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Le roi du Klondike
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Le roi du Klondike

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Язык: Французский
Год издания: 2017
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– Est-ce qu'on peut rien vous cacher, mère? ou bien, êtes-vous sorcière?.. Oui, vous ne vous trompez pas, je vais me marier, ou plutôt je me suis fiancée!

La religieuse contempla ce pur ovale qu'elle trouvait – était-ce un péché? – plus beau que celui de la Vierge, dans la chapelle:

– Est-il bon, au moins, votre jeune homme, Aélis? Est-ce un fervent catholique?

– Il est né de parents catholiques, et c'est une des raisons qui m'a décidée. Mais il est aussi indifférent que tolérant, je crois, en matière spirituelle.

– Il faudra le ramener à la foi vive, mon enfant. Ce sera votre mission, puisque Dieu vous a indiqué la voie du mariage pour y faire votre salut… et le sien.

La jeune fille ne répondit rien; elle soupira. Mère Saint-Joseph, qui n'avait pas besoin de paroles pour lire les âmes de ses élèves, reprit doucement:

– Est-ce que cela vous effraie?

– Oh! mère, non! Je pensais à autre chose.

– À quoi? Vous ne me cachiez rien, jadis!

Une rosée d'aurore monta au radieux visage; Aélis baissa les yeux et dit:

– C'est demain qui me fait peur.

– Mais enfin, vous le connaissez, ce jeune homme, mon enfant… Vous savez ce qu'il vaut… Toute jeune fille a des terreurs au moment de faire le grand pas… Est-ce que vous avez pensé à la vie religieuse?

– Mère, oui, quelquefois… Je ne puis… je ne peux pas me faire à l'idée du mariage.

Cette fois, ce fut au tour de mère Saint-Joseph à garder le silence; très rouge, elle resta longtemps la tête appuyée contre la grille. Puis elle murmura, de cette voix qui faisait qu'on pouvait l'aimer sans la voir:

– Pauvre, pauvre petite Aélis! C'est la même pensée qui amène derrière ces grilles beaucoup d'entre nous… Il vous faudra surmonter cela, si vous l'aimez véritablement.

– Je l'aime, ma mère, puisque je me suis fiancée. Mais je suis tourmentée…

– Il ne faut pas l'être: il faut prier. J'ai toujours cru que vous étiez née pour le monde. Vous y pourrez faire beaucoup de bien. Nous prierons toutes Dieu pour vous. D'ailleurs, vous ne vous mariez pas demain, n'est-ce pas?

– Ah! non, par exemple!.. Nous attendrons peut-être longtemps, car le vendredi noir a ruiné M. Tildenn, et il faut qu'il regagne de quoi vivre.

Mère Saint-Joseph n'avait pas entendu parler du «vendredi noir». Était-ce possible?.. Aélis le narra dans tous ses détails, tellement que quatre heures survinrent à l'improviste. Il fallut se séparer: deux doigts fuselés se touchèrent encore à travers les grilles, deux âmes s'effleurèrent pour se donner le baiser de paix; et puis mère Saint-Joseph, de son pas de morte, retourna à l'éternité; et Aélis d'Auray, plus calme et plus forte, s'en revint à la vie du dehors, au tourbillon de New-York.

V

FORTY MILE, 20 AOÛT 1896

Il y avait déjà quelque temps que les dogues malamutes1 s'étaient couchés en rond, le nez sous la queue, pour ne pas geler, et leurs ronflements, sonnaient maintenant la retraite à travers le Forty Mile, la misérable bourgade de chercheurs d'or perdus en Alaska. Mais, comme le soleil arctique ne se couche guère, lui, avant onze heures durant les mois d'été, la plupart des mineurs, assis au seuil de leurs isbas, fumaient en silence; à peine de temps à autre, une exclamation ou quelque juron.

