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L'autre Tartuffe, ou La mère coupable
L'autre Tartuffe, ou La mère coupable

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L'autre Tartuffe, ou La mère coupable

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SUSANNE

Eh bien! Monsieur, du moins vous me donnez votre parole…

LE COMTE, fièrement

Depuis quand suis-je méconnu?

SUSANNE

Je vais donc vous l'aller chercher. (A part.) Dame! Figaro m'a dit de ne rien refuser!..

SCÈNE VILE COMTE, BÉGEARSSLE COMTE

J'AI tranché sur le point qui paraissait l'inquiéter.

BÉGEARSS

Il en est un, Monsieur, qui m'inquiète beaucoup plus; je vous trouve un air accablé…

LE COMTE

Te le dirai-je, Ami! la perte de mon fils me semblait le plus grand malheur. Un chagrin plus poignant fait saigner ma blessure, et rend ma vie insupportable.

BÉGEARSS

Si vous ne m'aviez pas interdit de vous contrarier là-dessus, je vous dirais que votre second fils…

LE COMTE, vivement

Mon second fils! je n'en ai point!

BÉGEARSS

Calmez-vous, Monsieur; raisonnons. La perte d'un enfant chéri peut vous rendre injuste envers l'autre; envers votre épouse, envers vous. Est-ce donc sur des conjectures qu'il faut juger de pareils faits?

LE COMTE

Des conjectures? Ah! j'en suis trop certain! Mon grand chagrin est de manquer de preuves. – Tant que mon pauvre fils vécut, j'y mettais fort peu d'importance. Héritier de mon nom, de mes places, de ma fortune… que me fesait cet autre individu? Mon froid dédain, un nom de terre, une croix de Malthe, une pension, m'auraient vengé de sa mère et de lui! Mais, conçois-tu mon désespoir, en perdant un fils adoré, de voir un étranger succéder à ce rang, à ces titres; et, pour irriter ma douleur, venir tous les jours me donner le nom odieux de son père?

BÉGEARSS

Monsieur, je crains de vous aigrir, en cherchant à vous appaiser; mais la vertu de votre épouse…

LE COMTE, avec colère

Ah! ce n'est qu'un crime de plus. Couvrir d'une vie exemplaire un affront tel que celui-là! Commander vingt ans par ses mœurs et la piété la plus sévère, l'estime et le respect du monde; et verser sur moi seul, par cette conduire affectée, tous les torts qu'entraîne après soi ma prétendue bisarrerie!.. Ma haine pour eux s'en augmente.

BÉGEARSS

Que vouliez-vous donc qu'elle fît; même en la supposant coupable? Est-il au monde quelque faute qu'un repentir de vingt années ne doive effacer à la fin? Fûtes vous sans reproche vous-même? Et cette jeune Florestine, que vous nommez votre pupille, et qui vous touche de plus près…

LE COMTE

Qu'elle assure donc ma vengeance! Je dénaturerai mes biens, et les lui ferai tous passer. Déjà trois millions d'or, arrivés de la Vera Crux, vont lui servir de dot; et c'est à toi que je les donne. Aide-moi seulement à jeter sur ce don un voile impénétrable. En acceptant mon porte-feuille, et te présentant comme époux, suppose un héritage, un legs de quelque parent éloigné…

BÉGEARSS, montrant le crêpe de son bras

Voyez que, pour vous obéir, je me suis déjà mis en deuil.

LE COMTE

Quand j'aurai l'agrément du Roi pour l'échange entammé de toutes mes terres d'Espagne contre des biens dans ce pays, je trouverai moyen de vous en assurer la possession à tous deux.

BÉGEARSS, vivement

Et moi, je n'en veux point. Croyez-vous que, sur des soupçons… peut-être encor très peu fondés, j'irai me rendre le complice de la spoliation entière de l'héritier de votre nom? d'un jeune homme plein de mérite; car il faut avouer qu'il en a…

LE COMTE, impatienté

Plus que mon fils, voulez-vous dire? Chacun le pense comme vous; cela m'irrite contre lui!..

BÉGEARSS

Si votre pupille m'accepte; et si, sur vos grands biens, vous prélevez, pour la doter, ces trois millions d'or, du Mexique, je ne supporte point l'idée d'en devenir propriétaire, et ne les recevrai qu'autant que le contrat en contiendra la donation que mon amour sera censé lui faire.

LE COMTE le serre dans ses bras

Loyal et franc ami! quel époux je donne à ma fille!..

SCÈNE VIISUSANNE, LE COMTE, BÉGEARSSSUSANNE

MONSIEUR, voilà le coffre aux diamans; ne le gardés pas trop long-temps; que je puisse le remettre en place avant qu'il soit jour chez madame!

LE COMTE

Susanne, en t'en allant, défends qu'on entre, à moins que je ne sonne.

