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Le Ciel De Nadira
Ils commencèrent à descendre la pente qui surplombait le village, silencieusement et rapidement. Conrad se retrouva vite seul, dans le silence des instants qui précèdent le coucher du soleil. D’un coup, après quelques minutes, le chant du muezzin se leva dans la vallée; Roul et ses compagnons s’arrêtèrent à l’instant, en se cachant près d’une formation rocheuse. Ils repartirent immédiatement après avec l’intention d’at-taquer ce peuple durant la prière, quand les habitants auraient penché leurs têtes et les hommes en rentrant des campagnes se seraient arrêtés, le long de la route du retour. Ils reprirent donc leur chemin quand le muezzin n’avait pas encore terminé.
Conrad suivait du regard les épaules de Roul qui était le plus visible et il rongeait ses ongles, pris par l’impatience provoquée par cette longue attente.
Un hurlement retentit parmi les collines à est ; un loup chantait à la lune qui doucement apparaissait dans le ciel. Conrad n’y pensa pas deux fois, il se jeta à une vitesse vertigineuse dans la descente, vers la vallée et le plateau juste en face. Il tenait son épée dégainée à main levée devant lui, du moment que s’il l’avait tenue dans sa gaine la pointe aurait touché le terrain.
Bien avant de joindre l’entrée du village il entendit les premiers hurlements des femmes ; il savait qu’en suivant leur provenance il aurait trouvé les amis de son père. Une fois parmi les ruelles de ce bourg, il plongea dans la fuite générale des femmes terrorisées qui se réfugiaient dans les maisons. Il vit Geuffroi enfoncer une porte d’un coup de pied, et faire sortir un vieil homme édenté. Il se remit à courir sans but, certain de rencontrer Roul. Il rencontra certains cadavres d’hommes, certainement des paysans qui s’étaient opposés aux assaillants de leurs femmes. Conrad était là pour soutenir cette bataille, il rencontra plu-sieurs sarrasins en fugue mais n’eut pas le courage de les affronter. Il se persuada qu’il l’aurait fait après avoir retrouvé Roul.
Au travers d’ une fenêtre, les cris d’une jeune fille dominaient tout le reste ; il était terrorisé par ses hurlements, Il voyait près de la mosquée certaines jeunes filles en larmes, les cheveux découverts et dénudées ailleurs. Tancred à côté, se faisait livrer les boucles d’oreilles, les bracelets, les bracelets de chevilles et les colliers. Conrad avait déjà vu des femmes dans cet état, chargées comme des bêtes sur des chars destinés au marché, et quand il se rendit compte qu’ils leur liait les pouls, il imagina que Tancred et ses compagnons étaient en train de les emporter pour devenir des prisonnières. Entre temps, de la fumée commençait à s’élever du toit de la mosquée, tandis qu’un homme à l’intérieur de la cour était égorgé et jeté à plat ventre dans la source des ablutions.
Les étroites ruelles s’ouvrirent enfin sur une large place, délimitée par un muret sur l’entrée d’une grande maison qui occupait la scène dans le fond. La maison avait été pillée et un soldat en sortait en portant sur les épaules une espèce de ballot qui résonnait d’objets métalliques à chaque pas. Un autre portait sur les bras une grande quantité d’étoffes et d’habits d’un certain valeur. Chacun jetait ensuite son butin à l’intérieur d’un char garé à l’entrée.
Enfin Conrad vit Roul tourner à l’arrière de la maison.
“ Roul! ” appela t’il à voix haute.
Toutefois, Poing Dur avait déjà disparu de son champ de vision. Quand il tourna à l’angle, Conrad se rendit compte que la porte de l’écurie était entrouverte, ne voyant pas Roul, il imagina qu’il était entré.
“ Je savais que tu t’étais glissé ici ! ” dit Roul à quelqu’un, mais Conrad ne le voyait pas encore.
Une jeune femme tremblante se serrait dans le coin opposé de la pièce.
