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Entretiens Du Siècle Court
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Et puis ?

Et puis les jours, les années passent, à lutter. À voir tous les jours la même pauvreté, la même injustice… On ne peut pas rester ici sans que l’envie de lutter, de changer les choses, n’augmente. Sauf si on est un cynique, ou un fils de pute. Et puis il y a les choses que les journalistes ne me demandent pas, en général. Comme le fait que parfois, dans la Selva, on doit manger des rats et boire l’urine de nos compagnons pour ne pas mourir de soif pendant nos longs déplacements… c’est tout.

Qu’est-ce qui vous manque ? Qu’avez-vous laissé derrière vous ?

Ce qui me manque, c’est le sucre. Et une paire de chaussettes sèches. Je ne souhaite à personne d’avoir toujours les pieds mouillés, jour et nuit, dans le froid. Et puis le sucre : c’est la seule chose que la Selva ne donne pas, il faut le faire venir de loin, nous en aurions besoin pour les efforts physiques. Pour ceux d’entre nous qui viennent de la ville, certains souvenirs sont une forme de masochisme. On se répète : « Tu te souviens des glaces de Coyoacàn ? Et des tacos de Division del Norte ?» Des souvenirs. Ici, si on attrape un faisan ou un autre animal, il faut attendre trois ou quatre heures avant qu’il ne soit prêt, et si la faim tourmente les hommes et qu’ils le mangent cru, le lendemain c’est diarrhée pour tout le monde. Ici la vie est différente, on voit tout sous une autre forme…Ah, oui, vous m’avez demandé ce que j’ai laissé en ville. Un ticket de métro, une montagne de livres, un cahier plein de poésies… et quelques amis. Pas énormément, mais quelques-uns.

Quand montrerez-vous votre visage ?

Je ne sais pas. Je crois que le passe-montagne a aussi une signification idéologique positive, il correspond à la conception de notre révolution, qui n’est pas individuelle, qui n’a pas de chef. Avec le passe-montagne, nous sommes tous Marcos.

Mais pour le gouvernement, vous cachez votre visage parce que vous avez quelque chose à cacher…

Eux, ils n’ont rien compris. Mais le vrai problème, ce n’est même pas le gouvernement, c’est plutôt les forces réactionnaires du Chiapas, les éleveurs et les grands propriétaires terriens de la région, avec leurs “gardes blanches” privées. Je ne crois pas qu’il y ait une grosse différence entre le comportement raciste classique d’un Blanc Sud-Africain vis à vis d’un Noir et celui d’un propriétaire terrien du Chiapas avec un Indien. Ici, l’espérance de vie d’un Indien est de 50-60 ans pour les hommes et de 45-50 pour les femmes.

Et les enfants ?

La mortalité infantile est très élevée. Je vais vous raconter l’histoire de Paticha, à vous aussi. Il y a un moment de ça, en nous déplaçant d’une zone à l’autre de la Selva, il nous arrivait parfois de traverser une petite communauté, très pauvre, où un compagnon zapatiste nous accueillait à chaque fois. Il avait une petite fille de trois-quatre ans, qui s’appelait Patricia, mais elle, elle prononçait son nom “Paticha”. Je lui demandais ce qu’elle voudrait faire quand elle serait grande et elle me répondait toujours : « la guérillera ». Une nuit, nous l’avons vue, elle avait beaucoup de fièvre. Nous n’avions pas d’antibiotiques et elle devait déjà avoir quarante de fièvre, ou plus. Les linges mouillés séchaient sur elle comme sur un poêle. Elle est morte dans mes bras. Patricia n’avait pas d’acte de naissance. Et elle n’a pas eu d’acte de décès. Pour le Mexique, elle n’a jamais existé, même sa mort n’a jamais existé. Voilà, c’est ça, la réalité des Indiens du Chiapas.

Le Mouvement Zapatiste a mis en crise le système politique mexicain tout entier, mais il n’a pas vaincu.

Le Mexique a besoin de démocratie et de personnes au-dessus de la mêlée qui puissent la garantir. Si notre lutte permet d’atteindre ce but, elle n’aura pas été vaine. Mais l’Armée Zapatiste ne deviendra jamais un parti politique. Elle disparaîtra. Et quand ça arrivera, ça voudra dire que nous aurons la démocratie.