SUSANNE, à part

Avertissons Figaro de ceci. (Elle sort.)

SCÈNE VIIILE COMTE, BÉGEARSSBÉGEARSS

QUEL est votre projet sur l'examen de cet écrin?

LE COMTE tire de sa poche un bracelet entouré de brillans

Je ne veux plus te déguiser tous les détails de mon affront; écoute. Un certain Léon d'Astorga, qui fut jadis mon page, et que l'on nommait Chérubin

BÉGEARSS

Je l'ai connu; nous servions dans le régiment dont je vous dois d'être major. Mais il y a vingt ans qu'il n'est plus.

LE COMTE

C'est ce qui fonde mon soupçon. Il eut l'audace de l'aimer. Je la crus éprise de lui; je l'éloignai d'Andalousie, par un emploi dans ma légion. – Un an après la naissance du fils… qu'un combat détesté m'enlève. (Il met la main à ses yeux.) Lorsque je m'embarquai vice-roi du Mexique; au lieu de rester à Madrid, ou dans mon palais à Séville, ou d'habiter Aguas frescas, qui est un superbe séjour; quelle retraite, Ami, crois-tu que ma femme choisit? Le vilain château d'Astorga, chef-lieu d'une méchante terre, que j'avais achetée des parens de ce page. C'est-là qu'elle a voulu passer les trois années de mon absence; qu'elle y a mis au monde… (après neuf ou dix mois, que sais-je?) ce misérable enfant, qui porte les traits d'un perfide! Jadis, lorsqu'on m'avait peint pour le bracelet de la Comtesse, le peintre ayant trouvé ce page fort joli, desira d'en faire une étude; c'est un des beaux tableaux de mon cabinet…

BÉGEARSS

Oui… (Il baisse les yeux.) à telles enseignes que votre épouse…

LE COMTE, vivement

Ne veut jamais le regarder? Eh bien! sur ce portrait, j'ai fait faire celui-ci, dans ce bracelet, pareil en tout au sien, fait par le même jouaillier qui monta tous ses diamans; je vais le substituer à la place du mien. Si elle en garde le silence; vous sentez que ma preuve est faite. Sous quelque forme qu'elle en parle, une explication sévère éclaircit ma honte à l'instant.

BÉGEARSS

Si vous demandez mon avis, Monsieur, je blâme un tel projet.

LE COMTE

Pourquoi?

BÉGEARSS

L'honneur répugne à de pareils moyens. Si quelque hasard, heureux ou malheureux, vous eût présenté certains faits, je vous excuserais de les approfondir. Mais tendre un piége! des surprises! Eh! quel homme, un peu délicat, voudrait prendre un tel avantage sur son plus mortel ennemi?

LE COMTE

Il est trop tard pour reculer; le bracelet est fait, le portrait du page est dedans…

BÉGEARSS prend l'écrin

Monsieur, au nom du véritable honneur…

LE COMTE a enlevé le bracelet de l'écrin

Ah! mon cher portrait, je te tiens! J'aurai du moins la joie d'en orner le bras de ma fille, cent fois plus digne de le porter!.. (Il y substitue l'autre.)

BÉGEARSS feint de s'y opposer. Ils tirent chacun l'écrin de leur côté; Bégearss fait ouvrir adroitement le double fond, et dit avec colère:

Ah! voilà la boîte brisée!

LE COMTE regarde

Non; ce n'est qu'un secret que le débat a fait ouvrir. Ce double fond renferme des papiers!

BÉGEARSS, s'y opposant

Je me flatte, Monsieur, que vous n'abuserez point…

LE COMTE, impatient

«Si quelque heureux hasard vous eût présenté certains faits, me disais-tu dans le moment, je vous excuserais de les approfondir»… Le hasard me les offre, et je vais suivre ton conseil. (Il arrache les papiers.)

BÉGEARSS, avec chaleur

Pour l'espoir de ma vie entière, je ne voudrais pas devenir complice d'un tel attentat! Remettez ces papiers, Monsieur, ou souffrez que je me retire. (Il s'éloigne.)

LE COMTE tient des papiers et litBÉGEARSS le regarde en dessous, et s'applaudit secrètementLE COMTE, avec fureur

Je n'en veux pas apprendre davantage; renferme tous les autres, et moi je garde celui-ci.

BÉGEARSS

Non; quel qu'il soit, vous avez trop d'honneur pour commettre une…

LE COMTE, fièrement

Une?.. Achevez; tranchez le mot, je puis l'entendre.

BÉGEARSS, se courbant

Pardon, Monsieur, mon bienfaiteur! et n'imputez qu'à ma douleur l'indécence de mon reproche.

LE COMTE

Loin de t'en savoir mauvais gré, je t'en estime davantage. (Il se jette sur un fauteuil.

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Elle fut représentée, pour la première fois, au Théâtre du Marais, le 26 Juin 1792.

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