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Le Réveil Du Vaillant
Le Réveil Du Vaillant

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Merk sentit une montée d'adrénaline comme il descendait la colline à un sprint. Il se précipita dans le camp boueux, courant au milieu des flammes et de la fumée, et il pouvait enfin voir ce qui se passait: la famille de la jeune fille, contre le mur, était déjà morte, égorgée, leurs corps suspendus mollement contre le mur. Il ressentit une vague de soulagement en voyant que la jeune fille était encore en vie, résistant comme ils la traînaient pour rejoindre sa famille. Il vit une des brutes attendant son arrivée avec un poignard, et il savait qu'elle serait la prochaine. Il était arrivé trop tard pour sauver sa famille, mais pas trop tard pour la sauver.

Merk savait qu'il devait prendre ces hommes au dépourvu. Il ralentit son allure et marcha tranquillement dans le centre du camp, comme s'il avait tout le temps dans le monde, attendant qu'ils le remarquent, voulant les désorienter.

Bientôt, l'un d'entre eux le remarqua. La brute se retourna immédiatement, choqué à la vue d'un homme marchant tranquillement à travers tout le carnage, et il lança un cri à ses amis.

Merk sentait tous les yeux confus sur lui comme il procédait, marchant nonchalamment vers la jeune fille. La brute la traînant regarda par-dessus son épaule, et à la vue de Merk, il s'arrêta aussi, desserrant son emprise et la laissant tomber dans la boue. Il se retourna et s'approcha de Merk avec les autres, le groupe se refermant sur lui, prêt à se battre.

« Qu'avons-nous ici? » s’exclama l'homme qui semblait être leur chef. Il était celui qui avait laissé tomber la jeune fille, et comme il s'approchait de Merk, il sortit une épée de sa ceinture et s'approcha, comme les autres l'encerclaient.

Merk ne regardait que la jeune fille, vérifiant qu'elle était saine et sauve. Il fut soulagé de la voir se tortiller dans la boue, reprenant lentement ses esprits, levant la tête et le regardant, hébétée et confuse. Merk était soulagé qu'il ne fût pas, au moins, trop tard pour la sauver. Peut-être que cela était la première étape sur ce qui serait un très long chemin vers la rédemption. Peut-être, se rendit-il compte, cela ne commençait pas dans la tour, mais ici.

Comme la jeune fille se retournait dans la boue, se soulevant sur ses coudes, leurs yeux se rencontrèrent et il les vit se remplir d'espoir.

« Tue-les! » hurla-t-elle.

Merk resta calme, marchant toujours avec désinvolture vers elle, comme s'il ne remarquait même pas les hommes autour de lui.

« Tu connais la fille », lança le leader.

« Son oncle? » dit l'un d'entre eux sur un ton moqueur.

« Un frère perdu depuis longtemps? » rit un autre.

« Tu viens la protéger, vieil homme? » se moqua un autre.

Les autres éclatèrent de rire comme ils se rapprochaient de plus en plus.

Bien qu'il ne le montrât pas, Merk évaluait silencieusement ses adversaires, en les jaugeant du coin de l'œil, évaluant leur nombre, leur taille, la vitesse à laquelle ils se déplaçaient, les armes qu'ils transportaient. Il analysa leurs muscles versus leur graisse, ce qu'ils portaient, leur flexibilité dans ces vêtements, à quelle vitesse ils pouvaient pivoter dans leurs bottes. Il nota les armes qu'ils tenaient – des couteaux grossiers, des poignards tirés, des épées mal aiguisées – et il analysa la façon dont ils les tenaient, à leurs côtés ou en face, et dans quelle main.

La plupart étaient des amateurs, réalisa-t-il, et aucun d'entre eux n'était vraiment inquiet de sa présence. Sauf un. Celui avec l'arbalète. Merk prit mentalement note de le tuer en premier.

Merk entra une zone différente, une façon de penser, d'être différente, celle qui le saisissait toujours naturellement quand il était dans une confrontation. Il devint immergé dans son propre monde, un monde sur lequel il avait peu de contrôle, un monde auquel il abandonnait son corps. C'était un monde qui lui dictait combien d'hommes il pouvait tuer rapidement, avec quelle efficacité. Comment infliger le maximum de dégâts avec le moins d'efforts possible.

Il était désolé pour ces hommes; ils ne savaient pas à quoi ils s'apprêtaient à faire face.