“ Où se trouve l’or ? ” demanda Roul
Mais elle parvenait uniquement à s’accrocher aux pierres du mur sec de l’écurie, tellement elle était terrorisée, outre le fait qu’elle ne com-prenait pas la langue des assaillants. En attendant les yeux de Conrad s’habituait à l’obscurité croissante du coucher du soleil qui valorisait la lumière pénétrant par le grenier.
“ Où tenez-vous votre argent ? ” répéta Roul, cette fois en la giflant si fort qu’il la fit voler sur un tas de foin à proximité.
“ Est-ce que tu comprends ce que je te dis ? ”
Se réfugiant sur ce tas de foin, la femme murmurait quelque chose d’incompréhensible, probablement des paroles dans sa langue.
Roul ne lui demanda donc plus rien, et dès qu’elle se tourna pour s’enfuir, il l’attrapa par un bras et ensuite par les hanches. Conrad fer-ma instinctivement les yeux quand il vit Roul imposer sa propre force sur cette pauvre fille, dont la stature arrivait à peine à l’estomac de son agresseur. Il mit une main devant son visage à la vue des cuisses et des hanches dénudées de la femme. Il ouvrit tout grand sa bouche en entendant ces cris d’une si étrange nature. Et il fut heureux, lorsque pour ne plus l’entendre, Roul lui enfila violemment une poignée de foin en bouche pour la faire taire, en appuyant fermement d’une main pour ne pas la faire cracher.
Une fois, à l’âge de six ans, sur un pré de Bénévent, Conrad avait vu une pauvre jument estropiée subir la montée d’un étalon en chaleur. Il avait été troublé par cette pauvre jument incapable de contraster les harcèlements du plus fort. Maintenant il éprouvait de la peine, et était perturbé par cette femme dont le grognement ressemblait vraiment à une étrange bête durant la torture à l’abattoir.
Après quelques minutes la femme sembla se résigner à la domination de son agresseur, et elle appuya sa tête d’un côté, vers Conrad. Ce fut alors que le jeune garçon vit son visage. La femme avait un bel aspect, des traits arabesques et de beaux yeux. Il la vit affûter la vue de ce côté ; entre les pattes du mulet elle semblait le fixer. Il en était sûr, elle l’avait aperçu. Ce regard parcouru l’espace qui la séparait de Conrad… ce regard croisait deux destins entre eux, deux vies de manière fatale.
Roul en attendant, terminait la question et s’ajustait en se relevant. Conrad qui avant cherchait Roul, maintenant craignait d’être vu, plein de honte pour avoir violé par sa présence l’intimité d’un acte si néfaste. En plus, la femme regardait dans sa direction en haletant, une raison de plus pour l’inciter à se cacher de son regard. Ainsi, pendant que Roul sortait, Conrad se glissa derrière quelques planches en bois appuyées contre le mur.
“ Les rebelles de Qasr Yanna nous envahissent ! ” hurla quelqu’un de l’extérieur ; ça ressemblait à la voix de Tancred.
Un grand bruit entoura le village, des voix qui se mélangeaient à un son indiscernable. La femme alors du comprendre du certainement comprendre quelque chose grâce à ces voix puisqu’elle se leva et en courant vers l’extérieur, elle s’écria :
“ Fuad ! ”
Conrad s’accroupit dans un coin en tremblant. Cette fois, là dehors, la bataille était vraie : des bruits de ferrailles, des hurlements et un grand vacarme d’hommes qui couraient. Maintenant les voix qui provenaient de l’autre côté des parois de l’écurie parlaient arabe, exclusive-ment arabe.
En supposant que Roul allait partir, Conrad sorti de son refuge, il s’appuya contre la porte et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Ils étaient nombreux, ils portaient de larges habits islamiques orientaux. Beau-coup, les armes à la main, se dirigeaient vers la vallée, inévitablement pour poursuivre leur agresseurs ; d’autres restaient dans la cour près de la grande maison.
