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Un tuteur embarrassé
La chère petite ne les aimait pas, et pourtant elle les écoutait et même les croyait parfois.
Odette d'Héristel n'était plus la petite âme limpide où chacun pouvait lire à livre ouvert; elle, si active jadis, demeurait des heures oisive, pelotonnée dans les coussins du divan comme un jeune chat, inclinant sa petite tête farouche comme si le poids trop lourd de ses sombres pensées l'entraînait.
Réfléchie et enthousiaste à la fois, elle prenait à l'extrême toutes choses. Jusqu'à ce jour, elle n'avait pas vu ou voulu voir, dans la vie, de jaloux, d'envieux, d'ambitieux; mais soudain, apprenant qu'il en existait de par le monde, elle se prenait à douter même des meilleurs, ce qui était une immense injustice et pouvait lui coûter cher.
Enfin, elle commençait à lasser la patience de ceux qui l'entouraient.
Sans prendre garde à ses colères d'enfant, les hommes, occupés ailleurs, haussaient les épaules à ses diatribes contre l'humanité.
Moins indulgentes, les femmes supportaient mal sa persistante ironie et les insinuations faites d'une voix mordante. Une guerre intime et fatigante pour tous s'alluma dans la maison de Passy, nid chaud naguère et si riant, où l'on ne s'était jamais disputé qu'en plaisantant.
Dans la pauvre petite âme désemparée d'Odette naissait cette crainte vague de n'être pas aimée pour elle-même, douloureux sentiment qui arrachait de ses lèvres le rire et la sérénité de son coeur.
Ses tantes ne devinaient pas, comme l'eût fait sa mère, qu'elle souffrait plus que tous de cet état de choses, et, dans leurs entretiens avec le chef de famille, elles se plaignaient amèrement de la jeune révoltée.
IX
"Je sens que j'ai le diable au corps… hélas! est-ce ma faute?.. On m'a faite ainsi… Qui, on?
La vie, les hommes, les circonstances.
Et je vais prendre un grand parti.
Ce n'est pas qu'il ne m'en coûte, certes, de quitter une famille où, après tout, je trouve quelques satisfactions, pour entrer dans l'inconnu, dans la dépendance, dans le spleen peut-être!
Mais, je suis charitable, je débarrasserai les miens d'une présence qui ne peut que leur être importune, étant donné l'état de "grincherie" perpétuelle où je me sens.
Et ensuite, que ferai-je?
Eh! mon Dieu! qu'en sais-je? Je ne voix plus clair devant moi, je n'ose plus m'appuyer sur personne et je me rends très malheureuse tout en rendant malheureux les autres autour de moi. J'en excepte ma vieille Nanie et son chat Boileau."
X
Mlle d'Héristel entra chez son tuteur d'un petit air si soumis, que le brave homme se dit aussitôt:
"Qu'a-t-elle donc, aujourd'hui, mademoiselle ma pupille? Elle me paraît terriblement malléable. Qu'est-ce qu'il y a là-dessous?"
– Es-tu souffrante, fillette? lui demanda-t-il avec une sollicitude dont elle se sentit touchée.
Très grave, elle répondit:
– Non, mon oncle, je me porte en charme… malheureusement.
– Comment, malheureusement?
– Mon Dieu! oui; plût au ciel que je fusse demeurée réellement morte dans la crise de léthargie où j'ai failli, très doucement au moins, passer de vie à trépas!
– Vous déraisonnez, ma nièce. Je ne suppose pas que ce soit pour me dire cela que vous êtes venue me trouver?
– Non, mon oncle. Est-ce que, d'après les protubérances de mon crâne, vous n'avez pas découvert en moi la vocation religieuse?
Avec Mlle d'Héristel, M. samoazne savait qu'on pouvait s'attendre aux questions les plus bizarres; aussi, se contenta-t-il de répondre en retenant un sourire:
– Non, ma nièce, point du tout.
Odette réfléchit l'espace d'une demi-minute, puis elle reprit d'une voix blanche:
– Eh bien! moi, je me crois appelée de Dieu.
– Au couvent?
– Oui, mon oncle, dans un couvent de femmes.
– Bien entendu.
– Et je viens vous dire, continua l'étourdie tout à fait lancée, que je vais m'essayer.
– Comme nonne? Il y a des pupilles qui "demanderaient l'autorisation" au lieu de "venir dire", fit M. Samozane avec une nuance de reproche.
– Eh bien, oui, mon oncle; mais vous m'avez tellement accoutumée à faire mes quatre volontés… Alors, je puis entrer au couvent?
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