« Hé, je te parle! » lança leur chef, à peine à dix pieds de distance, tenant son épée avec un ricanement et se rapprochant rapidement.

Merk maintint le cap, cependant, et continua à marcher, calme et impassible. Il restait concentré, écoutant à peine les mots de leur chef, maintenant en sourdine dans son esprit. Il ne courrait pas ou ne montrerait pas des signes d'agressivité, jusqu'à ce que cela lui convienne, et il pouvait sentir que ces hommes étaient intrigués par son manque d'actions.

« Hé, sais-tu que tu es sur le point de mourir? » insista le leader. « Tu m'écoutes? »

Merk continua à marcher calmement tandis que leur chef, furieux, en avait assez d'attendre. Il cria dans un excès de rage, leva son épée, et chargea, l'abaissant vers l'épaule de Merk.

Merk prit son temps, ne réagit pas. Il marcha tranquillement vers son agresseur, attendant jusqu'à la dernière seconde, veillant à ne pas se crisper, à ne pas montrer des signes de résistance.

Il attendit que l'épée de son adversaire ait atteint son point le plus élevé, au-dessus de la tête de l'homme, le moment crucial de vulnérabilité pour tout homme, il l'avait appris il y avait longtemps. Et puis, plus rapide que son adversaire aurait pu le prévoir, Merk se précipita en avant comme un serpent, utilisant deux doigts pour frapper un point de pression en dessous de l'aisselle de l'homme.

Son agresseur, les yeux exorbités de douleur et surprise, laissa immédiatement tomber l'épée.

Merk s'approcha, passa un bras autour du bras de l'homme et resserra son emprise. Dans le même mouvement, il saisit l'homme par l'arrière de sa tête et le retourna, se servant de lui comme d'un bouclier. Car ce n'était cet homme qui avait inquiété Merk, mais l'attaquant derrière lui avec l'arbalète. Merk avait choisi d'attaquer ce lourdaud en premier simplement pour gagner un bouclier.

Merk se retourna et fit face à l'homme avec l'arbalète, qui, comme il l'avait prévu, le visait déjà avec son arc. Un instant plus tard Merk entendit le bruit révélateur d'une flèche étant libérée de l'arbalète, et il la regarda voler à travers les airs directement vers lui. Merk tint son bouclier humain serré.

Il y eut un hoquet et Merk sentit le tressaillement du lourdaud dans ses bras. Le chef cria de douleur et Merk sentit soudainement une secousse de douleur lui aussi, comme un couteau pénétrant dans son estomac. Tout d'abord, il fut confus et il comprit ensuite que la flèche avait traversé l'estomac du bouclier et que la tête de celle-ci avait à peine pénétré le ventre de Merk, également. Elle avait pénétré peut-être d'un pouce – pas suffisamment pour le blesser grièvement – mais assez pour faire mal comme l'enfer.

Calculant le temps qu'il faudrait pour recharger l'arbalète, Merk laissant tomber le corps mou du leader, arracha l'épée de sa main, et la jeta. Elle pivota dans les airs vers le voyou avec l'arbalète et l'homme hurla, les yeux écarquillés sous le choc, comme l'épée perçait sa poitrine. Il laissa tomber son arc et tomba mollement sur le sol.

Merk se retourna et regarda les autres voyous, tous clairement en état de choc, deux de leurs meilleurs hommes morts, tous semblaient désormais incertains. Ils se firent face dans un silence inconfortable.

« Qui es-tu? » demanda finalement l'un d'eux, de la nervosité plein sa voix.

Merk sourit largement et fit craquer ses jointures, savourant le combat à venir.

« Je », répondit-il, « suis ce qui vous empêche de dormir la nuit. »

CHAPITRE CINQ

Duncan chevauchait avec son armée, le bruit de centaines de chevaux tonnant dans ses oreilles comme il les conduisait au sud, tout au long de la nuit, loin d'Argos. Ses commandants de confiance chevauchaient à côté de lui, Anvin d'un côté et de l'autre. Arthfael. Seulement Vidar était resté derrière pour garder Volis, tandis que plusieurs centaines d'hommes alignés à côté d'eux, chevauchaient tous ensemble. Contrairement à d'autres seigneurs de guerre, Duncan aimait chevaucher côte-à-côte avec ses hommes; il ne considérait pas ces hommes comme ses sujets, mais plutôt ses frères d'armes.