Conrad retourna se réfugier derrière les planches dans l’espoir que l’obscurité qui avançait puisse le cacher. Il craignait cette femme, du moment qu’elle l’avait vu, mais il était sûr que Roul en s’apercevant de son absence, plus tard, serait revenu le chercher. Toutefois il ne com-prenait pas pourquoi l’intervention de ceux qui avaient chassé du village la compagnie normande rendait impossible toute opération de sauvetage. Et puis, Roul aurait d’abord du savoir où le chercher. Conrad était un jeune garçon et les jeunes garçons croient souvent que les adultes sont en mesure de tout résoudre… Conrad serait devenu adulte en une seule nuit, en ayant devant les yeux une réalité faite de limites et de déceptions.
Plus d’une heure plus tard, quelqu’un entra dans l’écurie, une torche à la main. Conrad entendit converser ; ils devaient être au moins deux. Il en entendit un qui s’approchait, pendant que l’autre circulait dans l’espace d’à côté. Il était clair qu’ils étaient en train de chercher quel-qu’un, le jeune garçon pointa donc son épée vers l’ouverture de sa tanière, craignant que la femme n’ait parlé. Le feu de la torche se rapprochait de plus en plus ; il lui sembla en sentir la chaleur. Le visage de l’homme apparut parmi les planches…. Les regards des deux se croisèrent pour la première fois. Ils restèrent quelques minutes immobiles, un à l’épée tendue et l’autre accroupi sur ses genoux. Conrad était convaincu qu’ils l’auraient tué, ou il aurait été capturé pour devenir l’esclave de quelqu’un.
Cet homme reposa enfin sa cimeterre et s’en alla comme il était venu.
Conrad soupira de soulagement ; mais était-il possible qu’il ne l’avait pas vu ?
Il aurait maintenant tenté la fuite dans le cœur de la nuit, quand il n’aurait plus entendu aucune voix. Il attendit donc quelques heures dans le noir, avec l’unique compagnie du mulet. Puis, quand il se déci-da à sortir, une force plus importante que la sienne le retint à l’intérieur. Son épée tomba de ses mains tandis que l’homme qui précédemment avait croisé ses yeux lui bouchait la bouche et le poussait contre le mur. Conrad se démena comme un fou, il lui mordit une main et le griffa au visage, avant que l’autre ne puisse l’immobiliser en lui tirant deux gifles bien visées. Ce type était juste un peu plus grand que lui mais il faisait valoir sa force physique d’adulte. Donc, pendant que Conrad était abouti au sol par un dernier coup de poing de ce dernier, l’autre lui jeta un burnus et lui indiqua de le porter avec le capuchon. Ce fut alors que Conrad vit le visage plein de compassion d’un homme qui s’était rendu compte d’une situation devenue plus grande que son jeune enne-mi. Conrad porta le manteau et après lui avoir mis une main sur l’épaule, il sortit de l’écurie. Il parcourut les rues du village en regardant vers le bas, et en se déplaçant dans les angles les plus obscurs sans se faire reconnaître.
Une icône de la Madonne marquait la maison où habitait le type, et où sur la porte l’attendait une femme qui regardait tout autour, préoccupée que quelqu’un ne puisse les voir. Par ailleurs les hommes qui quelques heures avant avaient repoussé l’attaque de la compagnie normande, en empêchant qu’ils capturent les femmes et pillent encore plus leurs maisons, étaient tous éveillés, aux portes du pays, dans leurs habitations et sur les rues principales, craignant que les agresseurs ne puissent retourner. C’était justement les hommes qui travaillaient dans les potagers ou qui gardaient les chèvres et que Roul avait déprécié qui avaient averti les milices de Qasr Yanna et contre-attaqué les armes à la main.
Conrad fut installé sur un tabouret. La maison démontrait le statut social de la famille… il s’agissait de chrétiens… de pauvres chrétiens vassales en semi-liberté d’un patron sarrasin. Le jeune garçon regardait autour de lui dépaysé, conscient toutefois de pouvoir faire confiance à ces personnes qui l’avaient accueilli.