Trop d'hivers s'étaient gravés sur leurs faces en rides de chair contractée par le froid, la lutte pour la chaleur et la vie avait été trop longue, trop dure, sous les cieux bas de ce pays, pour ne pas transformer tous ces hommes à quelque nationalité qu'ils appartinssent, et ne pas les jeter dans l'engourdissement du grand nord. Afin de le secouer, à défaut d'autre flamme, plusieurs échangeaient leurs pépites contre le wisky poivré d'Oppenheim, l'unique mastroquet du campement; et, plus animés, le verre en main, ils se racontaient leurs rêves, leurs déceptions et leurs misères, mais aussi, mais surtout, la réussite de demain

«Demain», c'était le mot magique, le mot qui faisait flamber leurs cerveaux mieux que l'alcool à quarante-six degrés; «demain», c'était la sortie du Yukon, à pleines voiles vers le sud, c'était l'arrivée triomphante à San Francisco, par un soleil à fondre leurs monceaux d'or… Viendrait-il jamais? Il y avait des têtes blanches qui l'attendaient ainsi depuis dix-huit ans, bientôt un quart de siècle, à gratter la glace, à courir aux quatre points cardinaux sans trouver le dieu caché.

Un peu plus loin que la baraque d'Oppenheim, il y avait une cabane couverte de terre où se mourait un de ceux-là. Ses hurlements de bête qui agonise, mais qui voudrait ne pas finir tout de suite, sortaient par la lucarne sans vitres, s'élevaient péniblement dans l'air pesant du soir, aussi réguliers que les tenaillements du scorbut qui décomposait ses chairs:

– Oh! my God!.. God, my God!.. oh! oh! oh!..

Du reste, il n'empêchait plus personne de dormir, depuis six mois qu'il pourrissait ainsi, pas même la dernière venue au Forty Mile, une fille dont les yeux noirs et l'air canaille avaient tout de suite hypnotisé les mineurs.

Pour mieux les attirer, elle chantait ce soir:

Voyez par-ci, voyez par-là!

Que dites-vous…

Et pendant cette gaieté, cette agonie et cette ivresse, le fleuve roi du Nord roulait toujours ses eaux noires sur ce toit du monde que forme la Sibérie d'Amérique: goutte à goutte, les mousses pleuraient la glace de leurs forêts en miniature sur un sol qui ne dégèle jamais; de petits ruisselets s'y formaient, couraient en serpentant aux flancs des collines, s'en allaient vite au Yukon, vers le brouillard polaire, où, quelque part, il y a l'immensité de Behring.

Tout à coup, un canot qui descendait le fleuve émergea de la brume, et vint accoster en face du cabaret. Deux hommes en sortirent: un Indien Tagish, qui l'amarra tant bien que mal à une racine, – puis s'accroupit de nouveau et resta là immobile, à voir passer l'eau, – et un mineur en haillons, qui courut au bar. Ceux qui s'y tenaient accoudés le considérèrent très surpris de sa hâte:

– Hello, Cormack! que diable avez-vous à vous presser ainsi?

– Henry! cria sans leur répondre Cormack à Oppenheim, – Henry! donnez-moi une bouteille de réveille-cadavre!.. du meilleur!.. le cachet vert!

Le mastroquet leva la main droite et, d'un air goguenard, il écarta cinq doigts:

– C'est cinq dollars, mon fils. Oui, cinq…

– Que le scorbut vous étouffe, papa! riposta l'autre. Vous croyez que je ne peux pas régler? Bosh! tenez, payez-vous et, vite, envoyez le wisky!

Il avait lancé sur le comptoir une cartouche calibre 12 que fermait un bouchon de bois2. Oppenheim l'ouvrit, la retourna méthodiquement sur le plateau d'une balance: elle ne contenait pas plus de vingt dollars, mais en pépites si grosses que les buveurs se penchèrent pour mieux voir.

– D'où ça vient-il? Ça ne sort pas du Forty Mile! murmura une voix.

Cormack avait déjà avalé le quart de sa bouteille, sans respirer; il s'arrêta une seconde, et aussitôt les paroles commencèrent à lui monter à la gorge en hoquets de triomphe:

Cet or vient de ma mine! cria-t-il. Ma mine, à moi, Georges Cormack!.. Ah! je vous le jure, mes boys, j'ai fini d'en manger, de la misère, depuis les temps que je peine pire qu'un dogue d'Esquimau… J'ai frappé avant-hier la veine, oui, une bonne, et je suis riche, riche, riche!..

