors de chez moi. Aussitôt de retour, je demandai ma Diane. Personne ne s'en était inquiété; mes gens croyaient qu'elle m'avait suivi; il fallait donc désespérer de la revoir jamais. A la fin une idée lumineuse me traversa l'esprit:

– Elle est peut-être restée, me dis-je, en arrêt devant la compagnie de perdreaux!

Je m'élance aussitôt, plein d'espoir et de joie, et qu'est-ce que je trouve! ma chienne immobile à la place même où je l'avais laissée quinze jours auparavant. «Pille!» lui criai-je; en même temps elle rompit l'arrêt, fit lever les perdreaux, et j'en abattis vingt-cinq d'un seul coup. Mais la pauvre bête eut à peine la force de revenir auprès de moi, tant elle était exténuée et affamée. Je fus obligé, pour la ramener à la maison, de la prendre avec moi sur mon cheval: vous pensez du reste avec quelle joie je me pliai à cette incommodité. Quelques jours de repos et de bons soins la rendirent aussi fraîche et aussi vive qu'auparavant, et ce ne fut que plusieurs semaines plus tard que je me trouvai à même de résoudre une énigme qui, sans ma chienne, me fût sans doute restée éternellement incompréhensible.

Je m'acharnais depuis deux jours à la poursuite d'un lièvre. Ma chienne le ramenait toujours et je ne parvenais jamais à le tirer. Je ne crois pas à la sorcellerie, j'ai vu trop de choses extraordinaires pour cela, mais j'avoue que je perdais mon latin avec ce maudit lièvre. Enfin je l'atteignis de si près que je le touchais du bout de mon fusil: il culbuta, et que pensez-vous, messieurs, que je trouvai? – Mon lièvre avait quatre pattes au ventre et quatre autres sur le dos. Lorsque les deux paires de dessous étaient fatiguées, il se retournait comme un nageur habile qui fait alternativement la coupe et la planche, et il repartait de plus belle avec ses deux paires fraîches.

Je n'ai jamais revu depuis de lièvre semblable à celui-là, et je ne l'aurais assurément pas pris avec une autre chienne que Diane. Elle surpassait tellement tous ceux de sa race, que je ne craindrais pas d'être taxé d'exagération en la disant unique, si un lévrier que je possédais ne lui avait disputé cet honneur. Cette petite bête était moins remarquable par sa mine que par son incroyable rapidité. Si ces messieurs l'avaient vue, ils l'auraient certainement admirée, et n'auraient point trouvé étonnant que je l'aimasse si fort, et que je prisse tant de plaisir à chasser avec elle. Ce lévrier courut si vite et si longtemps à mon service, qu'il s'usa les pattes jusqu'au-dessus du jarret, et que sur ses vieux jours je pus l'employer avantageusement en qualité de terrier.

Alors que cette intéressante bête était encore lévrier ou, pour parler plus exactement, levrette, elle lit lever un lièvre qui me parut extraordinairement gros. Ma chienne était pleine à ce moment, et cela me peinait de voir les efforts qu'elle faisait pour courir aussi vite que d'habitude. Tout à coup j'entendis des jappements, comme si c'eût été une meute entière qui les poussât, mais faibles et incertains, si bien que je ne savais d'où cela partait: lorsque je me fus approché, je vis la chose la plus surprenante du monde.

Le lièvre, ou plutôt la hase, car c'était une femelle, avait mis bas en courant; ma chienne en avait fait autant, et il était né précisément autant de petits lièvres que de petits chiens. Par instinct les premiers avaient fui, et, par instinct aussi, les seconds les avaient non-seulement poursuivis, mais pris, de sorte que je me trouvai terminer avec six chiens et six lièvres une chasse que j'avais commencée avec un seul lièvre et un seul chien.

Au souvenir de cette admirable chienne, je ne puis m'empêcher de rattacher celui d'un excellent cheval lithuanien, une bête sans prix! Je l'eus par suite d'un hasard qui me donna l'occasion de montrer glorieusement mon adresse de cavalier. Je me trouvais dans un des biens du comte Przobowski, en Lithuanie, et j'étais resté dans le salon à prendre le thé avec les dames, tandis que les hommes étaient allés dans la cour examiner un jeune cheval de sang arrivé récemment du haras. Tout à coup nous entendîmes un cri de détresse.

