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Parapilla, poëme en cinq chants
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Parapilla, poëme en cinq chants

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Parapilla, poëme en cinq chants

CHANT PREMIER

D'autres pourront chanter le Labarum,Le bouclier de l'Amant d'Egérie,Ou l'Oriflamme, ou le Palladium,Ou des Rhémois l'Ampoule si chérie,Présents sacrés, tous descendus des Cieux,Des Rois dévots merveilleuses étrennes:Je veux chanter un don plus précieux.Ce bijou-ci plairoit beaucoup aux Reines;Il est céleste, unique, plein d'attraits:Mais par malheur, sur les traces d'Astrée,Il remonta là-haut dans l'Empirée;Le Ciel jaloux a repris ses bienfaits.Tendre Vénus, & vous Minerve même,Guidez mes chants, inspirez tous mes Vers;Vous m'aiderez à charmer l'univers;Et mon Héros, par sa beauté suprême,Tiendra sur lui vos yeux toujours ouverts.Grace à ma muse, Emule de Virgile,J'ai fait l'exorde; & c'est beaucoup, dit-on;Parler des Dieux, n'est pas chose facile:Or sus, ma lyre, il faut baisser d'un ton.Jadis vivoit dans les murs de FlorenceUn beau Galant, d'une haute naissance,Nommé Rodric; hélas! trop généreux.Car de la Blonde allant droit à la Brune,En beaux festins, cadeaux, plaisirs & jeux,Il eut bientôt dissipé sa fortune.Que devenir en cette extrêmité?Sage il devint, grace à l'adversité.Fuyant sa honte, et cachant sa misere,L'infortuné, d'un peu d'argent comptantQui lui restoit, achete une chaumiere,Et tout auprès un petit bout de champ.Là, tout pensif, sans valets ni servantes,Il travailloit, ayant parmi ces foinsUn peu d'humeur: on en auroit à moins.L'aurore ouvroit ses portes éclatantes,Quand tout-à-coup un beau jeune GarçonVint l'aborder, & lui dit sans façon:«Holà, l'ami, dis-moi ce que tu plantes?»Rodric, peu fait à ces tons élevés,Lui répondit: «c'est ce que vous savez.»Jeunes Beautés, ce ne sont pas ses termes:Il se servit de mots un peu plus fermes,Disant tout haut les choses par leur nom,Que je tairai, si vous le trouvez bon.Vous connoissez cette plante si belle;De vos beaux yeux un doux regard suffit,Un seul regard, c'est le soleil pour elle,Mais reprenons le fil de mon récit.Lorsque Rodric, ayant martel en tête,Eut proféré ce discours malhonnête,Le beau Garçon froidement déclara:«Vous en plantez, eh bien, il en viendra.»Soudain il fuit comme une ombre légere,Et de son pied touche à peine la terre.Rodric alors resta pétrifié,Lui qui parloit en tout temps comme un livre:Avoir ainsi manqué de savoir-vivre,Brutalement avoir congédié,O Ciel! & qui?.. c'est un Ange… sans doute,C'est Gabriël, de la céleste voûteExprès pour lui descendu par pitié.Un tel soupçon n'a rien de fort étrange.Durant le cours de ses plaisirs mondains.Toujours Rodric honora ce bel Ange,Beau messager du Maître des destins.Car à Florence on brûle plus de ciergesAux Chérubins, qu'aux onze mille Vierges;Informez-vous, chacun vous le dira.Mais quel remords, & quelle étourderie!Comme il gémit & se désespéra!Si de l'effet la menace est suivie,Plus de ressource; & comment se nourrir:Pauvre Rodric, tu n'as plus qu'à mourir.L'astre du jour, durant cette élégie,De ses rayons prodiguant les bienfaits,Lançoit par-tout la chaleur & la vie:Soir & matin Rodric est aux aguets.Finalement, ô douleurs! ô regrets!Le fruit fatal s'élevant sur la terre,Nouvel Œdipe, est vainqueur de sa mere.Fille qui trouve un serpent sous ses piedsEn folâtrant sur la verte prairie,De plus d'effroi ne peut être saisie.Point de pécheurs qui ne soient châtiés.Rodric puni se signe, s'agenouille,De pleurs amers son visage se mouille:Ecoutez bien, mes vers sont un sermon.Le Gabriël est né plaisant, mais bon;Il pardonna. Les aîles étendues,Je l'apperçois, qui, d'un air triomphant,Paré de pourpre & porté sur des nues,Dit à Rodric: «Calme-toi, mon enfant;Tu viens de voir un singulier prodige,Mais ce n'est rien: prend la plus belle tige:Dans un panier alors tu la mettras;Cours à la Ville, & là tu la vendrasCent mille écus; c'est le prix, & pour cause;Car aussi-tôt que l'on verra la chose,Femme ni fille, à tous ne manqueraDe s'étonner, & de crier ah! ah!Or, dans l'instant la divine merveille,Chez celle-là qui poussera ce cri,S'introduira, mais non pas par l'oreille;Et là sans cesse, un doux charivariExcitera volupté sans pareille,Si l'on ne dit ce mot, Parapilla.Adieu, Rodric; retiens bien tout cela.»L'Ange s'envole, & Rodric s'humilie.Il s'en va donc cueillir le fruit de vie,Bien proprement le place en un panier,D'un tas de fleurs lui fait un oreiller,Le tout couvert de belle mousseline:Le Pain béni n'a pas meilleure mine.Quant au surplus des fruits de ce jardin,Vous le dirai-je? il disparut soudain.Le cher Rodric cependant s'achemine;Il va bientôt revoir ces lieux chéris,Temple des Arts, enfants des Médicis.Tout s'embellit sous leurs mains souveraines;Nobles Tyrans, & modeles des Rois,Les Muses même avoient dicté leurs loix,Et leur Palais est l'asyle d'Athenes.Avec transport Rodric hâta ses pas;Et le voilà, criant sa marchandise,Et par son nom, de crainte de méprise,Sans quoi les gens ne devineroient pas.Car lisez bien Fable, Roman, Histoire,Interrogez Sorciers & Loup-garoux,Point ne verrez que jamais à la foireOn ait vendu de semblables bijoux.Contes en l'air, me diront cent critiques;Tant pis pour eux: c'est un homme de bienQui nous transmit tous ces faits authentiques;Si l'on en doute, on ne croira plus rien.Gens indévots, grands faiseurs d'Epigrammes,Exercez-vous, j'en prends peu de souci;Moi, je suis simple, & c'est aux bonnes amesQue je veux plaire en écrivant ceci.Or, préparez vos yeux & vos oreilles.O Gabriël! que ton bras est puissant!Vous allez voir d'étonnantes merveillesMais laissez-moi respirer un moment.