Ils traversaient la nuit, le vent frais dans les cheveux, la neige sous leurs pieds, et il était bon d'être en mouvement, de se diriger vers la bataille, de ne plus être tapi derrière les murs de Volis comme Duncan l'avait fait pour la moitié sa vie. Duncan repéra ses fils, Brandon et Braxton, chevauchant aux côtés de ses hommes, et alors qu'il était fier de les avoir avec lui, il ne s'inquiétait pas pour eux comme il le faisait pour sa fille. Malgré lui, comme les heures défilaient, même s'il s'était promis de ne pas s'inquiéter, Duncan trouvait ses pensées nocturnes se tournant vers Kyra.

Il se demandait où elle était maintenant. Il pensait à elle traversant Escalon seule, avec seulement Dierdre, Andor, et Léo se joignant à elle, et son cœur se serrait. Il savait que le voyage qu'il lui avait demandé d'entreprendre pouvait être un péril même pour des guerriers endurcis. Si elle survivait, elle reviendrait un meilleur guerrier que tous les hommes qui chevauchaient avec lui aujourd'hui. Si elle ne survivait pas, il ne serait jamais capable de se pardonner. Mais des temps désespérés appelaient des mesures désespérées, et il avait besoin qu'elle complétât sa quête, plus que jamais.

Ils arrivèrent au sommet d'une colline et en descendirent une autre, et comme le vent se levait, Duncan regarda les plaines vallonnées, étalées devant lui sous le clair de lune, et il pensa à leur destination: Esephus. La forteresse de la mer, la ville construite sur le port, au carrefour du nord-est et le premier port majeur pour toute expédition. C’était une ville bordée par la Mer de larmes sur un côté et un port sur l'autre, et on disait que celui qui contrôlait Esephus, contrôlait la meilleure moitié d'Escalon. Le fort le plus près d'Argos et un bastion essentiel, Esephus devaient être son premier arrêt, Duncan le savait, s'il devait avoir une chance de rallier une révolution. La ville, jadis remarquable, devrait être libérée. Son port, autrefois si fièrement rempli de navires portant les drapeaux d'Escalon, était maintenant, Duncan le savait, rempli de navires pandésiens, un rappel humiliant de ce qu'elle était autrefois.

Duncan et Seavig, le chef de guerre d'Esephus, avaient été proches jadis. Ils avaient chevauché dans la bataille ensemble comme des frères d'armes d'innombrables fois, et Duncan avait navigué en mer avec lui plus d'une fois. Mais depuis l'invasion, ils avaient perdu le contact. Seavig, un chef de guerre, jadis fier, était maintenant un soldat humilié, incapable de naviguer sur les mers, incapable de gouverner sa ville ou de visiter d'autres bastions, comme tous les seigneurs de guerre. Ils auraient aussi bien pu le détenir et lui le donner le nom de ce qu'il était vraiment: un prisonnier, comme tous les autres chefs de guerre d'Escalon.

Duncan chevaucha toute la nuit, les collines éclairées seulement par les torches de ses hommes, des centaines d'étincelles de lumière se dirigeant vers le sud. Comme ils montaient, plus de neige tombait et le vent faisait rage, et les torches luttaient pour rester allumées alors que la lune se battait pour percer les nuages. Pourtant, l'armée de Duncan continuait, gagnant du terrain, ces hommes qui chevaucheraient n'importe où sur la terre pour lui. Ce n'était pas conventionnel, Duncan le savait, d'attaquer la nuit, encore plus dans la neige, pourtant Duncan avait toujours été un guerrier non conformiste. C'était ce que lui avait permis de gravir les échelons, de devenir le commandant du vieux roi, c'était ce qui l'avait conduit à avoir son propre bastion. Et c'était ce qui avait fait de lui l'un des plus respectés de tous les seigneurs de guerre dispersés. Duncan ne faisait jamais ce que d'autres hommes avaient fait. Il y avait une devise par laquelle il essayait de vivre: fait ce que d'autres hommes s'attendent le moins.

Les Pandésiens ne s'attendraient jamais à une attaque, puisque la nouvelle de la révolte de Duncan n'avait pas pu se propager si loin au sud si vite – pas si Duncan les atteignait avant. Et ils ne s'attendraient certainement jamais à une attaque à la nuit, encore moins dans la neige. Ils connaîtraient les risques de chevaucher la nuit, des chevaux brisant une patte et une myriade d'autres problèmes. Les guerres, Duncan le savait, étaient souvent gagnées plus par surprise et vitesse que par la force.