Et si ça n’arrive pas ?

Militairement, nous sommes encerclés. La vérité est que le gouvernement ne voudra pas céder facilement parce que le Chiapas, et la selva Lacandona en particulier, flottent littéralement sur une mer de pétrole. Et le pétrole du Chiapas est la garantie que l’État mexicain a donnée aux États-Unis pour les milliards de dollars que les Usa lui ont prêtés. Il ne peut pas montrer aux Américains qu’il ne contrôle pas la situation.

Et vous ?

Nous, par contre, nous n’avons rien à perdre. Notre lutte est une lutte pour la survie et pour une paix digne.

Notre lutte est une lutte juste.

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Peter Gabriel

Le lutin du Rock

À chacune de ses (rares) apparitions sur scène, le mythique fondateur et leader de Genesis confirme que son appétit pour toutes les formes d’expérimentations musicale, culturelle et technologique ne connaît réellement pas de limites.

Pour cet entretien exclusif, j’ai rencontré Peter Gabriel au cours de « Sonoria », manifestation musicale milanaise de trois jours, entièrement consacrée au rock. En deux heures de grande musique, Peter Gabriel a chanté, dansé et sauté comme un ressort, entraînant le public dans un spectacle qui, comme toujours, est allé bien au-delà d’un simple concert de rock.

À la fin du concert, il m’a invité à monter avec lui dans la limousine qui l’emmenait, et pendant nous filions vers l’aéroport, il m’a parlé de lui, de ses projets, de son engagement social contre le racisme et l’injustice aux côtés d’Amnesty International, de sa passion pour les technologies multimédia et des secrets de son nouvel album, « Secret World Live », qui allait sortir dans le monde entier.

La fin du racisme en Afrique du Sud, la fin de l’apartheid ; c’est aussi une victoire du rock ?

Ça a été une victoire du peuple sud-africain. Mais je crois que le rock a contribué à ce résultat, qu’il y a aidé d’une façon ou d’une autre.

De quelle façon ?

Je pense que les musiciens ont fait beaucoup pour élever le niveau de conscience des opinions publiques européenne et américaine vis-à-vis de ce problème. J’ai moi-même écrit des chansons comme "Biko", pour faire en sorte que les politiciens de nombreux pays soutiennent les sanctions contre l’Afrique du Sud, et exercent une pression. Ce sont de petites choses qui ne changeront pas le monde, c’est sûr, mais ça fait une différence, une petite différence qui nous implique tous. Ce ne sont pas toujours les grandes manifestations, les gestes démonstratifs, qui viennent à bout de l’injustice.

En quel sens ?

Je vous donne un exemple. Aux États-Unis, il y a deux petites vieilles du Midwest qui sont la terreur de tous les bourreaux d’Amérique latine. Elles passent leur temps à écrire aux directeurs des prisons, sans relâche. Et comme elles sont bien informées, leurs lettres sont souvent publiées dans les journaux américains, avec un fort impact. Et il arrive tout aussi souvent que les prisonniers politiques dont elles ont fait connaître les noms commencent, comme par miracle, à être laissés tranquilles. C’est ça que je veux dire, quand je parle de petites différences. Dans le fond, notre musique, c’est la même chose qu’une de leurs lettres !

Votre engagement contre le racisme est étroitement lié à l’activité de votre label, Real World, qui promeut la musique ethnique…

Absolument. C’est une grande satisfaction pour moi de réunir des musiciens aussi différents, originaires de pays aussi lointains, de la Chine à l’Indonésie, de la Russie à l’Afrique. Nous avons produit des artistes comme les Chinois Guo Brothers, ou le Pakistanais Nusrat Fateh. J’ai senti une grande inspiration dans leur travail, comme chez tous les autres musiciens de Real World. Le rythme, les harmonies, les voix… D’ailleurs, j’avais commencé dès 1982 à m’investir dans ce sens, en organisant le festival de Bath, qui était aussi, dans le fond, la première apparition publique d’une association que je venais tout juste de fonder et qui s’appelait “Womad - World of Music Arts and Dance”. Là-bas, les gens pouvaient participer activement à l’événement, en jouant sur plusieurs scènes avec des groupes africains. Bref, ce fut une expérience exaltante et significative, qui, par la suite, a été reprise ailleurs dans le monde : au Japon, en Espagne, à Tel Aviv, en France…

C’est pour ça que vous êtes considéré comme l’inventeur de la World Music ?