CHANT II

Fille du Ciel, douce Philosophie,Combien de foux abusant de ton nom,Et des François corrompant le génie,Ont, en Mégere, affublé la raison!Timon se leve, & dit d'un ton sublime:Meurent les Arts, & périssent l'esprit!L'homme est charmant sitôt qu'il s'abrutit;Et tous les sots reçoivent pour maxime,Qu'il est grand jour aussi-tôt qu'il fait nuit.Ainsi bravant la sagesse éternelleQui nous traça les routes du bonheur,L'homme insensé se croit plus sage qu'elle.Eh! qu'a produit cette sombre fureur?Triste & farouche on dédaigne la vie,Le Suicide a souillé ma patrie;De noirs forfaits remplacent le plaisir:On trembleroit de caresser les graces,Le fanatisme est errant sur nos traces,La gaieté suit, & je cours la saisir.A l'heure même étoit à sa toiletteBien tristement Madame Capponi,Très-mal nommée, & les aimant, nenni;Au demeurant riche, belle, discrete,Pleurant encor la mort de son mari,Et du veuvage assez mal satisfaite.Le Crieur passe, & certain son qui plaît.Frappe la Dame, & la trompe peut-être.Marton, dit-elle, allez à la fenêtre,Ecoutez bien, & sachez ce que c'est.Marton bientôt revient toute troublée;Le croirez-vous! ah! Madame, écoutez!C'est un Marchand… je suis émerveillée. —Mais que vend-il? – Ce que vous regrettez.La Dame dit: faites venir cet homme. —Quoi! l'appeller!.. la chose vous surprend?Tenez pour sûr qu'à Paris ou dans RomeToute autre qu'elle en auroit fait autant;Et telle ici qui fait la précieuse,A son Marchand, qu'elle voit chaque jour;Le Roi, la Reine, avec toute la Cour,N'ont-ils pas vu la piece curieuse?Or, c'est le cas, ou jamais il n'en fut.Le Marchand dont à l'instant comparut;Bien humblement il fit sa révérence,Ote le voile, & le tout se passaComme à Rodric Gabriël l'annonça.Figurez-vous en pareille occurrenceL'émotion & le saisissementD'une Beauté qui se voit envahie,Et sans respect ainsi prise à partie.Et néanmoins le premier mouvement,Si naturel, fut de se laisser faire,Se résignant, soupirant de grand cœur,Et des deux mains, par excès de pudeur,Cachant ses yeux. Le second tout contraireFut d'écarter, hélas! le téméraire:Mais vains efforts & nouvel embarras;Elle le veut, elle ne le peut pas. —Mon cher Monsieur, voulez-vous que je meure!Je ne puis plus endurer ce méchant…Ah! par pitié, délivrez-moi sur l'heure. —Très-volontiers. Prononcez seulementParapilla. – Fî donc, c'est du grimoire,Vous me trompez. – Non; vous pouvez m'en croire,Le terme est neuf… propre à la chose. – Mais!Elle frémit, & ne dira jamaisCe vilain mot. La charmante hypocriteGagnoit ainsi du temps & du plaisir,Et ce ne fut qu'avec un grand soupirQu'elle lâcha la parole susdite.L'esprit malin a déjà pris la fuite.Parmi les fleurs prompt à se recueillir,On le prendroit pour un Saint dans sa niche.Ah! reprit-elle, avec un air confus,Et le voilà dans l'instant qui dénichePour se nicher tout comme ci-dessus.

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