“ Alfeo ” dit le chef de famille en indiquant soi même d’une main.
Puis il porta une main sur la tête du jeune garçon presque du même âge de Conrad et dit :
“ Michele. ”
Et encore, en indiquant son épouse :
“ Caterina. ”
Enfin une fillette d’à peine deux ans avança en arrachant le bord de la tunique de Conrad.
“ Apollonia. ” compléta le père.
En réponse, quand l’hôte fut invité à se présenter, ceux-ci répondirent en secouant la tête encore méfiants.
En camouflant l’étranger sous l’habit de son fils, Alfeo avait caché l’identité de Conrad, mais maintenant il fallait que les habitants du village ne soupçonnent pas le jeune garçon.
Une année passa, durant laquelle Conrad fut enfermé à l’intérieur de la maison, un temps durant lequel les visages des soldats qui avaient as-sailli le bourg furent oubliés.
Depuis le début le nouvel arrivé se senti enfermé, prisonnier de ces personnes desquelles il ne comprenait ni la langue ni les coutumes, puis les caresses de Caterina, son affection de mère, l’amitié de Michele et la vie de tous les jours de la famille adoucirent son cœur et le lièrent pour toujours à cette maison. Ce fut alors que Conrad devint Corrado, en étant baptisé à une autre culture, même s’il conservait la racine originale de ce nom inhabituel.
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1
Noria : de l’arabe ”nā’ūra”. Est une roue hydraulique qui a l’objectif de soulever les eaux à un ni-veau supérieur en exploitant le courant du fleuve.
2
Rabaḍ : littéralement ”bourg”. Village qui en général se trouve à l’extérieur des remparts de la ville principale.
3
Qasr Yanna : nom de la ville d’Enna durant la période arabe. De ”qasr” qui signifie château et ”Yanna”, littéralement Enna ; donc ” Château d’Enna ”. Durant la période normande, à cause d’une interprétation erronée du nom arabe, la ville fini par être appelée ”Castrogiovanni”.
4
Qā’id : littéralement ”maître” ou ”leader”. Indiquait un chef ou un commandant.
5
Jizya : impôt personnel que le non-musulman, le dhimmi, payait aux autorités musulmanes.
6
Dirham : monnaie d’argent encore utilisée dans beaucoup de pays musulmans.
7
Dhimmi : sujet non musulman, qui dans les pays gouvernés par la sharia jouit d’un pacte de protection (Dhimma) réservé en premier lieu aux appartenant des grandes religions monothéistes, juives et chré-tiennes, et qui jouissent à leur tour de certains droits, uniquement à condition de respecter une série d’obligations comme le paiement de la jizya.
8
Āmil: littéralement ” agent ” chargé de recueillir la jizya pour la verser dans les caisses de l’État.
9
Wali : dans la religion islamique, indique le parent masculin de l’épouse, dont le consentement est nécessaire pour la célébration du mariage.
10
Hégire : littéralement ”émigration ”. Indique l’exode de Mahomet de La Mecque à Médina. L’année de cet épisode, en 622 a.c. marque le début du calendrier musulman. Par exemple, en 453 de l’hégire correspond à 1061 de l’ère chrétienne ( compte tenu du fait que l’année musulmane est plus courte ).
11
Fartasa: mot sicilien qui indique un type de chèvre sans corne. Du berbère ” fartas ”, littéralement ”sans cheveux, teigneux.
12
Ibn: littéralement ”fils”. Présent dans les patronymes arabes pour indiquer sa propre descendance, souvent ayant la fonction actuelle du nom de famille. Est parfois traduit par ” bin“ ou ” ben“.
13
Gergent : nom de la ville d’Agrigente durant la période arabe.