Real World et la World Music sont surtout une étiquette commerciale, qui publie la musique d’artistes du monde entier pour que cette musique puisse arriver dans le monde entier, dans les magasins de disques, aux stations de radios… Mais moi, j’espère que cette étiquette va vite disparaître, dès que les artistes qui enregistrent pour moi deviendront célèbres. En fait, je voudrais qu’il se passe ce qui s’est déjà passé avec Bob Marley et le reggae : les gens ne disent plus « c’est du reggae », ils disent « c’est du Bob Marley ». J’espère que petit à petit, personne ne demandera plus pour mes artistes : « C’est de la World ? »

Dernièrement, vous avez manifesté beaucoup d’intérêt pour les technologies multimédia. Votre cd-rom « Xplora 1 » a suscité un énorme intérêt. Comment tout cela s’articule-t-il à l’activité de Real World ?

On peut faire plein de choses avec ce cd-rom, comme choisir les morceaux de chaque artiste en cliquant sur la pochette du disque. Moi je voudrais faire beaucoup d’autres choses de ce genre, parce que l’interactivité est un moyen pour amener vers la musique des personnes qui n’en connaissent pas grand chose. Finalement, ce que Real World essaie de faire, c’est de combiner la musique traditionnelle, faite à la main, si on peut dire, et les nouvelles possibilités qu’offre la technologie.

Cela veut dire que pour vous, le rock ne se suffit plus à lui-même, maintenant, qu’il a besoin d’une intervention de l’auditeur. Vous auriez envie que chacun puisse intervenir dans le produit-rock ?

Pas toujours. Par exemple, moi, la plupart du temps, j’écoute de la musique en voiture, et je ne veux pas avoir besoin d’un écran ou d’un ordinateur pour pouvoir le faire. Mais quand un artiste m’intéresse, ou que je veux en savoir plus sur son histoire, d’où il vient, ce qu’il pense, qui c’est, le multimédia me propose un matériel visuel qui me convient. En fait, je voudrais que tous les cd aient, dans le futur, ces deux niveaux d’entrée : être écoutés, simplement, ou être “explorés”, littéralement. Avec “Xplora1”, nous avons voulu construire un petit monde dans lequel les gens puissent se déplacer et décider, prendre des initiatives et interagir avec l’environnement et la musique. On peut faire un tas de choses dans ce cd, comme faire une visite virtuelle des studios d’enregistrement de Real World, assister à de nombreux événements (la remise des Grammy Awards ou le Womad Festival, entre autres), écouter des extraits de concert, reparcourir ma carrière de Genesis jusqu’à aujourd’hui, et, enfin, remixer mes chansons autant qu’on veut.

Et aussi fouiller dans votre garde-robe, toujours de façon virtuelle, s’entend…

C’est vrai ( il rit ). On peut même fouiller dans la garde-robe de Peter Gabriel !

Tout ça semble être à des années-lumière de l’expérience de Genesis. Que reste-t-il de ces années-là ? Vous n’avez jamais eu envie de refaire un opéra-rock comme « The lamb lies down on Broadway », par exemple ? Tout ça est derrière vous ?

Ce n’est pas facile de répondre. Je pense que certaines de ces idées m’intéressent encore, mais de façon différente. D’une certaine manière, ce que j’essayais de faire dans ma dernière période avec Genesis était lié au multimédia. À cette époque, la sensibilité du son était limitée par la technologie d’alors. Maintenant, je voudrais aller encore bien plus loin dans cette direction…

Pour revenir à votre engagement politique et humanitaire, après la fin de l’apartheid, quels sont vos autres projets en ce sens, les causes d’injustice contre lesquelles lutter dans le monde ?

Il y en a beaucoup. Mais actuellement, je pense que le plus important est d’aider les gens à produire des témoignages. De donner à tout le monde la possibilité de filmer avec une caméra, par exemple, ou de disposer d’instruments de communication, comme le fax, l’ordinateur, etc. Je crois, en somme, qu’il existe aujourd’hui la possibilité d’utiliser la technologie des réseaux de communication pour renforcer la défense des droits humains.