Il but encore un coup, sortit en chancelant, s'en alla par les allées, buvant toujours, criant plus fort:

– J'ai trouvé l'El Dorado du monde, moi, Cormack le gueux!.. Ohé, les amis. Il y a vingt ans que je le cherche, mais je l'ai, à la fin des fins!.. À votre santé!.. Eh! houp là!

À chaque seuil, à la porte de la fille comme à celle du scorbutique, qui en oubliait son agonie, des visages étonnés ou incrédules apparaissaient maintenant, et, l'oreille tendue aux vociférations de l'ivrogne, échangeaient quelques mots à demi-voix:

– C'est Cormack, qui a épousé une Indienne Tagish, une Siwash3!

– Oui, un menteur… comme toute sa tribu de meurt-de-faim!

– Pourtant, il a de l'or, et du plus gros que celui d'ici! Henry l'a pesé.

– Est-il Dieu possible? Il a dû le voler!

– Je vous dis qu'on en jamais vu de pareil.

– Riche! je suis riche, riche, riche! hurla de nouveau Cormack.

Il tremblait trop pour achever la bouteille, dont le goulot, manquant sa bouche laissait tomber le wisky dans son cou.

Cependant il continua à avancer tant bien que mal, en trébuchant à chaque pas. Et le vent qui, tous les soirs, dix mois sur douze, remonte le fleuve pour souffler le froid et la mort, le vent du pôle ramassa, emporta en un confus mélange les cris du millionnaire, les gémissements du mourant, les chants de la prostituée: tout le long du Yukon ce fut une clameur lointaine, un bruit d'échos de plus en plus faible, – hou! hou! hou-ou! – peut-être les génies du fleuve qui riaient de la découverte du Klondike. – Toujours accroupi, l'Indien écoutait et avait peur.

Un groupe maintenant suivait Cormack. Il fallait absolument lui faire dire où il avait déterré ses vingt dollars. Mais, au lieu de répondre, il buvait, ou plutôt, cherchait à boire, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à la tanière où il roula ivre-mort. Fort désappointés, les curieux furent obligés de l'y laisser cuver les drogues d'Oppenheim. Et, haussant les épaules, ils s'en retournaient.

– Est-ce qu'il se figure, ce Siwash, qu'il va nous faire courir les marécages avec des contes de soûlard? C'est de l'or de quelque arrivant de Californie… Il se moque de nous!

Tout était rentré dans le silence, au Forty Mile, quand survint un vieux trappeur canadien, Boucher, auquel on avait raconté la chose. Lui seul, peut-être, avec son camarade Juneau, pouvait obtenir la vérité du chasseur d'or. Cependant, lorsqu'il le vit à terre, il hocha la tête:

– Il en a pour vingt-quatre heures!.. Quel malheur qu'on ne puisse rien apprendre avant les autres!.. L'Indien, là-bas, ne sait rien ou ne veut rien dire.

– J'ai un restant d'ammoniaque dans ma cabane, fit Juneau.

– Vrai? Par Jupiter, vous êtes un génie! aidez-moi à mettre Georges sur ses fourrures, et courez ensuite chercher le flacon… Moi qui n'y pensais pas!.. Ça va lui faire éternuer la vérité!

Dans un coin obscur, sans bouger, la squaw de Cormack guettait les amis de son mari: elle a raconté plus tard aux siens que la petite fiole du chasseur blanc contenait un esprit très puissant, puisqu'une fois entré dans le nez de Georgie, Hi-ya! il le fit sauter comme un saumon au bout d'un harpon! «Ik-ta mika tum-tum?

– Au secours! cria Cormack entre deux éternuements. On m'empoi… Tiens, c'est vous, Boucher? Atchi! Holà!

– Oui, mon vieux… Juneau et moi, nous venons de vous sauver la vie. Ce n'est pas moi, c'est Oppenheim qui vous avait empoisonné. Mais vous voilà mieux.

La conversation fut coupée court par une nouvelle crise: décidément la médication était par trop énergique. Enfin, Georges reprit la parole, en pleurant de grosses larmes:

– Vous avez raison. Jamais je n'irai plus chez lui. J'achèterai un bar pour moi tout seul, et, dedans, j'y mettrai tout ce qu'il y a de meilleur, tout ce qui coûte le plus cher… Je suis riche.