14
Sarrasins: nom attribués aux musulmans du Moyen Age. Les autres synonymes utilisés dans le roman sont : maures, mahométans, islamiques, arabes et circoncis. Certains de ces termes sont impropres, toutefois ils reflètent la connaissance et la culture de la société de l’époque. Le terme ” musulman ” est absent car par rapport à la langue du récit il fut introduit avant le roman. Pour la même raison les termes ”byzantins ” et ” hébreux ” ont été remplacés par ” pèlerins ” et ” juifs ”.
15
Ifrīqiya : région correspondant à l’actuelle Tunisie et à certaines parties de l’Algérie et de la Libye. Littéralement ”Afrique ”, étant le terme dérivé du fait que les romains et ensuite les byzantins définissaient Afrique (province d’Afrique).
16
Sharia : loi de la religion islamique.
17
Vizir : important conseillé politique et religieux du calife, du sultan et de l’émir.
18
Tannūr : littéralement ” four ”. D’où le sicilien ” tannura”.
19
Giund : troupe, armée.
20
Iqlīm : subdivision administrative, province. Dans la Sicile musulmane il en existait historiquement trois. Elles furent par être appelées ”Vallées ” durant l’époque normande. Afin de faciliter l’identification de ces divisions politiques, il suffit de tenir compte du fait que la Sicile a une forme triangulaire, en tirant une bissectrice de chaque côté, on arrive à un point central du triangle. Les trois parties qui en résultent correspondent aux trois vallées historiques de la Sicile (iqlīm durant la période musulmane ).
…de Demona : correspondant à la Sicile Nord-Orientale (de Demona, ville située sur les Nebro – di ).
…de Mazara : correspondant à la Sicile occidentale (de Mazara, l’actuelle Mazara del Vallo).
…de Noto : correspondant à la Sicile sud-orientale ( de la ville de Noto ).
21
Inshallah: littéralement ” Si Dieu veut ”. Est une expression utilisée communément qui indique, en tenant compte que tout est dans les mains d’ Allah, l’espoir qu’un évènement se vérifie dans le futur.
22
Henné: substance colorante extraite de la plante qui porte le même nom, utilisée depuis l’antiquité pour effectuer des tatouages temporaires et pour teindre les cheveux. Dans de nombreux endroits du monde, il est encore utilisé pour décorer les mains et les pieds des femmes.
23
Niqab: voile qui couvre entièrement le corps et le visage de la femme, ne laissant que les yeux découverts.
24
Ramadan: neuvième mois du calendrier islamique et un des quatre moments sacrés de l’an-née. Selon la règle islamique durant ce mois le jeûne et l’abstinence doivent être respectés du le-ver au coucher du soleil. Il rappelle la période où l’Ange Gabriel aurait révélé le Coran au Prophète Mahomet. Les mois du calendrier islamique étant lunaires, il n’a pas de position fixe dans le calendrier grégorien.
25
Kefiah: typique coiffe traditionnelle de la culture arabe, elle est constituée d'un morceau de tissu correctement enroulé sur ou autour de la tête.
26
Ṣalāt: la prière canonique islamique, récitée obligatoirement par les musulmans observants cinq fois par jour et qui anticipe l’adhān.
27
Pailiciens: secte des ascètes en Arménie où les membres croient vivre selon le vrai enseignement de Paul de Tarse, d’où le nom de Paulicien. Ils furent depuis longtemps persécutés et déportés pour ensuite être recrutés dans les rangs de l’armée byzantine.
28
Jylland: nom de la région du Jutland (péninsule actuellement partagée entre le Danemark et l’Allemagne) dans les langues scandinaves.
29
Hauteville: devenu ensuite ”Altavilla”, nom originaire de la maison normande qui enleva la Sicile aux musulmans et des premiers souverains chrétiens du Règne de Sicile.
30
Adhān: l’appel islamique à la prière, faite par le muezzin du sommet du minaret cinq fois par jour, dans le but d’inviter les fidèles à la ṣalāt.