C’est très intéressant. Vous pouvez me donner un exemple concret ?

Je veux atteindre de petits objectifs tangibles. Par exemple transformer la vie d’un village par des moyens de communication : des lignes téléphoniques, vingt ou trente ordinateurs, et ainsi de suite. On peut installer des “paquets” de ce genre dans n’importe quel village du monde, en Inde, en Chine, sur une montagne… Comme ça, dans un délai de trois à cinq ans, on pourrait apprendre aux gens de ces villages à devenir des créateurs d’informations, à les gérer, à les traiter. Ça permettrait, avec un effort modeste, de transformer l’économie de nombreux pays en leur donnant la possibilité de passer de l’économie agraire à une économie basée sur l’information. Ce serait très positif.

Quels sont vos projets immédiats ?

Des vacances ( il rit ). Ça fait des mois et des mois que nous sommes en tournée. On s’est arrêtés une fois, mais je crois que j’ai besoin de décrocher. Dans une tournée, on est toujours stressé, par le temps, le voyage… et l’impossibilité de faire du sport. Je joue beaucoup au tennis, par exemple. En ce qui concerne le travail, je suis en train de penser à une nouvelle chose du type du cd-rom. Pour l’instant, j’ai fini mon nouvel album “Secret World Live”, un double cd enregistré en public au cours de cette très longue tournée, justement. En fait, il s’agit d’un résumé de tout ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui, une sorte d’anthologie, avec un seul morceau qu’on pourrait définir comme semi-inédit, “Across the River”. Dans le fond, cet album est aussi une manière de remercier tous ceux qui ont joué avec moi sur cette tournée éreintante. Des “habitués” comme Tony Levin ou David Rhodes à Billy Cobham et Paula Cole, qui m’ont aussi accompagné à Milan, le premier à la batterie et la seconde comme choriste.

Vous avez un désir, un rêve ?

Je voudrais que les États-Unis d’Europe existent déjà.

Pourquoi ?

Parce qu’il est désormais clair que dans l’économie mondialisée les petits pays ne peuvent plus compter. Il faut un organisme qui les représente vis-à-vis du reste du monde, des marchés futurs, en préservant leur identité culturelle. Il faut avoir une représentation économique groupée, une union commerciale pour survivre, et surtout pour être compétitif avec ces pays où la main-d’œuvre ne coûte pas cher. Et puis casser cette vision du monde en deux modèles, celui de l’Europe blanche, historique, et celui des pays pauvres qu’on peut exploiter. Il faut célébrer les différences entre les gens de tous les pays, et pas chercher à les rendre tous pareils.

3

Claudia Schiffer

La plus belle de toutes

Elle a été la plus belle du monde, la plus payée, et, tout compte fait, la plus sévèrement punie. « Je suis la seule dont on n’a jamais vu la poitrine » avait-t-elle déclaré fièrement. Même son mirobolant contrat avec Revlon lui interdisait de se montrer sans voiles.

Du moins jusqu’à ce que deux photographes espagnols de l’Agence Korpa ne fassent tomber ce dernier rempart, et que le monde puisse admirer au grand jour la poitrine parfaite de la mythique Claudia Schiffer. Ces photos firent le tour du monde et la presse internationale se fit largement l’écho de cet événement . Il n’y eut que l’hebdomadaire allemand Bunte pour la mettre en couverture habillée. Pour mieux lui consacrer, hypocritement, de nombreuses pages intérieures avec les photos poitrine dénudée. Et la nouvelle Bardot protesta, furieuse, promettant des plaintes et des demandes de dommages et intérêts astronomiques.

Grâce à certains contacts privilégiés dans le monde de la mode, je décidai de cueillir au vol cette vague d’intérêt provoquée par les “photos-scandale” pour essayer de l’interviewer pour l’hebdomadaire Panorama . Ce fut très difficile : coups de fil innombrables, puis longues négociations avec son agente, qui bloquait toute tentative d’approche journalistique. Mais ma persévérance paya, et, en août 1993, j’obtins enfin le rendez-vous : Claudia était en vacances avec sa famille, aux Baléares, et il fallait donc que je m’y rende pour l’interview.