– Sûr?

– Regardez!

Il montra sa fameuse cartouche. Boucher en examina une à une les pépites, les soupesa, les lécha même, pour mieux se rendre compte.

– L'or du ruisseau Napoléon ressemble à des graines de concombre, dit-il enfin; celui du Miller est rouillé, il a mauvaise mine; l'or du Glacier a la forme de cœurs. Celui-ci semble cassé d'hier. Comme il est gros! Cormack, mon vieux…

Il regarda autour de lui: la porte était fermée, et, dans la cabane, avec eux il n'y avait que Juneau et madame Cormack. Il reprit donc:

– Mon vieux camarade, où as-tu trouvé cet or? Donne-nous une chance avant les autres…

– Oui, je te le dirai, Boucher, parce que toi, et Juneau, vous êtes les seuls qui ne vous soyez pas ri de moi quand j'ai épousé ma Siwash… Et je l'aime mieux qu'une blanche, allez!.. Écoute… Écoutez tous les deux…

Trois têtes se touchèrent dans l'ombre, échangèrent quelques mots à voix basse. Enfin, Boucher se releva:

– Bien sûr?.. Tu ne voudrais pas te moquer de moi, dis, Cormack? Je commence à être vieux pour courir, et je suis si pauvre!..

– Pauvre! – cria l'ivrogne avec une exaltation extraordinaire, – tu dis: pauvre!.. Tu peux être comme Mackay après-demain, sûr comme l'or que tu vois là… Seulement, dépêchez-vous, partez, filez, ramez dur! D'autres pourraient trouver la place… Moi, je vais dormir.

Juneau et Boucher se levèrent sans ajouter un mot. Comme ils ouvraient la porte, Cormack les rappela.

– Sûr comme cet or-là… Y a-t-il une corde sous mon lit? Oui? Eh bien, si je vous trompe, revenez me pendre avec… je me laisserai faire!

Un petit groupe attendait au dehors; on interrogea les deux amis: ils répondirent que pour le moment il n'y avait moyen de rien apprendre, que Cormack avait fait «la fête» et que, par conséquent, il fallait prendre patience bon gré mal gré. Puis, ils rentrèrent dans leur cabane, la verrouillèrent, sortirent à la dérobée par derrière, et s'en furent droit à leur canot sur les bords du fleuve.

– Boucher, fit Juneau, va chercher des provisions pour dix jours; moi, j'irai quérir le jeune Mac Donald. Il nous faut de l'aide pour remonter le courant; autant lui qu'un autre; quand il veut, il a des bras solides… et je parie que, d'ici à deux heures, Cormack aura parlé de nouveau. Allons, vite!

Ils se pressèrent tellement, les deux vieux, que vingt minutes plus tard leur petite embarcation disparaissait en amont; pas assez vite, pourtant, pour qu'Oppenheim ne les aperçût tandis qu'il fermait sa porte en bâillant une dernière fois. Debout, à l'arrière, Juneau guidait l'embarcation au moyen de sa gaffe, tandis que Mac Donald, à l'avant, courbé sur la sienne, avançait à force de «rétablissements». Au milieu, Boucher reprenait haleine en attendant son tour. Et, quarante-huit heures durant, avec à peine deux heures de sommeil et quelques haltes pour manger, les trois voyageurs se remorquèrent ainsi, tantôt à la gaffe, tantôt à la corde, jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés en face des huttes indiennes du Thron-diuck5, – «la rivière aux poissons». – Alors, Boucher se leva et, montrant du doigt les eaux transparentes de ce quasi torrent:

– C'est là, dit-il.

Pour mieux voir, les autres se mirent à genoux. Un souffle froid sortit des montagnes, passa sur le marécage où devait surgir Dawson City trois mois plus tard, et s'en vint les faire grelotter sous leur sueur. Juneau dit:

– Brrr! abordons, voulez-vous? Ça sent la mort par ici: une tasse de café nous ravigotera.

– Certes, oui, et aussi un peu de sommeil, puisque nous voilà arrivés. Quel métier de cheval depuis deux jours! Cette corde m'a scié l'épaule en deux… Et tout ça, peut-être, pour faire rire Cormack. Bah!