Duncan prévoyait de chevaucher toute la nuit jusqu'à ce qu'ils atteignent Esephus, pour tenter de conquérir la vaste force pandésienne et reprendre cette grande ville avec ses quelques centaines d'hommes. Et s'ils prenaient Esephus, alors peut-être, juste peut-être, il gagnerait de l'élan et commencerait la guerre pour reprendre Escalon dans son entier.

« En bas! » appela Anvin, pointant dans la neige.

Duncan regarda la vallée sous lui et repéra, au milieu de la neige et du brouillard, plusieurs petits villages qui parsemaient la campagne. Ces villages, Duncan le savait, étaient habités par des guerriers courageux, fidèles à Escalon. Chacun n'aurait, que quelques hommes, mais cela pouvait s'ajouter. Il pourrait renforcer les rangs de son armée.

Duncan cria par-dessus le vent et les chevaux pour être entendu.

« Faites sonner le cor! »

Ses hommes sonnèrent une série de courtes explosions du cor, le vieux cri de ralliement d'Escalon, un son qui lui réchauffait le cœur, un son qui n'avait pas été entendu dans Escalon depuis des années. C'était un son qui serait familier à ses compatriotes, un son qui leur dirait tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. S'il y avait des hommes bons dans ces villages, le son les ferait se remuer.

Les cors sonnèrent encore et encore, et comme ils approchaient, lentement des torches s'allumaient dans les villages. Les villageois, alertés de leur présence, commencèrent à remplir les rues, leurs torches vacillant contre la neige, les hommes vêtus à la hâte, saisissant des armes et enfilant leurs armures de fortune. Ils regardaient tous vers le haut de la colline pour voir Duncan et ses hommes s'approchant, faisant des gestes comme s'ils étaient émerveillés. Duncan pouvait seulement imaginer le spectacle que ses hommes créaient, galopant dans l'épaisseur de la nuit, dans une tempête de neige, vers le bas de la colline, levant des centaines de torches comme une légion de feu luttant contre la neige.

Duncan et ses hommes entrèrent dans le premier village et s'arrêtèrent, leurs torches illuminant des visages effarés. Duncan regarda les visages pleins d'espoir de ses compatriotes, et il mit son masque de bataille féroce, se préparant à inspirer ses semblables comme jamais auparavant.

« Hommes d'Escalon! » gronda-t-il, ralentissant son cheval au pas, tournant comme il essayait d'adresser tous ceux qui se serraient autour de lui.

« Nous avons souffert sous l'oppression de Pandesia depuis trop longtemps! Vous pouvez choisir de rester ici et de vivre votre vie dans ce village et de vous souvenir de l'Escalon qui était autrefois. Ou vous pouvez choisir de vous soulever comme des hommes libres et nous aider à commencer la grande guerre pour la liberté! »

Il y eut une acclamation de joie provenant des villageois comme ils se précipitaient vers l'avant à l'unanimité.

« Les Pandésiens prennent nos filles maintenant! » cria un homme. « Si cela est la liberté, alors je ne sais pas ce qu'est la liberté! »

Les villageois applaudirent.

« Nous sommes avec toi, Duncan! » cria un autre. « Nous chevaucherons avec toi jusqu'à notre mort! »

Il y eut une autre acclamation et les villageois se précipitèrent pour monter leurs chevaux et rejoindre les hommes de Duncan. Celui-ci, satisfait comme ses rangs grossissaient, frappa du talon son cheval et continua pour quitter le village, commençant à réaliser que la révolte d’Escalon était due de longue date.

Bientôt, ils atteignirent un autre village, les hommes déjà dehors et attendant, leurs torches allumées, comme ils avaient entendu les cors, les cris, avait vu l'armée grandissante et clairement savaient ce qui se passait. Les villageois s'appelaient l'un l'autre, reconnaissant des visages, réalisant ce qui se passait, et n'avaient pas besoin de discours. Duncan traversa ce village comme il l'avait fait du dernier, et il n'eut pas à convaincre les villageois, trop avides de liberté, trop désireux de retrouver leur dignité, de monter sur leurs chevaux, de saisir leurs armes et de joindre les rangs de Duncan, peu importait où il les mènerait.