Il s’agissait d’un authentique scoop , une interview absolument exclusive : la belle Claudia n’avait jamais accordé d’interview à la presse italienne et, surtout, aucun journaliste n’avais jamais mis les pieds dans l’intimité familiale de sa résidence secondaire. À l’endroit où les photos-scandale avaient été prises, qui plus est, sur l’île de Majorque, à Puerto de Andratx, une discrète petite baie au sud de Palma où la famille Schiffer possédait depuis des années une maison de vacances.

Cette année-là, Claudia avait une raison supplémentaire d’aller s’y reposer. Elle venait juste de finir de jouer son propre rôle dans un long film documentaire consacré à sa vie : Around Claudia Schiffer, de Daniel Ziskind, ex-assistant de Claude Lelouch, tourné en France, en Allemagne et aux États-Unis. Le tournage s’achevait à peine et les télévisions du monde entier se battaient déjà pour en acheter les droits.

Peu avant de partir, en discutant avec un de mes proches amis de l’époque, plutôt à l’aise , issu d’une famille propriétaire d’une célèbre société qui produit des outils professionnels, je laissai échapper (je me suis peut-être un peu vanté...) que j’allais partir à Palma de Mallorca pour la rencontrer. Sur quoi mon ami me dit de ne pas réserver d’hôtel : « Mon yacht est amarré là » (un magnifique voilier de trente-deux mètres) me dit-il aussitôt. « Il y a cinq marins à bord, plus le cuisinier, qui sont payés à ne rien faire, dans le port de Palma. Vas-y toi, comme ça ils travailleront un peu ! Et tant que tu y es, fais-toi amener à Puerto de Andratx en bateau, comme ça tu fais une belle croisière par la même occasion !»

Je ne me le fis pas répéter deux fois, et c’est ainsi que le jour convenu pour l’interview je débarquai dans le petit port, à deux heures de mer de Palma, en sautant du voilier de mon ami. Après avoir salué les marins, je me rendis au Cafè de la Vista, en face du môle encombré de yachts, le lieu convenu pour le rendez-vous, prévu à trois heures et demi.

A coup sûr l’entrée en scène la plus spectaculaire dont ait jamais bénéficié un journaliste pour une interview !

*****

Une Audi 100 immatriculée à Düsseldorf arrive, légèrement en avance : ce sont eux. Devant, deux hommes, à l’arrière, Aline Soulier, son inséparable agente. Une petite déception : où est-elle ? Ça n’est qu’un instant. Un nuage blond apparaît derrière Aline et se penche en avant sur le siège. « Ciao, Claudia » dit-elle ; elle me tend la main, et sourit. Un charme qui étourdit, quelque part entre Lolita et la Madone.

Aucun d’eux ne descend de voiture. « Les paparazzis sont partout » murmure son agente pendant le rapide trajet vers la maison, une villa basse, couleur brique, à un étage. En me précédant, Claudia tient à préciser que jusqu’à ce jour, aucun journaliste n’était jamais entré chez les Schiffer, puis elle fait les présentations : « Mon petit frère, ma sœur Caroline, ma mère ». Une dame très distinguée, très Allemande, les cheveux blonds courts, qui dépasse le mètre quatre-vingt-un de sa fille. Seul le père manque à l’appel ; avocat à Düsseldorf, il est le véritable metteur en scène et artisan, dans l’ombre, du succès de sa fille, disent les gens bien informés. Est-ce à lui que l’on doit la création d’un tel mythe de la beauté ?

Tout a commencé dans une discothèque de Düsseldorf…

J’étais très jeune. Un soir, le propriétaire de l’agence Metropolitan s’est approché de moi, et il m’a demandé de travailler pour lui…

Quelle a été votre réaction ?

« Si c’est du sérieux » ai-je répondu « va en parler demain avec mes parents ». Vous savez, il y a tellement de techniques de drague en discothèque, ça pouvait en être une, et pas spécialement nouvelle…

Vous êtes très liée à votre famille ?

Énormément. C’est une famille qui a les pieds sur terre. Mon père est avocat et ma mère l’aide pour l’administratif. Ils ne se sont pas laissés impressionner par mon succès. Ils sont difficiles à étonner. Ils sont très fiers de moi, ça oui, mais pour eux ce n’est rien d’autre que mon métier, et ils attendent de moi que je le fasse le mieux possible.

Et vos frères et sœurs, ils ne sont pas jaloux ?

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