Mac Donald, qui parlait ainsi, avait une volonté d'enfant dans un corps d'homme. Du moins, c'est ce que pensa Boucher, qui se redressa de toute la hauteur de ses soixante et onze ans sonnés.

– Jeune homme, fit-il, vous pouvez vous arrêter, si le cœur vous manque. Moi, j'irai jusqu'au bout avec Juneau… Hein, vieux?.. Oui, j'irai, quand même je devrais user mes jambes jusqu'aux genoux!.. Pour une fois, Cormack n'a pas menti, je le sens, je le devine, et, ce soir même, je planterai mes piquets à côté des siens.

Vraiment, sans le savoir, il était magnifique ainsi parlant, le trappeur canadien, sa longue barbe de prophète ruisselant d'eau et de sueur, ses bras tendus vers le Thron-diuck, tout son vieux corps de fer raidi pour un suprême effort. Près, très près, derrière ces montagnes noires, l'or était là, l'or des jaunes pépites crachées en masse par les volcans des temps inconnus; il les voyait, il les sentait, il les respirait, ah Dieu! et, par sa bouche édentée, elles criaient maintenant aux indécis de la première heure: «Venez! venez donc! nous sommes les maîtresses du monde, et vous n'aurez qu'à vous baisser pour nous avoir!» Et voilà que, pour les saisir, cinquante ans d'énergie jetée à la vie sauvage des bois revenaient au vieillard, le secouaient d'une fougue pareille à celle de sa jeunesse, le relevaient une dernière fois pour vaincre ou pour mourir.

Le petit Écossais baissa la tête; ses yeux gris, un peu doux, évitèrent ceux de Boucher. Il saisit un aviron et se prépara à traverser le Yukon, dont le courant, à cet endroit, est si violent. Juneau, qui avait approuvé son camarade, regarda en aval et poussa un cri de surprise:

– Holà! qu'est-ce qui vient par là-bas?

C'était un canot de trente pieds de long sur quatre de large, qui, à force de pagaies, coupait le fleuve mieux qu'un poisson au printemps. Huit hommes s'y trouvaient, et parmi eux, au premier rang, Henry Oppenheim.

– Dépêchons! Ils nous ont suivi!.. Vous l'ai-je assez répété qu'il ne fallait pas perdre une seconde!.. Nous aurons du mal à arriver les premiers.

Boucher s'excitait de plus en plus, tandis que ses compagnons ramaient à faire éclater chacun de leurs muscles.

– Hardi, les gars! Forty Mile s'est vidé derrière eux, je parie… mais nous arrivons… nous y sommes… un coup à droite, Juneau… oh!

Le canot venait d'entrer dans les eaux à crêtes blanches du Klondike: elles bouillonnèrent autour en le bousculant, ainsi qu'une chose morte. Juneau donna un coup à faux, la frêle embarcation vira brusquement, reçut un paquet d'écume et, presque aussitôt, se renversa sur les mineurs. Par derrière, sur le grand canot de guerre qui avait su éviter ce dangereux remous, il y eut un éclat de rire: après tout, Henry et ses hommes arrivaient les premiers… Ou plutôt en même temps… Car, comme ils touchaient terre, on vit émerger un peu plus loin la tête blanche de Boucher. Les lèvres au ras de l'eau, il nageait à la façon des anguilles, avec de petits crachements, juste de quoi ne pas trop avaler d'eau à la glace… On lui tendit les mains, il se hissa sur la rive, où il avala une rasade de wisky, et, sans plus tarder, on se mit en route. Le vieillard se secoua et regarda la rive opposée que ses camarades avaient réussi à gagner. Pour traverser, il leur faudrait attendre maintenant un canot indien. Il arrondit ses mains en porte-voix:

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1

Race d'Alaska croisée avec le loup du nord.

2

Cette relique historique a été acquise un peu plus tard par un collectionneur, au prix de mille francs.

3

Prononcez: Si-ouosh, – appellation générique des indiens au Yukon.

4

«Qu'est-ce que vous pensez de ça?»

5

Le nom indien du Klondike.

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