Duncan traversa rapidement village après village, couvrant la campagne, éclairant la nuit, malgré le vent, malgré la neige, malgré le noir de la nuit. Leur désir de liberté était trop fort, Duncan réalisa, pour faire autre chose que de briller même durant la nuit la plus sombre – et prendre les armes pour reconquérir leur vie.

*

Duncan chevaucha toute la nuit, menant son armée grandissante vers le sud, ses mains endolories et engourdies par le froid comme il tenait les rênes. Plus au sud ils allaient, plus le terrain commençait à se transformer, le froid sec de Volis était remplacé par le froid humide d'Esephus, son air lourd, dont Duncan se souvenait, avec l'humidité de la mer et l'odeur de sel. Les arbres étaient plus courts ici, aussi, balayés par le vent, tous semblaient tordus par le violent vent d'est, qui ne cessait jamais.

Ils montèrent colline après colline. Les nuages se séparèrent, malgré la neige, et la lune s'ouvrit dans le ciel, brillant sur eux, éclairant leur chemin. Ils chevauchaient, guerriers contre la nuit, et c'était une nuit dont Duncan se souviendrait, il le savait, pour le reste de sa vie. En supposant qu'il survive. Ce serait la bataille sur lequel tout s'articulerait. Il pensait à Kyra, sa famille, sa maison, et il ne voulait pas les perdre. Sa vie était en jeu, et la vie de tous ceux qu'il connaissait et aimait, et il allait tout risquer ce soir.

Duncan jeta un regard par-dessus son épaule et fut ravi de voir que plusieurs centaines d'hommes l'avaient rejoint, chevauchant tous ensemble comme un seul homme, avec un seul but. Il savait que, même avec leur grand nombre, ils seraient grandement surpassés en nombre et feraient face à une armée professionnelle. Des milliers de Pandésiens étaient stationnés à Esephus. Duncan savait que Seavig avait encore des centaines de ses propres hommes éparpillés à sa disposition, bien sûr, mais il n'y avait pas moyen de savoir s'il risquerait tout pour rejoindre Duncan. Duncan devait assumer que ce ne serait pas le cas.

Ils arrivèrent bientôt au sommet d'une autre colline et à ce moment, ils s’arrêtèrent tous, n'ayant besoin d'aucune directive. Car là, tout en bas, s'étendait la Mer de larmes, ses vagues se brisant sur le rivage, le grand port et la ville antique d'Espehus se levant sur ses rives. La ville donnait l'impression d'avoir été construite dans la mer, les vagues se brisant contre ses murs de pierres. La ville avait été construite tournant le dos à la terre, faisant face à la mer, ses portes et herses sombrant dans l'eau comme s'ils se souciaient plus d'accueillir des navires que des chevaux.

Duncan étudia le port, les navires sans fin qui y étaient entassés, tous, il fut chagriné de voir, avec les bannières de Pandesia, le jaune et le bleu comme une offense à son cœur. Claquant dans le vent était l'emblème de Pandesia – un crâne dans la bouche d'un aigle – rendant Duncan malade. Voir cette grande ville tenue captive par Pandesia était une source de honte pour Duncan, et même dans la nuit noire, ses joues rougirent. Les navires étaient assis béatement, ancrés en toute sécurité, ne s'attendant aucunement à une attaque. Bien sûr. Qui oserait les attaquer? Surtout dans le noir de la nuit et durant une tempête de neige?

Duncan sentit les yeux de tous ses hommes sur lui, et il savait que son moment de vérité était venu. Ils attendaient tous son commandement fatidique, celui qui allait changer le sort d'Escalon, et assis sur son cheval, le vent hurlant, il sentit son destin monter en lui. Il savait que c'était un de ces moments qui définiraient sa vie et la vie de tous ces hommes.

« EN AVANT! » gronda-t-il.

Ses hommes poussèrent des hourras, et comme un seul homme chargèrent vers le port, plusieurs centaines de mètres plus loin. Ils soulevèrent leurs torches dans les airs, et Duncan sentit son cœur claquer dans sa poitrine comme le vent brossait son visage. Il savait que cette mission était une mission suicide mais il savait aussi qu'elle était assez folle pour fonctionner.

Ils chargèrent à travers la campagne, leurs chevaux galopant si vite que l'air froid leur coupa presque le souffle, et alors qu'ils approchaient du port, ses murs de pierre à peine à une centaine de mètres devant eux, Duncan se prépara pour la bataille.