Je descendis en toute hâte l'escalier, et je trouvai le cheval si furieux, que personne n'osait ni le monter, ni même l'approcher; les cavaliers les plus résolus restaient immobiles et fort embarrassés: l'effroi se peignait sur tous les visages, lorsque d'un seul bond je m'élançai sur la croupe du cheval; je le surpris et le matai tout d'abord par cette hardiesse; mes talents hippiques achevèrent de le dompter et de le rendre doux et obéissant. Afin de rassurer les dames, je fis sauter ma bête dans le salon en passant par la fenêtre; je fis plusieurs tours au pas, au trot et au galop, et, pour terminer, je vins me placer sur la table même, où j'exécutai les plus élégantes évolutions de la haute école, ce qui réjouit fort la société. Ma petite bête se laissa si bien mener, qu'elle ne cassa pas un verre, pas une tasse. Cet événement me mit si fort en faveur auprès des dames et du comte, qu'il me pria avec sa courtoisie habituelle de vouloir bien accepter ce jeune cheval, qui me conduirait à la victoire dans la prochaine campagne contre les Turcs, qui allait s'ouvrir sous les ordres du comte Munich.

CHAPITRE IV

AVENTURES DU BARON DE MÜNCHHAUSEN DANS LA GUERRE CONTRE LES TURCS

Certes, il eût été difficile de me faire un cadeau plus agréable que celui-là, dont je me promettais beaucoup de bien pour la prochaine campagne et qui devait me servir à faire mes preuves. Un cheval aussi docile, aussi courageux, aussi ardent, – un agneau et un bucéphale tout à la fois, – devait me rappeler les devoirs du soldat, et en même temps les faits héroïques accomplis par le jeune Alexandre dans ses fameuses guerres.

Le but principal de notre campagne était de rétablir l'honneur des armes russes qui avait quelque peu été atteint sur le Pruth, du temps du czar Pierre: nous y parvînmes après de rudes mais glorieux combats, et grâce aux talents du grand général que j'ai nommé plus haut.

La modestie interdit aux subalternes de s'attribuer de beaux faits d'armes; la gloire doit en revenir communément aux chefs, si nuls qu'ils soient, aux rois et aux reines qui n'ont jamais senti brûler de poudre qu'à l'exercice, et n'ont jamais vu manœuvrer d'armée qu'à la parade.

Ainsi, je ne revendique pas la moindre part de la gloire que notre armée recueillit dans maint engagement. Nous fîmes tous notre devoir, mot qui, dans la bouche du citoyen, du soldat, de l'honnête homme, a une signification beaucoup plus large que ne se l'imaginent messieurs les buveurs de bière. Comme je commandais alors un corps de hussards, j'eus à exécuter différentes expéditions où l'on s'en remettait entièrement à mon expérience et à mon courage: pour être juste, cependant, je dois dire ici qu'une grande part de mes succès revient à ces braves compagnons que je conduisais à la victoire.

Un jour que nous repoussions une sortie des Turcs sous les murs d'Oczakow, l'avant-garde se trouva chaudement engagée. J'occupais un poste assez avancé; tout à coup je vis venir du côté de la ville un parti d'ennemis enveloppés d'un nuage de poussière qui m'empêchait d apprécier le nombre et la distance. M'entourer d'un nuage semblable, c'eût été un stratagème vulgaire, et cela m'eût, en outre, fait manquer mon but. Je déployai mes tirailleurs sur les ailes en leur recommandant de taire autant de poussière qu'ils pourraient. Quant à moi, je me dirigeai droit sur l'ennemi, afin de savoir au juste ce qui en était.

Je l'atteignis: il résista d'abord et tint bon jusqu'au moment où mes tirailleurs vinrent jeter le désordre dans ses rangs. Nous le dispersâmes complètement, en fîmes un grand carnage et le refoulâmes non-seulement dans la place, mais encore au delà, de façon qu'il s'enfuit par la porte opposée, résultat que nous n'avions pas osé espérer.

Comme mon lithuanien allait extrêmement vite, je me trouvai le premier sur le dos des fuyards, et, voyant que l'ennemi courait si bien vers l'autre issue de la ville, je jugeai bon de m'arrêter sur la place du marché et de faire sonner le rassemblement. Mais figurez-vous mon étonnement, messieurs, en ne voyant autour de moi ni trompette ni aucun de mes hussards!

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