31
Qal’at an-Nisa: nom de la ville de Caltanissetta durant la période arabe. Probablement signifie ”citadelle des femmes”, de ”qal’at”, citadelle, fortification en arabe. De nombreuses localités siciliennes conservent les préfixes ”calta”, ”calata” ou ”cala”, provenant de la signification originaire de citadelle ou fortification.
32
Balarm: nom de la ville de Palerme durant la période arabe.
33
Robā’i: monnaie en or utilisée en Sicile durant la période arabe. Équivaut à un quart de dinar, monnaie dorée de référence.
34
Mizud: instrument musical à vent, typique de la culture arabe et de l’Afrique du nord.
35
Agìou Andréas: ‘agìou en grec signifie ”saint”. Dans ce cas ”Saint André”.
36
Mariám Theotókos, ‘et Parthénos: du grec ”Marie Mère de Dieu, la Vierge”.
37
Allahu Akbar: littéralement ”Dieu est le plus grand”. Il s’agit d’une expression arabe commune dans le monde islamique et présente dans le Coran, dans la ṣalāt et dans l’adhān.
38
Jebel: littéralement ”mont”. En Sicilien, utilisé sans appellation, indiquait le mont par antonomase, c’est à dire l’Etna. A l’époque normande on finit par appeler le volcan ”mont Jebel” au point qu’il devint ”Mongibello”, c’est à dire ”mont mont”.
39
Tragina: antique nom de la localité de Troina, dans la province d’Enna.
40
Burnus: ample manteau masculin avec capuchon en laine, typique des populations berbères.
41
Kajal: poudre composée de vrais minéraux et de graisse animale, utilisée dans les cosmétiques depuis l’antiquité pour noircir les paupières et marquer le contour des yeux.
42
Jilbāb: n’importe quel manteau long et ample porté par les femmes musulmanes. Cet indûment satisfait la requête du Coran car il couvre la tête, en laissant découverts uniquement le visage et les mains. Différent du hijab, qui dans la conception moderne, au contraire, fait référence à un voile qui couvre la tête.
43
Imam: guide spirituel islamique. Généralement celui qui dans la mosquée guide les mouvements rituels des fidèles durant le ṣalāt.
44
Saqija: petit canal pour l’irrigation des terrains cultivés. Du sicilien ”saja”.
45
Shaduf: instrument ingénieux utilisé depuis l’antiquité pour soulever l’eau à un niveau inférieur ou supérieur, comprenant un poteau avec un seau à une extrémité et un contre poids de l’autre.
46
Gabiya: citerne, baignoire pour l’irrigation. D’où le sicilien“gèbbia”.
47
Christoùgenna: nom en grec de la nativité du Christ. Dans le monde chrétien oriental est équivalent à la fête de Noël; observée aujourd’hui en janvier et non en décembre comme en occident.
48
Rametta: antique nom de la localité de Rometta, dans la province de Messine.
49
Rinacium: probable nom antique de la localité de Randazzo, dans la province de Catane.
50
Stratiote: soldat régulier de l’Empire byzantin.
51
Romioi; Rūm: sont tous deux les noms par lesquels étaient attribués à ceux qui étaient appelés byzantins au moyen âge; le second est en arabe. Littéralement ”romains”, l’Empire Romain d’Orient étant juste – ment Byzance. Le terme ”byzantin” fut inventé à une époque successive.
52
Maniakes: dans ce roman les noms propres sont comme ils étaient probablement prononcés dans chacune des langues. Le discours vaut surtout pour les langues parlées par des normands et des arabes. Au contraire, en ce qui concerne le latin parlé par le peuple, j’ai préféré le traduire dans la langue du récit, le français. Ainsi le français Maniakès devient Maniakes en langue d’oïl, Maniákes en grec et Maniakis en arabe. Naturellement il y a des exceptions, Mohammed reste tel quel même dans les langues différentes de l’arabe. Corrado, Conrad pour les normands, reste au contraire Corrado même pour les arabes, car ayant vécu parmi eux, il s’est fait connaître ainsi.