« ARCHERS! » cria-t-il.

Ses archers, chevauchant en rangs derrière lui, enflammèrent la pointe de leurs flèches, attendant son commandement. Ils chevauchèrent et chevauchèrent, leurs chevaux faisant un bruit de tonnerre, les Pandésiens ignorant toujours qu'une attaque venait dans leur direction.

Duncan attendit qu'ils se soient rapprochés – quarante mètres, puis trente, puis vingt – et enfin il savait que le moment était venu.

« FAITES FEU! »

La nuit noire fut soudainement éclairée par des milliers de flèches enflammées, naviguant en de hauts arcs dans l'air, coupant à travers la neige, faisant leur chemin vers les dizaines de navires pandésiens ancrés dans le port. Une par une, comme des lucioles, elles trouvèrent leurs cibles, atterrissant sur les longues voiles pandésiennes.

Il ne fallut que quelques moments pour que les navires s'enflamment, les voiles et puis les navires tous en flammes, le feu se propageant rapidement dans le port venteux.

« ENCORE! » cria Duncan.

Salve après salve, les flèches enflammées tombaient comme des gouttes de pluie partout sur la flotte pandésienne.

La flotte était, au début, tranquille dans la nuit, les soldats tous endormis, donc sans méfiance. Les Pandésiens étaient devenus, Duncan réalisa, trop arrogants, trop complaisants, ne pouvant possiblement soupçonner une attaque de ce genre.

Duncan ne leur donna pas le temps de se rallier; enhardi, il galopa de l'avant, s'approchant du port. Il mena ses hommes jusqu'au mur de pierre bordant le port.

« TORCHES! » cria-t-il.

Ses hommes chargèrent jusqu'à la rive, soulevèrent leurs torches bien haut, et avec un grand cri, suivirent l'exemple de Duncan et lancèrent leurs torches sur les navires les plus proches d'eux. Leurs lourdes torches atterrirent comme des gourdins sur le pont, frappant le bois remplissant l'air, comme des dizaines d'autres navires s'enflammaient.

Les quelques soldats pandésiens en service remarquèrent trop tard ce qui se passait, se retrouvant pris dans une vague de flammes, criant et sautant par-dessus bord.

Duncan savait que c’était seulement une question de temps avant que le reste des Pandésiens ne se réveillent.

« CORS! », hurla-t-il.

Les cors furent sonnés tout le long des rangs, le vieux cri de ralliement d'Escalon, les courtes rafales, qu'il le savait, Seavig reconnaîtrait. Il espérait que cela le réveillerait.

Duncan descendit de son cheval, tira son épée et se précipita vers le mur du port. Sans hésiter, il sauta par-dessus le muret de pierres et sur le navire en flammes, ouvrant la voie comme il chargeait. Il devait terminer les Pandésiens avant qu'ils puissent se rallier.

Anvin et Arthfael chargeaient à ses côtés et ses hommes les rejoignirent, tous poussant un grand cri de bataille comme ils jetaient leur vie aux quatre vents. Après tant d'années de soumission, leur jour de vengeance était venu.

Les Pandésiens étaient enfin réveillés. Les soldats commençaient à émerger des ponts inférieurs, sortant comme des fourmis, toussant à cause de la fumée, hébétés et confus. Ils aperçurent Duncan et ses hommes, et ils tirèrent leurs épées et chargèrent. Duncan se retrouva confronté à un flot d'hommes – cependant, il ne broncha pas; au contraire, il attaqua.

Duncan chargea de l'avant et se baissa comme le premier homme visait sa tête, puis se releva et poignarda l'homme dans l'intestin. Un soldat sabra en direction de son dos et Duncan se retourna en un éclair et bloqua le coup – puis fit virevolter l'épée du soldat et le poignarda dans la poitrine.

Duncan se battait héroïquement comme il était attaqué de tous les côtés, se rappelant les temps anciens comme il se trouvait plongé dans la bataille, parant les coups de tous les côtés. Quand les hommes s'approchaient de trop près pour les atteindre avec son épée, il se penchait en arrière et les repoussait d'un coup de pied, créant un espace pour pouvoir manier son épée; dans d'autres cas, il se retournait et leur envoyait un coup de coude, se battant au corps à corps quand il le fallait. Des hommes tombaient tout autour de lui, et aucun ne pouvait s’approcher.

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